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samedi, 28 septembre 2019

Kersten, médecin d'Himmler

   C'est le titre d'une bande dessinée en deux tomes, que l'on doit à Patrice Perna et Fabien Bedouel. Elle est parue il y a environ quatre ans et elle a pour objectif de rendre justice à l'un des héros méconnus de la Seconde Guerre mondiale, Félix Kersten.

   Jusqu'à la lecture de cette bande dessinée, le nom de Kersten n'était pour moi qu'une courte apparition (ou une note de bas de page) dans des livres consacrés au nazisme, à la guerre ou à Himmler. Il était connu que le chef de la SS avait un médecin particulier, parfois qualifié de masseur, limite rebouteux... le plus étonnant étant l'hostilité de ce médecin au nazisme.

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   Le premier tome met en scène la rencontre (en 1939) entre le Reichsführer et le médecin finlandais évoluant entre les Pays-Bas et l'Allemagne. En alternance, une autre trame chronologique nous est proposée, après guerre, quand il est question de faire reconnaître les mérites de Kersten.

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   Le dessin est de facture classique, sans être particulièrement réaliste. On remarque toutefois que, dès que le héros est au contact des nazis, l'ambiance se fait plus sombre. Le petit monde des maîtres du IIIe Reich est un panier de crabes pourris d'ambitions. A son corps défendant, Kersten va se retrouver au milieu.

   Il bénéficie d'une assez grande liberté de mouvement, grâce à la protection d'Himmler, particulièrement reconnaissant des soins qu'il lui procure. Entre les deux hommes naît une relation de dépendance mutuelle, faite de confiance, d'hypocrisie et d'intérêts bien compris. Kersten est même approché par des espions alliés.

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   Le tome 2 démarre sur l'assassinat d'Heydrich (relaté dans le film HHhH) C'est un coup de chance pour Kersten, qui voit disparaître l'un de ses adversaires les plus acharnés (et l'un des chefs nazis les plus redoutables). Himmler étant devenu extrêmement dépendant de ses soins, il s'enhardit à exiger de plus en plus de faveurs en échange. Ces faveurs sont essentiellement la libération de prisonniers, d'abord civils (des otages), puis résistants... et même juifs (des milliers !). En alternance, la quête pour la reconnaissance des mérites de Kersten se heurte à des oppositions aussi inattendues qu'obstinées. L'histoire s'achève sur le plus extraordinaire des sauvetages, Kersten réussissant à faire plier Himmler, qui en même temps pense jouer une carte personnelle, à la fin de la guerre.

   Cette bande dessinée est absolument passionnante.

 

jeudi, 26 septembre 2019

Une carte lycéenne propagandiste ?

   C'est le genre de détails auxquels on ne prête jamais attention : la carte de lycéen.ne de nos (petits) enfants, neveux, nièces. Depuis quelques années, c'est même devenu plus compliqué, puisque les lycéens possèdent deux cartes scolaires, une de la région (qui permet d'effectuer quelques achats culturels et de recevoir un ordinateur portable gratuit) et une nationale.

   Une mienne connaissance m'a récemment montré deux exemplaires de carte nationale de lycéen, une de l'Education nationale, l'autre de l'Enseignement agricole :

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   La première est sobre, fonctionnelle, ni vraiment jolie, ni moche. La seconde fait preuve de plus de recherche. Mais, à y regarder de plus près, il y a de quoi tiquer.

   39 drapeaux sont présents sur la seconde carte. Ne les ayant pas encore comptés, j'ai eu d'abord pour pensée qu'il s'agissait des drapeaux des 28 pays membres de l'Union européenne (plus celui de l'UE). Sauf qu'il y a quelques absents.

   Ainsi, il manque soit les Pays-Bas soit le Luxembourg (l'un des six fondateurs de la CEE, tout de même), puisqu'on ne distingue qu'un seul drapeau aux bandes horizontales rouge, blanche et bleue (sans doute celui des Pays-Bas, le rouge étant foncé). Les autres absents sont ceux de Chypre, Malte et la Slovénie (ou Slovaquie).

   Donc, 24 pays de l'UE sont représentés sur la carte nationale de lycéen, 25 avec le drapeau communautaire. Cela laisse 14 drapeaux inconnus. Quels sont-ils ? Commençons par la partie située en bas à gauche :

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   A gauche du drapeau européen, on reconnaît l'emblème de la Suisse, voisin de ceux de la Géorgie, de la Moldavie, de l'Albanie, de la Macédoine et... de la Turquie (en tout petit, à côté de l'Espagne) ! Nous voici avec 31 drapeaux identifiés. A présent, passons à la partie haute :

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      Prenez pour point de repère le drapeau de la Pologne, situé au sommet. Il est entouré par, à gauche, le drapeau biélorusse, et, à droite, les emblèmes de l'Islande puis de l'Arménie. Sous ce dernier, on reconnaît le drapeau de la Bosnie-Herzégovine, puis celui de la Norvège. Nous atteignons un total de 36 drapeaux sur 39. Terminons par le bas de cette carte lycéenne :

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   On y reconnaît sans peine les drapeaux ukrainien et russe. Il reste le 39e, un tout petit emblème, coincé entre les drapeaux grec, néerlandais, norvégien et autrichien. (Voir plus haut.) Vu qu'il est noir et rouge, je penche pour le Kosovo.

   Bref, c'est vraiment n'importe quoi. Ces drapeaux ne correspondent même pas à ceux de l'ensemble des membres d'une organisation internationale (ni l'UE ni le Conseil de l'Europe, associant 47 pays). Et quand bien même, qu'est-ce qu'ils viendraient faire sur la carte nationale de lycéen (de l'enseignement agricole) ? Au mieux, celle-ci ne devrait comporter que 29 drapeaux, ceux des 28 membres de l'UE + le drapeau communautaire. Au pire, vu la taille de l'objet, on pourrait largement se contenter des emblèmes de la France et de l'Union européenne.

   Mais qui a eu l'idée incongrue de cette carte ?

mercredi, 25 septembre 2019

Rambo : Last Blood

   Le titre est évidemment une référence au premier opus (First Blood). On semble nous annoncer que Johnny va boucler la boucle, dans un dernier combat dont on ne perçoit pas comment il pourrait se conclure.

   Mais, avant d'en arriver là (et au feu d'artifice final), on retrouve le héros en bon samaritain, toujours prêt à rendre service, comme lors de cette forte tempête, au cours de laquelle on le voit sauver une charmante randonneuse, tout en préservant sa monture.

   C'est qu'il aime les canassons, notre Rambo. Dans son ranch, il les dresse avec calme et dextérité. Il a même transmis son savoir à la nièce de la femme qui l'a accueilli. La ravissante Gabrielle est sur le point de prendre son envol, loin de l'Arizona. Mais, auparavant, elle aimerait bien revoir ce père qui l'a abandonnée il y a des années. On sent venir à des kilomètres la désobéissance de la jeune femme, qui n'hésite pas à se rendre au Mexique, dans un quartier mal famé, en petite tenue. Quand elle sort de sa voiture (où elle a laissé son smartphone bien en évidence), elle néglige de verrouiller les portes ! Et après on s'étonne qu'il lui arrive des bricoles...

   Pendant ce temps-là, Johnny s'occupe au ranch, histoire de chasser ses idées noires. Il se bourre de cachetons pour tenter de surmonter les crises de délire qui lui laissent peu de répit. Ces dix dernières années (depuis la fin de John Rambo), il en a abattu du boulot, puisque la propriété surmonte un impressionnant réseau de galeries, où il se réfugie, notamment pour dormir.

   La première séquence d'action le voit partir au Mexique pour tenter de ramener Gabrielle. Cela nous vaut une délicieuse scène d'interrogatoire à la sortie d'une boîte de nuit. Ce premier séjour est aussi l'occasion pour le héros de faire une rencontre inattendue, celle d'une femme qui pourrait devenir son alliée... voire plus, si affinités. Mais John n'est pas sur son terrain. Pour vaincre les méchants, il va devoir les attirer dans sa tanière.

   Tous les mecs présents dans la salle attendent ce moment de bravoure (très gore), qui voit une bande d'horribles voyous s'attaquer au ranch regorgeant de pièges, le plus redoutable se déplaçant sur deux jambes. C'est l'occasion de préciser que Stallone, avec sa gueule de mille ans, est plutôt bien dans le rôle.

   Hélas, la production semble avoir donné des consignes drastiques aux monteurs. On a visiblement voulu boucler cela en 1h30 (douche comprise). Du coup, certaines bonnes scènes ne sont pas suffisamment exploitées. On a cependant gardé un petit clin d’œil à la politique américaine : quand les voyous mexicains veulent s'introduire clandestinement aux États-Unis, ils contournent sans peine le mur de séparation déjà en place... en empruntant les tunnels qu'ils ont fait creuser. Quand Rambo se retrouve dans une situation semblable, il utilise une méthode plus "artisanale" : il défonce la barrière frontalière. Hi, Donald !

20:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 21 septembre 2019

Les Hirondelles de Kaboul

   Ce n'est qu'après avoir vu ce film de Zabou Breitman que j'ai appris qu'il est adapté d'un roman de Yasmina Khadra. Il y a quelques années, j'ai vu l'adaptation d'une autre de ses œuvres, L'Attentat, vraiment prenante.

   Ici, il s'agit d'un film d'animation, dont le style évoque pour moi la peinture à l'eau. Cela m'a d'ailleurs déconcerté. L'esthétique semble se rapprocher de celle du conte, alors que tous les sons ajoutés nous plongent dans un réalisme implacable. Je dois dire que, si j'ai été gêné au départ, le procédé a fini par s'imposer à moi, tant c'est réalisé avec talent. (Au pinceau se trouve Eléa Gobbé-Mévellec, naguère animatrice sur Le Chat du rabbin, Le Jour des corneilles, Ernest et Célestine, Avril et le monde truqué ou encore Le Prophète.)

   L'action se déroule à la fin du XXe siècle (il est question à plusieurs reprises des exploits d'un certain Zinédine Zidane, en 1998), dans l'Afghanistan dominé par les talibans. On suit plusieurs personnages, notamment deux couples, celui formé par un gardien de prison (ancien moudjahidin quelque peu désabusé) et son épouse frappée par le cancer et celui formé par une (ravissante) artiste libertaire et son époux emprunté. On découvre d'ailleurs assez rapidement celui-ci, au cours d'une séquence où il va faire preuve de lâcheté.

   Cela donne le ton de l'histoire, dans laquelle les personnages principaux ne sont pas d'un bloc. On suit plus particulièrement les tourments intérieurs du gardien de prison, dont l'épouse elle aussi va nous surprendre. Je dois reconnaître que j'ai été moins touché par le second couple, plus jeune, moins réfléchi, surtout (pour moi) très imprudent compte tenu du profil des individus qui tiennent la ville.

   Du côté des talibans, on ne verra pas le visage d'une seule des gardiennes, réduites à leur tenue "islamiquement correcte". Leurs équivalents masculins sont un peu plus travaillés. Ils ne se sont pas engagés dans leur "cause" pour les mêmes raisons. Si certains sont bien motivés par une quête religieuse (certes extrémiste), d'autres se servent de la religion pour assouvir leurs désirs, ou tout simplement acquérir du pouvoir.

   La violence est omniprésente, qu'elle soit physique ou morale. La séquence de la lapidation est pour moi la plus marquante... et nécessaire, pour montrer quel degré de barbarie a atteint ce régime infect. On nous épargne toutefois certains aspects sordides, comme l'égorgement d'un opposant.

   Une fois ma gêne quant à la forme surmontée, j'ai été pris par l'histoire. Je ne cache cependant pas qu'elle subit un petit coup de mou, en deuxième partie, avant que l'intérêt ne remonte dans les dix dernières minutes. (Sur un sujet approchant, je trouve Parvana plus réussi.)

   Au moment où l'administration Trump est tentée de baisser son froc devant les talibans, la sortie de ce film rappelle à celles et ceux qui l'auraient oublié ce qu'est une théocratie machiste, inculte et occidentalophobe.

vendredi, 20 septembre 2019

Ad Astra

   Deux ans après Lost City of Z, le réalisateur James Gray s'est lancé dans la science-fiction philosophique. Bien qu'il ne semble pas l'admettre, à l'image, on sent l'influence de prestigieux prédécesseurs, du 2001 de Stanley Kubrick au Gravity d'Alfonso Cuarón, en passant par Mission to Mars de Brian de Palma.

   Comme les producteurs ont sorti le chéquier, à l'écran, dans une grande salle, c'est superbe. Dès le début, j'ai été cueilli par la séquence de travail en orbite autour de la Terre. Plus loin, j'ai apprécié la description d'un quotidien futuriste possible, avec l'omniprésence de la commande vocale et des navettes régulières entre Terre et Lune, Lune et Mars. Du côté des scènes d'action, on est servi, avec notamment une embuscade sur la face cachée de la Lune qui mérite le détour.

   Brad Pitt assure en super-astronaute au sang froid, qui déconcerte jusqu'à ses proches mais ne se laisse décontenancer par aucune situation imprévue. Je crois que Brad est présent dans toutes les scènes. (Est-il besoin de préciser qu'il a coproduit le film ?)

   Le problème est qu'après un début flamboyant, l'histoire s'enlise. J'ai eu de plus en plus de mal à supporter la voix-off (issue des évaluations psychologiques du super-astronaute). Il me semble aussi qu'après avoir mis en place son dispositif, James Gray se laisse dépasser par ses obsessions : la relation père-fils, l'incompatibilité entre l'accomplissement professionnel et le bonheur intime. On finit par comprendre que le papa (incarné par Tommy Lee Jones) considère l'espace comme son foyer. Par contre le fiston, même s'il a marché sur les traces du paternel, aspire à une vie plus "conventionnelle".

   L'intrigue ménage quand même un petit suspens. Que va trouver le héros dans sa quête du père ? Celui-ci est-il mort ? A-t-il fait une rencontre du troisième type ? Et qu'est-ce qui est réellement la source de ces soudaines et phénoménales décharges d'énergie qui menacent la Terre ?

   Sur le plan esthétique, c'est une oeuvre qui mérite le détour, mais c'est plutôt moyen sur le plan scénaristique.

23:17 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 19 septembre 2019

Faux buzz, vraie connerie

   La supposée information a fait la Une de pas mal de médias cette semaine. Elle a surtout été relayée avec complaisance par nombre d'incultes et les aigris de service sur les réseaux sociaux : la ministre de la Justice Nicole Belloubet a "négligé" de faire figurer certains de ses biens immobiliers dans sa déclaration de patrimoine, en 2017.

   Cette supposée exclu a déclenché une avalanche de vomissures sur la Toile. Bon sang, quelle révélation ! Décidément, tous pourris ! Macron démission !

   Sauf que... tout est rentré dans l'ordre depuis près de deux ans. En effet, si la première déclaration de patrimoine, celle d'août 2017, était incomplète, ce n'était plus le cas au début du mois de décembre, comme en témoigne sa fiche sur le site de la HATVP (Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique) :

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   Eh, oui, vous ne rêvez pas. Pendant moins de quatre mois, Nicole Belloubet (sans doute par négligence plus que par malhonnêteté) a été en infraction avec les nouvelles règles en vigueur au niveau de la transparence dans la vie politique. (Au fait, merci François Hollande !) Si scandale il y a eu, il est éteint depuis belle lurette, puisque, depuis décembre 2017 (soir un an et neuf mois), Nicole Belloubet est en conformité avec la loi.

   D'autre part, cet écart de conduite n'est nullement une révélation. Dès l'été 2017, il en a été question. En décembre de la même année, Le Monde avait même évoqué la rectification de la déclaration de patrimoine de la ministre de la Justice.

   Alors, pourquoi ce raffut ? Pourquoi cette fausse polémique a-t-elle été lancée en septembre 2019 ? Y aurait-il un lien avec les ennuis judiciaires de Jean-Luc Mélenchon ? Quant aux pigeons qui ont relayé le supposé scoop, ils ont une nouvelle fois donné la preuve de leur stupidité ou de leur mémoire de poisson.

   On ne sera pas non plus étonné que, sur le site de la HATVP, la fiche de Nicole Belloubet soit rapidement devenue la plus consultée :

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   En moins d'une semaine, le nombre de vues a même quadruplé !

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   Les internautes qui ont fait l'effort d'aller chercher l'information à la source ont ainsi pu constater qu'une fois de plus, l'emballement médiatique avait été créé par des personnes mal intentionnées, qui ont cherché à manipuler les citoyens français.

jeudi, 12 septembre 2019

Le Gangster, le flic et l'assassin

   La version traduite du titre de ce polar sud-coréen fait référence au film de Sergio Leone Le Bon, la brute et le truand. Sur le fond, il y a quelques similitudes (notamment concernant le fait qu'aucun personnage n'est ni tout blanc ni tout noir), de la truculence, mais c'est quand même une oeuvre dans le ton des films asiatiques d'action, assez violente, crue et rythmée.

   Le scénario se nourrit des oppositions, entre flics de quartier et enquêteurs de la criminelle, entre policier intègre et policier ripoux, entre mafieux installé et crapule qui aimerait bien prendre sa place... Mais l'intervention d'un tueur en série, du genre incontrôlable, va rebattre les cartes. Le chef mafieux et le policier intègre vont unir leurs efforts pour empêcher le tueur sadique de sévir.

   Sans surprise, les deux hommes que tout oppose au départ vont peu à peu se rapprocher l'un de l'autre. Le policier intègre qui s'ingéniait à perturber le fonctionnement des "petits commerces" du mafieux se met à éprouver du respect pour lui. Le truand impitoyable, qui n'aime rien tant qu'écraser ses adversaires sous ses poings, se met à faire preuve de délicatesse, allant jusqu'à offrir son parapluie à une adolescente attendant le bus sous la pluie.

   Même si ce n'est guère original, c'est parfois cocasse. Mais on est pris sur son siège d'abord par le suspense, la traque du méchant qui se révèle particulièrement retors... et chanceux. Le scénario n'abuse heureusement pas trop de ce genre de ficelles, si bien, qu'après moult bastons et quelques poursuites plutôt bien filmées, on arrive à une conclusion astucieuse, sur fond de juridisme.

   C'est du bon cinéma de genre, assez divertissant, avec de superbes plans nocturnes.

20:07 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 11 septembre 2019

Tragique 11 septembre...

   ... pour l'équipe américaine (masculine) de basket-ball. Celle-ci vient de se faire sortir par la France en quart de finale de la coupe du monde organisée en Chine :

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   Aux connaisseurs le score indique que les attaquants ne furent pas à la fête durant cette partie... et donc que la victoire française est (au moins en partie) due à une défense très agressive.

   Immanquablement, les commentateurs vont évoquer les adversaires du jour des Bleus en les qualifiant d'équipe B (voire C) des Etats-Unis, tant le nombre de vedettes absentes est important. Cette équipe n'en avait pas moins remporté tous ses matchs jusqu'à présent.

   Elle avait tout de même connu deux alertes, une avant le début de la compétition, l'autre au premier tour. En août dernier, en match de préparation, l'équipe entraînée par Gregg Popovich s'était déjà inclinée (à l'issue d'un match certes sans enjeu) en Australie (94-98). Signalons que l'équipe des Kangourous est elle aussi présente en quarts de finale, contre la République tchèque. Elle est pour l'instant invaincue, ce dont les Français sont pleinement conscients, puisqu'il y a à peine deux jours, ils ont été battus (de justesse) par ces mêmes Australiens (98-100).

   Depuis le début de la compétition, si les Etats-Unis l'avaient toujours emporté, ce n'était en général pas avec les marges faramineuses de leurs aînés (40-50 points d'écart). Ils avaient même frôlé le pire contre la Turquie, en match de poule  (avec une victoire sur le fil du rasoir : 93-92, après prolongation).

   Cette défaite américaine est un événement. Cela faisait treize ans que les vedettes de la NBA n'avaient pas été vaincues en compétition officielle. A l'époque (en 2006), en demi-finale, c'est la Grèce qui avait créé la surprise, avant de s'incliner devant l'Espagne de Pau Gasol en finale.

   Ceci dit, en coupe du monde, même après l'arrivée des vedettes de NBA (dans les années 1990), les résultats de l'équipe nationale n'ont pas toujours été au niveau des attentes. Si les Etats-Unis ont remporté la compétition à trois reprises (en 1994, 2010 et 2014), ils ne sont pas arrivés au bout en 1998 (battus par la Russie en demi-finale), 2002 (éliminés par la Serbie-Monténégro en quart, après avoir été déjà battus par l'Argentine en phase de poules) et 2006. Il semble que la coupe du monde soit prise moins au sérieux que les JO. Rappelons tout de même que le fiasco de 2002 s'était déroulé... aux Etats-Unis (donc à domicile).

   Aux Jeux olympiques d'été, les résultats des équipes composées de vedettes de la NBA sont plus probants : depuis 1992, ils ont remporté la médaille d'or à chaque édition, sauf en 2004, à Athènes. En phase de poules, les Etats-Unis avaient subi la loi de la Lituanie et de Porto Rico, avant de se faire battre en demi-finale par l'Argentine de Ginobili, futur vainqueur de la compétition.

   Je suis prêt à parier que la gifle administrée par l'équipe de France va inciter nos amis d'outre-Atlantique à envoyer une équipe plus fringante l'an prochain à Tokyo, d'autant que, parmi les sponsors des vedettes de NBA figurent des annonceurs très impliqués dans le succès des Jeux olympiques d'été...

   Quoi qu'il en soit, bravo aux joueurs français et bon vent pour la suite !

samedi, 07 septembre 2019

Wedding Nightmare

   Le distributeur français a eu la flemme de traduire le titre de ce film de genre. Pourtant, "Cauchemar nuptial" (ou bien "Cauchemar de mariage"), ça aurait eu de la gueule. D'autant que les auteurs sont d'illustres inconnus. L'actrice principale, Samara Weaving, vue notamment dans 3 Billboards, est surtout connue pour être la nièce d'Hugo (l'inoubliable interprète de l'agent Smith dans Matrix ainsi que d'Elrond dans Le Seigneur des anneaux). Quelques visages familiers apparaissent au niveau des seconds rôles, en particulier celui d'Andie MacDowell... sauf qu'ici, au lieu de 4 Mariages et un enterrement, ce serait plutôt Un Mariage et 4 enterrements. J'ai du mal à imaginer que le choix de cette actrice pour incarner la mère du futur marié soit une coïncidence. (Quoi qu'il en soit, elle est très bien dans le rôle.)

   Cela commence par une séquence assez enlevée, située dans le passé, mais qui annonce ce qui pend au nez de l'héroïne, qui s'apprête à épouser le rejeton d'une richissime famille... dont la plupart des membres sont complètement barrés... les employés compris !

   La suite retombe dans la chronique d'un mariage annoncé, sur un fond faussement sirupeux, puisqu'on sait qu'il va se passer des trucs, tout comme les membres de la famille du marié. Seule la ravissante Grace ne se rend compte de rien. Mais, très vite, on sent que, sous la robe en dentelle bat le coeur d'une guerrière, qui ne va pas se laisser faire par une bande de tarés.

   Petit à petit, l'intrigue s'emballe, notamment avec une très belle scène de cuisine, avant que Grace ne trouve un peu de répit dans une cabane sombre, entre un gamin casse-couilles et une appréciable épaisseur de compost humain... (On sent quand même venir le coup du clou.)

   Je trouve que la rébellion de Grace est très bien mise en scène. Celle-ci bénéficie de l'aide de quelques (rares) membres de sa nouvelle belle-famille, ainsi que de la maladresse (involontaire) d'une de ses belles-soeurs, cocaïnomane et prompte à la gâchette.

   Au fur et à mesure que l'histoire progresse, on découvre que cette famille a un secret, lié à un pacte très ancien, dont on se demande longtemps s'il s'agit d'une tradition farfelue ou bien si cela cache quelque chose de plus démoniaque.

   Le film parvient encore à surprendre dans le dernier quart d'heure. On  croyait avoir tout vu... avant que l'on nous serve de nouvelles giclées de sauce tomate. Vous l'aurez compris : ce faux film d'horreur est une comédie jouissive, qui jongle malicieusement avec les clichés.

19:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 31 août 2019

Au nom de la terre

   J'ai vu ce film en avant-première au CGR de Rodez. J'ai d'ailleurs été étonné de l'affluence ce soir-là. Dans un premier temps, les spectateurs arrivés en avance avaient été dirigés vers la salle 2 (d'une capacité de 300 places), avant que, tenant compte du public qui continuait d'arriver en masse, le directeur ne décide d'envoyer tout le monde en salle 1 (la plus grande, pouvant accueillir 400 spectateurs). Elle fut intégralement remplie.

   Sacré succès pour un film que quasiment personne n'avait encore vu, d'un réalisateur (Edouard Bergeron) inconnu au bataillon. Peut-être la présence au générique de quelques acteurs populaires pouvait-elle expliquer cet engouement. Et le sujet : les difficultés d'une famille d'agriculteurs, principalement dans les années 1990.

   L'histoire démarre à la fin des années 1970. De retour d'un stage aux Etats-Unis, Pierre (Guillaume Canet, épatant) s'apprête à reprendre la ferme de ses parents. Il a de l'enthousiasme, des idées plein la tête... et une ravissante compagne qui l'attend. Il va abandonner le type de production de son père (les moutons) pour se tourner vers l'élevage de chevreaux. Il veut s'agrandir et acquiert de nouvelles machines, sous le regard dubitatif du paternel, très bien incarné par Rufus.

   On retrouve tout ce beau monde au milieu des années 1990. On va les suivre sur trois-quatre ans, dans un contexte totalement différent. Les relations entre Pierre et son père sont de plus en plus tendues, surtout depuis le décès de la mère. Sur l'exploitation, Pierre se tue à la tâche, épaulé par un ouvrier agricole qui est devenu son ami (Samir Guesmi, très bien). Il reçoit aussi l'appui de son fils aîné, encore scolarisé, et qui se destine à lui succéder. Le réalisateur met en scène une exploitation "conventionnelle", qui mise sur l'agrandissement, l'emploi de méthodes "modernes" (élevage intensif, machinisme, produits phytosanitaires, bâtiments au fonctionnement en partie automatisé), avec pour corollaire un endettement croissant. Les nuages commencent à s'amonceler au-dessus de la tête de Pierre.

   La vie familiale s'en ressent. Un fossé se creuse entre l'agriculteur, sa femme et ses enfants. Il faut saluer l'interprétation de Veerle Baetens, une actrice belge que je ne connaissais pas et qui excelle ici dans le rôle de l'épouse mère-courage, qui a pris un emploi à l'extérieur pour éviter à l'exploitation de sombrer... et qui doit faire des journées de 15-16 heures. Le fils est lui aussi bien interprété, par Anthony Bajon, remarqué l'an dernier dans La Prière. C'est le moment de signaler qu'à la chronique sociale et familiale, le réalisateur ajoute des portraits d'adolescents assez bien croqués.

   L'ensemble forme un drame rural très fort, émouvant, remarquablement joué... mais qu'il vaut mieux ne pas aller voir un soir de déprime.

   P.S.

   Ne partez pas trop vite à la fin du film. Le réalisateur a inséré des images d'archives, montrant son propre père, dont la vie a inspiré le personnage interprété par Guillaume Canet.

jeudi, 29 août 2019

La première cinéaste

   En son temps, cette Française fut la femme la mieux payée des Etats-Unis (25 000 dollars de l'époque par an !). Elle innova beaucoup dans le cinéma, tourna des centaines de films. Elle fut même décorée de la légion d'honneur et rédigea son autobiographie. Pourtant, elle a été oubliée... jusqu'à ce que le XXIe siècle ne la redécouvre. Cette femme est Alice Guy :

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   J'ai appris son existence grâce à un article d'Emmanuelle Lequeux, publié il y a quelques semaines dans Le Monde, dans le cadre d'une série d'été consacrée aux femmes artistes oubliées. Cet article est le dernier d'une série commencée en 2014 par Hélène Février pour TV5 Monde. On peut compléter par la lecture d'un billet paru l'an dernier sur le site du CNC et celle d'un récent article de Ouest France, plus centré sur la vie privée de la pionnière.

   C'est dès 1896 qu'Alice Guy a réalisé son premier court-métrage, La Fée aux choux. Aujourd'hui, il nous paraît très daté, mais ce fut le premier film de fiction. La cinéaste s'est essayée à tous les genres, recherchant aussi à chaque fois l'innovation technique. Ainsi, on est saisi par la fraîcheur de Miss Dundee et ses chiens savants (datant aussi de 1902) et de Madame a des envies (1906), dont le personnage principal est une femme enceinte qui s'autorise toutes les folies : voler la sucette d'une gamine, boire le verre d'absinthe du client d'un café, s'emparer du morceau de hareng d'un clochard et même de la cigarette d'un colporteur ! On le voit, la Française maîtrisait les saynètes avant même l'apparition des Keaton et Chaplin. (Ce film est aussi resté dans les mémoires pour son usage des plans rapprochés.)

   L'année 1906 fut décidément fructueuse pour Alice Guy. Elle réalisa ce qui est considéré par certains spécialistes comme son chef-d'oeuvre, La Naissance, la vie et la mort du Christ, qui est à la fois le premier péplum jamais tourné et un film d'une durée faramineuse pour l'époque : 35 minutes au total.

   Toujours en 1906, la réalisatrice suscita des réactions contrastées avec Les Résultats du féminisme, une fable sarcastique qui ne plut ni aux militantes féministes pures et dures ni aux misogynes. L'histoire fonctionne sur le principe du retournement des stéréotypes : les femmes sont violentes, fument et picolent, tandis que les hommes sont de petites choses dévouées aux tâches ménagères. Avec le recul de plus d'un siècle, je pense qu'on peut apprécier la charge contre la société patriarcale... et une fin "politiquement correcte" (pour l'époque), sans doute imposée par son employeur Léon Gaumont.

   J'aime aussi beaucoup Une Héroïne de quatre ans, une oeuvre parfois (comme tant d'autres) attribuée à l'un de ses collaborateurs, ici son assistant Louis Feuillade, dont elle a contribué à lancer la carrière. Dans ce flm, on découvre une gamine intrépide, qui échappe à la surveillance de la gouvernante de la famille. Elle va déjouer une agression commise à côté du jardin public où elle se promène, puis aider un vieillard à traverser un canal et enfin éviter à quelques poivrots de se faire renverser par un train. Je me demande si ce personnage n'a pas inspiré celui que Walt Disney a ensuite mis en scène dans Alice Comedies. Dans ce cas, le nom de l'héroïne pourrait être une référence aussi bien à la cinéaste française qu'au personnage de Lewis Carroll. (A ceux que cela intéresse, je signale que, cet été, France Culture a consacré une passionnante série d'émissions à celui qui fut l'un des fondateurs du dessin animé.)

   Cela nous mène tout naturellement aux liens entre Alice Guy et les Etats-Unis, où elle vécut pendant près de quinze ans d'affilée au début du XXe siècle. Elle y fonda une société de production (sur la Côte Est), devint riche et célèbre, puis perdit mari et fortune, en même temps qu'émergeaient les studios d'Hollywood, en Californie. Falling Leaves est un bon exemple d'oeuvre qu'elle a réalisée là-bas. Moins classique, A Fool and his money a la particularité de n'avoir été tourné qu'avec des acteurs noirs :

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   Sur cet épisode comme sur d'autres, les sources anglo-saxonnes nous sont précieuses : le talent d'Alice Guy est davantage reconnu outre-Altantique (où elle est d'ailleurs enterrée) que dans son pays d'origine. C'est sur un site académique états-unien qu'on lira le plus de détails sur son aventure américaine. Pour une courte biographie, on peut consulter la vidéo d'un universitaire du Nebaska. On ne s'étonnera pas non plus que ce soit une Américaine qui ait récemment tourné un documentaire sur Alice Guy. On espère que le film de Pamela Green, Be Natural : The Untold Story of Alice Guy-Blaché, va bientôt sortir sur les écrans français.

mardi, 27 août 2019

La Chute du président

   Je crois que ce film constitue le troisième volet d'un triptyque commencé avec La Chute de la Maison blanche puis La Chute de Londres. (Pour former une tétralogie, je suggère un ultime opus intitulé La Chute de la reine.) Je n'ai évidemment pas vu les précédentes œuvres... et cela ne gêne aucunement la vision de ce volet.

   Le héros (Mike Banning) est un membre éminent du service de sécurité du président des États-Unis. Comme celui-ci a les traits de Morgan Freeman, on se dit que ce doit être un boulot sympa. Sauf que leur petite partie de pêche va tourner au massacre, au cours d'une séquence ma fois plutôt bien troussée.

   Auparavant, on nous aura présenté le héros dans une trépidante scène d'action, durant laquelle il convient de rester attentif. Une partie des personnages qui y figurent sont destinés à réapparaître dans l'histoire. Je n'en dirai pas plus, mais, franchement, c'est cousu de fil blanc. Au bout d'un quart d'heure, je savais qui allait trahir qui et qui était le grand méchant qui tirait les ficelles dans l'ombre. (Amateurs de 24 heures chrono s'abstenir...)

   Si l'on ajoute à cela que les dialogues semblent avoir été écrits par un collégien pas très doué et que les personnages féminins (à l'exception de l'enquêtrice en chef du FBI) sont purement décoratifs, on aura une idée du degré de subtilité atteint par l'intrigue. En clair, c'est principalement une histoire de couilles agrippées à des guns.

   Mais les scènes d'action sont bien faites. Les artificiers ont été particulièrement mis à contribution, que ce soit pour la séquence du lac, celle de la cabane ou encore celle du combat final dans l'immeuble. Gerard Butler (qui a pris un sacré coup de vieux depuis 300) n'a pas la prestance d'un Matt Damon ou d'un Bruce Willis, mais il s'en sort correctement... d'autant qu'il va recevoir l'aide de son vieux Daddy, incarné par... Nick Nolte. Encore faut-il que le fiston renoue le contact avec celui qui a quitté femme et enfant des années auparavant. Il finit par le retrouver dans sa cabane au Canada en Virginie-Occidentale (en Bulgarie, en fait), au cours d'une des plus belles séquences du film. Comme les scénaristes ont eu le bon goût de ne pas flinguer le personnage de Clay Banning, on va revoir la tronche ravagée de Nick Nolte à plusieurs reprises... jusqu'au générique de fin, qui contient une scène bonus, délicieusement drôle (plus drôle d'ailleurs que tout ce qu'on a pu voir dans les deux heures précédentes).

   Ce n'est clairement pas du niveau d'un Jason Bourne ou d'un Mission impossible (ni aussi spectaculaire que le récent Hobbes & Shaw) mais, en soirée, cela fait digérer très correctement.

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samedi, 24 août 2019

La Mort d'Hitler

   C'est le titre d'une enquête historique, signée Jean-Christophe Brisard et Lana Parshina, publiée l'an dernier aux éditions Fayard et sortie en collection de poche il y a quelques semaines :

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   Ce livre, d'une lecture très agréable, revient sur les conditions de la mort du dictateur allemand ainsi que sur le trajet suivi par ses restes présumés, en Allemagne... et en URSS (puis Russie). C'est d'ailleurs à Moscou, dans trois séries d'archives (d'Etat, de l'armée et du FSB, ex-KGB) qu'ils ont effectué une grande partie de leurs découvertes. L'introduction appâte les lecteurs avec la photographie d'un morceau de crâne...

   Dans les premiers chapitres, les auteurs commencent par revenir sur les théories survivalistes farfelues, avant d'aborder ce qui va devenir le fil rouge de l'enquête : les zones d'ombre volontairement entretenues (pour différentes raisons) par les Soviétiques sur la mort d'Adolf Hitler... et la survivance d'une attitude d'obstruction aux demandes des chercheurs occidentaux. Les récentes tensions entre la Russie de Poutine et les gouvernements occidentaux n'arrangent pas les choses.

   Puis, les auteurs refont le récit détaillés des derniers jours d'Hitler, dans le bunker de Berlin. Je pense que les personnes qui ont déjà beaucoup lu sur le IIIe Reich n'apprendront pas grand chose. Pour les autres, ce sera une plongée dans la vie quotidienne d'un petit village urbain, peuplé de dignitaires nazis au bord de la crise de nerfs. Ces rappels sont toutefois essentiels à la compréhension des débats qui ont agité les historiens concernant la mort d'Hitler.

   L'autre grosse moitié du livre décrit les efforts parfois désespérés des auteurs pour accéder aux documents les plus importants sur cette époque-clé. Ce sont des textes, des photographies (prises à l'époque par les Soviétiques), des plans (parfois annotés par des nazis tombés entre les mains du NKVD)... et même des morceaux d'un meuble, celui sur lequel Hitler s'est suicidé.

   Cette enquête historique prend donc la forme d'un triple polar, le premier sur les circonstances exactes de la mort d'Hitler, le second sur le devenir de ses restes, le troisième sur l'épreuve d'obstacles supportée par les journalistes pour accéder aux sources. Une fois de plus, force est de constater qu'en 2016, il reste un fort parfum d'URSS dans la Russie de Poutine.

   Au bout du compte, la contribution de Philippe Charlier (le célèbre médecin légiste, qui a notamment enquêté sur Henri IV et Jeanne d'Arc) a été déterminante. Les auteurs finissent par avoir accès... aux dents d'Hitler, ainsi qu'à ce qu'il reste du crâne. Cependant, s'ils ont pu (dans des circonstances particulièrement rocambolesques) analyser correctement les dents, cela n'a pas été le cas du crâne. Aucun prélèvement ADN n'a pu être effectué. L'enquête a aussi permis de confirmer ce qu'il est advenu des corps d'Eva Braun et du dictateur.

   Au final, c'est un livre aussi intéressant par ce qu'il révèle de la Guerre froide que de la fin de la Seconde Guerre mondiale. C'est aussi, dans le dernier chapitre, une plongée dans la science médico-légale. Hitler s'est bien tiré une balle dans la tête (mais pas dans la bouche). Il est possible qu'il ait en plus pris du cyanure (associé aux mystérieuses traces bleues trouvées autour de ses dents), mais ce n'est pas certain.

mercredi, 21 août 2019

Thalasso

   Ce film est présenté comme une suite (lointaine) de L'Enlèvement de Michel Houellebecq, mais, franchement, il n'est pas nécessaire de l'avoir vu pour comprendre les détails de l'intrigue. Derrière la caméra, on retrouve Guillaume Nicloux, qui s'est distingué jadis par quelques bons films de genre (Le Poulpe, La Clef et, dans une moindre mesure, La Religieuse).

   On attend évidemment le face-à-face Houellebecq-Depardieu. On commence par suivre l'écrivain, sur le point de débuter sa cure de thalassothérapie. Il ne pète pas la forme, son foie va mal et ses poumons subissent les conséquences d'années de tabagisme. La confrontation entre l'écrivain dubitatif et l'organisation méticuleuse des services de la thalasso ne manque pas de saveur. Le plaisir s'accroît quand le "héros" trouve un "compagnon de lutte" (pour la boustifaille et la picole) en Gérard Depardieu. Les dialogues sont crus et certaines situations sont particulièrement cocasses (comme la séquence avec les boues d'algues).

   Cependant, l'histoire connaît plusieurs coups de mou, comme lorsque les deux pochtrons discutent de la mort et de la réincarnation. Cela ne s'améliore pas quand débarquent les bras cassés de l'épisode précédent (les anciens ravisseurs de Houellebecq), qui viennent solliciter son aide pour... retrouver la mère de famille, âgée de 80 ans, et qui a subitement tout plaqué. Certes, cela redonne du tonus à l'intrigue, d'autant que les acteurs sont assez convaincants... mais cela ne suffit pas à sauver certaines scènes, comme celle qui se conclut en prière juive, d'un ridicule consommé.

   Au second degré, il y a le jeu sur l'image des deux personnages principaux. Le film se présente comme un portrait intime, nous montrant comment Gérard et Michel sont supposés être "dans le privé"... sauf que, pour construire ses personnages, Nicloux s'est appuyé sur leurs déclarations publiques. Et voilà Depardieu qui proclame à nouveau son amour pour Poutine, tandis que Houellebecq vomit la démocratie libérale. Et je ne vous détaille pas le wagon de conneries proférées par différents personnages, à propos de la mort de Coluche, de François Hollande ou encore des Chinois. Les scénaristes ont toutefois veillé à ne pas tomber dans l'abject : aucun personnage ne profère le moindre propos antisémite (d'autant qu'un des membres de la bande est juif) ou raciste. Mais, quand, à la fin, apparaît un personnage noir, affublé d'un horrible strabisme, on ne peut pas s'empêcher de ressentir un malaise... Quant à la conclusion de l'histoire, elle est bâclée.

   Le cinéaste est totalement en empathie avec ses deux personnages principaux. Qu'on ne s'attende donc pas à les voir dépeints comme deux enfants gâtés de la République, qui ont connu célébrité, richesse et conquêtes féminines. Maintenant que vieillissants, ils bandent mou, ils ressentent l'approche inéluctable de la mort... et le risque de disparaître un jour ou l'autre de la mémoire publique (ce qui commence d'ailleurs déjà à se produire pour Houellebecq, au cours de la seule scène asticotant un peu l'un des deux personnages principaux).

   Mais je reconnais que les acteurs ont de l'abattage, un incontestable sens de l'autodérision, et que certaines scènes sont particulièrement drôles. A voir pour les amateurs/trices de comédies décalées.

22:59 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 17 août 2019

La cathédrale de Rodez en lumière(s)

   Je pense que, lorsqu'on fera le bilan de l'été 2019 à Rodez (et dans l'Aveyron), le petit spectacle (gratuit) de son et lumières proposé à l'intérieur de la cathédrale Notre-Dame apparaîtra comme l'une des plus grandes réussites. Et pourtant, depuis la fin du mois de juin, il y a eu pléthore d'événements propices à susciter l'engouement du public.

   Ce spectacle, intitulé "Digital Supernova 2019", a été créé par Miguel Chevalier et mis en musique par Jacopo Baboni Schilingi et Adam Bernadac (en alternance). Il n'a pas bénéficié d'une publicité extraordinaire... mais le bouche-à-oreille en a fait un immense succès. La preuve ? Alors que l'ouverture de la porte Sud de l'église (donnant sur la rue Salvaing) intervenait à 20h30 (la porte Nord restant verrouillée), un bon quart d'heure avant, la file d'attente commençait à s'allonger. Voici ce que cela donnait ce soir au plus fort de l'affluence :

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   Heureusement pour moi, je suis arrivé avant que la file ne déborde de la place Adrien-Rozier. Mais, quand, au bout de trois quarts d'heure, j'ai enfin pu pénétrer dans l'édifice, l'affluence était à son comble. Au passage, je signale que la foule était globalement disciplinée, même si quelques individus mal élevés ont tenté et (parfois) réussi à gagner du temps en s'infiltrant par le passage du Chapitre. A l'entrée, deux vigiles demandaient l'ouverture des sacs.

   A l'intérieur de l'église, le spectacle était presque partout. Les images étaient projetées sur la rosace, la voûte de la nef (sur toute sa longueur) et sur l'orgue monumental, situé au-dessus de l'entrée Nord (sur sa droite quand on regarde la rosace). Au sol, les visiteurs s'entassaient dans une relative harmonie, qu'ils soient debout, assis voire... couchés ! Certains étaient dans le recueillement, d'autres en mode touriste compulsif (le smartphone greffé à la main...), d'autres encore profitaient du spectacle en poursuivant une discussion familiale...

   Je pense que le meilleur emplacement est une place assise, au croisement de la nef et du transept : parfois, au-dessus de ce point précis, était projetée une animation différente de celle que l'on pouvait voir sur le reste de la voûte de la nef. Celle-ci s'est garnie d'animations numériques évoquant l'infiniment grand... jusqu'à l'infiniment petit. Cela allait d'un ciel étoilé à une structure atomique, en passant par une explosion stellaire et un enchevêtrement de poutres métalliques vivantes, donnant l'impression de se trouver sous une Tour Eiffel en mouvement !

   Sur la rosace s'affichait (fort logiquement) une animation circulaire, où l'on pouvait reconnaître là encore un environnement spatial comme un monde intracellulaire. Etoiles, structures moléculaires, sortes de ruches, acides aminés, brins d'ADN (?)... Le tout en perpétuel mouvement, à l'image de la vie.

   N'oublions pas l'orgue, qui n'avait pas qu'une fonction musicale. Il a lui aussi servi d'écran de projection, bien que cela soit moins élaboré que sur la voûte ou la rosace. Il s'est successivement garni de couleurs unies et de tapisseries numériques pailletées. Pour moi, le moment le plus impressionnant fut celui où j'ai eu l'impression que l'orgue, éclairé de blanc, battait comme un coeur.

   Quant à la musique, c'était un mélange de composition numérique et de chants religieux. J'ai trouvé l'ambiance proche de celle du new age.

   Demain dimanche aura lieu la dernière série de projections, de 20h30 à 22h30, au rythme d'environ une tous les quarts d'heure (en boucle). C'est une animation que je recommande chaudement à celles et ceux qui seraient de passage à Rodez.

   P.S.

   Quelques photographies sont visibles sur la page Facebook de l'office de tourisme ruthénois.

 

Lune rouge

   C'est le titre du dernier album des aventures de Guy Lefranc, sorti fort opportunément 50 ans après le succès de la mission Apollo XI :

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   On le doit à Christophe Alvès et François Corteggiani, le duo qui était déjà à l'oeuvre il y a quelques années sur Le Principe d'Heisenberg, dont l'intrigue se déroule partiellement dans l'Aveyron.

   Ici, on est en pleine Guerre froide. Le héros journaliste va partir à la recherche d'un scientifique disparu... et collaborer avec la CIA, puisque les "méchants" de l'histoire sont les communistes soviétiques et nord-coréens, auxquels vont s'ajouter les Chinois, qui commencent à se la jouer perso. Sur son chemin, Guy Lefranc va de nouveau croiser un vieil ennemi à lui...

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   Les lecteurs qui ont un minimum de culture BD verront les ressemblances avec les albums d'Hergé (Objectif Lune et On a marché sur la Lune)... et avec la série Blake et Mortimer, en particulier au niveau du style du dessin (mais aussi avec la résurrection de l'antagoniste principal, sorte de décalque d'Olrik). C'est bien fichu, documenté pour donner un peu de vraisemblance à une histoire abracadabrantesque : en 1959, même avec l'aide des Soviétiques, les Nord-Coréens n'avaient pas les moyens de monter le projet qui est décrit dans l'album. Celui-ci est finalement davantage révélateur des préoccupations du début du XXIe siècle, avec l'émergence de la puissance chinoise et le développement de l'arme nucléaire par le régime de Kim Jong-un.

   Cela se lit néanmoins avec plaisir, en raison de la propreté du dessin et des rebondissements qui parsèment l'intrigue.

jeudi, 15 août 2019

Once upon a time... in Hollywood

   ... et en version originale sous-titrée, à Rodez, dans une grande salle copieusement garnie. Tarantino fait recette, pour ce qui est à la fois un hommage (parfois ironique) au Hollywood de sa jeunesse, mais aussi une fresque "tarantinesque".

   L'hommage se ressent à l'écran. Tarantino a filmé comme le garçon et l'adolescent qu'il a été voyait les gigantesques enseignes lumineuses, les voitures décapotables et les jeunes femmes (surtout les jambes). J'ai été étonné de l'importance occupée par les bagnoles au début de l'histoire, qui ne m'a donc pas super emballé.

   Cet hommage s'étend au travail des acteurs... et de certaines petites mains. Quentin se moque gentiment de leurs travers, mais il est soucieux de décrire le quotidien d'un comédien, ici Rick Dalton, très bien incarné par Leonardo DiCaprio, crédible à la fois quand son personnage joue mal et quand il joue bien. La scène avec la gamine prise en otage, dans le saloon, est superbe... (Retenons le nom de cette actrice en herbe : Julia Butters, remarquable dans son premier face-à-face avec DiCaprio, dans la scène de lecture.)

   Cependant, même si Dalton occupe le devant de la scène du début à la fin du film, le véritable personnage principal est pour moi Cliff Booth, sa doublure-cascade homme à tout faire, auquel Brad Pitt prête son charisme. Attention mesdames : quand Cliff/Brad répare l'antenne du toit, il se met torse nu... La comparaison entre les deux héros est le plus souvent source de comique : l'un vit dans une villa, l'autre dans une vieille caravane ; le premier se fait conduire dans une Cadillac rutilante, le second, quand il ne pilote pas celle-ci, roule dans une vieille Volkswagen etc.

   Le troisième pôle est Sharon Tate, interprétée par Margot Robbie, qui a déjà éclaboussé de son talent des films comme Moi, Tonya et Marie Stuart, reine d'Ecosse. Ici, elle est chargée de rendre vie à Sharon Tate, une actrice alors "émergente" devenue l'épouse du réalisateur Roman Polanski. On découvre une jeune femme aimable et un peu naïve, ravie de se découvrir sur un grand écran et des réactions qu'elle suscite dans le public. Tarantino profite d'une soirée (à laquelle participe le couple Polanski) pour lancer quelques piques, la plus acérée étant sans doute celle qui est censée viser Sharon Tate. L'un des invités déclare que l'actrice est attirée par un seul type d'homme, qui paraît ne pas avoir plus de douze ans. Je pense que tout Hollywood a compris que la remarque visait plutôt son époux...

   Tous ces personnages vont croiser, à un moment ou un autre, au moins l'un des membres de la "famille Manson", cette tribu de hippies dégénérés qui a commis d'horribles massacres à l'époque. Il est évident que ce fait divers a été intégré à l'intrigue écrite par Tarantino, mais on ne sait pas comment. Je pense qu'une partie du public est venue uniquement pour cette partie de l'histoire.

   En attendant la dernière demi-heure fatidique, on peut se délecter des aventures de Cliff le cascadeur. Il s'embrouille avec Bruce Lee dans une scène délicieuse, qui ridiculise l'idole des films d'arts martiaux. On le voit aussi s'occuper de sa chienne Brandy, un staffordshire très bien dressé (et redoutable... mais je n'en dis pas plus), qui a obtenu la Palm Dog à Cannes cette année. Le marivaudage avec "Pussycat", l'une des adeptes de Manson, est bien mis en scène. Enfin, notre doublure préférée est au coeur de la séquence la plus flippante, celle qui le voit revenir au ranch où étaient autrefois tournés des westerns, mais qui est désormais occupé par la bande de Charles Manson. Là, Tarantino fait preuve de brio dans la sobriété.

   On attend évidemment la fin, avec les nervis de Manson qui débarquent dans les beaux quartiers. On en a pour son argent (avec un petit quart d'heure de bravoure), mais là encore Tarantino surprend. Même s'il s'inspire de faits réels, il ne fait pas œuvre de documentariste. Ce n'est pas la première fois qu'il manifeste son désir de réécrire l'histoire... et c'est très bien ainsi.

23:36 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Le Mystère des pingouins

   Un matin, en se rendant à l'école, le jeune Aoyama croise... des pingouins (appelés "penguins" dans la version originale japonaise, qui ne fait pas la différence avec des manchots). Démarre alors une incroyable enquête, menée par ce gamin obstiné, très bon élève et sûr de lui. Il va d'abord s'appuyer sur l'assistante du dentiste, une charmante jeune femme dont il est secrètement amoureux. Celle-ci semble avoir un lien particulier avec les pingouins...

   Très vite, un autre mystère surgit : l'apparition d'une gigantesque bulle d'eau opaque, dans une clairière située au coeur d'un bois quasi impénétrable. Celle-ci semble aussi avoir un lien avec les pingouins. Aoyama tente de résoudre cette énigme-ci en compagnie de son meilleur ami et d'une camarade de classe très douée, excellente joueuse d'échecs... et amoureuse de lui (ce dont il ne se rend pas compte).

   L'intrigue est foisonnante, bien mise en images, même si le résultat n'est pas aussi impressionnant que dans Les Enfants de la mer, Maquia ou encore Wonderland. C'est du fantastique poétique... ou de la poésie fantastique. Au passage, comme les héros sont des élèves de fin de primaire, on a droit à une plongée dans l'univers scolaire japonais, avec ses problèmes de harcèlement. Mais ce n'est pas montré de manière caricaturale. L'histoire s'étire suffisamment pour laisser place à l'évolution de certains personnages.

   Le plus étonnant est le lien qui se noue entre Aoyama et la jeune assistante (qui semble beaucoup plus compter à ses yeux que sa propre mère, que l'on voit surtout s'occuper de sa soeur cadette). Elle le fait progresser aux échecs et l'aide dans son enquête, en particulier pour ses expériences. (Le gamin est féru de sciences.) On notera que, dans ce film, on ne voit ni ordinateur ni téléphone portable... mais une télévision à écran plat est présente, à l'école. Cela indique que l'on n'est ni tout à fait dans le passé, ni dans le présent, mais plutôt dans un monde imaginaire, parallèle.

   A l'arrière-plan (pour les adultes), on remarque qu'il est question d'harmonie (perdue, à retrouver). Je pense que le film est nourri de références au yin et yang, ne serait-ce qu'à travers les éléments en noir et blanc présents à l'image (pourtant en couleurs) : les pingouins et les jeux d'échecs, auxquels on peut ajouter l'opposition entre la nuit et le jour. Celle-ci est déterminante pour comprendre comment apparaissent les pingouins et leur pendant maléfique, les Jabberwocks. Concernant les échecs, on remarque que les parties montrées à l'écran (au café, dans la salle de classe ou lors d'un pique-nique) opposent systématiquement un personnage féminin à un personnage masculin.

   Tout cela pour dire que, même si ce n'est pas l'animation la plus virtuose sortie cet été, elle est d'un très grand intérêt en raison de son scénario fouillé et de ses différents niveaux de lecture. J'ai trouvé la fin très émouvante.

11:44 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 11 août 2019

Face à la nuit

   Cette coproduction franco-taïwanaise est construite sous forme de puzzle inversement chronologique : l'histoire est divisée en trois grandes parties, chacune séparée de la suivante/précédente par un laps de temps plus ou moins long. C'est en remontant le temps que l'on comprend certains des éléments des séquences ultérieures. Du coup, celles-ci prennent parfois un double sens, celui que l'on perçoit a priori et celui qui émerge avec la vision de ce qui s'est passé des années auparavant.

   La première partie se déroule en 2049, dans une grande ville (sans doute Taipei) où la technologie a envahi tous les aspects de la vie quotidienne... et même le corps humain, puisque tous les habitants de la cité sont dotés d'une puce dans le poignet et que toutes les transactions passent par leur "smartphone". Ce polar d'anticipation est très réussi, à ceci près qu'il témoigne d'une vision phallocrate du monde : le réalisateur a utilisé ses (ravissantes) actrices comme du bétail, peut-être pour mieux montrer la marchandisation du corps humain... mais je n'ai pas trop senti le recul critique. De surcroît, le personnage principal, un vigile d'une soixantaine d'années, est antipathique, violent. On le voit tuer un vieil homme, se payer une jeune prostituée et manifester ensuite une grande hostilité envers son épouse, qui veut divorcer.

   C'est en remontant une trentaine d'années auparavant qu'on comprend la cause du meurtre, le recours à la prostituée comme la haine qu'éprouve le héros. On le découvre alors jeune policier, travailleur et pointilleux, pas du genre à marcher en dehors des clous. Mais, dans son commissariat, tout le monde ne voit pas les choses de la même manière. Cette seconde nuit va transformer sa vie : lui qui d'habitude ne fait pas de pause rentre inopinément chez lui et par la suite, il se lie avec une jeune kleptomane (d'origine française), qui est sans doute le modèle des prostituées clonées que l'on a vues dans la partie se déroulant en 2049. Là encore, j'ai été un peu irrité par la vision de la société. (L'un des personnages féminins trouve étrange que la prostitution soit illégale, par exemple.) Mais le vent de liberté qui se met à souffler sur cette nuit m'a convaincu.

   Une quinzaine d'années plus tôt, le futur policier n'était pourtant qu'un petit délinquant, un voleur de deux-roues qui se fait coincer une nuit, en même temps qu'une prostituée (encore une !) membre d'un gang. La cavale simultanée des deux est bien mise en scène. A partir du moment où ils se retrouvent menottés côte-à-côte, les deux fuyards découvrent qu'ils ne sont pas des inconnus l'un.e pour l'autre. Le personnage de la prostituée est particulièrement émouvant.

   Le film ne se conclut pas sur cette séquence, puisqu'il remonte une dernière fois (brièvement) en arrière, à l'époque où le héros était un petit garçon, peut-être le seul moment de sa vie où il a connu un bonheur insouciant. Le reste du film montre comment un type ordinaire et malchanceux a gâché sa vie.

   Si le scénario comporte quelques faiblesses, la réalisation est particulièrement soignée. Je pense que Wi-ding Ho s'inspire sans oser le dire de Wong Kar-waï. Il y a une réelle parenté dans leurs manières de filmer la ville, la nuit. Et je pense que l'année à laquelle se déroule la première partie est une référence à peine masquée au 2046 du maître hongkongais.

21:41 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 10 août 2019

Rapides et furieux

   Je ne suis pas, mais alors pas du tout adepte de la série de films Fast and Furious. Des histoires de bagnoles qui roulent vite, avec des gros bras pas subtils et de jolies potiches... bof. Mais, dans cet opus, David Leitch se trouve aux manettes. C'est le réalisateur de John Wick (le premier), d'Atomic Blonde et de Deadpool 2. C'est une garantie de savoir-faire, confirmée par une bande-annonce alléchante.

   Le scénario associe deux balèzes qui se sont jadis affrontés : Luke Hobbs (Dwayne Johnson, plus musclé que jamais) et Deckard Shaw (Jason Statham, qui tente d'avoir une expression et demie sur le visage). Le début les présente en mode "écran partagé", du lever à la soirée en boîte, chacun évoluant dans un milieu différent. C'est drôle et cela annonce la ribambelle d'insultes que les deux acolytes (qui vont devoir travailler ensemble) se balancent à intervalle régulier au cours de l'histoire.

   Je reconnais que les dialoguistes ne se sont pas trop foulés. On se traite de "tête de pine" ou encore de "face de cul", parmi d'autres joyeusetés. C'est Hobbs/Johnson qui semble le mieux servi. Quand il se présente à un groupe de méchants qu'il s'apprête à corriger, il annonce la couleur : "Je suis le distributeur de branlées." Un peu plus tard, quand il rencontre le gros méchant de l'histoire, il lui déclare, après avoir écarté plusieurs mercenaires sans ménagement : "Et maintenant, je vais t'apprendre la vie"...

   Problème pour lui : ce méchant est un ancien commando, censé être décédé, ressuscité par la magie de technologies ultra-modernes. Le transhumanisme existe déjà et c'est Idris Elba qui en bénéficie. Il est devenu capable de mettre une raclée aussi bien à Hobbs qu'à Shaw, séparément. Les deux têtes de lard vont mettre du temps pour comprendre que c'est en unissant leurs efforts qu'ils ont une chance de venir à bout du tueur quasi indestructible.

   Un autre personnage vient compliquer l'affaire... une femme ! Pas n'importe laquelle, puisqu'il s'agit de Hattie Shaw, la soeur de Deckard, qui a l'air (presque) aussi bornée que son frangin... mais on lui pardonne volontiers, parce qu'elle est incarnée par la pétillante Vanessa Kirby, vue notamment dans le dernier Mission : impossible (mais qui donne un autre aperçu de son talent dans un épisode de la série Hercule Poirot : "Une mémoire d'éléphant", qu'on peut actuellement revoir -en version originale sous-titrée si on le désire- sur le site MyTF1). La charmante demoiselle a subtilisé un dangereux virus, que les méchants veulent récupérer, quel qu'en soit le prix.

   Il ne faut pas se le cacher : le principal intérêt du film réside dans ses séquences d'action. La première est une ébouriffante poursuite en plein Londres, avec motos, voiture de luxe et camions. Chapeau, les cascadeurs ! La seconde se déroule sur le site d'une centrale nucléaire désaffectée (censée se trouver en Ukraine). Là aussi, ça dépote. Mais on sent qu'on nous réserve le meilleur pour la fin, dans les îles Hawaii Samoa, dont est originaire Hobbs (tout comme D. Johnson d'ailleurs). Ici, on va se battre "à l'ancienne" (old school, dans la V.O.), la famille du héros fournissant bras, véhicules, carburant... et même matériel informatique ! La poursuite avec l'hélicoptère est trépidante à souhait.

   Dans une grande salle, on prend son pied, sans se poser de question.

   P.S.

   Ne partez pas trop vite : trois petites scènes ont été insérées dans le générique, les deux premières faisant intervenir un collègue de Hobbs (incarné par Ryan Reynolds), la troisième marquant les retrouvailles animées des deux têtes d'affiche.

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vendredi, 09 août 2019

Une Grande Fille

   Cette périphrase désigne Lya, "la girafe", un grand brin de fille (mesurant sans doute plus d'1m90) un peu spécial : il lui arrive régulièrement de tomber en catalepsie, n'émettant plus qu'un petit sifflement. Elle est comme cela depuis qu'elle est allée au Front. L'histoire démarre en 1945, à Leningrad (redevenue aujourd'hui Saint-Pétersbourg), juste après la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'URSS en sort certes victorieuse, mais ravagée dans toute sa partie occidentale, ayant perdu quelque chose comme 25 millions d'habitants. Les rescapés tentent de survivre, alors qu'ils manquent de presque tout, à commencer par la nourriture.

   La reconstitution de l'époque est soignée, tant au niveau des décors (principalement intérieurs) que des vêtements. Mais le principal intérêt du film réside dans les aventures des deux héroïnes, deux amies qui se sont connues au Front et que la fin de la guerre va réunir à nouveau.

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   Autant Lya est grande, blonde et introvertie, autant Masha est petite, brune (auburn) et expansive, avide de goûter à la vie. On se doute bien que ces deux jeunes femmes, qui ont achevé leur adolescence durant la guerre, ont dû en voir des vertes et des pas mûres. Pour l'une d'entre elles, il faut attendre un déjeuner glaçant chez de potentiels futurs beaux-parents pour avoir la révélation du détail de ce qu'elle a subi... mais dit avec des mots choisis.

   C'est la marque de fabrique de ce film, dans lequel les personnages n'osent en général pas exprimer les choses frontalement. N'oubliez pas que nous sommes dans l'URSS stalinienne, avec le NKVD (futur KGB) qui veille. De surcroît, quand on est une jeune femme, on a intérêt à cacher certaines choses, y compris à sa meilleure amie.

   Voilà pourquoi les plans ont tendance à s'étirer : c'est par la gestuelle, le comportement, les intonations des personnages que l'on peut déduire leurs pensées. Presque chaque scène est nourrie de sous-entendus. Cela peut donner l'impression que ce long film (2h15 environ) est parfois ennuyeux... eh bien pas du tout ! C'est d'abord dû au talent des deux actrices, Viktoria Miroshnichenko et Vasilisa Perelygina. C'est aussi en raison de l'intensité des scènes qui les mettent en relation avec des soldats blessés (elles sont devenues aides-soignantes dans un hôpital militaire), où un spectateur français retrouvera un peu de l'ambiance de La Chambre des officiers et des Fragments d'Antonin. L'intrigue prend même les allures d'un petit thriller, avec pour enjeu la maternité.

   J'ajoute que la mise en scène est habile (ce que l'on croit voir au début n'est pas tout à fait la vérité), avec une tendance à filmer les protagonistes du dessus, en gros plan, plan serré ou plan large. Le cadre est méticuleusement organisé, avec un joli travail au niveau des éclairages. Cela contribue à faire de ce film exigeant une petite merveille de sensibilité, à ne pas rater s'il passe près de chez vous.

jeudi, 08 août 2019

C'est quoi cette mamie ?!

   Cette grand-mère qui suscite tant de questions est Aurore, incarnée par Chantal Ladesou (qu'on a déjà vue dans un premier rôle, l'an dernier, dans l'oubliable Comment tuer sa mère). Autant le dire tout de suite : le film repose presque entièrement sur ses épaules, même s'il se place dans la continuité de C'est quoi cette famille ?! (Plus de 700 000 entrées pour un coût de production de 6 millions d'euros... cela explique la mise en chantier d'une suite.)

   La génération suivante, celle des parents, est représentée par des caricatures de personnages, le plus souvent résumés à un trait de caractère, de surcroît hypertrophié. J'ai eu de la peine pour Julie Depardieu, Philippe Katerine et Lucien Jean-Baptiste. Thierry Neuvic n'est pas très à l'aise non plus, même si le couple séparé qu'il forme avec Julie Gayet fonctionne assez bien. De temps en temps, Claudia Tagbo sort du lot, quand elle ne cachetonne pas.

   Je craignais le pire quant aux personnages des enfants... eh  bien je dois reconnaître qu'ils ne sont pas si mal réussis que cela. Ce sont des (pré)ados à peu près normaux, dont on a accentué certains aspects de la personnalité. Contrairement aux parents, on n'a pas envie de les jeter par la fenêtre (sauf peut-être le rappeur à la noix, au début).

   Évidemment le comique surgit de la confrontation entre la grand-mère libertaire, parfois très "politiquement incorrecte" dans ses propos, et les petits-enfants faux rebelles, assez conformistes, au fond. (Les scénaristes ont veillé à ce que cette famille recomposée élargie intègre des "minorités visibles"... et même sexuelles.)

   Le scénario est cousu de fil blanc, mais, franchement, pour les scènes avec Chantal Ladesou, le film mérite le détour. On sent l'influence de Qu'est-ce qu'on a encore fait au bon Dieu ? En France, il existe désormais un créneau pour les comédies populaires hyper-balisées et "socialement ouvertes".

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mercredi, 07 août 2019

Les Faussaires de Manhattan

   Le titre français est plus explicite que celui d'origine (Can you ever forgive me ?), qui est aussi celui du livre autobiographique écrit par la vraie Lee Israel, en référence à l'écrivaine Dorothy Parker, l'une des personnes dont elle a écrit de fausses lettres.

   Les faussaires en question forment un duo d'inadaptés. La tête pensante est Lee Israel, une quinquagénaire obèse, alcoolique et solitaire, qui vit avec sa chatte Jersey et peine à boucler ses fins de mois. Elle n'en est pas moins une fine connaisseuse de la littérature américaine. Elle fait la rencontre de Jack Hock, dandy vieillissant et inconstant, homosexuel charmeur et cocaïnomane. Cet attelage improbable va faire des étincelles.

   Le film est donc à double tranchant. C'est d'abord un portrait de femme seule, dont le talent n'est pas reconnu à sa juste valeur. C'est aussi une comédie d'avant l'ère internet, quand fabriquer de fausses lettres relevait d'un artisanat d'art... et du système D. La manière dont cette petite bonne femme et ce vieux beau vont duper une brochette de pédants cultureux est savoureuse. Mais, au fond, c'est du mal de vivre dont il est question.

   Les acteurs sont éblouissants. Celles et ceux qui ont vu Melissa McCarthy cachetonner dans Les Flingueuses ou SOS Fantômes auront du mal à la reconnaître ici, tant la transformation est saisissante. Quant à Richard E.Grant, on a l'impression qu'il a joué ce rôle toute sa vie.

   C'est l'une des bonnes surprises de cet été 2019, décidément très riche sur le plan cinématographique. (Et ce n'est pas fini...)

23:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 06 août 2019

Comme des bêtes 2

   Trois ans après le premier volet des aventures de nos animaux domestiques préférés, ils reviennent, toujours sous la direction de Chris Renaud (également réalisateur de Moi, moche et méchant 1 et 2). L'introduction nous présente les changements survenus entre temps : la maîtresse de Max a rencontré un homme (sympa), s'est mariée avec lui et a eu un enfant, un garçon que le chien va apprendre à aimer. Comme ce schéma narratif n'est pas vraiment novateur, il est traité assez rapidement.

   Le coeur de l'histoire voit s'entrecroiser trois fils narratifs. Dans le premier, Max et toute sa petite famille vont passer des vacances loin de New York, chez un oncle du mari. C'est l'occasion pour nos citadins purs jus de découvrir les bienfaits de la campagne et de se confronter aux "vraies valeurs" de la vie. Pendant ce temps, dans Big Apple, la copine de Max va devoir s'infiltrer dans l'appartement d'une petite vieille, infesté de chats. Enfin, une autre partie de la bande tente de secourir un (superbe) tigre blanc, maltraité par le propriétaire d'un cirque ambulant.

   Le rythme est enlevé, les plaisanteries fusent. Certaines scènes sont particulièrement réussies, comme celle qui voit Max découvrir les sons de la campagne, la nuit tombée. Il y a encore une course-poursuite mêlant le lapin et quatre loups, en pleine fête foraine. Je me garderai aussi de raconter la métamorphose du spitz allemand (Gidget, doublée par Dorothée Pousséo dans la VF), qui essaie de se faire passer pour un chat. Enfin, quand la mémé s'en mêle, on peut dire que ça file à pleins tubes !

   L'animation est très correcte. Les petits apprécieront peut-être plus que les grands, mais cela ne dure qu'1h25. On passe un bon moment, sans prise de tête... et nos chérubins reçoivent une petite leçon de courage et de persévérance.

23:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Cartes postales aveyronnaises

   Pour moi, l'été est la saison des vide-grenier et des brocantes. Même si je ne les fréquente plus autant qu'il y a dix-quinze ans, je m'y promène encore, de temps à autre. De passage récemment en Dordogne, j'y ai fait quelques découvertes intéressantes.

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   La plus ancienne est cette vue de Sévérac-le-Château (aujourd'hui située dans la commune nouvelle de Sévérac-d'Aveyron, la plus vaste du département), datant au plus tard (d'après le cachet des PTT figurant au dos) de 1905. Les familiers des lieux remarqueront que les abords de la cité médiévale sont moins bâtis qu'aujourd'hui...

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    De 1908 (au plus tard) date cette vue du viaduc ferroviaire du Viaur, sur lequel passe la voie ferrée reliant Rodez à Carmaux (et, au-delà, à Albi et Toulouse). Ce viaduc a été inauguré en 1902. Son histoire mouvementée est bien racontée dans le livre de Max Assié, publié il y a environ deux ans aux éditions Bleu pastel :

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   On peut y trouver des photographies plus anciennes encore, notamment de la période de construction du viaduc (1895-1902)... et même la reproduction d'une carte postale datant de l'année de son inauguration.

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   Je termine par peut-être la plus étonnante de mes trouvailles, une carte postale représentant une vue du camp militaire du Larzac, datant (au plus tard) de 1911. (Elle a été envoyée -peut-être de La Cavalerie- à une personne habitant le Tarn-et-Garonne.) Précisons que ce camp a été ouvert en 1902. Il devint célèbre dans les années 1970, lorsque son projet d'extension suscita la vigoureuse opposition des paysans du cru, qu'ils fussent néo-ruraux ou ancrés ici depuis des générations. Par la suite, il est devenu centre d'entraînement de l'infanterie au tir opérationnel (CEITO). Aujourd'hui, il est le "port d'attache" de la 13e demi-brigade de la Légion étrangère.

Pour les soldats tombés

   Le réalisateur néo-zélandais Peter Jackson est à l'origine de ce documentaire sur les soldats de l'Empire britannique pendant la Première Guerre mondiale. Le titre fait référence au million de morts (outremer inclus), mais, durant le film, on entend les voix de dizaines de rescapés, enregistrées il y a parfois des années. Ces voix accompagnent un montage d'images d'époque colorisées et sonorisées de manière moderne. On sent que le cinéaste a dû voir au moins l'un des films de la série Apocalypse.

   Cependant, contrairement au travail réalisé par les Français, ce film-ci ne se présente pas comme une leçon d'histoire. Certes, les témoignages sont proposés dans l'ordre chronologique, de la déclaration de guerre au retour au pays, mais ils sont très peu (voire pas du tout) contextualisés (pas plus que les images). Du coup, l'accumulation peut lasser les spectateurs pas emballés par le fait de lire des sous-titres pendant plus d'une heure et demie. Ce documentaire est clairement destiné au public anglo-saxon.

   Il n'en est pas moins intéressant. A ceux qui en ont déjà vu d'autres, il n'apprendra pas grand chose... sauf peut-être qu'en 1914, le Royaume-Uni ne connaissait pas le service militaire. Le contingent envoyé en France fut d'abord constitué des militaires de carrière et de volontaires. C'est en 1916 que la conscription fut introduite.

   Les images, pour étranges qu'elles apparaissent avec cette colorisation artificielle, n'en sont pas moins souvent saisissantes. Il est important que les spectateurs réalisent à quel point cette guerre fut dégueulasse. Les soldats ont vécu dans des conditions que l'on qualifierait aujourd'hui d'inacceptables, entre la saleté, la faim, la soif, les rats, les poux et le bruit insupportable des canonnades. Rien que pour cela, ce film est utile. Il ne laisse pas non plus de côté la souffrance animale, l'exemple des chevaux étant le plus mis en valeur.

   Pour moi, les parties les plus intéressantes sont situées à la fin. Il y a tout d'abord la séquence consacrée aux relations entre les soldats britanniques et les prisonniers allemands, qui furent peut-être moins tendues que celles entretenues par les Français avec leurs adversaires directs. Il convient toutefois de se méfier des reconstitutions a posteriori.

   Plus forte encore est la séquence finale, qui va du contexte de l'annonce de l'Armistice au retour au pays, avec ses désillusions. C'est peut-être le passage le plus novateur, qui conclut intelligemment le film.

lundi, 05 août 2019

Wonderland, le royaume sans pluie

   Ce royaume est celui d'un monde parallèle, dans lequel l'héroïne Akané va se retrouver embarquée (en compagnie d'une commerçante un peu fantasque) par un alchimiste guindé (Monsieur Hippocrate) et son assistant lilliputien.

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   Auparavant, on aura goûté au monde réel, celui d'une fille unique d'un couple dont l'épouse est restée au foyer. (On ne verra jamais le père.) A l'école, les relations entre élèves sont parfois compliquées. Heureusement, il y a le chat Gorobeh (avec coucougnettes apparentes) qui la câline... ou lui pète à la figure !

   Ce film d'animation japonais est foisonnant, tant au niveau des images que de l'intrigue. (Le réalisateur, Keiichi Hara, s'est fait connaître par Colorful et Miss Hokusai.) L'ambiance s'inspire visiblement de l’œuvre de Miyazaki, mais aussi de Tolkien et sans doute des contes de fées européens. Quand j'aurai ajouté que le monde parallèle subit une redoutable sécheresse, qui menace la vie de tous ses habitants, vous aurez compris que les préoccupations environnementales ne sont pas absentes de ce film visible par tous, mais sacrément élaboré.

   L'habileté de l'animation se voit aux jeux d'ombre et de lumière, aux reflets, aux couleurs, en particulier dans les scènes de repas. Je suis sorti delà bigrement affamé !

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   Dans le monde parallèle, on croise des oiseaux et poissons géants (superbe scène nautique à la clé), d'énormes moutons capables de mettre en échec un petit char, des magiciens, des forgerons... et un étrange individu, Zang, mi-squelette, mi-robot, dont on ne découvre que tardivement la véritable identité.

   C'est romanesque à souhait, très bien dessiné, avec de l'humour (ah, les chats douaniers...), de multiples rebondissements... et c'est peut-être moins hermétique que le non moins superbe Les Enfants de la mer, sorti il y a quelques semaines.

16:04 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 02 août 2019

Ça ne sent pas bon du côté de Viviez

   Cette commune du bassin decazevillois, située au nord-ouest de Rodez, est riche de son passé industriel. Quelques fleurons ont survécu à la crise industrielle qui a frappé ici comme ailleurs. Parmi ces fleurons figure la S.A.M. (société aveyronnaise de métallurgie), un sous-traitant automobile. En grande difficulté ces dernières années, elle a été rachetée en 2017 par le groupe chinois Jinjiang. Son PDG s'est engagé à limiter la casse sociale et à investir près de 20 millions d'euros dans le site aveyronnais.

   Aujourd'hui, on apprend, dans un article de Centre Presse, que la direction envisage d'externaliser une partie de l'activité. Les investissements promis il y a deux ans se font attendre. Dans le même temps, la société gérant un autre site racheté par Jinjiang (en Lorraine) fin 2017, où d'importants investissements avaient là aussi été promis, vient d'être déclarée en cessation de paiements.

   Cela pourrait être considéré comme une bonne ou une mauvaise nouvelle pour le site aveyronnais. D'un côté, il y a l'espoir de récupérer l'activité de l'usine lorraine (ce qui avait été déjà envisagé lors du rachat de 2017). De l'autre côté, il y a la crainte que Jinjiang ne soit en train de liquider ses filiales françaises. L'article de La Dépêche (auquel mène le lien précédent) évoque le démontage de machines "obsolètes". Si j'étais salarié de cette entreprise, je prendrais garde à ce que, pendant la fermeture estivale, Jinjiang ne déménage tout ce qui l'intéresse et que les personnels ne se retrouvent face à des bâtiments vides au retour de leurs congés...

jeudi, 01 août 2019

Cécile Duflot sur France Culture

   Quand elle était ministre de François Hollande, je n'étais pas un grand fan de Cécile Duflot (remarquée -entre autres- par une énorme bourde géographique). Mais je n'appréciait pas plus les attaques personnelles dont elle avait été la cible, par exemple en raison de ses choix vestimentaires...

   A l'heure actuelle, (provisoirement ?) retirée de la vie politique, elle dirige Oxfam France. C'est à ce titre qu'elle était l'invitée des Masterclasses d'Etienne Klein. Je suis tombé dessus en voiture... et, à ma grande surprise, j'ai aimé.

   Dans cette émission, Cécile Duflot a parlé de son parcours, de ce qui l'a construite politiquement. Franchement, qu'on aime ou pas le personnage, c'est intéressant.

   La discussion est devenue plus pointue lorsqu'il a été question du changement climatique, un sujet cher au coeur de l'ancienne ministre. En face, Etienne Klein avait du répondant, s'appuyant plutôt sur des notions scientifiques, alors que son interlocutrice argumentait surtout au niveau politique et sociétal. Ce n'était pas rébarbatif du tout, d'autant que les deux interlocuteurs ont le sens de l'humour... et de l'autodérision.

lundi, 29 juillet 2019

Crawl

  Cette "nage libre" est celle que pratique l'héroïne Hailey... dont le prénom (dans la version originale) est une allusion au chanteur Bill Haley, auquel on doit, entre autres, le titre See you later alligator... que l'on entend à la fin du film. (Dans la version française, le prénom est prononcé "Allie" !)

   Hailey tente de faire sa place au sein de l'équipe nationale de natation, mais elle est juste derrière les toutes meilleures. Elle est fâchée avec son ancien entraîneur, qui n'est autre que son père, divorcé d'avec sa mère et en difficulté financière.

   Là-dessus débarque un méga-ouragan, du genre à pulvériser les maisons de Floride. Comme le papounnet ne répond pas au téléphone, Hailey brave tous les dangers pour le retrouver... et le sauver. Problème supplémentaire : le coin est infesté d'alligators, certains s'étant même échappés d'un parc naturel.

   Très vite, Hailey va se faire mordre par une grosse bébête... mais elle ne se laisse pas faire. Comme elle a les ovaires bien arrimés, elle se fait un garrot de fortune, comme une grande. Elle a de qui tenir : son papa, lui aussi blessé, insère l'un de ses outils à côté de son tibia brisé et fabrique une attelle en grinçant à peine des dents. On pense évidemment à Instinct de survie, dans lequel une autre jolie blonde se recousait la cuisse après une morsure de requin.

   Comme vous pouvez le constater, ce petit thriller estival recycle pas mal de vieilles recettes. Mais il est réalisé par Alexandre Aja, auquel on doit La Colline a des yeux, Mirrors et Piranha 3D. C'est bien foutu, avec de superbes alligators numériques. Même si je trouve que les deux héros échappent parfois de manière invraisemblable aux prédateurs qui les poursuivent, je reconnais qu'il y a de la mise en scène derrière, avec quelques jolies trouvailles (comme la scène de la douche).

   Comme dans tout bon film d'horreur, les tueurs exercent une sorte de justice immanente et les péripéties vont rapprocher les personnes auparavant brouillées. C'est relativement bref (moins d'1h30) et suffisamment saignant pour faire passer un bon moment.

21:31 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films