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jeudi, 18 août 2016

S.O.S. Fantômes

   Plus de trente ans après la sortie du premier Ghostbusters, Hollywood tente de relancer la franchise... au féminin. Cependant, pour ne pas déboussoler les fans, la production a fait en sorte que quelques-uns des glorieux anciens soient présents au générique. C'est Bill Murray qu'on voit le plus, mais il a une partition assez insipide. Sigourney Weaver fait une courte (et belle) apparition. Dan Aykroyd est (brièvement) marrant en chauffeur de taxi (écoutez bien ce qu'il dit). Enfin, si vous êtes très très observateurs (ou si vous avez beaucoup cherché avant), vous vous rendrez compte que l'ancienne secrétaire est devenue réceptionniste d'hôtel.

   Du côté de la nouvelle équipe, on n'a pas cherché à innover. Le trio de base est constitué d'une caricature de couple lesbien (composé d'une obèse et d'un petit canon -mal- enlaidi) et d'une intello coincée. Au masculin, ces scientifiques un peu hors normes seraient des geeks. Pour compléter l'équipe, on a jouté une Black qui, ô surprise, à une tchatche d'enfer. Reconnaissons toutefois que les actrices ne manquent pas d'allant. Kristen Wiig (remarquée dans Imogene) est parfaite en bas-bleu un peu gaffeuse. Kate McKinnon s'en sort bien aussi en "savante folle", un rôle sans doute destiné à l'origine à Emma Stone (qui a décliné). L'équipe formée par ces quatre fortes personnalités fonctionne bien.

   Évidemment, on ne peut pas passer sous silence la présence au générique de Chris Hemsworth (les dames se pâment, dans la salle et sur l'écran). Poussant le processus d'inversion jusqu'au bout, les scénaristes en ont fait un secrétaire très beau et très bête. Celui qui a pris l'habitude d'incarner le dieu  Thor (il y a une allusion, vers la fin) est rentré dans le jeu... d'autant plus que l'intrigue lui réserve un petit moment de bravoure (que je me garderai bien de raconter). Notons qu'on a dû couper une scène au montage. Elle sert de fond visuel à une partie du générique de fin.

   Sur le fond, c'est assez drôle. J'ai souvent ri... mais autant dire tout de suite que c'est de l'humour potache, pas très relevé. Néanmoins, ce n'est pas aussi bon que dans le film d'origine. C'est en partie dû aux dialogues, parfois faiblards, mais sans doute aussi à la production. On a fait de ce reboot un film d'action fantastico-comique, alors que l'histoire d'origine est une comédie déjantée avec un brin de fantastique. Cela change l'ordre des priorités.

   Du coup, les effets spéciaux, qui étaient plutôt décoratifs dans le premier Ghostbusters, prennent ici une très grande place (because la 3D, bien entendu). Ceci dit, ils sont très bien conçus. (Ah, le vomi numérique !...) De plus, les fantômes sont surtout effrayants. On revoit bien le bonhomme vert informe et rigolo, mais il n'a qu'une place anecdotique. D'un point de vue technique, c'est brillant, mais cela manque de rythme. On aurait dû mettre un peu moins d'argent dans ces effets et payer des dialoguistes pour qu'ils peaufinent certaines scènes.

   C'est donc une petite comédie sympathique, sans plus.

12:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 16 août 2016

Ma Vie de chat

   Cette coproduction franco-chinoise suit un schéma (au départ) assez prévisible. Derrière la comédie se cache un conte moral, dans lequel l'élément fantastique ajoute un peu de piquant (et de puces).

   Voici donc Tom Brand (Kevin Spacey, très bien), un self-made man riche et arrogant. On nous le présente comme imaginatif et entreprenant, au contraire des banquiers et gestionnaires de fonds qu'il côtoie. Obnubilé par la réussite de ses projets, il néglige sa ravissante femme et son adorable fille. Il rencontre plus souvent son fils aîné, qu'il associe à ses affaires, mais dont il doute des capacités.

   La préparation de l'anniversaire de sa fille est à l'origine de la transformation du héros en chat... mais un chat d'un genre très spécial, dégoté dans une étrange animalerie, peuplée de sacs à puces en liberté et curieusement expressifs. Le magasin est géré par un type non moins étrange, qui a les traits de Christopher Walken.

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   La première partie de la nouvelle vie du héros est assez tordante. Bien que matou, il veut boire son meilleur whisky et refuse de manger de la pâtée industrielle. Il aimerait bien aussi passer la nuit en compagnie de sa femme... et n'hésite pas à uriner dans le sac de sa précédente épouse, quand celle-ci s'incruste à son domicile.

   A l'écran, on a mélangé les prises de vue réelles, avec de vrais chats, auxquels on a réussi à faire faire pas mal de choses (et Dieu sait qu'il est difficile de dresser nos compagnons poilus), à des incrustations numériques, quand les péripéties prennent un tour surréaliste... et que le chat se comporte en réalité comme un être humain. [Si mes souvenirs sont bons, le générique précise que huit dresseurs de chats ont travaillé sur ce film.]

   Evidemment, le matou va se montrer plus malin que les humains, mais c'est grâce à ses qualités de coeur qu'il peut espérer se "racheter" (et ainsi retrouver son corps d'origine). On se dirige donc tout droit vers une fin consensuelle. Fort heureusement, les scénaristes ont fait l'effort de travailler la conclusion de l'histoire, qui suit un chemin moins rectiligne que ce que l'on pouvait redouter. Cela donne une comédie charmante, pétillante par moments, mais globalement assez convenue.

16:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 07 août 2016

Bad Moms

   Ces "mères indignes" sont trois femmes de la même génération, mais aux tempéraments très différents. L'une d'entre elles (Kiki) est une mère au foyer dévouée à ses enfants, assez coincée et soumise à un mari conservateur. Elle est (excellemment) interprétée par Kristen Bell :

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   Carla est sa presque opposée. Mère célibataire, elle ne connaît peut-être même pas l'identité du père de son fils unique, tant elle a (eu) tendance à céder facilement aux avances du moindre "porteur de bite"... Ah, oui, j'oubliais : elle est extrêmement grossière (dans son langage), voire vulgaire (dans son attitude). C'est un peu l'équivalent du beauf sympa (oxymore) des "films de potes" (buddy movies). (Je n'ai pas du tout aimé la scène qui la montre dans une salle de cinéma.) C'est le moment de souligner que les deux réalisateurs sont les scénaristes de Very Bad Trip...

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   Kathryn Hahn incarne avec fougue ce boute-en-train obscène dont on va évidemment découvrir une autre facette au cours de l'histoire. Au départ, on la voit peu investie dans l'éducation de son fils.

   La troisième est l'héroïne, Amy. Son personnage est un peu intermédiaire entre les deux précédentes. Amy tente de tout concilier : elle semble avoir réussi professionnellement, a épousé un type cool qui gagne plein de thunes et s'investit dans l'éducation de ses deux enfants, dont on sent qu'ils ne sont pas des imbéciles. Dans le rôle, Mila Kunis est convaincante. Ai-je dit qu'elle est de surcroît belle à tomber ?

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   Cette façade rutilante va se craqueler. Le conjoint d'Amy est en réalité un blaireau (un ancien djeunse qui a du mal à mûrir). Bon nombre de ses collègues de travail sont des crétins fainéants... et ses enfants attendent qu'elle soit à leur service, leur évitant le moindre effort. Si l'on ajoute à cela l'influence néfaste de Gwendolyne, la (richissime) présidente des parents d'élèves (Christina Applegate, très bien), on comprend qu'Amy pète les plombs et sonne le tocsin de la révolte.

   Tout se joue dans un bar où, après une bonne cuite, les trois donzelles décident d'aller mettre le souk dans leur supermarché de prédilection. Visuellement, la séquence prend la forme d'un clip, avec I love it en fond musical. C'est chouette !

   A partir de là, l'intrigue devient gentiment transgressive. Je laisse à chacun découvrir les libertés que chacune va prendre dans sa "nouvelle vie", la transformation la plus saisissante (bien qu'assez progressive) étant celle de Kiki. Le comique de situation est en général réussi... et parfois hilarant. J'ai notamment bien aimé la réunion électorale qui se transforme en "surprise party". On savourera aussi les avanies que subit l'héroïne, qui en prend vraiment plein la figure ! Par contre, les scènes de transition sont assez mal écrites ou mal jouées/doublées.

   Comme il s'agit d'un "feel good movie", on se dit que tout cela va bien se terminer, sans que le bon goût ne soit trop bafoué. On notera que les réalisateurs ont à la fois adapté au genre féminin le "film de potes" graveleux et transposé les codes du teen movie au monde des adultes. Quant aux mâles de l'histoire, ils apparaissent comme faibles ou stupides... à l'exception de l'unique père célibataire de cette high school, un type souriant à la gueule d'ange et au corps musculeux...

   C'est plutôt réussi, à condition que l'on fasse preuve d'un peu d'indulgence.

21:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 04 août 2016

Comme des bêtes

   L'équipe de production à laquelle on doit Moi, moche et méchant et Les Minions a oeuvré sur ce film d'animation, une comédie new-yorkaise centrée sur nos animaux de compagnie, mais avec un  fort anthropomorphisme : si les héros ont bien, la plupart du temps, le comportement de bêtes, de temps à autre, aussi bien dans les mouvements que dans la pensée, on se rend compte qu'il s'agit de décalques d'humains.

   Dès le début, c'est le point de vue animal qui nous est donné. On sourit à l'attachement des chiens à leur maître... et à la duplicité de nombre de nos compagnons qui, dès que nous avons le dos tourné, sont capables de se livrer aux pires activités (excepté le sexe... curieusement absent de cette histoire, où l'on est supposé penser que les mammifères ont été stérilisés).

   J'ai bien aimé aussi le jeu sur les comportements stéréotypés ("Baballe !"... "Papillon !" ou encore "Saucisse !"), ceux des chiens bien entendu, mais aussi ceux du perfide rapace qui niche sur le toit de l'immeuble. Et que dire de la gourmandise de la chatte !... C'est bien mis en scène et les gamins adorent.

   L'intrigue met en contact les gentils animaux domestiques avec des "racailles", des congénères abandonnés ou fuyards, qui vivent dans les égouts de la mégapole. On y découvre une sorte de cour des miracles, avec un fonctionnement mafieux, sous la houlette d'un lapin psychopathe, l'une des grandes réussites de cette histoire :

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   L'autre trouvaille est celle du personnage de Gidget, un chien esquimau femelle, un peu effacée au début, mais qui va prendre sérieusement les choses en mains quand son chéri d'amour va disparaître. La petite poupée va se métamorphoser en femme d'action tigresse... pour notre plus grand plaisir.

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   La suite ? Des cascades, des courses-poursuites, des bagarres, sur un fond musical entraînant (composé -pour les morceaux originaux- par l'incontournable Alexandre Desplats). Les adultes peuvent s'amuser à repérer les clins d'oeil, notamment cinématographiques (à Hitchcock, à des films catastrophe... et, je pense, aux Marx Brothers).

   Cependant, de mon point de vue, les chats ne sont pas assez mis en valeur. Comme hélas dans de nombreuses productions pour enfants, ce sont les chiens qui occupent le devant de la scène, les félins héritant souvent de rôles négatifs.

   Cela reste une belle histoire d'amitié, rythmée par de nombreuses péripéties, et qui souffre d'une principale limite : être précédée par un court-métrage absolument génial, Minions en herbe. En quatre minutes, une bande de petits bonshommes jaunes va mettre un souk pas possible dans le jardin d'une maison de retraite. C'est hilarant au possible. Par contraste, cela met en évidence les petites carences du long-métrage qui suit.

21:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 03 août 2016

Colonia

   Le titre de ce film est une référence à la tristement célèbre Colonia Dignidad, fondée dans le Chili profond par un ancien nazi. Cette enclave vivant en quasi autarcie est devenue une sorte de secte, dont les dirigeants entretenaient d'excellentes relations avec le pouvoir dictatorial d'Augusto Pinochet. C'est à ces monstres que les deux héros vont être confrontés, l'intrigue (aussi extraordinaire soit-elle) s'inspirant d'une histoire vraie.

   Le début nous présente les deux tourtereaux. Lui est un photographe engagé, talentueux, qui soutient le gouvernement d'Allende. Elle est une hôtesse de l'air audacieuse... et follement amoureuse de son chéri. On nous montre un couple assez moderne pour l'époque. On sourit et on est attendri, d'autant plus que les deux personnages sont incarnés par deux jeunes gloires du cinéma mondial, Daniel Brühl et Emma Watson. Lui s'est fait connaître dans Good Bye Lenin ! elle dans Harry Potter, où elle incarnait l'inoubliable Hermione Granger.

   Elle a d'ailleurs un peu plus de mal que lui à faire oublier le rôle qui l'a révélée. On l'a quand même remarquée dans My Week with Marilyn et Noé. Brühl, plus âgé, a eu le temps de davantage diversifier sa cinématographie. Ces dernières années, on l'a vu dans Eva, 2 Days in New York et La Femme au tableau.

   La première rupture dans l'intrigue survient avec le coup d'Etat de Pinochet. Le photographe disparaît. L'hôtesse de l'air décide de partir à sa recherche. On pourrait se dire que cela prend un tour un peu trop hollywoodien... à ceci près que c'est la dame qui veut sauver le monsieur. De plus, je peux vous garantir que la nature des atrocités perpétrées sous le régime de Pinochet n'est aucunement atténuée par le scénario.

   On se dit que, dans la vraie vie, cette femme a fait preuve d'un courage inouï... et, comme elle a les traits d'Emma Watson, à plusieurs reprises, j'ai eu envie de quitter mon siège et de foncer sur l'écran pour défendre la ravissante choupinette.

   Cela devient assez vite un thriller, avec la vie à l'intérieur de la communauté sectaire. Signalons la performance de Michael Nyqvist en gourou charismatique... et amateur de jeunes garçons. Dans le camp, on suit avec un intérêt grandissant les relations entre les femmes. Du côté des hommes, le héros fait assaut d'ingéniosité pour endormir la méfiance des geôliers. Certaines découvertes vont s'avérer capitales dans le dénouement de l'intrigue... qui nous réserve des surprises jusque dans la dernière séquence. Celle-ci abuse toutefois du "juste à temps", un peu comme dans Argo, pour ceux qui s'en souviennent.

   En dépit de quelques faiblesses, c'est à la fois un film instructif et un roman d'aventures prenant, avec une louche de romantisme pas niaiseux.

    P.S.

   En 2004, l'émission "Rendez-vous avec X" s'était penchée sur le cas de la Colonia Dignidad.

dimanche, 31 juillet 2016

Insaisissables 2

   Trois ans après le premier volet, nous retrouvons les quatre cavaliers et leur meilleur ennemi (incarné par Morgan Freeman)... avec toutefois un changement au niveau du premier rôle féminin (ainsi qu'au niveau de la réalisation). Côté nouveauté, on note aussi la présence de Daniel Radcliffe (qui tente -laborieusement- d'exister après Harry Potter)... et, surtout, une double dose de Woody Harrelson, puisque l'acteur interprète deux personnages, des (quasi) jumeaux antagonistes.

   Dès le début, on est plongé dans le monde de la magie et des faux-semblants, avec un jeu sur les mots "BELIEVE" et "LIE", puis sur "SAINT" et "THIEF". Le film se conclut dans le même esprit, avec un trompe-l'oeil, au sens propre comme au figuré.

   Sur l'écran, c'est superbe... un peu trop parfois. On a vraiment l'impression qu'on veut nous en mettre plein la vue. Néanmoins, l'intrigue ne démarre pas trop vite : on prend le temps de nous présenter la reformation de l'équipe, avec des tensions sous-jacentes... et quelques questions en suspens. La suite est une nouvelle version de l'arroseur arrosé. A l'image d'un magicien sûr de son talent, le réalisateur prend le soin de nous expliquer ses petits trucs, après qu'ils ont été exécutés... mais aussi parfois avant. Cela concerne en particulier le braquage de l'entreprise de haute technologie (un mélange de Google et d'Apple, avec un clone de Mark Zuckerberg en PDG), d'une grande virtuosité... même s'il faut faire preuve d'un peu d'indulgence pour accepter l'ensemble des péripéties.

   Mais le meilleur est à venir avec un nouveau basculement de l'histoire, que je me garderai bien de raconter. D'ailleurs, on nous ménage des surprises jusqu'à la fin, quand on croit que tout est terminé. Ce deuxième épisode est chargé d'expliquer certains aspects du premier... et de préparer le suivant.

   C'est un bon spectacle, parfois brillant, agrémenté d'une musique entraînante.

22:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 30 juillet 2016

Florence Foster Jenkins

   Presque trois ans après l'excellent Philomena, Stephen Frears s'est attaché à la vie d'une autre dame âgée torturée, la supposée cantatrice qui a déjà inspiré Marguerite l'an dernier. On a soigné la distribution, puisque le rôle-titre est interprété par Meryl Streep, son compagnon étant joué par Hugh Grant. La première en fait à mon avis un peu trop, le second parvenant à lui voler la vedette. Cela fait longtemps que je n'avais pas vu Grant aussi bon.

   Le ton du film oscille entre le comique et le pathétique, à l'image de l'opinion que les personnages ont de la vieille héritière. Beaucoup la trouvent ridicule, d'autres la trouvent touchante. Le réalisateur ne tranche pas quant à son degré de lucidité. Celle qui disait aimer la musique (et qui a enseigné le piano) était-elle consciente de chanter aussi mal ? On notera qu'il n'y a pas de critique féroce du fait que l'argent achète (presque) tout. Tout cela est présenté sur un ton badin, même quand le compagnon bigame joue au gangster ou au gigolo. Le personnage présenté le plus négativement est le seul critique musical qui ne se laisse pas acheter... et qui écrit ce qu'il pense.

   Deux autres prestations sont à signaler : celle de Simon Hellberg, en pianiste débutant, doué mais complaisant, et celle de Nina Arianda, en pulpeuse pétasse au grand cœur.

   Que dire d'autre ? Que la reconstitution est soignée, que les acteurs font bien leur boulot... mais que la voix de la chanteuse est vraiment exécrable ! Je ne suis pas un mélomane averti, mais j'ai quand même été choqué par le massacre de "l'air de la reine de la nuit" (extrait de La Flûte enchantée, de Mozart)... C'est quand même nettement plus joli chanté par Natalie Dessay. Le pire est que Meryl Streep s'est correctement inspirée du modèle, que l'on entend à la toute fin.

   C'est aussi une bonne comédie, avec, au cœur de l'intrigue, Hugh Grant... et une séquence de fiesta d'anthologie, dans le modeste appartement du mari, avec une bande de parasites et d'atypiques. Mais cela ne va pas plus loin.

dimanche, 24 juillet 2016

Elvis & Nixon

   Ce petit film brode à partir d'une rencontre qui s'est réellement produite, entre Richard Nixon (à l'époque président des États-Unis) et Elvis Presley, la star du rock, en 1970. Les États-Unis étaient en pleine guerre du Vietnam. A l'intérieur, le pays était agité par de multiples mouvements contestataires... et Elvis Presley (plus mûr qu'à ses débuts) était peut-être la vedette la plus connue du monde.

   C'est d'ailleurs une source de gags, puisque la star met les dames en émoi... et suscite l'incrédulité des hommes. La scène la plus drôle est sans conteste celle qui se déroule dans un aéroport, très tôt le matin, lorsqu'un pâle sosie du King apostrophe celui-ci, qu'il prend pour un concurrent, certes pas malhabile.

   J'ai aussi beaucoup apprécié la manière dont on nous raconte la mise en place de la rencontre, dont Nixon à l'origine ne voulait pas. Ce sont ses assistants (eux-mêmes fans d'Elvis) et les amis du King qui vont trouver le moyen de faire plier le chef du Monde Libre...

   A partir de là, tout est possible. L'arrivée d'Elvis et de ses amis à la Maison Blanche est particulièrement cocasse, avec un service de sécurité au bord de la crise de nerfs. Puis vient enfin la rencontre. Kevin Spacey est excellent en président conservateur roublard. Face à lui, Michael Shannon (vu récemment dans Midnight Special) est bluffant. Alors qu'il ne ressemble pas physiquement à Elvis, il réussit à nous faire croire à son personnage, très conscient de son aura, imbu de lui-même aussi... et très seul au fond. Il n'a que deux ou trois véritables amis, incarnés eux par des acteurs très ressemblants :

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   Et puis... au-delà de la possible candeur d'Elvis, il y a sa part de duplicité. Certes, il a pris l'initiative d'écrire une lettre à Nixon... mais, en dépit du patriotisme affiché, n'est-il pas surtout désireux de se procurer un authentique badge du F.B.I. ? Le film maintien l'incertitude quant aux véritables motivations du King.

   La fin ne manque pas de saveur non plus. Elvis accepte bon gré mal gré de se plier à la séance de photos. Nixon sort de l'entretien tout joyeux... et pense régler les problèmes posés par la Syrie et l'Irak en deux temps trois mouvements ! (Petit clin d’œil des scénaristes... Rappelons que l'action se déroule en 1970.) Et puis, soyez attentifs aux textes qui s'affichent juste avant le générique. On y apprend ce que sont devenus les personnages fort sympathiques que l'on a suivis pendant 1h25... Nombre d'entre eux ont mal tourné, preuve supplémentaire qu'il ne faut pas se fier aux apparences.

   P.S.

   D'un point de vue technique, j'ai été gêné, à quelques occasions, par l'image déformée de personnages situés aux extrémités de certains plans (notamment dans le bureau ovale). Je ne sais pas si c'est dû au film lui-même ou à la projection, défectueuse.

samedi, 23 juillet 2016

Le BGG

   Steven Spielberg a adapté le roman de Roald Dahl The BFG ("The Big Friendly Giant"), qu'il aurait été plus juste de traduire par "Le Grand Géant Gentil" (Le GGG)... parce que le géant en question est plutôt maigre, les gros géants de l'histoire étant les méchants. Il est tout de même sympathique : il a les traits de Mark Rylance (vu il y a quelques mois dans Le Pont des espions), qui confère à son personnage bienveillance et maladresse. Quoi qu'il en soit, ce géant doit rester inconnu des humains ; c'est pourquoi il enlève la petite Sophie, qui l'a vu.

   L'ambiance est un mélange des contes de Grimm et des romans de Charles Dickens : le merveilleux côtoie un réel parfois glauque (l'orphelinat) et l'héroïne, si je ne m'abuse, lit Nicholas Nickleby. (Ah, une enfant qui lit des bouquins... ça nous change des petites pétasses qu'on donne parfois comme modèles à nos gamines !) J'ai par contre été un peu désarçonné par l'ambiguïté du contexte historique. Les références précédentes évoquent plutôt le XIXe siècle... mais l'on voit des voitures (pas ultra-modernes, ceci dit) et même des hélicoptères militaires, à la fin. Au niveau politique, on aperçoit un portrait (sans doute ancien) de la reine Victoria et la souveraine qui apparaît dans la troisième partie de l'histoire est sans doute un décalque d'Elizabeth II (au XXe siècle), même si la vision du pouvoir royal est très datée.

   Pour moi, ces détails passent au second plan tant ce qui est projeté à l'écran est joli. Spielberg a construit une sorte d'enluminure animée, à mi-chemin d'ET et de certaines productions Disney. Les décors sont superbes, avec en particulier tout ce qui touche au repaire du géant gentil, qui cache bien des secrets. Magnifiques sont les scènes qui font intervenir les rêves et les cauchemars, que le géant capture dans des bocaux, avant de les envoyer, la nuit, dans l'esprit des gens endormis. Ils ont l'aspect de lucioles, mais des lucioles particulièrement agitées, qui, une fois dans les bocaux, prennent des formes étonnantes. (Soyez attentifs : l'une d'entre elles ressemble à un dinosaure poursuivant une proie... petit clin d'oeil de Spielberg !) La plus belle séquence du film est sans conteste celle qui se déroule "dans" le reflet d'un arbre. Je n'en dis pas plus : c'est sublime.

   Au niveau du scénario, j'ai un regret : que l'on n'ait pas plus creusé du côté d'un autre personnage. Je ne peux pas en dire trop, mais sachez que le Bon Gros Géant a déjà eu un compagnon par le passé...

   Et puis il y a cette séquence épatante, dans la résidence royale. Cela commence par les présentations, dans le jardin "à la française". Cela se poursuit par la scène du repas, un moment d'anthologie, tant sur la forme (la cohabitation des personnages de différentes tailles est très réussie) que sur le fond, avec les conséquences gastriques de l'absorption de la boisson gazeuse (le frétibulle) concoctée par le géant ! C'est l'occasion de remarquer qu'exceptionnellement chez Spielberg, plusieurs scènes sont marquées par un humour régressif ou "crade". Outre le champagne pétogène (gros succès dans la salle), on peut signaler les énormes concombres moisis, l'un d'entre eux permettant même à la jeune héroïne d'échapper à un méchant.

   Vu la tonalité de l'ensemble, je suis étonné qu'on n'ait pas programmé la sortie du film plutôt pour la fin d'année. C'est bien dans l'esprit de Noël. Et même si ce n'est pas un chef-d'oeuvre, c'est du bel ouvrage, à voir en ayant gardé un peu d'enfance en soi.

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vendredi, 22 juillet 2016

Independence Day - Resurgence

   Il n'est pas indispensable d'avoir vu le premier opus pour suivre l'intrigue du deuxième (et sans doute pas second). Je n'ai jamais visionné (ni au cinéma, ni ailleurs) le gros succès de Roland Emmerich, mais j'ai quand même pris la peine, avant, de lire deux-trois choses sur le numéro 1. Cela permet de comprendre immédiatement quelles relations les personnages entretiennent entre eux. De ce point de vue, on n'est guère aidé par les dialogues, d'une grande platitude. Quand on pense à la carrière de plusieurs des acteurs présents au générique, on se dit qu'ils doivent avoir des fins de mois difficiles.

   Au niveau de l'intrigue, cela repart presque comme dans le premier film, avec une nouvelle invasion extra-terrestre, mais encore plus puissante et dangereuse. Les cinéphiles avertis repèreront les emprunts à Alien, à La Guerre des étoiles et à d'autres films catastrophe. Le jeu consiste à deviner qui va mourir, qui va sauver le monde et qui va se révéler meilleur qu'il(elle) n'est au début de l'histoire.

   La distribution veut contenter tout le monde. Dans ce présent alternatif (l'action se déroule en 2016), les humains ont mis fin à leurs querelles stériles, pour former un gouvernement mondial, dans lequel la présidente des États-Unis tient une place importante... (Coucou, Sela Ward des Experts Manhattan !) A l'écran, cela donne des héros américains, chinois, européens, africains. On a aussi pris soin de mélanger les générations. Les "vieux" spectateurs retrouveront avec plaisir certains acteurs du premier film. Pour intéresser le jeune public à ces nouvelles aventures, on a donné un rôle majeur à de nouvelles figures, comme le fils du pilote Hillel, la fille de l'ancien président des États-Unis et quelques autres personnages inventés de toutes pièces pour cet épisode. Tous sont des archétypes, que l'on retrouve dans nombre de fictions grand public.

   Le résultat ? Un bon film d'action, souvent trépidant, avec des effets spéciaux éblouissants, un gros travail sur les costumes et les décors, le tout servi par une musique adaptée. Certaines séquences sont même assez élaborées, comme le début sur la Lune ou le premier passage en Afrique. Cependant, globalement, c'est de la grosse caisse, qui ne s'embarrasse pas de subtilités. Un soir, après un bon repas, ça fait agréablement passer le temps.

   P.S.

   Je ne vais pas rallonger inutilement ce billet, mais je tiens à signaler que, pour savourer pleinement le spectacle qui nous est proposé, mieux vaut faire preuve d'indulgence à l'égard du scénario. Le plan d'ensemble est bien conçu mais, dans le détail, l'abus du "juste à temps" est pénible et certains problèmes se résolvent miraculeusement vite. Peu réalistes aussi sont les scènes faisant intervenir des "huiles". La manière dont les décisions sont prises et la mise en scène des règles de sécurité auraient mérité d'être davantage travaillées... mais on avait peut-être déjà dépensé tous les sous dans les effets spéciaux. Et même dans ce domaine, tout n'est pas réussi : la possibilité qu'un gigantesque vaisseau spatial (de 5000 kilomètres de diamètre, si j'ai bien compris) puisse se poser sur l'océan Atlantique, en prenant appui sur la côte est des États-Unis, sur Londres et sur Paris me paraît hautement improbable.

23:01 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Lea

   Ce film italien rend hommage au combat de deux femmes, Lea Garofalo et sa fille Denise, qui ont tenté d'échapper aux griffes de la mafia calabraise, la 'Ndrangheta, très présente dans la pointe de la botte italienne, mais aussi dans le Nord, du côté de Milan (en Lombardie) :

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   L'histoire s'étend sur une trentaine d'années, de la naissance de la relation entre Lea et Carlo (dans les années 1980) jusqu'au procès qui s'est tenu au XXIe siècle. Le film s'achève sur un extrait d'images d'actualités, dont je ne peux révéler la teneur pour préserver un peu de suspens.

   Entre ces deux moments, on suit une jeune femme, dont le père est décédé et dont le frère a rejoint le gang du coin. Il a peut-être même de l'avenir dans l'organisation, à condition qu'il se plie à l'ensemble de ses règles. Sa frangine, elle, est du genre rebelle, avec un tempérament haut en couleur qu'on retrouve souvent chez les femmes méditerranéennes confrontées au machisme ambiant.

   On a du mal à comprendre pourquoi elle se maque avec l'homme de main de son frère, un gros nounours très prévenant... et qui va monter en grade. Dans la région, on n'est pas bien riche et l'engagement dans un groupe mafieux peut paraître enviable à certains jeunes hommes. Cette mini-fresque a donc aussi un aspect sociologique. Si ce sont incontestablement les victimes qui sont mises au premier plan (contrairement à ce qu'on a pu voir dans quantité de productions hollywoodiennes complaisantes), le portrait qui est tracé des "dominants" est assez fouillé.

   La seconde partie de l'histoire nous permet de suivre les pérégrinations de la mère avec sa jeune fille (que le papa voudrait récupérer). Sous protection de la police, elle va pas mal voyager en Italie et envisager même de refaire sa vie avec un autre homme, divorcé. Dans le même temps, sa fille mûrit vite, ayant senti le poids des pressions qui s'exercent sur les femmes dans le milieu mafieux.

   L'intrigue rebondit dans la troisième partie, dans un sens que je ne peux révéler. On aboutit à un procès, filmé de manière sobre et digne. Les sujets (graves) qui font l'objet des débats sont abordés dans toute leur complexité : le procès a permis de mieux comprendre le fonctionnement de la 'Ndrangheta.

   Les actrices sont formidables et leurs collègues masculins sont très bons. Alors, oui, c'est une histoire assez dure, mise en scène de manière classique. Mais cela donne un film extrêmement fort.

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jeudi, 21 juillet 2016

L'Outsider

   Il n'est pas facile de voir ce film consacré à l'affaire Kerviel, sorti le mois dernier. Pourtant, le sujet est porteur et plusieurs acteurs renommés sont à l'affiche (en particulier François-Xavier Demaison et Sabrina Ouazani). C'est toutefois le moins connu du groupe qui m'a le plus impressionné : Arthur Dupont incarne un Jérôme Kerviel très crédible et tout en nuances. Signalons aussi la qualité des seconds rôles, interprétés par Mhamed Arezki (remarqué dans Candice Renoir), Benjamin Ramon ou encore Sören Prévost (le fils de Daniel).

   Le "héros" ne nous est pas présenté comme un ange ou un chevalier blanc de la finance. C'est d'abord un Rastignac du XXIe siècle, issu d'une famille modeste, qui tente de se faire une place au soleil. Cela nous vaut quelques scènes touchantes avec les parents, dont il s'éloigne peu à peu.

   Le film mérite le détour aussi pour la description du petit monde des traders, avec sa hiérarchie implicite, son arrogance et sa grossièreté. Le jeune Kerviel fait tache dans ce milieu où pullulent les fils à papa. Chacun est attaché à son statut : "trader", "assistant", "chargé du middle office"... Il existe aussi un service interne de contrôle des risques, subtilement surnommé "la Gestapo" par les traders... D'ailleurs, qu'est-ce qu'ils sont grossiers ! C'est vraiment une bande de beaufs, un comble pour des types (il y a très peu de femmes dans le "saint des saints") souvent bardés de diplômes.

   Concernant la spéculation elle-même, on n'apprend pas grand chose. Le réalisateur a reconstitué la salle des marchés et tente de faire saisir l'importance des tensions que le travail sur ordinateur crée. Pas facile pour les non-spécialistes de s'y retrouver. Le dossier de presse mis en ligne sur le site du distributeur tente de combler les vides.

   Comme grosso modo tout le monde sait à peu près comment cela va se terminer, l'intrigue prend la forme d'un thriller sentimentalo-financier. La vie personnelle du héros est bouleversée par son travail... dans lequel il prend de plus en plus de risques. Le propos du cinéaste n'est pas neutre : il est implacable pour la Société Générale, en particulier ses cadres, qui ont laissé Kerviel agir à sa guise tant que ça leur rapportait du fric et qui lui ont tout collé sur le dos quand la situation s'est dégradée. Au passage, le film laisse entendre qu'ils n'y comprenaient pas grand chose, tant les manoeuvres de Kerviel étaient alambiquées. On s'aperçoit aussi que ce travail de courtier s'apparente un peu trop souvent au jeu de casino, à ceci près qu'ici des milliards d'euros et des centaines de milliers d'emplois sont en jeu.

   Même si ce n'est pas une oeuvre magistrale, c'est un bon film de genre, qui tient parfaitement la distance.

mercredi, 20 juillet 2016

L'Age de glace V : les lois de l'univers

   Voici de retour la horde la plus sympathique du monde de l'animation. Au "noyau dur" originel se sont rajoutés deux personnages rencontrés dans le précédent film : Mémé (toujours aussi caractérielle) et Kira, la ravissante tigresse. On ne la voit hélas que très peu, les scénaristes n'ayant guère développé son idylle avec Diego. Seule une scène m'a marqué, celle qui nous montre la manière dont les deux félins sont perçus par les autres (petits) mammifères. C'est bien vu. Par contre, la grand-mère (de Sid) est souvent présente. Elle va même s'amouracher d'un lapin (!)... et, pendant un court instant, on va la découvrir telle qu'elle était 50 ans auparavant... choc garanti !

   Évidemment, Scrat est là, au début, au milieu, à la fin... et même après la fin (dans la première partie du générique). Comme dans La Dérive des continents, l'action du frénétique écureuil préhistorique est la source de gigantesques bouleversements, de la création de météores à un gigantesque mouvement de marée... référence biblique incluse ! Ces séquences sont pour moi les plus hilarantes, souvent truffées de références (aux Dix Commandements, à 2001, L'Odyssée de l'espace... et au programme Apollo) et très inventives (avec des jeux sur la gravité).

   L'autre personnage clé de ce cinquième volet est Buck, la belette rencontrée dans le troisième épisode. On le retrouve en pleine action, tentant de sauver l’œuf d'un herbivore, convoité par un trio de dinosaures volants méchants et un peu crétins. C'est un véritable moment de bravoure, tourné comme un plan-séquence, sur l'air de Figaro (dont les paroles ont été modifiées pour l'occasion). Les vieux téléspectateurs (amateurs de dessins animés) y verront un hommage... à Bugs Bunny, dont l'une des aventures s'appuie sur l'ouverture du même opéra, Le Barbier de Séville, de Rossini... opéra qui sert aussi de cadre à Long-haired hare ("Le Lièvre aux grands cheveux"), dans lequel Bunny le joueur de mandoline s'oppose au chanteur qui répète l'air de Figaro.

   Mais revenons à nos moutons (préhistoriques). Buck la belette dynamite une intrigue qui, sans lui, serait trop convenue : Pêche, la fille des mammouths, est désormais en âge de se marier... et elle a choisi un djeunse qui ne plaît pas trop au papa. (Il est toutefois moins déplaisant que les personnages d'adolescents mis en scène dans L'Age de glace IV.) Mais, bon, à partir du moment où l'on sait qu'il s'agit d'un film familial (dans lequel les mammouths incarnent les Américains moyens, obèses ou en surpoids), on doit accepter certains clichés.

   Fort heureusement, on retrouve aussi les deux rats sales et débiles, sources de plaisanteries pas vraiment fines. Quelques gags sont particulièrement réussis, comme lorsqu'il est question d'électricité statique ou lorsqu'on nous montre ce qui se passe dans la tête de Buck ! (Petit clin d’œil à Vice Versa ?) Enfin, alors que la fine équipe tente de trouver un moyen d'empêcher une météorite de détruire la planète, elle va faire une rencontre étonnante, celle d'un groupe de personnages très spéciaux, leur chef, d'une grande zénitude, étant... un lama !

   Si l'on ajoute à cela la qualité de l'animation, toujours impressionnante (observez notamment le pelage des mammouths et celui de Scrat), on passe un très bon moment... et j'ai du mal à comprendre les critiques qui ont fait la fine bouche.

14:17 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

lundi, 18 juillet 2016

Tarzan

   Attention : cette nouvelle version cinématographique des aventures de l'homme-singe n'est pas une production Disney, mais de la Warner Bros. Ce n'est donc pas un film destiné au jeune public, que de nombreuses scènes risquent d'effrayer. D'une certaine manière, cet opus se veut plus fidèle à l'oeuvre d'Edgar Rice Burroughs (qui n'était pas très satisfait de la manière dont on avait adapté ses romans), dont je parlerai un peu plus loin.

   Deuxième écueil à éviter : ne pas s'attendre à ce que l'on nous raconte l'histoire à partir du début. L'intrigue commence alors que Tarzan (devenu Lord Greystoke) vit au Royaume-Uni, en compagnie de sa chère Jane. A plusieurs moments, au cours du film, des retours en arrière (en partie visibles dans la bande-annonce) vont nous rappeler ce qu'il s'est passé avant, de l'enfance du héros jusqu'à sa rencontre avec sa dulcinée.

   Ici, l'intrigue tourne autour de la conquête coloniale et d'une vengeance. Un chef de tribu africain veut mettre la main sur Tarzan et le tuer. Pour ce faire, il va s'appuyer sur la cupidité des Européens, dont l'action néfaste est dénoncée tout au long du film, qui fait un procès sans nuance de la colonisation. Les scénaristes ont aussi fait en sorte de donner l'image la moins négative possible des Africains, au risque de passer à côté d'une partie de la réalité historique des années 1884-1889. Les spectateurs pointilleux tiqueront aussi à certaines inexactitudes, la plus flagrante étant la référence à un roi de France... sous la IIIe République !

   A part le couple de héros, le seul Occidental montré positivement est... un Noir américain, ancien soldat nordiste durant la guerre de Sécession. (Ah, les gentils Zaméricains contre les méchants Zeuropéens !...) Samuel L. Jackson lui donne sa prestance et sa truculence.

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   Mais il n'est pas le personnage le plus marquant. Ce n'est pas non plus Tarzan, correctement incarné par Alexander Skarsgård, qui a acquis une musculature impressionnante... et de sacrées paluches, ce qui au passage le rend physiquement plus proche de l'être décrit jadis par Edgar Rice Burroughs. Tous ces acteurs passent au second plan, derrière le méchant le plus machiavélique de l'histoire, cet homme à tout faire du roi de Belgique, interprété (avec brio) par Christoph Waltz.

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   C'est donc un film d'aventures, avec ses grands espaces, ses mystères, ses complots et ses trahisons... mais aussi de l'amour et un peu de philanthropie. David Yates (auquel on doit plusieurs Harry Potter) est aux manettes. Toutes les scènes avec les animaux sont emballantes, qu'elles soient intimes (avec la maman gorille ou les félins) ou spectaculaires (avec les troupeaux en marche). Du côté des femmes, on a (heureusement) modernisé le schéma d'origine : Jane n'est plus cette jeune fille en fleur que tout effraie. Margot Robbie incarne (superbement) une femme de tête, qui partage avec Tarzan une certaine communion avec la nature.

   C'était le gros point faible du roman d'origine, qui date de 1912 et qui vient d'être réédité en collection de poche par les éditions de l'Archipel :

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   Jane y apparaît un peu godiche, qui n'ose guère se rebeller contre la domination masculine, hélas prégnante à cette époque. Au quotidien, elle est servie par Esmeralda, une Noire présentée comme particulièrement stupide, prompte à s'évanouir.

   Dans le roman, la vie du jeune Tarzan ("peau blanche") en compagnie des grands singes est décrite dans le détail... et c'est très violent. Les Africains avec lesquels le héros va entrer en contact ne bénéficient pas d'un meilleur traitement, bien au contraire : ils sont dépeints comme des êtres cruels, cannibales et adeptes de la torture.

   L'auteur (Burroughs) réussit à nous plonger dans le psychisme du garçon, qui devient un homme hors du commun. Hors du commun par le physique (ce que le film traduit partiellement). Hors du commun aussi par l'intellect, puisque, grâce aux affaires abandonnées dans la cabane de ses parents, il va réussir à apprendre à lire et écrire l'anglais... sans savoir le parler. (A ce propos, je me demande dans quelle mesure il est possible qu'un enfant qui n'a jamais entendu parler une langue humaine puisse l'apprendre, une fois devenu adulte.)

   La France occupe une place non négligeable dans l'intrigue. Le pays est d'abord montré comme un concurrent du Royaume-Uni dans la conquête de l'Afrique. Toutefois, lorsqu'un équipage français débarque dans la crique où certains personnages ont été abandonnés, ses membres sont présentés de manière très positive : ce sont des hommes courageux et serviables. De plus, la France va jouer un rôle important dans le changement de statut de Tarzan : il s'y familiarise au mode de vie occidental, y apprend plusieurs langues et y découvre un moyen de déterminer avec certitude son identité. La langue française est aussi à l'honneur, puisque le père de Tarzan l'utilise pour rédiger son journal... et que c'est la première langue que l'homme-singe va apprendre à parler, avant de passer à l'anglais.

   Quant à la fin de ce premier volume (Burroughs en a écrit une trentaine, plusieurs ayant été mis à contribution pour construire l'intrigue du film), elle est ouverte. L'histoire s'interrompt non pas au Royaume-Uni, mais aux Etats-Unis, alors que Jane a beaucoup de mal à choisir l'homme avec lequel elle va passer sa vie.

dimanche, 17 juillet 2016

Apprentice

   Ce film singapourien (en réalité une coproduction internationale) a été présenté au dernier Festival de Cannes, dans la section Un certain regard. L'intrigue est centrée sur le personnage de "l'apprenti", cet ancien soldat, encore jeune, devenu gardien de prison, dans un établissement qui pratique les exécutions capitales (par pendaison).

   Il y a donc un aspect documentaire dans cette histoire. On découvre à la fois le travail des gardiens de prison asiatiques et celui du bourreau, très technique. La question de la peine de mort est abordée de manière froide, sans le militantisme lourd de certains abolitionnistes occidentaux. Le réalisateur nous présente une série de condamnés, sans trop creuser du côté du motif de condamnation. (On remarque quand même que les crimes liés à la drogue sont très présents.) Ce sont des hommes et des familles que l'on nous montre. En face, le portrait du bourreau est sensationnel, avec un acteur très charismatique (Wan Hanafi Su).

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   Mais le plus impressionnant est sans conteste Fir Rhaman, un très bon choix que ce jeune homme à la fois musculeux et torturé de l'intérieur, qui nous fait pleinement croire à son personnage.

Corde 1.jpg   Le jeune homme, plutôt du genre taiseux, a quelques secrets. Devenir gardien dans cette prison-là n'était pas le fruit du hasard. Si l'on découvre assez vite ce qui, dans le passé, explique son parcours, on n'est pas plus avancé quant à ses motivations profondes. Cela maintient le suspens jusqu'à la fin, sans que cela ne génère une tension extraordinaire.

   Dans le même temps, on suit le jeune homme dans sa vie quotidienne. Apparemment, il n'a plus ses parents. De ses ascendants, seule la grand-mère maternelle semble encore en vie. Le héros habite avec sa soeur aînée, avec laquelle les relations sont compliquées.

   Le milieu professionnel dans lequel évolue le jeune homme est aussi l'objet d'une étude. On y emploie deux langues, le malais et l'anglais. La seconde est la langue officielle de Singapour, celle que maîtrisent parfaitement les gradés (souvent d'origine chinoise), qui ont suivi des études supérieures, tandis que les autres sont d'ethnie malaise. Dans les conversations, les deux s'entremêlent quelques fois.

   Ajoutons que l'image est soignée, avec de beaux contrastes d'ombres et de lumière, que l'on doit au directeur de la photographie (français) Benoît Soler. L'originalité de certains plans tient aussi au positionnement de la caméra et au cadrage. On sent que la mise en scène a été travaillée. Cela donne encore plus d'intérêt à ce film en apparence modeste, mais d'une force indéniable.

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samedi, 16 juillet 2016

The Strangers

   Ce polar d'épouvante porte à l'origine le titre Gokseong, du nom du district sud-coréen dans lequel se déroule l'action. Il se trouve dans le sud-ouest du pays, loin des grands centres urbains, dans une région encore très boisée où l'inexplicable peut se produire...

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   On suit le travail d'un duo de policiers assez bas de plafond et pas très durs à la tâche. Une série de meurtres horribles vient déranger leur routine quotidienne. Pendant au moins une heure, on se demande quelle en est la cause : un tueur en série, une intoxication alimentaire ou une intervention surnaturelle ? L'un des suspects est un vieux Japonais, qui vit seul dans la montagne et ne semble rien redouter. Lorsque la fille de l'un des policiers est à son tour touchée par un mal mystérieux, l'intrigue dérape dans le paranormal, avec d'explicites références (notamment) à L'Exorciste.

   C'est le moment de souligner l'excellente composition de la meilleure actrice du film, la gamine, aussi crédible en petite fille modèle qu'en enfant soudain très mûre pour son âge puis en possédée. Je suis beaucoup moins satisfait de la prestation de l'acteur principal, qui en fait des tonnes. D'abord, son personnage m'est assez antipathique : c'est un gros beauf, le petit roi d'une famille où ce sont les femmes (son épouse et sa belle-mère) qui se tuent à la tâche, pendant que monsieur ne pense qu'à faire la sieste, s'empiffrer et, accessoirement, culbuter sa maîtresse. De plus, au cours de l'histoire, son évolution n'est guère crédible : de père absent (qui achète le silence de sa fille à l'aide de multiples cadeaux), il devient défenseur héroïque de la vie de sa progéniture. Et qu'est-ce qu'il chiale !...

   Au moins, c'est bien filmé. On a droit à un bon film gore, avec un suspens qui tient la route. Mais, au bout de deux heures, on tombe dans le grand-guignol. C'est surjoué et, quand on rit, c'est du ridicule de certaines situations pourtant présentées de manière sérieuse. La dernière demi-heure m'a toutefois agréablement surpris, avec la mise en parallèle de trois scènes, une se déroulant au domicile du policier, une autre dans les rues de son village, la troisième dans une grotte. C'est très bien vu, mais, d'un point de vue scénaristique, l'intrigue s'achève dans une impasse.

 

POURQUOI LE SCÉNARIO EST UN GROS FOUTAGE DE GUEULE

(ATTENTION, JE DÉVOILE CERTAINS POINTS-CLÉS DE L'INTRIGUE)

 

   A la fin, même les plus décérébrés des spectateurs ont compris que le Japonais est une incarnation du diable (dommage... j'aurais bien aimé que les préjugés xénophobes des habitants soient battus en brèche). Donc, le chaman n'est a priori pas son allié, puisqu'il a failli le mettre hors d'état de nuire par son exorcisme traditionnel. Cependant, à cette occasion, on réalise que les sorts jetés par le démon permettent aussi de "retirer" du circuit les habitants infectés, devenus des zombies (autre référence cinématographique). C'est donc contradictoire... tout comme le comportement dudit chaman à la toute fin, qui le voit agir comme le démon (il prend des photos des victimes). Peut-être est-ce alors la femme en blanc qui est du "bon" côté. Ses sortilèges semblent pouvoir contrecarrer la possession... mais on nous la montre odieuse avec le chaman, qui la croit complice du démon... avant que la femme elle-même ne dénonce le Japonais et ce chaman en discutant avec le policier. N'est-elle pas aussi un esprit manipulateur ?

   En réalité, il ne faut pas y chercher une mécanique bien huilée. C'est du n'importe quoi et c'est dommage, parce que le film a une grande force visuelle. Mais, comme The Chaser il y a quelques années, il manque de rigueur.

23:06 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 15 juillet 2016

La Grande Vadrouille

   C'est l'un des films que j'ai le plus vus (avec Le Père Noël est une ordure, Blade Runner et Pulp Fiction)... mais, jusqu'à il y a peu, jamais au cinéma. C'est désormais chose faite, avec la ressortie en salle d'une copie restaurée. Le cinéma de Rodez s'en est procuré une.

   On retrouve avec plaisir certaines scènes cultes, comme celle des bains-douches (d'une réjouissante et forte ambiguïté, pour l'époque), celle de la poursuite avec les citrouilles ou encore celle de la nuit à l'hôtel, avec l'interversion des chambres. Les gags fonctionnent toujours, notamment grâce à l'abattage de Louis de Funès (alors que le jeu de Bourvil a plus mal vieilli). On remarque aussi la qualité des seconds rôles, qui donnent de la vie et même de la truculence à de nombreuses scènes.

   Sur le plan visuel, on a vu beaucoup mieux depuis. De plus, les trucages sont très visibles. Il ne me semble pas que la restauration apporte grand chose ; elle a sans doute eu pour objectif principal de sauvegarder le film. On risque aussi d'être déçu si l'on attend de cette comédie une analyse approfondie de l'Occupation. C'est ultra-schématique, parfois même invraisemblable ou erroné... mais on ne vient pas voir l'adaptation d'une thèse de troisième cycle. Notons cependant que les scènes d'action sont bien conçues.

   Cette ressortie est l'occasion d'entre apprendre plus sur la petite histoire et ses protagonistes. Même France Culture s'y est mise, c'est vous dire ! A ceux qui ne l'auraient jamais remarqué (ou qui l'auraient oublié), signalons par exemple que la fin a été tournée en Lozère (donc bien plus au sud que l'endroit indiqué dans l'intrigue)... et que ce n'était pas la conclusion prévue à l'origine. Gérard Oury avait envisagé une autre fin (plus logique à mon avis), à laquelle il a dû renoncer pour des raisons budgétaires.

   En ces temps troublés, cette petite cure de jouvence fait du bien !

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mercredi, 13 juillet 2016

Ninja Turtles 2

   Moins de deux ans après le succès du premier volet de la nouvelle série, on retrouve les tortues les plus évoluées et les plus crétines du monde cinématographique. Figure aussi au casting la pulpeuse Megan Fox, moins transparente que dans le précédent opus. Par contre, on ne voit que très peu le "gourou" Splinter. Toutefois, à l'occasion de l'une de ses rares apparitions, il nous gratifie d'une jolie démonstration de son savoir-faire (celle-ci faisant l'objet d'un mauvais tour joué par les tortues à leur nouvel ami).

   C'est d'ailleurs l'un des atouts de cette histoire sans trop de surprises : l'humour. Cela commence durant un match de basket-ball, auquel assistent en secret les héros mutants. Evidemment, l'un d'entre eux va faire une connerie, qui bouleverse le cours du match... et nous vaut une première course spectaculaire et comique. C'est du bon boulot.

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   Mais la séquence la plus impressionnante (et drôle) est sans conteste la poursuite avec le camion-benne, transformé en merveille de technologie par l'intello de la bande. Comme il n'est pas encore tout à fait au point, certaines commandes dysfonctionnent... pour notre plus grand plaisir. Là encore, le plus jeune du groupe va commettre une grosse gaffe. Ces gags s'insèrent parfaitement dans une séquence remplie d'action, avec des motards et même un vaisseau spatial, qui intervient dans l'évasion du méchant Shredder. C'est l'occasion pour nous de découvrir un nouveau super-vilain, Krang, à l'apparence bien dégueulasse... et qui (au début) ne maîtrise pas tout à fait l'enveloppe robotique dans laquelle il s'est implanté !

   Une autre bonne surprise de cet épisode est l'arrivée de deux nouveaux acolytes de Shredder, Bebop et Rocksteady, deux petites frappes, limite des losers, qui deviennent redoutables à partir du moment où ils ont subi une "légère" transformation. Cependant, l'amélioration de leur génome n'a pas débouché sur celle de leur intelligence : ils sont toujours aussi crétins... et c'est très bien ainsi ! Ces deux caïds sont moches, sales, avec un bide proéminent... et amateurs de plaisanteries pas fines.

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   Sur le fond, l'intrigue pose la question de l'acceptation par le grand public des personnes "anormales". Les tortues doivent-elles sortir de leur anonymat ? Ne vaudrait-il pas mieux qu'elles se débarrassent de leur apparence disgracieuse, quitte à perdre leurs pouvoirs ? Ces questions vont diviser la joyeuse bande, que l'adversité va contribuer à ressouder.

   Vivement le numéro 3 !

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mardi, 12 juillet 2016

L'Aigle et l'enfant

   Ce film mélange la fiction et le documentaire, une histoire "humaine" et une histoire animalière, celle-ci tournant autour des aigles. Le tout a été filmé principalement dans les Alpes autrichiennes (et italiennes), ainsi que dans un studio, où l'habitat naturel des aigles a été reconstitué, pour suivre la croissance des petits, comme on l'apprend dans le passionnant dossier de presse publié par le distributeur.

   Je fais partie de ceux qui considèrent l'intrigue comme secondaire. Les acteurs ne sont d'ailleurs pas exceptionnels, avec un Jean Reno qui nous la joue Tchéky Karyo sortant (fatigué) du tournage de Belle et Sébastien. Dans le rôle du père, Tobias Moretti ne m'a pas plus convaincu. Heureusement, Manuel Camacho (Lukas) fait meilleure impression. Il s'en sort même très bien avec les animaux, résultat sans doute de son travail préparatoire dans une fauconnerie.

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   Le principal intérêt du film réside dans son aspect documentaire. Les paysages sont magnifiques, quelle que soit la saison. Les animaux, sauvages ou domestiqués, sont très bien mis en valeur, soit par les vues d'ensemble, soit par les (très) gros plans. La production a même mis au point une mini-caméra spéciale pour filmer les aigles. Le résultat est saisissant.

   Dès le début, on est captivé par la naissance de l'aiglon et la jeunesse des deux petits. Superbes aussi sont les scènes aériennes. On est évidemment attendri par la maladresse et la faiblesse des aiglons, l'un d'entre eux, tombé du nid, étant recueilli par Lukas, le garçon orphelin de mère qui semble reporter sur Abel l'affection qu'il aurait aimé dispenser à sa maman. Tant qu'il est dépendant du garçon pour son alimentation, l'aiglon joue en quelque sorte le rôle d'un chat domestique, étrangement affectueux, à la fois précautionneux et maladroit, parfois capricieux.

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   L'intérêt animalier ne se limite toutefois pas aux aigles. Au détour d'une scène, on croise des marmottes, une souris, des renards, un loup, des chamois... et même un cerf. A l'écran, c'est d'une beauté incroyable, d'autant plus qu'on a soigné la partie sonore. On en oublierait volontiers l'intrigue, tant l'évolution des animaux dans leur milieu naturel captive l'attention.

   Certaines scènes sont vouées à rester dans les mémoires, comme celle qui voit un aigle faire sa toilette dans un lac de montagne (un événement pas du tout prévu par les équipes de tournage) ou encore cette chasse au chamois, digne des meilleures cascades hollywoodiennes. (La production signale qu'aucun animal n'a été maltraité durant le tournage.)

   Sur le fond, l'histoire n'est pas idiote. Sans en dévoiler trop, je peux dire que la rivalité entre les deux frères à plumes est résolue de manière intelligente. De plus, au contact de l'aiglon et du garde-forestier, Lukas va mûrir. Il parvient enfin à faire son deuil et accepte que "son" animal domestique retourne à l'état sauvage, le plus adapté à son mode de vie. Le paradoxe est que ce discours "éthologique" est mis en scène en grande partie avec des animaux dressés. Mais le film mérite vraiment le détour.

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lundi, 11 juillet 2016

La Tortue rouge

   Cette animation franco-belgo-japonaise (avec les studios Ghibli) a été présentée au dernier festival de Cannes, où elle obtenu le prix spécial du jury d'Un Certain Regard. Sa sortie en salles a donc été logiquement accompagnée d'une pluie d'éloges.

   Attention toutefois : c'est plutôt destiné aux adultes... et il n'y a aucun dialogue, pendant 1h20 ! Cela passe sans problème, parce qu'un gros travail a été effectué sur les sons. On entend donc les bruits de l'océan, du vent dans les arbres, les cris des animaux etc. A l'écran, l'image est de très bonne qualité, avec un gros travail notamment sur les reflets. (Notons que le chef animateur, Jean-Christophe Lie, a réalisé le plaisant Zarafa.)

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   L'histoire est quasi philosophique. On suit la vie d'un homme, de son échouage sur une île déserte à son décès. Dans un premier temps, on rit de ses efforts pour se débrouiller sur l'île, et tenter de la quitter. On apprécie aussi les apparitions (souvent comiques) des petits crabes. Dans un second temps, une relation particulière va se nouer avec une tortue rouge. Quelques péripéties viennent jalonner une intrigue un peu trop prévisible parfois : la chute dans une crevasse d'eau, un tsunami. Cela donne un film agréable à suivre, mais qui ne m'a pas plus emballé que cela.

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J'EXPLIQUE POURQUOI DANS LA SUITE DU BILLET, MAIS J'Y DÉVOILE AUSSI DES ÉLÉMENTS CLÉS DE L'INTRIGUE

 

   On a parlé d'un hommage à la vie humaine. Il ne nous en est proposé qu'une vision, celle du couple hétérosexuel. De surcroît, ce couple n'a qu'un enfant, une possibilité à laquelle on ne peut pas croire étant donné l'absence de moyens (sanitaires, contraceptifs) qui marque la situation des humains sur l'île. On va me trouver trop terre-à-terre, mais reconnaissons qu'il faut faire preuve d'une certaine indulgence pour accepter toutes les ellipses et licences poétiques dont est émaillé le récit.

   Et puis, on résume la vie humaine à la formation d'un couple et la "production" d'une descendance, ce qui me paraît très réducteur. Ces aspects, s'ils n'effacent pas la qualité de l'animation et la beauté de certains plans, en limitent quand même l'intérêt.

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dimanche, 10 juillet 2016

Irréprochable

   A priori, on est tenté de penser que l'adjectif qualifie la trouble héroïne Constance (Marina Foïs, césarisable... mais cela sera dur face à l'Isabelle Huppert de Elle). Bien qu'au chômage, elle reste une battante, qui entretient soigneusement corps, s'habille bien et ne perd pas le contact avec son milieu professionnel. On sent qu'elle est même prête à "payer de sa personne", si vous voyez ce que je veux dire...

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   Le grand intérêt de l'histoire est de nous faire découvrir, par petites touches, d'autres aspects de sa personnalité, qui écornent un peu le tableau. Ainsi, dans la seconde moitié du film, on apprend des choses qui donnent du recul vis-à-vis de certaines scènes du début. L'opinion des spectateurs suit le cheminement inverse concernant sa concurrente, Audrey. Au départ, on la voit avec les yeux de Constance, qui d'instinct déteste cette (ravissante) jeune femme, adepte de la mini-jupe et qui accepte un statut très précaire pour décrocher le job. Au fur et à mesure que l'intrigue progresse, on la découvre sympathique, bosseuse, compétente, pleine de doutes quant à sa relation avec un petit copain expatrié en Russie. C'est peut-être bien elle qui mériterait le qualificatif d'irréprochable. Dans le rôle, Joséphine Japy (remarquée dans Cloclo) est parfaite.

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   Au second degré, à plusieurs reprises, j'ai senti comme une drôle de relation entre les deux actrices. Elles sont un peu dans la situation de leurs personnages, à ceci près que, pour l'instant, c'est "la vieille" Marina Foïs qui tient le haut de l'affiche.

   Il faut dire qu'elle est impressionnante. Elle est pleinement entrée dans le rôle et réussit à nous faire toucher du doigt toute l'ambiguïté de son personnage, à la fois victime et prédatrice. On pense inévitablement au Couperet, de Costa Gavras, avec José Garcia (un autre acteur issu de la comédie qui s'est révélé dans un registre dramatique).

   Face aux deux femmes, deux hommes tirent leur épingle du jeu. Jérémie Elkaïm (déjà très bon l'été dernier dans Les Bêtises) incarne l'objet du désir, l'ex-copain de Constance, désormais père de famille, mais toujours aussi gentil et craquant (les dames se sont pâmées à plusieurs reprises dans la salle). A l'opposé, Benjamin Biolay est une enflure, l'amant menteur et violent. Il le fait très bien !

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   Sur fond de crise économique, ce polar sociétal est une excellente surprise, d'autant plus qu'il s'agit d'un premier film, signé Sébastien Marnier. Un nom à retenir.

vendredi, 08 juillet 2016

Love and Friendship

   Le paradoxe de ce film est que, réalisé par un homme (Whit Stillman, inconnu au bataillon), il met en valeur les femmes, qu'elles soient vertueuses ou diablement cachottières. En fait, cette adaptation d'un roman de Jane Austen montre que, quel que soit son tempérament, pour s'en sortir, une femme doit être un peu dissimulatrice et manipulatrice.

   Au sommet de la pyramide des manipulatrices se trouve Lady Susan Vernon, incarnée avec gourmandise par Kate Beckinsale. Cette jeune veuve, dont la fille unique est désormais adolescente, a développé une série de stratagèmes pour amener les hommes dans ses filets.

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   Le scénario livre à sa convoitise une jolie brochette de mâles de différentes catégories, qu'elle va presque tous plus ou moins mettre dans sa poche. Il y a son beau-frère (le frère de son défunt mari), qui accepte de l'accueillir, au grand dam de son épouse. Il y a le jeune frère de celle-ci, Reginald de Courcy, au départ pas très bien disposé à son égard, mais qu'elle va prendre plaisir à complètement "retourner". Il y a son amant de coeur, Lord Manwaring, déjà marié, mais qui accepte d'entrer dans ses combines sentimentales... et il y a surtout l'inénarrable James Martin, terriblement bête... mais si riche ! Dans le rôle, Tom Bennett est formidable. Je n'ai jamais vu quelqu'un interpréter un parfait crétin avec autant de talent et d'enthousiasme !

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   Parmi les (rares) hommes qui échappent à l'influence de Lady Vernon, il y a le père de Reginald de Courcy, qui angoisse à l'idée que la fortune familiale tombe entre les mains d'une intrigante, et il y a M. Johnson, un riche Américain qui voit d'un très mauvais oeil le fait que son épouse fréquente une femme de mauvaise vie. Cette épouse est interprétée par Chloë Sevigny.

   C'est vraiment un plaisir que de suivre la mise en place des petits plans de l'héroïne. Elle doit se montrer d'autant plus habile qu'on cherche à lui mettre les bâtons dans les roues. Cependant, la personne la plus gênante n'est pas l'un de ses adversaires affichés, mais sa propre fille, qui fugue de la pension où elle l'avait inscrite et qui a la mauvaise idée de tomber amoureuse ! Petit à petit, on s'aperçoit que la progéniture commence à développer des aptitudes qui rendraient fière sa génitrice...

   C'est donc une délicieuse comédie, en costumes, avec des dialogues écrits dans un anglais très relevé (nous sommes dans la bonne société du XVIIIe siècle, voyons !) et un usage abondant de l'understatement, cet art de la litote que maîtrisent si bien certains Anglo-Saxons.

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jeudi, 07 juillet 2016

Sur quel pied danser

   C'est une comédie musicale, sur fond de crise économique et d'inégalité des sexes. Quand on a dit ça, on a tout dit et on n'a rien dit. L'ambiance générale évolue quelque part entre celle de Discount et celle de Jeanne et le garçon formidable (avec Virginie Ledoyen).

   L'intrigue semble être inspirée des difficultés rencontrées par l'entreprise Charles Jourdan, spécialisée dans la fabrication de chaussures de luxe. On a d'ailleurs droit à quelques extraits d'actualités anciennes, qui présentent ce secteur économique... où ne travaillaient à l'origine que des hommes, d'après les images montrées.

   Tel n'est plus le cas de nos jours. Dans l'usine Jacques Couture, seul le patron est un homme. Il a les traits de François Morel, qui lui prête sa bonhomie, mais aussi sa rouerie. Le portrait est toutefois nuancé, à l'image du film, qui n'est pas manichéen. Tous les employés de l'usine sont des femmes. L'histoire commence avec l'arrivée d'une petite nouvelle, Julie (Pauline Etienne, déjà remarquée dans La Religieuse), visiblement sans diplôme, qui trime d'intérim en CDD et voit dans cette boîte l'occasion de décrocher enfin un CDI, quel que soit le boulot proposé.

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   Elle va côtoyer une bande d'ouvrières aux caractères bien trempés. On apprend dans le dossier de presse que ce sont surtout des danseuses de formation (recrutées en Rhône-Alpes). Je trouve qu'elles jouent bien. Il y a la contremaître(sse ?), assez "vieille école", qui a la confiance du patron, mais qui défend les intérêts de ses collègues. Il y a au moins une fofolle, une révolutionnaire, une timide suiveuse... et la vieille grincheuse, un peu revenue de tout, qui va prendre l'héroïne sous son aile. Un autre personnage féminin sort du lot : celui de la secrétaire, incarnée par Julie Victor, pleine d'entrain.

   A ma grande surprise, je n'ai pas été horripilé par les parties chantées. Les chansons sont interprétées par les actrices (et les acteurs). Elles ont été enregistrées en studio. On a donc droit à du play-bac, ce qui laisse du souffle aux comédiennes, qui exécutent des chorégraphies parfois sophistiquées. J'ai même préféré les parties dansées à leur accompagnement musical. Elles s'insèrent très bien dans l'intrigue.

   Il faut quand même dire un mot des hommes. Outre le directeur de l'usine, on croise le grand patron du groupe, un jeune ambitieux, plein de classe et tout sourire... un bel hypocrite, surtout. Dans le rôle, Loïc Corbery est une révélation.

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   Les autres mâles sont les chauffeurs-livreurs d'une société qui travaille souvent avec l'usine. L'un d'entre eux attire le regard de Julie. Une (possible) histoire d'amour va donc se juxtaposer à la lutte sociale... et entrer en conflit avec.

   Je mettrai toutefois deux bémols à mon enthousiasme. D'abord, je trouve le film un peu trop en empathie avec les deux jeunes héros. Je me reconnais davantage dans certains personnages plus âgés. Je trouve que l'héroïne et son petit copain ont des comportements un peu irresponsables. Cela m'amène à la fin (que je ne vais pas raconter, bien entendu), que je n'ai pas aimée et qui ne me semble pas réaliste.

   Mais, si l'on supporte ces inconvénients, on passe un bon moment, avec une comédie originale, qui dit des choses sur la société française d'aujourd'hui.

mercredi, 06 juillet 2016

Diamant noir

   J'avais raté ce polar français à sa sortie. (Le mois dernier, quand il a été programmé à Rodez, il n'est resté qu'une semaine à l'affiche, si ma mémoire est bonne.) J'ai eu récemment l'occasion de le voir au cours d'un déplacement.

   Le titre est évidemment à double sens. Au premier degré, il évoque une pierre précieuse, extrêmement rare, mais qu'on ne voit pas dans le film, où il n'est question que de diamants "blancs"... avec, d'ailleurs, de superbes effets d'optique, de réflexion et de réfraction de la lumière.

   Au second degré, le titre qualifie le personnage principal, qu'on découvre en petite frappe au début, mais dont les talents vont peu à peu se manifester. Ce diamant méconnu va se révéler noir par ses desseins, la vengeance qu'il entend mener.

   L'intrigue a un aspect documentaire : on découvre le milieu des diamantaires, où certaines minorités sont surreprésentées (les juifs en Europe, les jaïns en Inde). On a droit à de belles scènes de taille des diamants, certains plans (avec les yeux) étant magnifiques.

   Voilà donc un jeune réalisateur de talent (Arthur Harari), qui a bâti une histoire d'amour-haine au sein d'une famille. Le tout début nous montre l'événement fondateur, mais de manière suffisamment allusive pour qu'on n'en connaisse pas tous les tenants et aboutissants.

   La mort du père (qu'il croyait disparu) de Pier (Niels Schneider étonnant) est le déclic. Ce Rastignac des temps modernes va vouloir le venger, en s'insérant dans la famille de son oncle, grâce à la bonne volonté de son cousin germain, incarné par August Diehl, un (bon) acteur allemand qu'on a vu dans Les Faussaires, Inglourious Basterds et plus récemment En Mai fais ce qu'il te plaît. La noyau familial est complété par l'épouse de l'oncle, la petite amie du cousin (Raphaële Godin, très bien) et Rick, un vieil ami, qui a connu le père du héros et qui va l'initier à la taille de pierres.

   L'intrigue semble s'orienter vers un "casse", dans un style assez classique (mais maîtrisé). Mais tout ne se passe pas comme prévu, d'abord parce que les relations entre les personnages évoluent, ensuite parce que le héros va se retrouver tiraillé entre plusieurs attachements. S'ajoute à cela la découverte du passé, de tout le passé, ce qui remet en question certaines certitudes.

   Franchement, on ne voit pas passer les deux heures.

   P.S.

   Le dossier de presse mis en ligne raconte la genèse du film, qui a suivi un chemin tortueux.

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mardi, 05 juillet 2016

Le Secret des banquises

   Décidément, le cinéma français ne cesse de surprendre, en 2016 comme en 2015. Nous voici face à une comédie romantique totalement décalée. Le nœud de l'histoire est la passion qu'éprouve une jeune laborantine (Charlotte Le Bon, excellente) pour un brillant et séduisant chercheur (Guillaume Canet, très bien), obsédé par son travail.

   La première partie de l'histoire plante le décor et présente le groupe de scientifiques, d'où émergent trois figures. Il y a Siegfried, le papa poule des souris (Damien Chapelle, au poil). Il y a aussi le drôle de duo formé par Nadine et Philippe (Anne Le Ny et Patrick d'Assumçao, qui se sont visiblement amusés comme des petits fous).

   Toute cette fine équipe travaille sur des pingouins du Cap. (J'aurais plutôt dit des manchots.) D'après le dossier de presse publié par Unifrance, une demi-douzaine de véritables animaux ont été utilisés pour le tournage, les autres étant le produit d'effets numériques. Et puis il y a Gaston, le petit dernier, tout mimi... en réalité une animatronique :

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   La deuxième partie voit le burlesque l'emporter sur l'incongru. Christophine (dont les collègues vont finir par retenir le prénom) a fait en sorte de devenir l'objet d'étude du chercheur dont elle est amoureuse. Dans le même temps, l'équipe de scientifiques tente de trouver le stimulus déclenchant, chez les pingouins (et les souris), la production d'une précieuse substance immunisante. Ils vont jusqu'à recourir à des phéromones... qui vont avoir des effets secondaires dans tout le laboratoire. Là, cela devient hilarant. Dans le même temps, la relation entre le chercheur et la thésarde amoureuse gagne en complexité.

   La troisième partie bascule un peu dans la science-fiction (et la poésie). La jeune réalisatrice (Marie Madinier, un nom à retenir) a trouvé une jolie conclusion à son histoire. Ce film est une sorte d'OVNI cinématographique. Il ne ressemble à rien, mais il  a beaucoup de charme.

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Belladonna

   Cette animation japonaise des années 1970 ressort dans les salles... et elle est interdite aux moins de 12 ans. Ce n'est pas en raison de l'hyper-violence de certaines scènes (même si le personnage principal subit un viol, représenté de manière psychédélique), mais plutôt à cause des corps nus et des phallus gigantesques qui surgissent au détour d'un plan.

   Cette profusion d'images (et, parfois) de musique m'a un peu saoulé. J'ai de plus eu du mal à rentrer dans l'histoire. La partie qui montre la jeune paysanne subir les assauts du seigneur puis tomber sous la coupe du diable ne m'a pas emballé. La suite, qui tourne autour du personnage de la supposée sorcière et de la réaction des villageois, m'a paru meilleure. Certains plans sont virtuoses, avec une grande qualité du dessin, une fluidité des mouvements et une imagination foisonnante. Par contre, je n'ai pas vu l'intérêt des plans fixes.

   Ceux dont la jeunesse a été baignée par la production commerciale japonaise de masse ne seront pas perdus : l'héroïne a de grands yeux cristallins, un corps aux formes très appétissantes et les couleurs sont chatoyantes. Mais, franchement, cette ressortie ne s'imposait pas.

 

   P.S.

   Sur un sujet approchant, allez plutôt voir The Witch.

11:44 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

lundi, 04 juillet 2016

The Witch

   La critique s'est emballée pour ce premier film d'un jeune réalisateur américain qui se lance dans l'épouvante. Un public plutôt amateur de "gore" s'est précipité pour le voir... et a été déçu... parce qu'avant d'être un film de genre, c'est de l'art et essai.

   C'est d'abord la reconstitution (soignée) de la vie des émigrés européens du début du XVIIe siècle, dans le nord-est des Etats-Unis actuels. La religion imprègne profondément la vie quotidienne de ces pionniers, confrontés à un environnement hostile et à des phénomènes en apparence inexplicables. Le tout est suggéré principalement par le hors-champ, un effet de style qui semble avoir dérouté le jeune public, peu habitué à devoir faire fonctionner ses neurones face à ce type d'histoire. Notons la grande qualité de la photographie : on a parfois l'impression d'être devant un tableau de maître.

   Les trois quarts du film sont la mise en scène des préjugés de certains personnages, qui les conduisent à penser que le diable rôde en cette contrée. Une famille est expulsée d'un bourg à cause des opinions intégristes du père. Les voilà qui s'installent en bordure de forêt, dans une zone que même les Indiens ne fréquentent pas. Très vite, le premier événement quasi surnaturel se produit, le réalisateur se risquant à briser un tabou. La mise en scène nous conduit à penser qu'un autre pourrait subir le même sort : le plus âgé des fils commence à loucher sur la poitrine de sa sœur aînée, une adolescente un peu rebelle. Signalons tout de suite la qualité de l'interprétation de ces deux personnages : Harvey Scrimshaw pour le gamin et Anya Taylor Joy pour sa sœur. Les autres sont aussi très bons, en particulier Ralph Ineson et Kate Dickie, qui incarnent les parents.

   L'intrigue tente de démontrer que c'est la bigoterie et l'hypocrisie des parents (voire des enfants) qui les conduit à leur malheur. De surcroît, ils s'aperçoivent qu'ils ne sont pas tout seuls dans la région. Mais qui peut bien habiter la forêt ?

   Malheureusement, cette construction s'effondre dans la dernière partie du film, qui renoue avec les codes du genre. Est-ce par souci commercial ? Est-ce parce que le réalisateur-scénariste n'a pas su comment terminer son histoire ? En tout cas c'est dommage. Mais cela n'enlève pas l'intérêt que suscite la majorité du film.

01:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 03 juillet 2016

Dans les forêts de Sibérie

   Safy Nebbou a adapté le récit de Sylvain Tesson, qui a, pour l'occasion, été réédité en collection de poche (folio) avec une nouvelle couverture, faisant référence au film :

Sibérie 1.jpg

   Sous la forme d'une fiction (le scénario ne suit pas rigoureusement le récit), on découvre les environs du lac Baïkal, où ce Français a passé six mois, de l'hiver à l'été 2010. C'est le grand apport du film par rapport au livre : la représentation des paysages et du lac gelé, qui est tout sauf uniforme. Cela donne des plans splendides, à voir évidemment dans une grande salle. Les sons sont aussi parfois étonnants : l'hiver, la glace subit d'intenses pressions ; au printemps, l'eau commence à chercher un passage.

   On s'attend aussi à découvrir la faune locale. Un épisode à la fois dangereux et cocasse met le héros en contact avec un ours. (Dans le livre, c'est à partir du printemps que le plantigrade surgit, mais pas de la même manière que dans le film.) On le voit aussi chasser (ce qu'il ne fait pas dans le récit écrit), mais assez peu pêcher, alors que c'est une activité récurrente dans le livre. On ne verra pas non plus les deux chiens qui deviennent les compagnons du narrateur, peut-être en raison des difficultés à tourner les scènes.

   Par contre, sur le plan narratif, le film innove en introduisant le personnage du fugitif, qui pourrait s'inspirer de l'histoire de l'occupant d'une cabane abandonnée décrite à plusieurs reprises dans le livre. Evgueni Sidikhine apporte son charisme à cet autre occupant de la forêt, plus habile que le héros, mais moins bien équipé que lui. Celui-ci est incarné par Raphaël Personnaz (vu dernièrement dans Le Temps des aveux et L'Affaire SK1). Bien qu'un peu trop "lisse" à mon goût, son interprétation est convaincante. L'amitié qui se noue entre les deux hommes est belle et très bien mise en scène. Ajoutée aux aspects sensoriels, elle fait de ce film une belle expérience de vie.

   P.S.

   A ceux qui voudraient en savoir plus sur l'histoire (vraie) qui a inspiré le long-métrage, je recommande vivement la lecture du livre. Il fourmille d'anecdotes (le héros a rencontré plus de personnes que ce qui est montré dans le film). Plusieurs aspects y occupent une plus grande place : les excursions "sportives" du héros, sa boulimie de lecture... et sa consommation de vodka.

23:17 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 02 juillet 2016

Angry Birds

   Si l'on n'a pas d'enfant ou s'ils sont en période de rejet des films d'animation (de crainte de passer pour des bébés attardés...), il faut trouver un autre moyen pour se faufiler sans honte dans la salle obscure. Une fois cet obstacle passé, on peut s'immerger dans l'univers du célèbre jeu vidéo sur portable, une création finlandaise un peu déjantée, parfois franchement régressive.

   Rappelons donc que ces oiseaux (pas encore) en colère vivent sur une île coupée du monde, qu'ils ne savent pas voler et qu'ils sont heureux et gentils... sauf un, Red, qui n'est pas sans rappeler le personnage de Colère, dans l'excellent Vice Versa :

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   En réalité, Red est un faux dur, qui aimerait s'intégrer à la communauté, se faire des amis. L'histoire a évidemment pour but de le rapprocher de ses congénères, à la suite d'une série d'épreuves qui va forger un groupe de potes. En attendant ce moment merveilleux, Red est rejeté par les habitants de l'île, qui le contraignent à suivre un stage de bonne humeur, au cours duquel il va faire la connaissance de ses futurs amis (des réprouvés, comme lui), avec lesquels, dans un premier temps, il ne s'entend pas très bien. C'est assez drôle, notamment parce que la coach en bonne humeur a la voix d'Audrey Lamy.

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   Les caractéristiques de ses (futurs) amis sont sources de gags. Il y a la grosse brute qui, bien sûr, cache un coeur sensible. Il y a le timide qui explose (une métaphore des flatulences intempestives que les bambins de la salle semblent avoir bien comprise...) et il y a le jeune impétueux, un blagueur qui ne tient pas en place.

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   L'intrigue ménage plusieurs moments particulièrement cocasses, au départ liés aux déboires de Red, comme la course d'introduction, qui voit le héros tenter de réussir une livraison, ou encore le concert country des cochons. J'ai aussi adoré les prestations de Chuck, l'une notamment étant une parodie de l'action du personnage de Vif-Argent dans les derniers X-Men. Adorables sont aussi les bébés oiseaux, avec leurs grands yeux qui dévorent leurs petits corps... mais, méfiance, tous ne sont pas des anges !

   Toutefois c'est le comique régressif, basique, qui m'a le plus plu. Assez tôt, on visualise les "explosions" de Bomb en milieu confiné... On croise aussi rapidement un oiseau éternueur... et gros expulseur de muculence. Et que dire de l'entrée en scène d'un aigle mythique (fan de la musique des années 1980...), intimement liée à un (très) long jet d'urine... Le summum est atteint lorsqu'on nous montre une maman nourrir ses oisillons... Ecoeurement dans la salle, les adultes riant plus que les enfants ! Enfin, je laisse à chacun le plaisir de goûter les nombreux jeux de mots dont sont émaillés les dialogues, très bien adaptés en français.

   Les cochons jouent le rôle des méchants, un peu comme les Minions jadis dans Moi, moche et méchant, à ceci près qu'ils n'évoluent pas dans le bon sens, ne suscitant pas la même empathie que les petits bonshommes jaunes. Les amateurs du jeu constateront avec plaisir qu'un gigantesque lance-pierre joue un rôle capital dans l'intrigue.

   Au final, sans qu'elle soit d'une grande virtuosité graphique, cette animation constitue un agréable divertissement, visible par les (pas trop) petits et les grands et comportant quelques leçons de vie propres à édifier le jeune public.

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mercredi, 29 juin 2016

Tout de suite maintenant

   Quand j'ai vu que papa Bonitzer avait tourné un film dans lequel le premier rôle féminin avait échu à fifille, je me suis dit que ça risquait d'être une daube. Mais, au générique, il y a aussi Isabelle Huppert, Lambert Wilson et Jean-Pierre Bacri... alors, j'ai profité de la Fête du cinéma pour tenter le coup.

   A mon grand étonnement, l'intrigue prend l'allure d'un thriller sociétal, à l'image de ce que le bon cinéma d'auteur français nous a déjà offert ces dernières années (avec L'Emploi du temps, Violence des échanges en milieu tempéré, Le Couperet et, plus récemment, De bon matin, Terre battue et Jamais de la vie). On nous brosse un intéressant tableau du monde de l'entreprise, plus particulièrement du travail des cadres sup' du secteur de la finance.

   Agathe Bonitzer incarne (très bien... comme quoi, faut pas être mauvaise langue) Nora, un pur produit de l'élitisme scolaire français. Ses parents sont eux-mêmes des "tronches". Passée (après de brillantes études) par un grand groupe anglo-saxon, elle décroche un poste prometteur dans une société de conseil, qui est une sorte de panier de crabes, dont il vaut mieux maîtriser les codes si l'on veut s'en sortir.

   Très vite, on comprend qu'il y a anguille sous roche. Les deux présidents-fondateurs (interprétés par Pascal Greggory et Lambert Wilson, le second étant à mon avis meilleur que le premier) sont d'anciens condisciples du père de Nora. Elle finit aussi par découvrir que l'épouse de l'un d'entre eux a connu son père, des années auparavant. Isabelle Huppert est une fois de plus épatante, éblouissante même dans deux scènes avec Jean-Pierre Bacri (le papa grincheux... rien de nouveau sous le soleil). Bonitzer aurait toutefois pu faire rejouer certains passages, où il laisse trop de champ libre à ses (brillants) acteurs.

   Parmi ceux-ci, il ne faut pas oublier Vincent Lacoste. Il confirme le bien que j'ai pensé de lui dans Saint Amour, alors que, dans ses films précédents (que ce soit Jacky au royaume des filles, Hippocrate ou Le Journal d'une femme de chambre) il m'avait laissé une impression plus que mitigée. Signalons aussi la performance de Julie Faure, qui interprète la soeur antinomique de l'héroïne. (Elle était aussi à l'affiche de Camille redouble, tout comme Vincent Lacoste d'ailleurs.)

   Le noeud de l'intrigue se trouve dans le passé... et dans un surnom. Nora est écartelée entre les sentiments et la raison. D'un côté, il y a la recherche du respect de ce père peu commode, la complicité avec sa soeur et un amour prometteur. De l'autre, il y a un patron qui lui donne sa chance, la grande intelligence de la jeune femme et sa froideur apparente, qui se révèle un atout dans son milieu professionnel.

   Même si tout n'est pas réussi dans ce film, il n'en constitue pas moins une bonne surprise du début de l'été, avec, cerise sur le gâteau, une réflexion sur ce qui est important dans la vie.

   P.S.

   Ce n'est qu'un détail mais, à la longue, j'ai été un peu agacé par la présence récurrente à l'écran de produits (ordinateurs, smartphones) d'une célèbre marque fruitière...

20:57 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films