vendredi, 26 juin 2020
Woman
J'ai enfin pu voir ce documentaire, réalisé par Anastasia Mikova et Yann Arthus-Bertrand. Il compile plusieurs dizaines d'entretiens, parmi les deux mille réalisés dans une cinquantaine de pays (identifiables sur une carte interactive disponible sur le site dédié au film).
En guise d'introduction, on nous propose des déclarations de fierté (d'être une femme), auxquelles succèdent quelques exemples de ce qu'elles ont à subir : harcèlement, inceste, excision (une séquence très pénible).
La thématique suivante est le sexe, dont les femmes parlent soit avec des mots choisis (de manière plutôt allusive), soit de manière très crue. La majorité des témoignages sont hétérosexuels, mais il est aussi question d'homosexualité, voire de bisexualité. Notons que les propos sont diffusés en langue originale et sous-titrés en français.
Vient ensuite la séquence "maternité", désirée, imposée... ou (rarement) refusée. On parle aussi de mariage, dans ce qu'il peut avoir de beau ou d'abominable. (Certaines des intervenantes ont été défigurées, dans des circonstances que je vous laisse découvrir.)
Le documentaire n'élude pas la question de l'apparence physique. Les témoins sont d'âge et de condition physique différents. On parle donc de vieillissement, de maladie, mais aussi de chirurgie esthétique.
Curieusement, alors que le film est assez long (1h40), il est assez peu question de l'emploi des femmes. On nous parle bien de la surcharge de travail qui pèse sur celles qui vivent dans les pays les plus ruraux. Du côté des pays développés, c'est le Canada qui est pris pour exemple, avec une cadre supérieure qui est parvenue à briser le "plafond de verre".
L'avant-dernière séquence est l'une des plus dures. Il y est question de viols de guerre, d'esclavage. Certains des témoins sont des Yézidies, l'une d'entre elles livrant une histoire particulièrement atroce (sur une gamine de neuf ans).
Pour éviter que cela ne se termine sur une note sombre, une séquence plus optimiste a été ajoutée en guise de conclusion.
J'ajoute qu'entre deux séquences, on nous propose un interlude. Parfois, c'est une création artistique, un peu snob à mon goût. Sinon, on nous offre quelques vues de villages et de femmes qu'on n'entendra pas dans le film.
L'ensemble est très fort (bien qu'un peu long). Je trouve que c'est un film qu'on pourrait passer dans les collèges et les lycées, tant il embrasse de thèmes "civiques".
jeudi, 25 juin 2020
The Hunt
Ce petit thriller met en scène une chasse à l'homme joyeusement gore. Cela commence par un dérapage dans un avion, où, apparemment, tout n'est que luxe, calme et volupté... C'est fou ce qu'on peut faire avec un talon-aiguille !
Après une ellipse, on se retrouve en pleine forêt, loin de tout, avec un groupe de personnes bâillonnées. Il ne faut pas se relâcher, parce que les éclaboussures sont vite de retour... et à haute dose. Deux jeunes femmes (une blonde puis une brune... un partout, la balle au centre) subissent un sort horrible, mis en scène avec une dérision morbide.
L'une des meilleures séquences voit un duo de survivants débarquer dans une station-service typiquement américaine. Je ne peux évidemment pas raconter ce qu'il s'y passe, mais sachez que, pour les spectateurs, c'est l'occasion de faire la rencontre d'une jeune femme au physique très avantageux... et surtout experte en maniement des armes :
Elle est incarnée par Betty Gilpin, une comédienne que les fans de la série Elementary connaissent : dans la saison 4, elle a interprété la nouvelle petite amie de Sherlock, aussi sexy que décalée sur le plan intellectuel... et amatrice de chats.
Mais revenons à nos moutons... et au petit cochon, nommé Orwell. Le gibier rescapé va se muer en traqueur, pour notre plus grand plaisir. Même s'il manque de réalisme, le petit massacre mis en scène dans la tanière des chasseurs est du plus bel effet.
C'est le moment choisi par le réalisateur pour opérer un retour en arrière. On y découvre les motifs de l'organisation de cette chasse et les raisons qui ont poussé au choix des proies. Sans rien révéler d'essentiel, je peux quand même dire qu'il est question d'une vengeance. L'action culmine lors d'un face-à-face entre une belle blonde et une belle brune, qui s'envoient de gros pruneaux dans la tronche. Là encore, cela manque de réalisme, mais, quand on est pris dans le rythme, c'est assez jouissif.
ATTENTION : LA SUITE RÉVÈLE DES ÉLÉMENTS CLÉS, QU'IL VAUT MIEUX NE PAS CONNAÎTRE AVANT D'AVOIR VU LE FILM !
C'est une oeuvre politique, trumpiste même. Bigre !
On s'en rend compte en découvrant qui sont les proies et les chasseurs. Ceux-ci sont désignés comme des "progressistes mondialistes" (en clair, pour un public américain : des démocrates), adeptes du politiquement correct. Ils sont tournés en dérision à l'occasion des scènes de dialogues. Ainsi, lorsque l'un d'entre eux s'adresse au groupe (composé d'une femme et d'une demi-douzaine d'hommes) en disant "les mecs" (guys dans la V.O.), il se fait vertement reprendre... et finit par s'excuser ("Désolé, j'ai genré."), comme s'il venait de péter ! Peu après, c'est un autre membre de l'équipe (blanc) qui est accusé "d'appropriation culturelle"... parce qu'il porte un kimono. Le trait est encore plus gras quand, au moment du choix des victimes, un grand débat oppose les futurs chasseurs lorsqu'il est question d'inclure une proie "africaine-américaine".
Du côté du gibier, on n'a que des Blancs, supposés républicains, électeurs de Donald Trump. Certains sont racistes, homophobes, d'autres simplement fana-mili ou conspirationnistes façon "vérité alternative". Dans un premier temps, ils sont tous présentés de manière sympathique. Un peu plus tard, à l'occasion du retour en arrière, on découvre que la plupart sont des gros cons. Le film nuance donc un petit peu son propos, surtout quand on apprend les circonstances réelles de la création de cette chasse à l'homme.
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mercredi, 24 juin 2020
En avant
Je n'avais pas vu le dernier Disney-Pixar à sa sortie, en mars dernier. La réouverture des cinémas m'a permis de de combler cette lacune.
La scénario est assez original : il place des personnages légendaires (elfes, licornes, cyclopes, lutins, gnomes...) dans un contexte "banlieusard", au sens états-unien du terme. Après une belle introduction humoristique, on les retrouve donc comme substituts d'Américains moyens, habitant un quartier résidentiel. Le contraste est assez réjouissant, avec quelques belles trouvailles : le chien domestique qui est une dragonne (nommée Fournaise !) facétieuse et gourmande, le policier-centaure moustachu et bedonnant...
Le premier tournant de l'histoire est la résurrection partielle du père disparu. Cette "moitié de père" va suivre le duo de héros dans leurs aventures. Ce sont deux frères très dissemblables. L'aîné est un gros balourd fan de fantasy, le cadet est introverti, mais plus futé. Il finit par comprendre qu'il a un don.
Les voilà partis à la recherche d'une pierre magique, susceptible de ressusciter complètement le père décédé. Sur leur chemin, ils vont croiser la célèbre Manticore (qui, dans la VF, a la voix de Maïk Darah, qui double -entre autres- Whoopi Goldberg) et un improbable gang de hells angels. Cette quête n'est pas sans rappeler celle du Seigneur des anneaux, auquel il est (me semble-t-il) plusieurs fois fait référence (sur le plan visuel). On note aussi un clin d'oeil à Toy Story.
Au cours de ces aventures, les deux adolescents mûrissent. Le cadet prend confiance en lui. L'aîné prend conscience du regard que les autres portent sur lui. Il doit sortir de sa "zone de confort" pour jouer son rôle de grand frère. Même la mère est de la partie. Pour protéger ses enfants, cette "maman grizzli" n'hésite pas à s'attaquer à un dragon ! Cela se conclut dans l'émotion, les garçons apprenant à faire leur deuil du père.
Franchement, c'est beau, sur la forme comme sur le fond.
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lundi, 22 juin 2020
Trois étés
Voilà un film qui n'était pas encore arrivé à Rodez au moment du confinement. Je n'en connaissais pas la réalisatrice, mais l'actrice principale, Regina Casé, remarquée il y a quelques années dans Une Seconde Mère.
L'intrigue se déroule toujours en décembre-janvier (période d'été dans l'hémisphère Sud), au moment des fêtes, sur trois années : 2015, 2016 et 2017. Le théâtre principal de l'action est une splendide villa, à proximité de l'océan Atlantique.
La première année voit la fête de Noël coïncider avec les 25 ans de mariage du couple de grands bourgeois. L'argent coule à flots pour ces privilégiés qui, s'ils traitent avec bienveillance le petit personnel, veillent à le remettre à sa place quand il se permet quelques libertés. Cette première demi-heure met en scène avec brio le gigantesque écart social séparant des individus qui pourtant se côtoient. L'héroïne est Mada, la majordome, la seule qui s'autorise quelques privautés avec les puissants, mais qui se dévoue corps et âme pour eux.
Incidemment, on remarque que, dans tous les groupes de "dominants" (les propriétaires de la villa, leurs amis, l'équipe de télévision, les riches touristes), les personnes à la peau claire sont les plus nombreuses, tandis que chez les employés de maison (les habituels comme les occasionnels), on est beaucoup plus "basané".
Un an plus tard, la situation a changé. La villa ne va pas recevoir la famille des propriétaires pour Noël. Dans un premier temps, on ne sait pas où ils sont. Ils semblent avoir coupé les ponts... et n'alimentent même plus leurs comptes sur les réseaux sociaux où, d'habitude, ils dégueulent leur joie de vivre dans un luxe effréné. Ce sont donc les employés qui vont faire la fête dans la villa !... Mais, attention, la police est sur le point de débarquer.
La dernière demi-heure montre l'équipe restreinte des employés un an plus tard, toujours dans la villa désertée par ses propriétaires (on sait désormais pourquoi). Seul le grand-père gâteux, ancien prof intègre, reste sur place. Une nouvelle famille s'est formée, autour de la débrouille (les salaires ne sont plus versés). Mada découvre les joies de "Harry bnb" et propose aux touristes des visites nautiques de la côte friquée, avec quelques commentaires bien sentis sur les propriétaires des villas plus ou moins occupées.
Mais c'est l'arrivée d'une équipe de télévision qui redonne du tonus à l'intrigue (qui avait un peu molli dans la deuxième partie). Cela nous vaut un véritable morceau de bravoure, avec Mada en vedette. On comprend pourquoi cette femme plus toute jeune ne semble pas avoir de vie de famille. C'est poignant.
Cerise sur le gâteau : la conclusion est belle.
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dimanche, 21 juin 2020
La réouverture des salles de cinéma
A Rodez, c'est dès lundi que le public va enfin pouvoir retrouver les salles obscures. Au programme figurent des longs-métrages déjà à l'affiche en mars dernier (avant le début du confinement), ainsi que quelques nouveautés.
Parmi les ressorties françaises à l'affiche du CGR de Rodez, il n'y a (pour moi) rien d'exceptionnel, mais quelques productions honnêtes. Les amateurs d'histoire se tourneront vers De Gaulle, de facture très classique. Plus piquant est La Bonne Epouse (dont l'action se déroule juste avant Mai 68), qui fut pour moi une agréable surprise. Celles et ceux que l'humour facile ne rebutent pas se risqueront à 10 jours sans maman, une comédie basique, moins calamiteuse que ce que je redoutais. Enfin, les amateurs d'univers poétique goûteront Une Sirène à Paris, une réussite surtout sur le plan visuel.
A ce florilège j'aurais pu ajouter Radioactive, le biopic de Marie Curie réalisé par Marjane Satrapi... en anglais, le film étant l'adaptation d'un roman graphique britannique. Il a été boudé par les critiques français... mais il vaut bien mieux que ce qu'ils en ont dit.
C'est sans surprise du côté anglo-saxon qu'il faut chercher les meilleures ressorties. Dark Waters est un excellent film militant, fouillé, très bien interprété. A l'opposé du spectre politique, Le Cas Richard Jewell est un très bon film "de droite". J'ai gardé pour la fin une petite perle, The Gentlemen, que j'ai bien envie d'aller revoir en version originale sous-titrée.
Cela nous mène tout naturellement aux oeuvres de pur divertissement. C'est aussi à cela que sert le cinéma : oublier ses soucis, se vider la tête et plonger pendant 1h30 à 2h dans un univers totalement étranger. Le Voyage du Dr Dolittle est à classer dans la catégorie "tout public", avec de superbes trucages numériques. L'Appel de la forêt joue sur le même registre, avec Harrison Ford à la place de Robert Downey Jr, les chiens et les loups remplaçant la ménagerie fantastique de Dolittle.
Aux amateurs de sensations fortes, je recommande plutôt Invisible Man, avec Elisabeth Moss. C'est aussi en raison de la présence d'une actrice au générique que je suis allé voir Birds of Prey. Margot Robbie s'est éclatée dans le rôle d'Harley Quinn, une vilaine exubérante que je me contenterai de qualifier de "chipie"...
Je ne voudrais pas terminer ce billet sans conseiller un "film de mecs" : Bad Boys for life. C'est pas subtil, bruyant, clinquant, mais assez bien foutu. Pour digérer, en attendant mieux.
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samedi, 02 mai 2020
Miss Meadows (VOD)
L'héroïne est une institutrice itinérante. Elle effectue des remplacements, dans différents Etats des Etats-Unis. Elle aime les animaux, la nature, les enfants et lit de la poésie. Elle s'habille de manière traditionnelle, portant une robe, des souliers à boucle et des soquettes blanches. On lui donnerait le bon Dieu sans confession.
...sauf que Miss Meadows (Katie Holmes, formidable) est une justicière dans l'âme. Cela fait d'elle une sorte de mélange entre Mary Poppins et... l'inspecteur Harry ! Elle va successivement se retrouver confrontée à un harceleur-violeur, un braqueur-assassin et des pédophiles. Ne vous inquiétez pas trop : la jeune femme a de la ressource et, quelle que soit la situation, elle reste polie.
Ce film baigne dans une ambiance surréaliste. On est dans une banlieue tranquille, une sorte d'isolat temporel où vont s'entrechoquer les valeurs du passé et le pire du monde contemporain. Ce "cloaque contaminé de haine et de médiocrité", comme le déclare la mère de l'héroïne, a besoin de citoyens vertueux... et engagés. Autant dire que le propos n'est pas "politiquement correct".
Le constat de départ est susceptible d'évoluer. Miss Meadows rencontre un shérif doux et prévenant. Parviendra-t-il à l'aider à surmonter le traumatisme qui a marqué son enfance ? Lui qui est chargé de débusquer le "justicier" qui sévit dans le comté, va-t-il mener son enquête jusqu'à son terme ? Suspens...
J'ai beaucoup aimé ce film décalé, servi par une petite musique au diapason de l'ambiance de fausse innocence dans laquelle baigne cette histoire très originale.
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LBJ (VOD)
Ces initiales (au sens évident pour un spectateur américain) masquent (pour les autres) l'identité du 36e président des Etats-Unis, Lyndon Baines Johnson, qui a eu droit a un mini-biopic, il y a deux ans. En France, il est sorti directement en vidéo, sous le titre L.B. Johnson, après Kennedy. Je n'en avais même jamais entendu parler.
Et pourtant, la distribution est prestigieuse. Le couple (pas encore présidentiel au moment où démarre l'histoire) est incarné par Jennifer Jason Leigh (méconnaissable) et Woody Harrelson (excellent). Je signale aussi la très bonne composition de Jeffrey Donovan en John Kennedy. (Le même acteur avait interprété Robert, le frère de John, dans le J. Edgar de Clint Eastwood !). Parmi la pléiade de seconds rôles, on remarque aussi Bill Pullman (en sénateur démocrate très progressiste), Thomas Howell ou encore Wallace Langham, un ancien des Experts incarnant ici l'un des conseillers du jeune président, un certain Arthur Schlesinger :
La première partie est conçue comme une série d'allers-retours entre la journée du 22 novembre 1963 et les années précédentes, de la campagne présidentielle de 1960 aux premières réalisations de l'administration Kennedy. Johnson n'y paraît pas particulièrement à son avantage. Certes, il dirige la majorité démocrate au Sénat (sous le républicain Eisenhower), mais les élites de son parti le snobent. C'est un gars du Sud, pas très cultivé, un Texan avec un drôle d'accent et des manières jugées parfois un peu frustres.
Dans la version originale, cela donne lieu à quelques quiproquos savoureux, comme lorsque Johnson dit à un conseiller démocrate : "Call my taylor !" (Appelle mon tailleur !)... son interlocuteur se demandant quel "Mac Taylor" il doit joindre. Plus drôle encore est cet échange téléphonique rageur, au cours duquel Johnson essaie de faire comprendre à son correspondant qui il est : "I'm fucking him !" (Mais, putain, je suis lui !)... l'interlocuteur semblant comprendre qu'il "baise" Johnson... Le film ne cache pas que le futur président était un peu brut de décoffrage, continuant de régler ses affaires aux toilettes, porte ouverte :
Quoi qu'il en soit, dans la course à l'investiture démocrate, l'homme le plus influent du Sénat des Etats-Unis se fait damner le pion par le fils de bourges de la côte Est. Dans la foulée, il accepte de devenir le numéro 2 du ticket démocrate, seule solution pour rassembler un électorat hétéroclite et ainsi parvenir à battre le principal adversaire, le vice-président sortant, un certain Richard Nixon.
Les acteurs et le metteur en scène montrent très bien les ambiguïtés du ticket Kennedy-Johnson. Le premier veut neutraliser celui qui pourrait contrecarrer ses projets au Congrès... et peut-être aussi avoir à proximité de lui un autre son de cloche que celui des intellos progressistes qui l'entourent. De son côté, Johnson pense que sa connaissance du monde parlementaire, de ses coutumes et son habileté à créer des compromis feront de lui l'homme indispensable. Il surestime sa marge de manoeuvre en tant que vice-président. A l'un de ses proches qui lui affirme que c'est une tâche ingrate, il répond que cela ne peut pas être pire que d'enseigner à des gamins du comté de Blanco. C'est une allusion aux débuts de Johnson dans la vie active. Avant de se consacrer pleinement à la politique, il a été quelques temps instituteur au Texas (dans de petites villes comme Cotulla et Pearsall, mais aussi brièvement à Houston).
A la fin de 1963, alors que Kennedy s'est déjà lancé dans la campagne pour sa réélection, Johnson semble sur le déclin. Il est de moins en moins écouté en haut lieu et, du côté des démocrates texans, on le considère de plus en plus comme un traître. L'assassinat de JFK rebat les cartes. A la stupeur de certains de ses amis politiques, Johnson a non seulement endossé le programme de son prédécesseur, mais il l'a amplifié, lui donnant une coloration plus sociale. Ce film vise donc à réhabiliter ce président méconnu (souvent calomnié dans les productions hollywoodiennes).
Hélas, ce fut un cuisant échec commercial. Sa production coûta 20 millions de dollars et il en rapporta moins de trois.
01:46 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinma, cinema, film, films, histoire
dimanche, 26 avril 2020
Léon (VOD)
Je n'ai pas en mémoire d'avoir vu ce film de Luc Besson au cinéma, contrairement au Grand Bleu et au Cinquième Élément. Je pense que j'ai déjà dû le regarder à la télévision, mais j'en avais gardé un souvenir très flou. J'ai trouvé intéressant de me replonger dans cette histoire avec le regard d'un spectateur de 2020, qui connaît la suite de la carrière et (d'une partie) de la vie de L. Besson.
Jean Reno est vraiment bon en tueur méthodique et mutique. L'ensemble des seconds rôles est au diapason, avec notamment un excellent Gary Oldman. La réalisation est assez fouillée. On sent le metteur en scène soucieux de trouver des angles d'attaque un poil inventifs. C'est d'un meilleur niveau que le récent Anna. De surcroît, les scènes d'action ou de tension (très bien foutues) sont souvent émaillées d'humour. On ne s'ennuie pas une seconde.
Il reste la grosse ambiguïté du film, qui ressort davantage de nos jours qu'à l'époque : la relation entre le tueur et Mathilda, l'orpheline qu'il recueille, incarnée avec talent par Natalie Portman alors toute jeune :
D'un côté, j'ai aimé le lien qui se noue entre le tueur solitaire et celle qui fait tout pour devenir son apprentie. Il commence à lui enseigner les bases du "métier", tandis qu'elle lui apprend à lire et écrire correctement. L'attachement aurait pu se limiter à une relation de type père-fille (avec l'aspect transmission professionnelle en plus), mais plusieurs scènes l'orientent dans une direction plus ambiguë. Je pense en particulier à celle du jeu de devinette, qui voit la jeune comédienne (12-13 ans à l'époque) mimer successivement Madonna et Marilyn Monroe, prenant des poses suggestives. Il y a aussi certaines scènes coupées (pas disponibles dans la VF), où la naissance d'une relation sentimentale est envisagée. Fort heureusement, le film ne va pas trop loin.
A la décharge de Luc Besson, je me dois d'ajouter que l'hypersexualisation du personnage de Mathilda est cohérente avec le reste du film. Quant on voit de quelle manière s'habillent sa belle-mère et sa demi-sœur (dont on se demande si elles ne font pas le trottoir...), il n'est pas étonnant que la gamine soit vêtue de manière aguicheuse. Par contre, elle n'est pas vulgaire, elle.
En 2024, le film aura trente ans... et l'on attend toujours sa suite (centrée sur le personnage de Mathilda, devenue adulte), souvent évoquée, toujours repoussée jusqu'à présent. Je crois qu'il y a un problème de droits, qui date de l'époque où Luc Besson a quitté la Gaumont pour fonder sa propre maison de production. Le projet dépend aussi beaucoup des intentions de Natalie Portman, dont l'agenda est désormais très chargé... et qui n'a peut-être plus envie de voir son nom associé, d'une manière ou d'une autre, à celui de Luc Besson.
PS
Vers la fin du film, dont l'action se déroule à New York, on aperçoit un équipement urbain étonnant... un téléphérique, appelé outre-Atlantique le Roosevelt Island Tramway.
J'ajoute qu'au XXIe siècle, quand il a fallu moderniser l'équipement, c'est l'entreprise française Pomagalski qui a été retenue.
13:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 25 avril 2020
Jumanji : Bienvenue dans la jungle (VOD)
Comme vous pouvez le constater, je profite de la période de confinement pour accroître ma consommation d’œuvres cinématographiques ambitieuses. J'ai choisi ce film-ci parce qu'en décembre dernier, j'ai beaucoup apprécié celui qui en constitue la suite (Jumanji : Next Level). La présence de Dwayne Johnson, Jack Black et Karen Gillan au générique n'est pas non plus étrangère à mon choix.
Les deux premières parties sont les moins intéressantes. Après nous avoir présenté la première victime du jeu surnaturel, on nous fait découvrir les quatre adolescents qui vont, à leur tour, être pris au piège... et c'est gratiné. Entre le sportif égocentrique et ingrat, l'intello coincée, le gamer et la pétasse narcissique, on nous livre une horrible brochette de têtes à claques caricaturales :
Pour diverses raisons, ils se retrouvent ensemble, en retenue (collés, si vous préférez). Dans la langue de Donald Trump, cela se dit "detention". Comme c'est poétique ! On est content quand ces figures pathétiques disparaissent de l'écran pour céder la place aux véritables héros de l'histoire, les personnages du jeu dans lesquels ils vont s'incarner :
Il sont tout aussi caricaturaux, mais plus réjouissants, avec pas mal d'autodérision. Ainsi, le gamer maigrichon se retrouve avec le corps de Dwayne Johnson (et son regard qui tue), l'intello coincée hérite de la plastique et de la maîtrise des arts martiaux de la bombasse, le sportif noir se retrouve en... Noir (mais scientifique... ça lui apprendra !). C'est avec la pétasse narcissique que les scénaristes ont été les plus imaginatifs : ils lui ont attribué le corps de Jack Black. C'est une source quasi inépuisable de gags, rarement d'une grande finesse...
Bref, on est dans le divertissement grand public, pas subtil en apparence, les effets spéciaux venant apporter un côté spectaculaire pas dégueulasse. Et puis, au fur et à mesure que l'intrigue progresse, les égoïstes découvrent les vertus de l'entraide et les coincés s'ouvrent au monde. On est en plein Bildungsroman ("roman de formation" ou "roman d'apprentissage"). Les épreuves font mûrir le groupe. Quand on retrouve les ados, à la fin, ils sont nettement moins exaspérants. Cela confirme que le genre de ce film est bien la science-fiction !
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vendredi, 24 avril 2020
The Watcher (VOD)
Attention, il ne va pas être question ici du film avec Keanu Reeves et James Spader (datant de 2000), mais d'un autre, sorti en 2018 directement en DVD. En général, ce n'est pas bon signe... et les critiques ont été plutôt sévères avec ce petit thriller.
Le "voyeur" en question est Ray, un électricien qui vient de reprendre avec son épouse un Motel longeant une autoroute, quelque part entre Los Angeles et Las Vegas. Le couple compte sur cette activité (et le déménagement qu'elle a impliqué) pour repartir de zéro, après une expérience traumatisante (le décès accidentel de leur fille unique). Ce couple est incarné par deux vedettes, Nicolas Cage et Robin Tunney, la Teresa Lisbon du Mentalist.
Mais le personnage le plus travaillé est incontestablement celui du mari. Un certain nombre de spectateurs ont regretté la longueur de la première partie (35-40 minutes), durant laquelle il ne se passe(rait) pas grand chose. Erreur grave. Elle nous offre un portrait pathétique de quadragénaire mâle en plein doute. Alors que son épouse ne songe qu'à remplacer l'enfant disparu par un autre, adopté, Ray est travaillé par ses pulsions sexuelles. Il faut dire que son épouse est très appétissante, mais peu portée sur la chose, ces derniers temps. Elle semble aussi un peu se négliger, sur le plan vestimentaire.
Mais que dire de l'époux ! Barbu, bedonnant, commençant à se dégarnir sur le front, portant des lunettes et dormant à moitié habillé (ce qui permet d'éviter à Cage d'exposer à la caméra ses bourrelets disgracieux), Ray n'est pas vraiment un sex-symbol. Mais le démon de midi le travaille, surtout quand il voit cette superbe cliente blonde débarquer dans son hôtel. Sa concupiscence s'accroît après qu'il a découvert un mystérieux passage secret, dans une dépendance servant d'entrepôt.
Ce qu'il découvre alors va lui filer une trique du diable. Je rassure les âmes vertueuses, à l'écran, tout cela est suggéré (grâce notamment à un Nicolas Cage meilleur que d'habitude... ce qui n'est pas difficile). Mais, à plusieurs moments, on comprend très clairement qu'une partie de son sang a quitté le cerveau pour rejoindre une autre partie de son anatomie...
Au bout de trois quarts d'heure, l'intrigue se corse avec le meurtre d'une femme, suivi de l'apparition d'un second corps dans une piscine, en liaison semble-t-il avec la mort suspecte d'une adolescente quelques mois plus tôt.
L'ambiance, pas très gaie au départ, devient franchement glauque. Le patelin regorge de types louches, à commencer par Ray, dont on se demande ce qu'il va faire les nuits où il sort avec son pick-up. Mais l'ancien proprio, qui a soudainement disparu sans laisser d'adresse, ne semble pas très net non plus. Il y a aussi ce shérif un peu trop zélé, qui enquête sans enquêter. Il y a encore ce client fidèle, amateur de prostituées, qui finit par reconnaître une forte dépendance au sexe. Il y a enfin cette famille de garagistes, un père et trois fils qu'on imagine à peine sortis de taule.
La tension monte jusqu'à une fin assez bien amenée, je trouve. Voilà, ça ne casse pas trois pattes à un canard, mais ça meuble plus agréablement une soirée que la vision de la plupart des programmes de télé.
00:42 Publié dans Cinéma, Web | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 23 avril 2020
Pressure (VOD)
Cette "pression" est celle des fonds marins, plus précisément ceux de l'océan Indien. Au large des côtes de l'Afrique orientale, en pleine zone de piraterie, un oléoduc a subi une grave avarie (peut-être à cause de l'ancre d'un bateau de pêche). Une équipe de plongeurs-soudeurs est envoyée effectuer les réparations d'urgence, alors qu'une tempête approche.
Je n'avais jamais entendu parler de ce film, sorti directement en VOD à la fin de 2016. J'ai eu récemment l'occasion de le visionner gratuitement (et légalement). Cela m'a changé de la télévision de rattrapage, dont je commence à me lasser.
J'ai choisi ce film parce qu'il parle d'un confinement, celui de quatre grosses paires de couilles qui se retrouvent coincées dans 10 m², à plusieurs centaines de mètres de profondeur.
Mitchell le beau gosse est le chef d'équipe. C'est le plus posé de la bande, celui auquel le patron confie les missions délicates. Il suit attentivement le règlement et ne prise guère les initiatives aventureuses.
Engel est le plus expérimenté du groupe. Il est un peu revenu de tout... et cache un traumatisme profond. Il est incarné par Danny Huston, un vieux routier du cinéma. On a pu le voir dans 21 grammes, Aviator, Les Fils de l'homme, Le Royaume, Le Nombre 23, X-Men origins : Wolverine, Robin des Bois, Big Eyes, Wonder Woman... souvent dans le rôle d'un "méchant".
Hurts est alcoolique, tatoué... et pas du genre obéissant. C'est l'une des têtes à claques de l'équipée. Il est interprété par Alan Mckenna, un habitué des séries policières britanniques (Happy Valley, DCI Banks...)... et coscénariste du film !
On termine par la super tête à claques, Jones, un jeune con, mâcheur de chewing-gums et dont les goûts capillaires ne révèlent pas une grande intelligence...
Bien évidemment, le confinement forcé de l'équipage va faire remonter les traumas et les névroses. Il va aussi inciter chacun à se dépasser pour surmonter les difficultés auxquelles ces hommes sont confrontés. Qu'y a-t-il au fond de l'océan ? Un requin préhistorique ? Un extraterrestre effrayant ? Une sirène ? Le labo secret dont sortirait le covid-19 ? Des hallucinations ?
C'est hyper-balisé, mais bien réalisé et correctement interprété. On passe un moment divertissant, durant un peu moins d'1h30.
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dimanche, 19 avril 2020
Mort de Philippe Nahon
Le covid-19 n'en finit pas de faire des victimes, dans toutes les catégories de la société. Cet après-midi, on a appris le décès d'un membre de la grande famille du cinéma, le comédien Philippe Nahon, qui a débuté dans des oeuvres assez ambitieuses, avant de devenir l'un des excellents seconds rôles des productions du petit et du grand écran.
Je suppose qu'au moins une des chaînes de la TNT va avoir la bonne idée de bientôt reprogrammer l'une des oeuvres dans lesquelles il s'est illustré. En attendant, on peut retrouver sa trogne (et sa voie rocailleuse) dans Meurtres à Carcassonne, l'un des épisodes de la collection policière du samedi soir de France 3. Il y incarne un prêtre érudit, qui a quelques secrets. Cet opus n'est pas l'un des meilleurs de la série, mais on y croise d'autres bons comédiens, comme Bruno Wolkowitch et Bernard Blancan.
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dimanche, 29 mars 2020
Du cinoche gratos
Après la mort de (trop) nombreuses victimes et la crise économique qu'on sent poindre cachée derrière l'épidémie, la fermeture des salles obscures est le troisième grand drame de ces dernières semaines.
Comme dit le proverbe, "faute de grives, on mange des merles". Or, la Toile regorge de ressources (plus ou moins) palliatives... et légales. Cette période de confinement est d'abord l'occasion d'explorer les sites de replay des chaînes. Que ce soit sur, MyTF1, France.tv ou 6play, il y a de quoi s'occuper (même si la quantité l'emporte nettement sur la qualité...).
Se pose alors le problème de la date limite de consultation. La règle générale veut que les programmes soient visionnables pendant environ une semaine après leur diffusion. L'usage d'une box internet permet d'augmenter cette durée, pour bon nombre de programmes. On n'a pas forcément ce réflexe, mais, un soir, en quête de fiction distrayante, je me suis aperçu des possibilités offertes par ma Livebox.
Malheureusement, ces pis-aller ne proposent que très peu de cinéma pur et dur. C'est là qu'entre en jeu Le Canard enchaîné, dont le numéro de mercredi dernier (en réalité un demi-numéro de quatre pages, exceptionnellement achetable aussi par voie numérique) contient quelques liens fort utiles.
Les amateurs de vieux films muets peuvent se ruer sur la vidéothèque de la cinémathèque de Milan, qui propose notamment une très ancienne version de Pinocchio. Côté français, c'est le site Madelen (dépendant de l'INA) qui offre trois mois d'accès gratuit à une pléiade de films du répertoire. Dans un genre approchant, il y a, de l'autre côté de l'Atlantique, la plateforme archive.org, qui propose une foultitude de vieux films d'horreur, de science-fiction, des comédies de Chaplin, de Keaton, une "Georges Méliès Collection" et même une catégorie "Film noir" (en français dans le texte !).
Rien qu'avec ces sources, il y a de quoi occuper agréablement quelques soirées. Mais ce n'est pas tout. David Fontaine (auteur de l'article du Canard) recommande aussi openculture.com, qui propose l'accès gratuit à plus de 1000 films (plutôt anciens) ! Il y a même de quoi se perdre.
Bref, même si c'est sur petit écran (d'ordinateur, de tablette ou de "téléphone intelligent"), il y a matière à étancher (un peu) la soif des cinéphiles en manque... en attendant des jours meilleurs.
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samedi, 21 mars 2020
Kenny Rogers est mort
Il avait 81 ans. Il a popularisé la "country music" (certains diront qu'il l'a aseptisée), notamment auprès des dames (ah, Lady...), a joué au cinéma, à la télévision. Ses chansons ont été maintes et maintes fois reprises.
Pour moi comme pour beaucoup de monde je présume, Kenny Rogers est d'abord l'interprète de The Gambler, une chanson qu'il n'a pas composée... et qui d'ailleurs, à l'origine, n'a pas été créée pour lui ! C'est dingue, quand on pense qu'ensuite, on l'a identifié à ce titre !... à tel point que, lorsqu'il fut l'invité du Muppet Show (au cours de la saison 4), il en a livré une version "spéciale". Il fut aussi parodié par Benny Hill. (Aux jeunes qui liraient ce billet, je signale que Benny Hill fut pendant des années l'empereur du bon goût britannique à la télévision...)
Pour les cinéphiles, la voix de Kenny Rogers n'est pas inconnue. Le titre Just Dropped In fait partie de la bande originale du cultissime The Big Lebowski, de Joel et Ethan Coen. Très récemment, on a pu entendre à nouveau The Gambler, dans le dernier film de Clint Eastwwood, Le Cas Richard Jewell.
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Dark Waters
Todd Haynes, réalisateur (entre autres) de I'm not there et du Musée des merveilles, a été embarqué par Mark Ruffalo dans l'adaptation cinématographique d'un article-enquête publié en 2016 dans The New York Times. C'est le dernier film que j'ai vu au cinéma, samedi dernier, à la séance de 22h30. Cela fait juste une semaine...
Paradoxalement, alors que T. Haynes est un cinéaste assez inventif, il s'est contraint ici à un style très classique, dans le ton de ce "film-dossier", très fouillé. Il prend le temps de dénouer toutes les ramifications du scandale industriel dévoilé par un paysan de Virginie occidentale, pour lequel va se battre, pendant des années, un avocat certes promis à un brillant avenir, mais qui a risqué sa carrière pour faire triompher la Justice.
Ah, c'est beau comme le Rêve américain ! C'est la deuxième fois, en quelques semaines, que l'on nous propose le combat du pot de terre contre le pot de fer. Le mois dernier, avec Le Cas Richard Jewell (de Clint Eastwood), on a eu droit à la version de droite libertarienne. Ici, c'est la vision "de gauche" (plutôt social-démocrate) qui nous est proposée. Ce n'est pas tant l'État-Moloch qui écrase l'individu que la grande firme transnationale.
Son influence nous est concrètement montrée assez vite, quand l'avocat déambule en voiture dans les rues d'une ville où tout a été payé par DuPont de Nemours (une entreprise fondée par des Français). C'est le paternalisme à l'américaine... ou, plus prosaïquement, un moyen relativement peu coûteux (pour une grosse boîte) d'acheter le silence de tout une population.
Ici, le Rêve américain se transforme en cauchemar, ce qui est suggéré par la première séquence (si ma mémoire est bonne), tournée quasiment dans le style d'un film d'épouvante : que va-t-il bien arriver à ce groupe de jeunes qui va se baigner, la nuit, dans une zone interdite ?
La suite prend une forme plus classique. On sent la volonté de démontrer l'horreur des faits, mais aussi le travail titanesque réalisé par l'avocat, incarné par Mark Ruffalo. (Signalons que le "vrai" Robert Bilott -et son épouse- font de la figuration au cours d'une réception.) Le processus fut long et pénible. L'habileté du film consiste à montrer comment le système américain permet à la fois à des citoyens engagés courageux et pugnaces de faire émerger la vérité et à de grands groupes industriels d'utiliser toutes les ficelles juridiques pour tenter d'éviter une condamnation.
On notera que Ruffalo n'a pas cherché à embellir physiquement ou moralement le personnage principal. Il est avide de justice, mais c'est un mari et un père absent. De plus, il n'est pas vraiment charismatique. C'est un besogneux. Autour de Ruffalo gravitent quelques têtes d'affiche (comme Anne Hathaway et Tim Robbins)... et d'illustres inconnus, recrutés sur place. On apprend même à la fin que le couple Kiger a joué son propre rôle et que l'un des enfants nés jadis avec des malformations (à cause du Téflon), dont il est question dans le film, apparaît furtivement à l'écran, à l'âge adulte, au cours d'une scène de station-service.
C'est vraiment un film prenant, à la fois réjouissant et terrifiant, et qui nécessite, de la part des spectateurs, une attention soutenue. Mais il mérite cet effort.
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dimanche, 15 mars 2020
La Bonne Epouse
Cette comédie évoque une époque que les moins de vingt ans ne peuuuuvent pas connaîtreuuuu. En ce temps-là, en France, les femmes n'étaient pas les égales des hommes. Une partie d'entre elles achevaient leur scolarité dans des "écoles ménagères", où on leur apprenait à bien tenir un ménage... et à rester soumises à leur (futur) mari.
Le pari de Martin Provost et de sa coscénariste Séverine Werba est de traiter ce sujet grave sur un ton léger. Cela fonctionne parce que le trio d'actrices principales est formidable. Le directrice, classe et coincée, est incarnée par Juliette Binoche, qui, dès le début, donne le ton en énonçant les sept règles de la bonne ménagère.
Sa belle-soeur est jouée par Yolande Moreau. Une fois de plus, celle-ci interprète un personnage un peu pataud, mais elle s'en sort très bien. L'interaction avec la brochette de jeunes comédiennes incarnant les pensionnaires fonctionne à merveille. Je recommande tout particulièrement la scène de confection des crêpes, de toute beauté !
A ce duo s'ajoute Noémie Lvovsky, méconnaissable en bonne-sœur acariâtre. J'ai adoré ! On sent que les comédiennes ont eu plaisir à endosser ces rôles certes un peu caricaturaux, mais hauts en couleur.
Du côté des messieurs, c'est un binôme qui s'impose. François Berléand incarne avec son savoir-faire habituel l'époux vieillissant libidineux, "à l'ancienne", tandis qu'Edouard Baer est chargé de représenter la version moderne de l'idéal masculin des femmes adultes : cet ancien résistant (l'action se déroule dans les années 1960) ne manque pas de charme et a une bonne situation professionnelle. De surcroît, il repasse ses chemises, reprise ses chaussettes... et fait la cuisine ! On finit aussi par comprendre qu'il n'est pas maladroit au lit... N'en jetez plus ! Toutefois, comme on ne le voit déshabillé que de dos, on ne saura pas si son abdomen est aussi irréprochable que ceux de Brad Pitt et Harrison Ford...
Le début du film montre le fonctionnement de l'école ménagère, avec ses rigueurs et plusieurs anicroches. Le décès accidentel d'un des personnages vient corser l'affaire, libérant quelques énergies. L'arrivée de Mai 68 va définitivement changer la donne, pour les enseignantes comme pour les élèves. Cela se termine en comédie musicale militante (une référence à Hair ?), correctement chorégraphiée, mais pas trop dans mon goût.
Cela n'enlève rien aux (nombreux) mérites de ce film, qui relève le niveau de la comédie française contemporaine.
Invisible Man
L'intrigue de ce film marie le fantastique et le sociétal, la possibilité de se rendre invisible et le harcèlement dont souffre une femme. L'histoire débute d'ailleurs par la fuite de l'héroïne Cecilia, au cours d'une séquence représentative de l'ensemble du film : c'est à la fois brillant et non exempt de facilités (on sent venir le coup du chien à des kilomètres). Un œil exercé remarquera le soin avec lequel certains plans sont construits, en particulier comment le personnage principal (incarné par Elisabeth Moss, toujours aussi impressionnante) est placé et comment il évolue dans le cadre.
Au niveau du scénario, on semble avoir voulu maintenir une part d'incertitude le plus longtemps possible. Ainsi, durant presque la moitié du film, on hésite entre trois solutions au mystère qui nous est proposé. La jeune femme est-elle réellement harcelée par son ex, qui ne serait pas décédé ? Son harceleur n'est-il pas une autre personne, qui tente de se faire passer pour son ex ? Ou bien tout ceci n'est-il pas plutôt le produit de l'imagination débridée de l'héroïne, dont l'esprit a basculé sous l'effet du stress énorme qu'elle a subi et des médicaments qu'elle prend ? Petit à petit, on comprend que la solution mêle peut-être deux de ces théories.
C'est globalement bien filmé (par le réalisateur de Upgrade), avec de bons effets spéciaux, utilisés quand il faut. Néanmoins, je trouve que l'intérêt repose surtout sur les épaules de l'actrice principale, qui fournit une sacrée performance. Cela rend indulgent pour certaines facilités scénaristiques (il faut bien que l'intrigue déploie toutes ses circonvolutions....), avant une fin que l'on sent venir dès que l'on voit Cecilia cacher un objet.
Cela reste un bon film de genre, qui évoque un phénomène de société qu'il est urgent de dénoncer.
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samedi, 14 mars 2020
Un Divan à Tunis
C'est l'histoire d'une psychanalyste française (parisienne) qui part s'installer dans le pays d'origine de ses parents, après la chute du régime de Ben Ali. Elle y découvre une société fragmentée, pétrie de non-dits. Elle va aussi devoir s'adapter aux usages locaux, sans rien renier sur le fond.
Comme cette psychanalyste a les traits de Golshifteh Farahani, on a évidemment les yeux de Chimène pour l'héroïne, belle, intelligente et audacieuse. Dans la première partie, on sourit aux rencontres qu'elle fait, dans le cadre professionnel comme dans le cadre personnel.
Du boulanger homosexuel à la patronne expansive d'un salon d'épilation, en passant par l'ancien prisonnier politique complotiste, le policier dragueur et la jeune fille voilée, on a droit à un échantillon extrêmement diversifié de la société tunisienne. S'y ajoutent un imam dépressif (et non barbu), une cousine adepte de l'islamiquement correct et des fonctionnaires ministériels paresseux, incompétents et/ou malhonnêtes.
C'est d'ailleurs un peu trop "chargé" à mon goût, en particulier quand il est question de l'obtention de l'autorisation d'exercer. La fonctionnaire que rencontre l'héroïne mange comme une malpropre et fait preuve d'un esprit commercial assez agressif. Cela nuit à l'ambiance du film, plus réussi quand il reste sur le cocasse, la légèreté que quand il appuie le trait.
Au sens métaphorique, pour la réalisatrice, c'est la société tunisienne en son entier qui a besoin d'une psychanalyse. Sa schizophrénie se manifeste à travers plusieurs personnages, comme l'oncle qui dissimule sa consommation d'alcool dans une canette de soda, la fille voilée qui tient surtout à ce qu'on ne remarque pas sa coupe de cheveux ratée ou l'imam délaissé qui tente maladroitement de s'implanter une marque de piété sur le front.
Tout cela est bien vu et certains moments sont vraiment drôles. Hélas, le personnage principal n'est pas assez fouillé. On n'en apprendra guère sur l'héroïne Selma et les raisons qui l'ont réellement poussée à quitter Paris pour la Tunisie. Même la séquence du stop avec un célèbre psy (défunt) ne marche qu'à moitié. C'est dommage, parce qu'avec l'actrice dont elle disposait, Manele Labidi avait les moyens de creuser davantage son sujet.
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De Gaulle
2020 est un peu l'année de Gaulle. Dans quelques mois, on célèbrera le 80e anniversaire de son célèbre Appel. En novembre prochain, on commémorera successivement le 50e anniversaire de sa mort et les 130 ans de sa naissance.
Se pose alors une question de taille. Laquelle ? Ben, une question de taille. Toutes les photographies présentant Charles de Gaulle en compagnie d'autres hommes le montrent les dépassant presque d'une tête. A Saint-Cyr, l'apprenti-officier avait hérité de surnoms en rapport avec sa taille : "grande asperge", "double mètre". En réalité, il ne mesurait "que" 1m93 - 1m94, ce qui, pour l'époque (le début du XXe siècle) était gigantesque, ses camarades de promotion à Saint-Cyr culminant en moyenne à 1m64 ! Se posait quand même la question du choix de l'acteur pour incarner de Gaulle. Lambert Wilson n'est-il pas un peu petit ? En réalité, non. J'ai appris à cette occasion qu'il mesure 1m90. Mais, à notre époque, les hommes (tout comme les femmes) sont plus grands. L'écart (en taille) qui sépare l'acteur de ses contemporains est moins élevé que celui qui séparait de Gaulle des siens.
Quoi qu'il en soit, on a veillé à ce que le comédien ressemble à son modèle. Il porte plusieurs prothèses au visage (au nez, aux lèvres, aux oreilles et peut-être au cou). Sa coupe de cheveux reproduit scrupuleusement celle du Général et il a même acquis quelques tics de comportement propres à son modèle (notamment sa manière de fumer). L Wilson a fait du bon travail.
Le film démarre de manière originale, par un de Gaulle en famille. Cette séquence introduit deux personnages qui vont jouer un rôle important dans la suite de l'histoire (et dans la vie du héros) : son épouse et leur fille benjamine, Anne, handicapée mentale. Pour celles et ceux qui ne connaissaient pas bien la biographie du couple, ce sera une révélation, tout comme l'attachement du futur chef de la Résistance à sa famille. C'est l'un des apports de ce film, qui ensuite alterne les scènes d'action politique et les scènes de famille, celle-ci devant se débrouiller en Métropole loin de Charles. Dans le rôle de l'épouse, Isabelle Carré est formidable... peut-être même un peu trop : la véritable Yvonne de Gaulle n'était sans doute pas aussi sympathique.
Par contraste, les premières scènes "historiques", qui voient de Gaulle rencontrer des ministres, des généraux et un président du Conseil, sont moins réussies. Je trouve quand même qu'Olivier Gourmet (chargé d'incarner Paul Reynaud) s'en sort assez bien dans le rôle de cet homme politique très influent à l'époque, mélange de courage et de veulerie... et qui, au moment crucial, a fini par oublier où il avait rangé sa paire de couilles. (Pour la petite histoire, je signale que la femme qui partage ses journées à Matignon est sa maîtresse "officielle", un personnage qu'on a pu apercevoir -comme celui de Georges Mandel- dans le récent Je ne rêve que de vous.)
Si ces séquences sont utiles aux spectateurs profanes (pour comprendre les ressorts de l'intrigue, en particulier les oppositions sur la conduite de la guerre), elles ne sont pas d'une folle inventivité au niveau de la mise en scène. Le pire est atteint au cours d'une "scène d'urinoir", qui voit Pétain et Weygand comploter en soulageant leur vessie puis en se lavant les mains. Peut-être cette scène est-elle authentique, en tout cas, à l'écran, elle n'est pas très vraisemblable. (Sur le fond, elle est l'occasion de découvrir l'antisémitisme d'une partie du haut commandement militaire français, qui n'a jamais encaissé la manière dont s'est conclue l'Affaire Dreyfus.)
Dans la deuxième partie du film, tout cela s'améliore. Gabriel Le Bomin (qui jadis réalisa Les Fragments d'Antonin) réussit à créer un véritable suspens historico-politique. On s'attache évidemment aux actes du héros, mais l'on se passionne aussi pour les pérégrinations de sa famille, dont j'ai découvert certains détails.
Evidemment, l'action débouche sur l'écriture et la lecture (l'enregistrement) du fameux Appel. La séquence fait écho à une scène du début, durant laquelle de Gaulle, colonel dirigeant (avec des blindés) une contre-offensive en mai 1940, découvre l'outil radiophonique. Notons que la naissance du texte fut encore plus chaotique que ce qui nous est raconté, les Britanniques étant sans doute parvenus à imposer au général d'adoucir la première version de son Appel, différente de celle qui a ensuite été diffusée. Mais l'ensemble n'en constitue pas moins une belle leçon d'histoire et de courage.
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vendredi, 13 mars 2020
Radioactive
Sous ce titre choc se cache une biographie de Marie Curie adulte (de son arrivée en France à son décès). Derrière la caméra officie Marjane Satrapi, auteure de The Voices et surtout de Persepolis. Elle nous offre un mélange de fresque historique et de film militant (féministe), avec un arrière-plan scientifique.
Dans le rôle de Marie Curie, Rosamund Pike est é-blou-i-ssante. Elle est crédible aussi bien en jeune femme craintive qu'en épouse mûre et en vieillarde certes affaiblie, mais diablement intelligente et lucide. La comédienne, remarquée jadis dans Gone Girl (et qui était aussi très bien dans HHhH et Hostiles) y fait montre de son talent pour ressusciter une scientifique incomparable et entêtée, une femme farouchement indépendante... et une amoureuse qui n'hésite pas à écrire qu'elle aime le sexe (avec son compagnon).
C'est dire si le film embrasse une matière riche. L'une des premières séquences est particulièrement réussie. Il s'agit d'un spectacle de danse (celui de Loïe Fuller), auquel assistent (entre autres) la jeune Maria Sklodowska et un homme qu'elle a croisé peu de temps auparavant dans la rue : Pierre Curie. Le dialogue entre les deux héros est savoureux.
La suite montre la progression des recherches du duo, qui finit par devenir un couple. La réalisatrice prend bien soin de montrer qu'au sein de celui-ci, la plus douée est Marie. C'était aussi une travailleuse acharnée. D'un point de vue scientifique, le film tente de rendre accessibles des notions de physique comme la radioactivité ou la réaction en chaîne. Pour le profane que je suis, c'est convaincant.
Le plus étonnant, pour le public du XXIe siècle, est la fascination naïve que les découvertes du couple Curie vont exercer. Des commerçants se mettent à sortir des tas de produits au radium, du dentifrice à la crème pour visage... Marie elle-même n'échappe pas au fétichisme imprudent : la fiole dans laquelle elle a placé un échantillon de l'élément qu'elle a isolé pour la première fois lui sert de "doudou", accompagnant et éclairant ses nuits. A l'écran, c'est superbe...ment dangereux !
Cela m'amène à l'autre propos du film : la mise en perspective des recherches de l'époque (Pierre et Marie n'étant pas les seuls à travailler sur l'atome). Si les apports ne sont pas cachés (en radiographie et lutte contre le cancer), il est quand même surtout question des conséquences négatives, d'Hiroshima à Tchernobyl. Même si le propos est louable, ce n'est pas (à mon avis) la partie du film la plus réussie.
Marjane Satrapi excelle dans les portraits de femmes, ceux de Marie, de sa soeur, de sa fille aînée Irène (qui a marché sur ses traces) et de sa cadette Eve (qui s'engagea des années plus tard dans la France Libre). D'ailleurs, c'est poussée par sa fille aînée que la scientifique a fini par s'engager durant la Première Guerre mondiale. C'est un aspect moins connu de sa vie que le film a le mérite d'aborder.
Celle qui fut détestée comme Polonaise et femme libre finit par être reconnue pour son apport à la science, au point de figurer (seule femme !) parmi l'équipe de chercheurs réunie aux conférences de Solvay. Le film nous propose une photographie datant de 1927. En voici une autre de 1911, sur laquelle figure aussi un certain Albert Einstein (avant-dernier, à droite):
P.S.
Cerise sur le gâteau : ce film féministe, à l'image de son héroïne, ne reste pas dans les clous. Ainsi, lorsque Marie Curie se rend en Suède (avec Irène) pour recevoir son second prix Nobel (celui de chimie), elle déclare, dans la salle d'attente, qu'une partie du public n'a pas su séparer en elle la femme de la scientifique... une autre manière de dire qu'elle pensait qu'il fallait séparer l'homme de l'oeuvre... Bravo au dialoguiste !
jeudi, 12 mars 2020
Des Hommes
Je suis tombé par hasard sur ce documentaire, consacré à l'ancienne prison des Baumettes, à Marseille (la nouvelle étant déjà entrée en service). En 1h20, le film ne vise pas l'exhaustivité. On nous propose de suivre principalement des détenus du bâtiment central, ainsi que quelques-uns (fragiles psychologiquement) placés à l'écart des autres. Plusieurs membres du personnel ont aussi droit aux honneurs de la caméra.
Tourné en immersion, ce documentaire ne s'appuie sur aucun commentaire, ni le moindre dialogue entre les journalistes et les personnes filmées. Il s'agit d'un montage, celui de "scènes de vie", la parole étant longuement laissée aux détenus. Ces derniers ont été choisis parmi les "petits délinquants". On ne suit aucun criminel sexuel, aucun tueur ni aucun caïd de la drogue.
Ce sont des hommes jeunes, pour la plupart d'origine modeste, certains n'ayant pas connu leurs parents. L'un d'entre eux est dans la situation inverse : c'est son père qui semble l'avoir entraîné dans une combine... et sa réinsertion dépend d'une initiative prise par sa soeur !
On découvre des cellules assez petites, où logent un ou deux détenus. C'est assez vieillot, sans tomber en ruine. Aux Ruthénois cela rappellera peut-être l'ancienne prison du Piton (située dans le quartier Combarel), qu'il était à l'époque impossible de visiter. Depuis, comme à Marseille, les détenus ont été envoyés dans une structure plus moderne, mais en périphérie de Rodez (à Druelle).
Notons que toutes les cellules visibles à l'écran sont dotées d'une télévision, certaines même d'un petit frigo. Par contre, l'isolation phonique est visiblement déplorable (tout comme sans doute l'isolation thermique... mais c'est moins crucial à Marseille qu'à Rodez).
Je pense que le but des journalistes est de montrer que la plupart des détenus sont des hommes comme les autres, qui n'ont pas eu la chance de naître dans la "bonne" famille ou le "bon" quartier. En fonction de la personne qui se trouve à l'écran, on est plus ou moins d'accord. Mais l'ensemble n'en constitue pas moins une formidable tranche de vie. On ne s'ennuie pas un instant.
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mercredi, 11 mars 2020
Une Sirène à Paris
Six ans après Jack et la mécanique du coeur, Mathias Malzieu s'est relancé dans la réalisation d'un long-métrage, centré sur une histoire d'amour impossible, dans un monde plein de surprises. Deux couples sont au coeur de l'intrigue, un majeur, l'autre secondaire. Celui-ci est composé de deux membres de l'équipe médicale des urgences d'un hôpital parisien. Ce couple connaît une évolution bien différente de celle du duo qui se forme entre les deux héros, Gaspard l'artiste et Lula la sirène.
Alors que cette dernière n'a jamais connu l'amour, son sauveur des quais a lui eu le coeur brisé par plusieurs échecs sentimentaux... et c'est tant mieux pour lui, parce que cela lui sauve la vie. Derrière la métaphore se cache une référence à la vie privée du cinéaste-chanteur, qui a eu beaucoup de mal à surmonter sa rupture avec Olivia Ruiz, la sirène étant ici un décalque de la chanteuse qui envoûte.
Evidemment, dès le début, on comprend que l'amour impossible va quand même se développer et que le cynisme de façade du héros va petit à petit céder la place à de l'attachement, tandis que l'objet du désir commence à découvrir ce "sentiment qui pique".
L'intrigue est donc sentimentale, poétique... même si le drame n'est pas loin, avec cette doctoresse qui devient obnubilée par la sirène. (Dans le rôle, Romane Bohringer est très bien.) Les interprètes principaux sont eux aussi convaincants, qu'il s'agisse de Nicolas Duvauchelle ou de Marilyn Lima, inconnue à mes yeux, mais qui réussit là une assez jolie composition. Elle arrive à donner de l'épaisseur à son personnage, d'abord uniquement fascinant. Elle y insuffle de la drôlerie, quand la sirène découvre certains usages du monde des humains. Elle y ajoute de la profondeur quand elle nous fait comprendre qu'elle est la dernière de son espèce et qu'elle a déjà vu pas mal de choses tristes dans sa vie. Dans un second rôle marquant , je signale aussi Rossy de Palma, connue de tous les fans d'Almodovar (le premier, celui qui tournait des films déjantés).
Cependant, pour moi, le principal intérêt réside dans la mise en scène et l'habillage visuel. C'est souvent superbe, imaginatif. Les styles sont variés, allant du papier carton au numérique. J'ai particulièrement aimé le petit film "à l'ancienne", que Gaspard fait regarder à la sirène sur un minuscule écran de télé. A l'image du réalisateur, le héros aime la fantaisie. Le chant comme les trouvailles visuelles ont pour objectif de réenchanter le monde. On est un peu dans la situation de l'Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet, qui découvre dans une petite boîte cachée les trésors d'enfance d'un garçon devenu grand.
Le film n'est toutefois pas un chef-d'oeuvre, en raison d'un manque de rigueur dans la conduite de l'intrigue. De surcroît, il m'a fallu plusieurs minutes pour bien rentrer dans l'univers du cinéaste. Mais, si l'on se laisse porter par la fantaisie, on passe un agréable moment.
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lundi, 09 mars 2020
Je ne rêve que de vous
En fin de parcours, ce film est enfin arrivé au CGR de Rodez. En dépit du sujet en or (le dernier grand amour de Léon Blum, sous l'Occupation allemande), le bouche-à-oreille n'est pas très favorable. Je me suis quand même laissé tenter, tant la distribution est alléchante.
Le personnage principal est Jeanne Reichenbach, déjà mariée deux fois, femme libre issue de la bourgeoisie juive. Elle est interprétée par Elsa Zylberstein, dont on sent qu'elle s'est beaucoup impliquée dans le rôle. Hélas, le résultat n'est guère emballant, surtout en raison des scènes avec Léon Blum, incarné par Hippolyte Girardot. On a beau lui avoir fait la tête de l'ancien président du Conseil, le comédien n'est guère convaincant dans le rôle. On ne sent pas vraiment la passion qui aurait animé les deux amants.
Je dirais qu'il faut faire porter la responsabilité de cet échec à la direction d'acteurs (il aurait fallu faire rejouer certaines scènes, tant elles semblent approximatives) et aux dialogues, trop littéraires ou simplement manquant de naturel.
Ce sont les personnages secondaires qui m'ont paru plus réussis. A la volée, je signale Emilie Dequenne en belle-fille de Blum, Thomas Chabrol en ex-mari de Jeanne, Gregori Derangère en second ex-mari et surtout Philippe Torreton en Pierre Laval. Son face-à-face avec Jeanne/Elsa est peut-être la meilleure scène du film. (Je profite de l'occasion pour suggérer aux nombreux producteurs qui lisent ce blog de se lancer dans la mise en chantier d'un film consacré à Pierre Laval, avec Torreton dans le rôle. Il y a une sacrée matière à traiter.) A signaler aussi les à-côtés de la vie privée des hauts personnages, la captivité mettant à jour certains "accommodements" avec la morale officielle. C'est parfois croustillant, avec de beaux portraits d'épouses et de maîtresses.
Le contexte historique n'est pas trop mal planté. Si l'on connaît un petit peu cette histoire, on retrouve l'épisode de la Débâcle (de mai-juin 1940), celui de l'embarquement sur le Massilia et, surtout, le procès de Riom, une machine de propagande anti-républicaine qui a tourné à la déconfiture pour le régime de Vichy. L'arrivée des Allemands dans la zone non-occupée, aggrave le sort des prestigieux prisonniers (Blum et Mandel, entre autres). Certains apprendront peut-être avec surprise que Blum a toujours refusé de fuir, préférant affronter le régime de Vichy de sa prison, jusqu'à partir en déportation (à Buchenwald, mais dans une annexe un peu protégée par rapport aux conditions atroces infligées aux résistants incarcérés). C'est l'un des rares mérites de ce long-métrage poussif, qui s'apparente à un médiocre téléfilm de début de soirée sur France 3.
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samedi, 07 mars 2020
L'Appel de la forêt
Deux ans après Croc-Blanc, un autre roman de Jack London fait l'objet d'une adaptation cinématographique, dans laquelle les images de synthèse sont omniprésentes.
La première partie est placée sous le signe de l'humour. Le chien Buck a beau être artificiel, sur l'écran, c'est un véritable cabot !
Après quelques scènes plutôt sombres, l'ambiance devient plus positive quand l'animal est récupéré par Perrault (Omar Sy) et sa compagne indienne, tous deux livreurs de courrier. La lutte d'influence qui se joue au sein de la meute de chiens est assez bien filmée, je trouve. Hélas, les péripéties s'enchaînent à un rythme trop rapide et telle menace qui, dans un autre film, s'étalerait sur une demi-heure / trois quarts d'heure, est ici traitée en cinq / dix minutes. Du coup, cela va vite et manque de réalisme.
L'intérêt rebondit dans la seconde moitié de l'histoire. Cela coïncide avec la montée en puissance du personnage de John Thornton, incarné par Harrison Ford. Même si son interprétation est un peu cliché, j'ai bien aimé voir intervenir ce vieil ours alcoolique, qui a l'air d'avoir vécu mille ans. Entre lui et Buck se noue une relation très forte, l'animal prenant visiblement la place laissée par le fils disparu.
Cette partie est aussi celle où l'animal domestique entre le plus en contact avec le monde sauvage, notamment les loups. Le clébard va tomber sous le charme d'une superbe louve blanche. Le marivaudage des deux animaux est très bien rendu à l'écran.
Bref, c'est un peu naïf, plein de bons sentiments, mais c'est joli à voir et parfois drôle.
15:26 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Bad Boys for Life
Cela fait partie des mystères de l'exploitation cinématographique. A Rodez, certains films (pas forcément classés art et essai) disparaissent des écrans au bout de deux semaines, alors que celui dont il va être question est toujours à l'affiche du CGR local, un mois et demi après sa sortie. J'ai même pu le voir dans l'une des plus grandes salles.
Deux scènes cueillent les spectateurs dès le début. Tout d'abord, il y a une spectaculaire poursuite en voitures, qui remet dans le bain les deux flics de Miami. La seconde est encore plus réussie : il s'agit de l'évasion d'une redoutable criminelle mexicaine, qui va jouer un rôle déterminant dans l'histoire. Signalons que, dans la version française, on a pris soin de conserver les dialogues en espagnol (sous-titrés). Les amateurs de belles images seront de surcroît comblés par des plans très léchées de Miami, de jour comme de nuit.
Le problème est qu'après ces deux amuse-gueule, on est parti pour un tunnel de dialogues insipides et de scènes à moitié ratées. Même l'humour tombe souvent à plat. Le meilleur gag est une allusion au vieillissement de l'un des deux héros, qui se retrouve dans le coma... mais qui conserve la barbichette bien noire grâce à l'affectueuse prévenance de son collègue.
Il faut être patient pour pouvoir savourer la plus belle séquence du film. Il s'agit de la traque du lieutenant du tueur, censé fêter son anniversaire dans une boîte à la mode. Les scènes d'intérieur comme d'extérieur ne manquent pas de brio, jusqu'à un spectaculaire épilogue en hélico.
Au niveau du scénario, on ne s'est pas trop foulé, avec une histoire de vengeance tirée par les poils pubiens... et des enquêteurs un peu mous du bulbe : ils mettent un temps fou à trouver le lien qui unit les victimes du tueur à moto. Que n'ont-ils demandé l'aide d'Horatio Caine et de son équipe !
Le savoir-faire des réalisateurs transparaît à nouveau dans l'avant-dernière séquence, celle du traquenard dans un hôtel en ruine, une véritable tuerie qui se conclut de manière dantesque.
J'ai globalement bien aimé. Je classerais cela dans la catégorie "films digestifs". Il ne faut pas en attendre quelque chose de plus.
01:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
vendredi, 06 mars 2020
Hypocrisie césarienne
La chronique d'aujourd'hui de Thomas VDB (dans l'émission Par Jupiter !) m'a donné envie d'en remettre une couche sur la cérémonie des César 2020, qui atteignit, par moments, des sommets de faux-culterie.
C'est dès le début de l'émission que "ceux qui savent" ont pu commencer à ricaner. En effet, le programme a commencé par un sketch (assez bien troussé, ma foi) dans lequel l'humoriste est confrontée à Tchéky Karyo, dans un rôle calqué sur celui du Joker, dans la version incarnée par Joaquin Phoenix. Toutefois, force est de constater que, même si l'on tient compte de l'intention parodique, la comique de service n'arrive pas à la cheville du comédien américain :
Mais le plus ironique dans l'histoire est que l'humoriste, qui n'a pas arrêté de dauber sur Roman Polanski durant la cérémonie, ne savait sans doute pas que la musique sur laquelle elle s'est déhanchée est l'oeuvre de Gary Glitter, que certains n'hésitent pas à qualifier de pédo-criminel...
Dans la série des hypocrites, il faut aussi ranger Adèle Haenel, une actrice dont j'apprécie le travail au demeurant. Dois-je la séparer de la femme ? Depuis des mois, on (c'est-à-dire les extrémistes qui tentent de se faire passer pour des féministes) ne cesse de nous seriner que, dans le cas Polanski, il ne faut pas séparer l'homme de l'artiste. Or, qu'apprend-on dans un article du Point ? Que l'écrivain préféré d'A. Haenel serait... l'antisémite frénétique Louis-Ferdinand Céline. Il faudrait qu'elle nous explique si, dans ce cas-là, elle sépare l'homme de l'écrivain, ou bien si elle le vénère tout entier...
19:47 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
Les Misérables
Séance de rattrapage pour moi, avec le film considéré comme le vainqueur de la dernière cérémonie des César. Certains cinémas ont eu l'heureuse idée de ressortir en salles le long-métrage primé (tout comme l'oscarisé Parasite... mais curieusement pas J'accuse...). Et c'est parti pour une séance dans une petite salle pleine à craquer, au beau milieu d'un public constitué quasi exclusivement de Blancs de classe moyenne...
Ce film est une démonstration, presque une dissertation. L'histoire est encadrée par deux scènes antagonistes, celle montrant une foule bigarrée drapée de tricolore et chantant la Marseillaise (au début) et celle montrant une scène de guérilla urbaine opposant les mêmes jeunes à des policiers dépassés (à la fin). Comment en est-on arrivé là ?
Le plan suivi est limpide :
I ] La Cité est un monde foisonnant où se côtoient des populations très différentes, dans un mélange de tolérance et d'insultes. Les jeunes oisifs font des conneries mais sont sympas, au fond.
II ] Les policiers de la BAC (les "baqueux") sont des hommes comme les autres, avec leurs qualités et leurs défauts. Le chef du trio est un gros bras adepte des plaisanteries douteuses, qui s'oppose au petit nouveau taiseux et respectueux des règles. Le troisième est issu du quartier et joue un peu les conciliateurs.
III] Faire respecter l'ordre est une tâche difficile, qui nécessite de l'opiniâtreté et du doigté. Parfois, cela dérape... à cause des policiers, selon le réalisateur. Comment rattraper le coup ?
Clairement, le scénario n'est pas le principal atout de cette histoire un brin manichéenne (et machiste). Mais, pendant les deux tiers du film, Ladj Ly nous offre un portrait saisissant de la banlieue et du travail de la police. (Je laisse de côté l'interprétation de Jeanne Balibar, pathétique en commissaire libidineuse...) On a comparé ce film à La Haine de Matthieu Kassovitz, mais je vois aussi une parenté avec L627 de Bertrand Tavernier. C'est tourné avec du souffle et de la minutie. (Du coup, je trouve que le jury des César aurait dû intervertir les récompenses avec J'accuse, réservant à ce dernier la palme du meilleur film pour distinguer Ladj Ly pour sa réalisation nerveuse et inspirée.)
On est pris du début à la fin dans ce polar sociétal, formidablement interprété (sauf par les plus jeunes). Il n'est toutefois pas sans faille. La principale est scénaristique. L'enlèvement du lionceau est l'étincelle qui va déclencher l'explosion de violences. Or, dans la suite de l'histoire, l'événement a été complètement oublié : le jeune "rebelle", qui pourtant règle tous ses comptes, ne s'en prend pas aux circassiens qui pourtant lui ont filé une sacrée trouille. La manière de filmer les jeunes les dédouane totalement de l'enlèvement du lionceau (ainsi que des violences finales, quasi héroïsées...). On pourrait aussi reprocher au film sa vision uniquement positive de l'islam quiétiste (certains diraient "intégriste"). L'ancien délinquant converti est montré comme une figure sage et apaisante. Pas un seul djihadiste en vue dans le quartier, où certains trafiquants de drogue semblent vivre en bonne harmonie avec la police. Quant aux femmes, ce sont des personnages de second plan, éventuellement réduites à un coup d'éclat quand elles sont mises en avant.
Du coup, je suis sorti de là partagé. C'est incontestablement l'oeuvre d'un cinéaste de talent, mais qui regarde la société avec ses propres oeillères.
16:55 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
dimanche, 01 mars 2020
L'Equipe de secours, en route pour l'aventure !
Sous ce titre est sorti un florilège de cinq courts-métrages d'animation du letton Janis Cimermanis, dont l'équipe est connue depuis des années pour son savoir-faire dans la mise en scène de courtes aventures (durant entre 5 et 10 minutes), les personnages étant de petites poupées animées image par image.
Le dossier de presse (téléchargeable ici, avec d'autres bonus) précise que c'est visible à partir de trois ans... ce dont je doute. Dans la salle où j'ai visionné le film, l'une des très jeunes enfants a vite décroché, tandis que celles et ceux âgés d'au moins six ans n'ont pas moufté... tout comme les adultes les accompagnant, puisque les intrigues peuvent se suivre à deux niveaux. De surcroît, c'est assez pédagogique : les aventures des héros en Europe comportent des vues aériennes, qui permettent aux spectateurs (jeunes comme moins jeunes) de se familiariser avec la géographie de notre continent. Dans les courts-métrages, il est principalement question de six pays : la Lettonie (terre d'origine des héros), l'Espagne, la Suède, l'Italie, la France et le Royaume-Uni.
La première histoire se déroule en Espagne. Un torero poursuivi par un taureau vindicatif recourt aux services de notre équipe de secours, sorte de nouveaux "plombiers polonais" appelés pour dépanner les Occidentaux. Sauver l'hidalgo perché sur un arbre n'est pas chose facile. Le trio de Lettons va y parvenir, grâce à une astuce "romanesque"...
La deuxième histoire se déroule en Suède, au musée Vasa, infesté de rats intelligents et facétieux. Contre cette invasion de nuisibles, les gardiens du musée puis les "secouristes de l'extrême" vont tout tenter, du piège à fromage au gros matou, en passant par l'aspirateur et... un compacteur vibrant.
La troisième histoire nous transporte en Italie, plus précisément à Pise, où il va arriver quelques bricoles à la célèbre tour. C'est peut-être le moment de préciser que toutes ces aventures se déroulent sous les yeux du même groupe de touristes, composé d'un guide, de deux Japonais, d'un Chinois et d'un vieux Letton, assez original (présent dans de précédentes oeuvres du réalisateur).
Evidemment, on attend avec impatience la séquence parisienne, avec Tour Eiffel, Arc-de-Triomphe, baguette, fromage et policier tâtillon au programme. J'ajoute qu'il convient de tendre l'oreille, chaque séquence bénéficiant d'un habillage sonore personnalisé (Marseillaise, Boléro de Ravel et Lakmé de Léo Delibes pour l'épisode hexagonal). D'autres morceaux fameux (l'Hymne à la joie et La Chevauchée des Walkyries) reviennent à plusieurs reprises.
En guise de dessert, on nous propose des bonnets à poils, du thé, Big Ben et une emblématique reine. Cette fois-ci, le trio de bricoleurs a failli être mis en échec. Je laisse à chacun.e le plaisir de découvrir quelle solution peu orthodoxe les secouristes lettons ont dégotée pour réparer la plus célèbre horloge du monde.
Voilà. Cela ne dure que trois quarts d'heure, mais, franchement, c'est un régal !
18:17 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 29 février 2020
Bilan des César 2020
Le palmarès de cette année n'a pas particulièrement mis l'accent sur un film. Il semble qu'on ait tenté de concilier les contraires, sur le plan artistique (avec une réjouissante diversité de lauréats) comme sur le plan moral.
Tout d'abord, on remarque que les récompenses obtenues par des femmes ne se sont pas limitées à des catégories réservées (meilleure actrice ou espoir féminin). Ainsi, la réalisatrice Mounia Meddour est venue chercher le César du meilleur premier film (pour Papicha), tandis que Yolande Zauberman était récompensée pour son documentaire M. De son côté, Pascaline Chavanne a été primée pour les (excellents) costumes de J'accuse. En face (si j'ose dire), Claire Mathon a été distinguée pour la photographie de Portrait de la jeune fille en feu. A cette liste s'ajoutent les César du meilleur montage (Flora Volpelière, pour Les Misérables) et du meilleur court-métrage (Lauriane Escaffre pour Pile Poil, dans lequel joue notamment Grégory Gadebois).
Une autre tendance de la soirée est la mise en valeur des "minorités visibles". Ainsi, on peut considérer comme (petit) vainqueur de ce palmarès Les Misérables qui, en plus du meilleur montage, a reçu le César du meilleur espoir masculin, celui du public et celui du meilleur film. (Le paradoxe est qu'il n'a été distingué ni pour ses premiers rôles, ni pour le scénario, ni pour la réalisation...) On peut placer dans la même catégorie Papicha, primé aussi au titre du meilleur espoir féminin. Enfin, Roschy Zem a réussi à décrocher une statuette, pour son interprétation dans Roubaix, une lumière.
La troisième leçon à retenir de cette soirée est que, globalement, les quelque 4 000 électeurs de l'Académie ont su résister aux pressions qui se sont exercées sur eux, pressions dont le but était d'empêcher J'accuse de décrocher la moindre récompense. Je pense néanmoins que cela a privé Jean Dujardin de la couronne de meilleur acteur... et peut-être le film du sacre de meilleur long-métrage de l'année passée. Roman Polanski aura quand même le plaisir de recevoir le César du meilleur réalisateur et celui de la meilleure adaptation (avec Robert Harris).
Au titre des satisfactions, je signale les deux récompenses reçues par J'ai perdu mon corps : meilleur long-métrage d'animation et meilleure musique originale. Je recommande aussi la vision de La Nuit des sacs plastiques, distingué dans la catégorie meilleur court-métrage d'animation. C'est une fable fantastico-philosophico-écologique, assez flippante, d'un jeune homme à suivre : Gabriel Harel. Un autre César (celui du meilleur son) a été attribué au Chant du loup., tout aussi logiquement que le prix du meilleur film étranger, revenu à l'incontournable Parasite.
Il reste à signaler ce qui est apparu (y compris à celle qui en a été bénéficiaire) comme une énorme surprise, voire une incohérence : l'attribution du César de la meilleure actrice à Anaïs Demoustier, pour son rôle dans Alice et le maire. J'apprécie cette comédienne, mais je pense que ce n'est pas lui faire injure que d'écrire que certaines de ses concurrentes avaient réalisé des performances bien plus marquantes. Je pense en particulier à Eva Green, formidable dans Proxima. Mais mon petit doigt me dit que le choix d'Anaïs Demoustier résulte peut-être d'une manoeuvre d'électeurs désireux d'éviter la désignation de l'une des deux actrices principales du Portrait de la jeune fille en feu : Adèle Haenel et Noémie Merlant. La sortie théâtrale (et... ratée) de la première, après l'attribution du César du meilleur réalisateur à Roman Polanski, pourrait tout aussi bien être due au dépit de ne pas avoir été distinguée.
C'est tout pour les nouvelles du petit monde narcissique du cinéma français.
02:22 Publié dans Cinéma, Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société, actu, actualite, actualites, actualité, actuaités
vendredi, 21 février 2020
10 jours sans maman
Si l'intrigue de ce film s'inspire de celle d'un long-métrage argentin (non sorti en France, semble-t-il), en l'adaptant, ses auteurs en ont fait une comédie bien française, avec ses recettes et ses clichés.
Le premier principe mis en œuvre est l'exagération. La famille dont nous suivons les aventures n'est pas tout à fait vraisemblable. Tout d'abord, je doute qu'un couple de bourgeois tel que celui formé par Aure Atika (avocate de formation) et Franck Dubosc (DRH dans une grande surface de bricolage) ait quatre enfants d'âges aussi éloignés (2-3 ans pour le petit dernier, 8-9 ans pour le benjamin, 12-13 ans pour la cadette et environ 15 ans pour l'aîné). Mais, pour que l'histoire tienne la route, il fallait que le père soit vraiment mis en difficulté, ce qui n'aurait sans doute pas été le cas s'il n'avait eu à s'occuper que des deux plus jeunes ou des deux plus âgés).
On est aussi prié de croire que, malgré quatre grossesses et une vie de femme au foyer anxiogène, la maman de 45 balais est encore aussi bien gaulée que lorsqu'elle a rencontré son mari. On ne croit pas deux secondes à ce que dit l'un des enfants, au cours d'un repas de famille, concernant le "coup de vieux" qu'aurait pris sa mère. Pendant tout le film, Aure Atika est superbe...
Si l'on ajoute à cela un début pas du tout réussi, avec un "face caméra" de Dubosc sans intérêt, on comprendra que j'aie nourri de sérieuses appréhensions concernant la suite.
Fort heureusement, à l'introduction catastrophique succède un tableau de la vie familiale d'avant plutôt réussi, avec des enfants auxquels on a souvent envie de filer des claques et un mari qui ne pense qu'à son boulot. La mise en scène de la relégation de la mère, considérée par tout le monde comme la bonniche de service, atteint sa cible.
Les meilleurs moments surviennent quand le père se retrouve seul avec sa marmaille, surtout les premiers jours. On rit au joyeux bordel qui s'instaure dans une maison que la mère parvenait de manière inexplicable à conserver intacte. Le fait que les quatre enfants se mettent à faire de grosses bêtises en même temps est quand même un peu énorme.
A cet aspect comique se superpose une morale. L'absence temporaire de son épouse va pousser le père à s'intéresser vraiment à ses enfants... ainsi qu'à ses collègues de travail. C'est la partie la moins conventionnelle de l'histoire. Antoine (Dubosc, meilleur dans le registre de l'émotion que dans celui de la comédie, je trouve) va devoir reconnaître ses erreurs, celles commises au boulot comme celles commises avec ses enfants. Le personnage de la nouvelle nounou (Alice David, excellente) apporte une profondeur inattendue à l'intrigue. Même si c'est un peu convenu, j'ai été touché par la scène qui voit le père pénétrer dans la chambre de ses trois aînés, un soir qu'ils ne sont pas là, pour tenter de mieux les comprendre. Cette partie-là est vraiment bien filmée (au contraire du reste du film, assez platement mis en scène).
La fin est hyper-convenue, mais elle n'enlève pas le plaisir simple que j'ai éprouvé à regarder cette comédie sans prétention.
14:14 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films


























