jeudi, 25 novembre 2010
Nostalgie de la lumière
C'est un documentaire chilien, tourné principalement dans le désert d'Atacama, un des endroits les plus arides du Globe... mais aussi l'un des meilleurs postes d'observation possibles de notre univers. C'est pourquoi le Very Large Telescope européen y a été implanté... et c'est aussi pourquoi la nouvelle grosse bite européenne, E-ELT (European Extremely Large Telescope) va y être installée à son tour.
Je n'avais pas trop cherché à en savoir davantage sur le film. Du coup, je m'attendais à un documentaire original, sur un lieu méconnu, un peu à l'image d'un excellent reportage paru dans Le Monde du week-end il y a quelques mois de cela.
Le début du film va dans ce sens. Le site scientifique nous est présenté de manière quasi anatomique, le tout enrobé d'images, réelles ou de synthèse, de l'espace, des galaxies, des nébuleuses lointaines. C'est assez réussi sur le plan formel, mais je dois avouer que j'ai un peu piqué du nez.
Fort heureusement, la trame bifurque. Ainsi, on apprend qu'un camp de prisonniers du régime de Pinochet se trouvait dans la région. Ce que sont devenus les détenus ? On ne sait pas trop... ou plutôt, on sait qu'ils sont morts. Quant aux corps... On finit par voir les restes d'une femme, encore enchaînée aux pieds, les mains liées, figée dans une posture. L'arrivée soudaine de cette image provoque un choc.
Le réalisateur veut relier l'activité astronomique à l'histoire contemporaine du Chili. Dans les deux cas, il est question du passé. Dans les deux cas, il est question de calcium ! (Je vous laisse découvrir pourquoi.) Il trouve des liens plus forts. L'un des scientifiques, allemand, n'est autre que le fils d'une Chilienne qui s'était réfugiée en Allemagne.
A partir de là, le film est passionnant. On suit ces mères, épouses, sœurs, qui cherchent les restes des corps des disparus, dont les dépouilles avaient été déterrées en catastrophe par les militaires pour être jetées dans l'océan ou réenterrées en catimini dans ce trou du cul du monde.
Patricio Guzmán, dont la filmographie est marquée par l'histoire troublée du Chili, réalise un film "minéral", où l'astronomie se mêle à l'archéologie (on fouille le sol aussi à la recherche des restes des premiers habitants de la région, arrivés il y a des milliers d'années). L'une des scènes les plus réussies débute par un plan de matériaux (des roches) issus de l'espace... et l'on finit par s'apercevoir que la texture du dernier objet filmé en gros plan est celle d'un crâne humain, celui d'une victime. Nombre de dépouilles n'ont toujours pas été identifiées.
On assiste même à la découverte de corps, traités avec le plus grand soin par les chercheurs.
L'une des dernières séquences est particulièrement bouleversante. Elle nous présente l'histoire d'une rescapée, qui doit à la mort de ses parents d'être toujours en vie. (Allez voir le film pour connaître les détails.) Il se trouve qu'elle est devenue... astronome, activité qui répond à son questionnement personnel et dans laquelle elle trouve de quoi combler le vide qui l'habite.
C'est un film vraiment original, très écrit, qui surprend agréablement pour peu qu'on prenne la peine d'y entrer.
00:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, film, cinéma
lundi, 22 novembre 2010
Le musée Soulages ne fait toujours pas l'unanimité...
... loin s'en faut ! Le problème est que la vox populi ne transperce pas le rideau médiatique, qui, en général, ne délivre que la version des partisans du projet. Cependant, de temps à autre, une voix discordante parvient à se faire entendre.
Tel est le cas de Jean-Louis Chauzy, qui s'est publiquement interrogé sur le financement de la construction et surtout du fonctionnement du futur musée. Pour avoir accès à l'intégralité de l'argumentation du président du C.E.S.E.R. de Midi-Pyrénées, il fallait se tourner vers la presse non officielle, à savoir Le Nouvel Hebdo (numéro 147) :
L'hebdomadaire satirique revient d'ailleurs régulièrement sur le sujet, parfois de manière très détaillée et argumentée, comme Jean-Louis Chauzy. On ne peut pas en dire autant de leurs détracteurs.
Ainsi, le quinzomadaire gratuit A l'oeil du 18 novembre dernier s'est ému des prises de position de M. Chauzy :
Une grande déception perce dans cet entrefilet, peut-être rédigé par le maître-d'oeuvre du journal, Jean-Philippe Murat, élu conseiller municipal de Rodez en 2008, troisième sur la liste conduite par... Jean-Louis Chauzy. Peut-être conviendrait-il plutôt de s'interroger sur le bien-fondé de sa prise de position. Pourquoi M. Chauzy devrait-il forcément avoir tort ?
Celui-ci a aussi suscité l'ire de l'auteur d'un site d'information politique engagé, RodezNews. Le ton fut d'abord acrimonieux, l'auteur s'en prenant à "une poignée de grincheux qui ne connaissent probablement pas grand chose à l'art et à l'économie en général" (sympa pour Gérard Galtier et Jean-Louis Chauzy). Contestant le point de vue de ceux qui estiment que d'autres projets étaient bien plus porteurs et urgents à réaliser (comme le grand contournement de Rodez), le rédacteur se lâche : "Voilà une vision bien aveyronnaise qui ignore la réalité du monde d'aujourd'hui." C'est dingue mais cela m'a rappelé les propos outranciers du nouveau directeur de l'Office du tourisme de Rodez, publiés dans Le Ruthénois numéro 26.
Le billet écrit une semaine plus tard est plus mesuré, même si les opposants au projet y sont qualifiés de "frileux". (Il est néanmoins vrai que les températures ont brusquement chuté au début du mois de novembre.) Ce texte est plus argumenté que le précédent et l'on sent sous la plume (le clavier ?) de l'auteur un véritable intérêt pour l'oeuvre de Pierre Soulages. Il témoigne cependant du même optimisme béat qui dégouline des médias, fantasmant sur le nombre de visiteurs, censé rapidement atteindre et dépasser les 100 000 par an. Il table sur la renommée mondiale du peintre qui, si elle est incontestable à l'heure actuelle, peut rapidement s'étioler après sa mort. L'histoire mondiale de la peinture est remplie de cas d'artistes "officiels", couverts d'éloges de leur vivant et dont les oeuvres sommeillent aujourd'hui paisiblement dans les remises des musées, tandis que des génies ignorés (ou méconnus) de leur vivant ont obtenu la gloire posthume. Gardons-nous des enthousiasmes fabriqués...
De la même manière, il ne faut pas surestimer l'aura du site de Conques qui, soit dit en passant, est bien davantage due à la préservation de l'achitecture médiévale qu'à l'apport de Pierre Soulages. La "proximité" est toute relative : 45 kilomètres (et trois quarts d'heure de route en voiture par temps sec, une heure pour un bus... s''il n'a pas choisi de partir plutôt sur Albi ou Millau...) sépareront les cartons du musée des vitraux de l'église abbatiale. (Plus que Rodez, c'est Conques qui a tout à gagner à la construction du musée. Son maire en attend l'inauguration avec une impatience non dissimulée.)
Alors, pourquoi tant d'hostilité envers Jean-Louis Chauzy ? Après tout, il n'a fait qu'exprimer de manière mesurée et argumentée une opinion dissidente, acte salutaire dans une démocratie digne de ce nom. Je vois peut-être le mal partout, mais je me suis demandé s'il n'y avait pas là résurgence d'une opposition plus ancienne. Le site RodezNews est tenu par Joseph Donore, qui fut lui aussi candidat aux municipales de 2008 à Rodez. (Décidément, on n'y échappe pas ! A toutes fins utiles, je précise que je ne figurais sur aucune des quatre listes en course...) Il était numéro 7 sur la liste menée par Frédéric Soulié (divers droite... UMP dissidente disaient les mauvaises langues), rivale donc de celle conduite par Jean-Louis Chauzy. Sauf erreur de ma part, le virus de la politique l'avait saisi aux cantonales de 2004, quand il avait essayé (vainement) de déboulonner le conseiller général sortant de Mur-de-Barrez Francis Issanchou. Et, en consultant l'excellent ouvrage de Roger Lajoie-Mazenc, Maires de famille , je suis tombé sur une notice consacrée à Joseph Donore : il avait déjà tenté de se faire élire conseiller général en 1998 (il avait terminé cinquième du premier tour) et avait envisagé de présenter une liste aux municipales de 2001, à Mur-de-Barrez. (Et c'est là que je réalise que le bouquin de Lajoie-Mazenc a été préfacé par... Jean-Louis Chauzy ! C'est un complot !)
Bon, tout ça pour dire que j'ai déniché un article intéressant dans le Centre Presse de samedi :
J'ai trouvé réjouissant qu'un chaud partisan du musée prenne la plume pour demander à ce qu'on écoute les arguments de Jean-Louis Chauzy. Preuve que tout n'est pas perdu dans notre bon vieil Aveyron...
17:50 Publié dans On se Soulages !, Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, art, culture, peinture
dimanche, 21 novembre 2010
Les barrages hydroélectriques ne sont pas éternels
Je ne fais pas allusion aux catastrophes naturelles, qui peuvent les endommager ou les détruire (ce qui est très rare), mais à la décision prise parfois de supprimer un barrage hydroélectrique existant. C'est ce que l'on appelle l'effacement de barrages.
Il en a été question lors de la réunion organisée vendredi 19 novembre à Entraygues-sur-Truyère. Lors de l'une des séances de questions du public, Anne Verlaguet-Souliès a évoqué cet aspect méconnu de la vie des barrages. (Elle l'a rappelé dans la réponse qu'elle a écrite à mon précédent billet.) Elle a demandé s'il était envisageable d'appliquer cette procédure à l'une des structures construites sur le Lot ou la Truyère.
L'un des intervenants (Jean Comby, si je me souviens bien) a répondu que la chose avait été faite en Bretagne. Je ne me souviens plus de l'exemple cité, mais j'ai retrouvé le cas du barrage de Kernansquillec, démantelé entre 1996 et 2001. (Ecologie et tourisme sont devenus les deux mamelles du développement de la vallée du Léguer.) Il en a été de même pour celui de Maisons-Rouges (en Indre-et-Loire) en 1998-1999.
D'après un ouvrage publié en 2005, Eaux et territoires : tensions, coopérations et géopolitique de l'eau (voir pages 153-155), la France et les Etats-Unis ont été pionniers dans l'effacement des barrages. Sur le site rivernet.org, on peut trouver une liste de sites concernés, en France, en Espagne aux Etats-Unis. (Les fiches auxquelles renvoient certains de mes liens ont été produites par l'Onema, Office national de l'eau et des milieux aquatiques, sur le site duquel on peut trouver une liste d'aménagements des cours d'eau, parmi lesquels l'effacement de barrages.)
Cela m'a conduit à la Haute-Loire, évoquée par Mme Verlaguet. Le barrage de Saint-Etienne-du-Vigan (situé à la pointe sud du département) a bien été détruit à la toute fin du XXe siècle. Dans la plupart des cas, c'est la circulation et la reproduction des saumons qui semblent avoir fortement pesé dans la décision. Le sort des anguilles peut-il jouer ce rôle vis-à-vis du barrage de Castelnau ? J'en doute. (Encore que... J'ai appris tout récemment que la France avait mis au point un "plan anguille", en application d'un règlement européen qui a pour but de sauvegarder cette espèce menacée.)
P.S.
Anne Verlaguet-Souliès a été candidate aux dernières élections régionales, (numéro 4) sur la liste Modem conduite par Jean-Marie Daures. On peut la découvrir dans une petite vidéo publiée sur le site Dailymotion. Elle enseigne l'histoire-géographie et cela s'est senti le soir de la réunion organisée par EDF : au cours de l'une de ses interventions, elle a fait référence au bon classement de la Norvège selon l'I.D.H. (l'indice de développement humain). Ce pays est d'ailleurs en tête selon le dernier rapport publié par le P.N.U.D. au début du mois de novembre.
00:21 Publié dans Aveyron, mon amour, Economie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : société, environnement
samedi, 20 novembre 2010
EDF communique sur les barrages hydroélectriques aveyronnais
Vendredi 19 novembre, au gymnase d'Entraygues-sur-Truyère, à partir de 20h15, s'est tenue une réunion d'information ("une rivière, un territoire"), co-organisée par les élus locaux et l'entreprise E.D.F., concessionnaire des barrages construits sur le Lot et surtout sur son affluent la Truyère. Voici une carte de l'ensemble des barrages d'amont, qui dépendent du G.E.H. (Groupe d'Exploitation Hydraulique) Lot-Truyère, qui a son centre... à Aurillac.
La réunion a été préparée avec soin, annoncée dans la presse locale, par des articles mais aussi des publicités, comme celle-ci, publiée dans Centre Presse à plusieurs reprises :
Le plan des thématiques abordées a été légèrement modifié, sans doute pour mieux tenir compte des préoccupations des riverains. Ainsi, on a commencé par un thème qui n'était même pas prévu dans le programme originel, la sûreté des barrages et de leurs environs, avant de passer à la gestion de l'eau (au sens large), puis à la mise en concurrence pour le renouvellement des concessions et enfin au développement économique du territoire.
C'est un ancien de Sud Radio qui a animé la soirée, rivé à son I-Pad (et cloué à son oreillette), assisté d'une régie installée en fond de salle, alors que sur l'estrade, les intervenants étaient placés sous un écran de taille moyenne (mais le son était de très bonne qualité).
L'animateur a un peu gonflé son auditoire au début. J'ai eu l'impression qu'il se croyait dans une salle de concert ou dans une émission de télé-réalité. Ses supposés traits d'esprit et ses flatteries grossières n'ont pas convaincu le public, au point qu'à un moment, un papy a pris la parole pour lui demander d'arrêter de se croire "au music-hall". La flèche a touché son destinataire : l'animateur a été plus sobre par la suite (même s'il a mal encaissé la critique, à laquelle il a fait deux fois allusion) et il a bien joué son rôle de Monsieur Loyal, permettant aux cadres d'E.D.F. de s'exprimer dans de bonnes conditions, tout en donnant la parole à la salle.
Chaque partie a débuté par un petit film accompagné parfois d'un diaporama, auxquels succédaient les commentaires des spécialistes de l'entreprise, notamment Jean Comby (la soixantaine, maîtrisant très bien son sujet, assez clair dans ses explications et à jour des modifications juridiques) et Luc Tabary (la quarantaine, pas très à l'aise au début, plus intéressant et sûr de lui à la fin de la soirée). Ensuite, parole était donnée à la salle, pour des questions.
A ce sujet, j'ai senti un certain étonnement dans la foule quand les gens ont constaté que l'animateur gardait le micro en main pendant que les spectateurs posaient leur question ou exprimaient une opinion. C'est devenu la règle dans ce genre de manifestation, pour éviter que des activistes (ou un type un peu timbré) ne détournent la chose à leur unique profit. Il manifeste ainsi sa volonté de rester le maître du jeu.
Le premier thème a donc porté sur la sécurité, sujet extrêmement sensible pour l'auditoire, qui ne s'est pas facilement rendu aux arguments des spécialistes. Plusieurs échanges ont ainsi porté sur l'usage de la "sirène" (une corne de brume, en fait), testée le premier mercredi de chaque mois, mais à des heures différentes. Le détail des mesures de prévention, ainsi que le processus d'évacuation en cas d'accident majeur, ne sont pas bien connus des habitants de la région. (C'est peut-être une pierre jetée dans le jardin des élus locaux, dont certains se sont longtemps reposés sur les uniques efforts d'EDF...) L'un des intervenants a tenté de rassurer la foule en affirmant que la sûreté des installations était le souci majeur du groupe et qu'un rapport à ce sujet était accessible sur la Toile... ce qui est exact.
On sait toutefois que les rives de la Truyère et du Lot font partie des espaces les plus menacés par le "risque barrages" (coloriés en bleu foncé sur la carte) :
C'est une femme qui a, la première, osé poser des questions. (Elle est intervenue à plusieurs reprises, toujours pertinemment. A la fin de la réunion, j'ai fini par connaître son nom, cité par Jean-Claude Luche : il s'agit je crois de Marie Verlaguet.) Au départ, elle m'a paru défendre son petit jardin (elle habite à proximité de l'évacuation de l'eau du barrage de Castelnau, vers Espalion). A la fin de la soirée, j'avais changé d'avis, tant ses remarques et questions ultérieures m'ont paru marquées du coin du bon sens... et parfois de l'espièglerie : elle a reproché à EDF d'avoir manqué "d'énergie" dans l'animation du territoire, soupçonnant la récente débauche d'efforts de séduction d'être liée à la mise en concurrence.
Le deuxième thème a porté sur la gestion de l'eau, en amont comme en aval des barrages. C'est à ce moment-là que les membres des associations de pêche ont donné de la voix. Il a notamment été question des éclusages, de l'évacuation (ou plutôt de la non évacuation) des limons. Ce fut un moment fort intéressant, qui a vu dialoguer de jeunes ingénieurs d'EDF, lestés de leur maîtrise scientifique des sujets, et des retraités pêcheurs, ayant plutôt une connaissance empirique du milieu. On s'est aussi aperçu que les élus locaux n'ont pas forcément les mêmes intérêts, selon que leur commune est située en amont ou en aval d'un barrage. Le partage de l'eau est une question sensible, même dans une région aussi relativement humide que le Nord Aveyron...
Le troisième thème fut consacré au renouvellement des concessions et à la mise en concurrence. EDF doit faire face à GDF-Suez, au groupe norvégien Statkraft, à l'autrichien Verbund (devenu le principal actionnaire de Poweo) et au canadien Hydro-Québec. Le plus croustillant dans cette affaire est que l'obligation de mise en concurrence découle du changement de statut d'EDF, qui d'E.P.I.C. (Etablissement Public à Caractère Industriel et Commercial) est devenue une société par actions. Hé, oui ! Si EDF était restée publique, cette procédure n'aurait pas lieu d'être. J'ai du mal à croire que le gouvernement qui a ouvert le capital du groupe n'ait pas eu ce type de conséquence à l'esprit...
Bon là, en gros, on a senti que les politiques aveyronnais comme les spectateurs de la salle comptaient sur cette procédure pour inciter EDF à en faire davantage pour l'Aveyron. Les applaudissements les plus spontanés de la soirée sont nés à cette occasion : à la question d'un jeune homme, demandant aux ingénieurs pourquoi on devrait les choisir eux plutôt que leurs concurrents et qu'est-ce qui garantissait que leurs belles promesses n'allaient pas s'évanouir une fois le renouvellement des concessions obtenu, Luc Tabary a obtenu un franc succès en développant l'argument que son entreprise n'avait pas l'intention de limiter son action aux seuls barrages aveyronnais et que le meilleur moyen d'obtenir d'autres concessions était d'être exemplaire ici. (Il a aussi présenté son travail comme le résultat d'un engagement fort et pas comme un simple gagne-pain, ce qui a plus à l'assistance.)
Cela nous a tout naturellement menés au quatrième thème, plus strictement économique. Les représentants d'EDF ont assuré faire grand cas des entreprises locales dans leurs commandes. On a aussi appris la création d'un poste d'animateur de territoire, chargé de mettre en musique une brochette de projets d'aménagement à vocation touristique, en liaison avec le Conseil général de l'Aveyron. Cela s'appelle la "route de l'énergie". L'enthousiasme de la salle a cependant été douché quand on a appris que ce nouvel arrivant loge à... Arpajon-sur-Cère, dans le Cantal, à proximité d'Aurillac (ce qui n'est pas un hasard). Ceci dit, parmi la vingtaine de jeunes embauchés récemment par EDF, il y a quelques Aveyronnais.
Les élus locaux ont eu ensuite droit à leur quart d'heure sur l'estrade... sans que l'on demande au bas peuple s'il avait des questions à leur poser. La palme du plus beau costume est revenue à Jean-Claude Luche, président du Conseil général (arrivé en retard et, une fois assis au premier rang, longtemps concentré sur autre chose que les débats de l'estrade). Il a insisté (avec raison) sur la nécessité de localiser en Aveyron un centre de gestion des activités hydroélectriques. On avait en effet découvert plus tôt que les barrages sont dirigés à distance, de Toulouse, tandis que les centres de décision se trouvent à Aurillac, Brive, Limoges ou Paris.
A Luche a succédé Jean-François Albespy, conseiller général du canton d'Entraygues-sur-Truyère, qui a flatté de manière éhontée son président. Il a cédé la parole à Jean-Claude Anglars, conseiller général d'Estaing (parmi une floppée de casquettes), et médaille d'argent du plus beau costume. Le maire d'Entraygues a fermé le bal. Tout cela pour dire quand même que derrière l'effort (louable) d'information du public pointe la précampagne électorale des cantonales de mars 2011. Et puis... un esprit un peu réfléchi a compris que tout est déjà ficelé. EDF va très certainement obtenir le renouvellement des concessions et le Conseil général va redorer son image à bon prix.
Après toutes ces émotions, la foule en délire a pu accéder au buffet très classieux offert par EDF. C'est là que j'ai regretté d'avoir fait un dîner copieux : malgré l'heure tardive (23h tout de même), je n'avais plus de place pour le solide. J'ai quand même goûté le champagne, très correct.
02:09 Publié dans Aveyron, mon amour, Economie, Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : société, actualité, économie
mardi, 16 novembre 2010
"Le Monde", fillonniste honteux ?
La lecture du "quotidien de référence" réserve parfois quelques surprises, surtout quand on compare les versions papier et électronique, la seconde étant réputée plus "réactive"... mais plus sujette à des bourdes aussi.
Le 14 novembre, parmi les nombreux articles consacrés au remaniement orchestré par Nicolas Sarkozy et ses conseillers, on pouvait en lire un (un portfolio) titré ainsi :
Il s'agit, vous l'avez sans doute remarqué, de la reprise d'un article de 2007, déjà bien "lèche-fillon"... tellement qu'il a suscité les réactions sarcastiques de lecteurs... et que, dès le lendemain, il n'était plus possible d'y accéder, alors qu'il avait donné lieu à 18 commentaires (il aurait donc dû figurer dans le classement qui s'affiche sur la partie droite de la page), le dernier datant du 15 novembre, à 7h23.
Intrigué, j'ai effectué une recherche à partir de la page d'accueil du Monde... sans parvenir à retrouver l'article. C'était parce que je m'étais limité à la dernière semaine. Ce n'est qu'en puisant dans les archives de 2007 que l'on peut accéder à l'article, pourtant republié quelques jours auparavant. (Pour retrouver l'article sans passer par le journal, il suffit d'utiliser votre moteur de recherche internet habituel et de taper "Fillon gaulliste social".)
Aurait-on eu un peu honte de ce zèle premierministrophile ?
18:33 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, actualité, presse, fillon, gouvernement, françois fillon
dimanche, 14 novembre 2010
Un curieux objet
C'est un objet qui est récemment entré en ma possession, en pleine nuit. Je circulais sur les routes aveyronnaises lorsque soudain, du côté de Marcillac-Vallon, un événement imprévu m'a conduit à m'arrêter. Lorsque je suis reparti, j'avais en ma possession ce curieux objet :
J'en vois qui sourient déjà... Pour ceux qui n'en ont pas encore deviné l'usage, voici un petit indice :
Vous avez sans doute reconnu un éthylotest. J'ai donc rencontré une patrouille de gendarmerie... et j'ai soufflé dans l'embout en plastique, que j'ai pu garder après le contrôle, l'objet étant à usage unique.
Je n'avais pas dû "souffler" depuis 7-8 ans. J'en étais donc resté aux petits sacs gonflables, avec une cartouche changeant de couleur en fonction du taux d'alcoolémie.
Décidément, on n'arrête pas le progrès !
14:14 Publié dans Vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : de tout et de rien
samedi, 13 novembre 2010
Des sacs-cabas "identitaires"
Récemment, de passage dans l'hypermarché Géant Casino pour faire deux-trois courses, je fus attiré par de curieux objets placés en bout de rayon, à proximité des caisses.
Ce sont des sacs-cabas, d'assez grande taille donc, destinés à recevoir les achats des consommateurs. Ils sont plus grands et ont l'air plus solides que les sacs en plastique réutilisables proposés par toutes les grandes surfaces. (Ils ont un peu la même texture que les sacs distribués pour la collecte sélective des déchets, vous savez, ces grands sacs blancs à poignées jaunes.) Ils sont donc logiquement plus coûteux : 1,90 euro contre environ 0,15 pour les sacs en plastique.
L'une des faces nous propose une vue classique de la cathédrale de Rodez et de ses environs immédiats, by night, ce qui est plus chic.
L'autre côté est plus généraliste :
Il illustre les deux grands terroirs, du nord et du sud de l'Aveyron, avec leurs animaux caractéristiques (la vache Aubrac et la brebis Lacaune) ainsi que les productions emblématiques (l'aligot et le Roquefort). On a pris soin de faire figurer, à l'arrière-plan, le désormais célèbre viaduc de Millau.
En ballade dans le vieux Rodez, j'ai remarqué qu'on pouvait se procurer ce sac à la Maison de la Presse. Reste à savoir si les Aveyronnais vont adhérer au "sac identitaire".
16:37 Publié dans Aveyron, mon amour | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : société, environnement, économie
vendredi, 12 novembre 2010
Vénus noire
C'est le quatrième long-métrage d'Abdelattif Kechiche, auteur de La Faute à Voltaire, L'Esquive et de La Graine et le mulet. Ce cinéaste engagé, au style vif, s'est intéressé à la vie de Saartjie Baartman, qui fut surnommée "la Vénus hottentote". On pourrait s'attendre à un film historique à visée documentaire (donc plutôt ennuyeux), mais c'est un véritable portrait de société(s) que nous livre le réalisateur, à travers l'histoire peu commune de cette femme. Cela m'a rappelé, dans un autre genre, Gangs of New York, de Scorsese.
Kechiche a construit son film autour de deux séquences "scientifiques", la première montrant, après la mort de la jeune femme, la conférence tenue par Georges Cuvier à son sujet, la dernière exposant les traitements administrés au corps de la défunte, permettant son analyse scientifique. D'où le postulat : réduite à l'état de bête curieuse durant sa vie, la Vénus noire est restée un objet après sa mort.
Ensuite, cela démarre fort avec une séquence située à Londres. On assiste à l'intégralité du spectacle de foire dont elle est la vedette. Juste après, on découvre l'envers du décor, qui n'est d'ailleurs pas ce que l'on croyait forcément. Kechiche jette immédiatement le trouble. Bien qu'il ait choisi de clairement dénoncer l'attitude esclavagiste et le voyeurisme des Européens, il laisse entendre que la jeune femme y trouve son intérêt, même si elle s'est fait "rouler" par ses prétendus associés. La caméra est près des corps, des regards et s'éloigne un peu pour filmer les groupes, que ce soit dans un théâtre, dans un bar ou dans un salon. C'est très bien fichu, quel que soit le type d'éclairage retenu.
L'un des moments forts est la séquence du tribunal, où cette ambiguïté concernant le statut de la Vénus est toujours présente. Le problème est qu'elle s'exprime peu, ne parlant véritablement que l'afrikaner (un peu l'anglais et un tout petit peu le français sur la fin). Les acteurs, qu'ils soient britanniques, flamands ou français, sont tous excellents. Je pense qu'on a beaucoup puisé dans le vivier théâtral, avec profit.
Kechiche joue avec les spectateurs, puisqu'ils nous rend complices de ce spectacle d'avilissement, celui de Sarah Baartman, mais aussi celui de Yahima Torres, l'actrice qui incarne avec brio cette femme peu expressive mais aux talents artistiques indéniables. Dans quelle mesure ne sommes-nous pas venus voir un film, mais un "monstre" (ou du moins sa représentation) ? Peut-on comparer les spectateurs de cinéma à ces masses qui se pressaient aux spectacles de foire ?
Les effets de surprise sont bien préparés. Cela nous vaut quelques superbes moments de cinéma, l'un dans le théâtre anglais, quand la Vénus décide de sortir de son rôle de "sauvage" pour interpréter une berceuse, l'autre dans un salon parisien, quand, avec sa "goura", elle entame un dialogue musical impressionnant avec le violoniste de la soirée.
Le changement de protecteur (elle passe sous la coupe de celui interprété par le fantastique Olivier Gourmet) voit l'héroïne commencer sa descente aux enfers. Les salons de classieux deviennent libertins... pour finir dans la prostitution, puis la mort. L'une des scènes de maison close vient encore nous rappeler un thème cher à Kechiche : le poids de l'Europe dans le malaise africain, ce groupe de prostituées pluriethnique étant là pour satisfaire les caprices tarifés de Blancs européens riches. On remarque néanmoins que le réalisateur n'est pas tombé dans la charge outrancière et ménage, à chaque étape de la vie de Sarah Baartman, une place pour la nuance, introduisant des personnages humanistes, se permettant même d'affiner le portrait des exploiteurs, les rendant humains... trop humains hélas.
Si les 2h40 ne vous ont pas épuisés, restez pendant le générique de fin, pendant lequel nous sont proposés deux extraits vidéo, datant de 2002. Le premier montre les circonstances du vote, à l'Assemblée nationale française, de la loi de restitution de la dépouille. Le second a été tourné en Afrique du Sud, au moment des obsèques nationales organisées en l'honneur de l'enfant du pays.
L'histoire se décline en bande dessinée (dont l'auteur, Renaud Pennelle, joue un personnage dans le film), où figure la partie africaine de la vie de la Vénus :
L'auteur a récemment été invité sur France Culture, pour parler de son œuvre, des conditions de sa réalisation.
Si vous vous documentez sur la question, vous verrez que, bien que le film dure 2h40, il n'a pas épuisé son sujet. Kechiche a notamment décidé de ne pas développer le contexte africain de son histoire, que l'on peut découvrir dans un passionnant article de la revue L'Histoire, de février 2003.
14:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, film, cinema, histoire
mercredi, 10 novembre 2010
Satanés Auvergnats... de 1942 !
On en apprend tous les jours. Vous avez tous entendu parler de la très mauvaise plaisanterie de notre ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, proférée devant caméras à l'université d'été de l'UMP en 2009. Bon, cela nous a permis de réaliser qu'un membre du gouvernement pensait pouvoir tenir des propos ouvertement racistes... sans que les journalistes présents s'aventurent à diffuser les extraits gênants. (C'est dire aussi si les politiques ont confiance en la complaisance -la soumission ?- des médias de masse.)
Brice Hortefeux, croyant échapper à la polémique, avait sorti une excuse bidon, affirmant avoir plaisanté non pas sur les Arabes, mais sur les Auvergnats. Cela a permis aux satiristes de se déchaîner, saisissant la moindre occasion d'employer le mot "Auvergnat", dans un contexte particulier.
Sans le savoir, nombre d'entre eux ont perpétué une pratique née sous l'occupation allemande. En effet, lorsque, en 1942, les autorités allemandes ont imposé aux juifs le port de l'étoile jaune, certaines personnes, qualifiées d' "amis des juifs", ont décidé de porter une étoile un peu particulière, avec une inscription en son centre : "swing", "zazou", "goï"... ou encore...
L'histoire ne se répète pas mais, parfois, elle a de drôles de façons de bégayer...
21:06 Publié dans Histoire, Politique | Lien permanent | Commentaires (1)
mardi, 09 novembre 2010
Du nouveau sur la cathédrale de Rodez
C'est un article de La Dépêche du Midi de vendredi 5 novembre qui a donné un coup de projecteur sur une conséquence inattendue des travaux (perpétuels...) d'entretien de la merveille du centre-ville ruthénois : la redécouverte d'inscriptions anciennes, sur une tour située au coin sud-ouest de l'édifice :
La photographie (ci-dessus) illustrant l'article montre l'inscription ornant le côté sud de la tour (donnant sur la rue Gambetta). Voici ce qu'on peut voir sur le côté ouest, face à la place d'Armes (d'où sont prises en général les photographies d'ensemble) :
La traduction de ces inscriptions donne lieu à des variantes. La première, qui figure sur la photographie du haut, dit ceci : FACESSANT AEGYPTIORUM INSANE PYRAMIDUM MOLES * VALEANT ORBIS MIRACULA. (Il pourrait y avoir une "faute de gravure", INSANE ayant été malencontreusement écrit à la place de INSANAE.)
La Dépêche cite une prof du collège Jean Moulin, qui traduit ainsi : "Que se tiennent loin les travaux des insensées pyramides des égyptiens. Que se perpétuent les miracles du monde." Dans un article publié dans Les Cahiers de Framespa, j'ai trouvé deux autres versions, l'une ancienne ("Eclipsez-vous, masses insensées des Pyramides d'Egypte, palissez, merveilles du monde."), l'autre, récente, de Jacques Bousquet ("Que s'effacent les masses absurdes des pyramides des Egyptiens. Salut aux vraies merveilles du monde.") Allez, comme je suis en forme, je me lance. Voici ma proposition : "Que s'éloignent les masses monstrueuses des pyramides égyptiennes. Longue vie aux merveilles du monde."
Explications : FACESSANT vient du verbe "Facesso", qui signifie s'éloigner, se retirer. Il est ici conjugé à la troisième personne du pluriel. Il s'applique donc au mot MOLES, les masses, accompagné de la double forme génitive AEGYPTIORUM PIRAMIDUM (de pyramis, la pyramide). Il serait peut-être plus correct de traduire par "des Egyptiens". D'autre part, si INSANE est mis pour INSANAE, traduire par "les masses des monstrueuses (folles, insensées) pyramides" serait plus juste grammaticalement, mais je trouve que ma version rend mieux le sens. Quant au verbe "Valeo", il signifie régner, être fort, bien se porter.
Sur la face ouest (voir photo du bas), on trouve la deuxième inscription : NOS AUGUSTI SANCTAE QUAE CONSACRAT LOCI SPECIEM MIREMUR.
La prof de collège traduit par "Admirons l'aspect de ce lieu auguste qui est consacré à une sainte." L'ancienne version était : "Admirons la beauté de ce lieu auguste et consacré à la sainte Vierge." Jacques Bousquet propose : "Nous autres, admirons la beauté du lieu auguste consacré par la sainte (Vierge)." Je propose ceci : "Nous, admirons l'éclat du lieu majestueux qui est consacré à la Sainte." (N'oublions pas qu'il s'agit de la cathédrale Notre-Dame de Rodez.)
Explications : il est difficile de traduire MIREMUR autrement que par "admirons". Par contre, je pense qu'il faut maintenir la présence du "nous". On ne s'est pas échiné à graver NOS pour des prunes ! AUGUSTI ("majestueux" plus qu' "auguste"... c'est dans le ton du très monarchique "Longue vie..." de l'autre inscription) et LOCI sont manifestement liés (deux formes génitives, qui complètent SPECIEM). "Species" peut signifier l'apparence, la beauté. Je trouve qu' "éclat" rend bien l'idée.
D'après Fernand de Mély, dans un compte-rendu des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres de 1919, c'est en 1831 que ces inscriptions auraient été masquées :
22:04 Publié dans Aveyron, mon amour, Histoire | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : photo, art, christianisme, histoire, culture
vendredi, 05 novembre 2010
Kaboom
C'est un film de Gregg Araki, qui s'est fait un nom dans le cinéma "underground-mais-pas-trop" à travers des oeuvres comme The Doom Generation, Nowhere et, plus récemment Smiley Face.
Ici, la parodie de teen-movie est mêlée au fantastique, le tout sur fond de revendication bisexuelle. Les mecs sont tous des beaux gosses musclés et aucune graisse superflue n'est à signaler côté actrices. (J'en pince un peu pour la copine homo au caractère affirmé.) C'est dire que, même si l'humour du début porte (avec quelques moments vraiment très drôles), la fascination pour le "beau" formaté finit par lasser, d'autant plus que le scénario est mal exploité. Cette histoire de secte méritait mieux et la fin apocalyptique a été visiblement choisie faute de mieux.
L'intrigue est cependant intéressante parce qu'elle montre un renversement. (Certains personnages ne sont pas ce qu'ils paraissent...) Elle incite ainsi à se méfier des apparences, alors que la réalisation leur rend plutôt un culte.
Bon et puis perso, je ne suis pas emballé par les histoires de mecs qui "flashent" sur d'autres mecs...
19:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : film, cinéma, cinema
lundi, 01 novembre 2010
The Social Network...
... "Le Réseau social", en bon français. Mais, comme cela n'a pas dû sembler porteur au distributeur, on a laissé le titre anglais, alors qu'il aurait été si simple de le remplacer (par exemple) par "La Naissance de Facebook". C'est donc un film de David Fincher, qui a travaillé avec le créateur de la série A la Maison blanche.
C'est d'abord un film de scénariste et de dialoguiste, ma foi fort réussi. La première scène donne le ton du film : le héros n'est pas à l'aise avec les filles, mais il a la répartie facile. Lui et sa future ex-copine rêvent d'intégrer l'un des clubs très fermés où se retrouve la "crème" de l'élite estudiantine.
Les dialogues sont excellents (à entendre en version originale sous-titrée de préférence, donc), de nombreuses répliques font mouche. Les (jolies) femmes sont presque toujours des objets de conquête, un élément de la parure du jeune doué qui réussit. Le film montre très bien que, dans la nouvelle comme dans la "vieille" économie, il s'agit de se faire un max de pognon, de dominer les autres, quitte à leur passer sur le corps. On retrouve le mythe du self-made man, avec ce Mark Zuckerberg censé être parti de rien et devenu milliardaire en quelques années.
Cependant, le milieu familial de celui-ci nous est caché. Or, il est issu de la bourgeoisie américaine, (les parents exercent tous deux une profession médicale) de la banlieue (pas pauvre) de New York. Mais il n'appartient pas au gratin, celui des patriciens de la côte Est. Cela n'en fait pas un prolétaire pour autant.
Du coup, il n'est finalement pas si antipathique que cela, ce Mark (interprété avec brio par Jesse Eisenberg). D'accord, c'est un "geek", asocial, qui s'habille comme un plouc, mais l'appât du gain n'est pas sa motivation première. Et puis, il en pince quand même pour la fille du début.
C'est là que l'histoire est très forte. Cet immense réseau est né au moins en partie d'une déception sentimentale... et de la beauferie des mecs, pour qui comparer les filles et leur attribuer une note est top délire. Ensuite, il a suffi de l'attrait de la nouveauté, savamment entretenu, et du désir profond des jeunes de se constituer une "tribu", pour qu'il devienne "hype" d'être inscrit sur le réseau. Je trouve que Fincher, même s'il n'insiste pas dessus, arrive bien à montrer la futilité de la chose. Quand on pense que ces gens-là vont d'ici quelques années, jouer un rôle majeur dans l'économie, la politique ou les médias, on peut légitimement s'inquiéter.
Sous une forme léchée, Fincher dit des choses très dures : les meilleurs amis du monde en viennent à s'escroquer, se poursuivre en justice (les procédures de médiation donnent son architecture à l'histoire telle qu'elle nous est représentée) et, pour gagner, il faut être un peu (beaucoup ?) un enfoiré, à l'image du créateur de Napster, bien campé par Justin Timberlake.
Tout le monde en prend pour son grade : les élites traditionnelles, imbues d'elles-mêmes, les jeunes, présentés comme égocentriques et superficiels, le grand public, perçu comme une masse captive. Et le jeune héros, bien que devenu riche et célèbre, a peut-être laissé passer le bonheur.
23:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma
samedi, 30 octobre 2010
Un string furtif ?
J'aime bien la série NCIS, diffusée en France par la chaîne M6 et dont on peut revoir les épisodes grâce à la télévision de rattrapage, sur M6 Replay. (On peut aussi passer par le site généraliste tv-replay, qui succède à tvarevoir, ou par replay.fr, peut-être plus complet mais moins ergonomique, à mon avis.)
Aujourd'hui, j'étais en train de visionner l'épisode 4 de la saison 5, vers la fin, lorsque, pendant une scène de lutte (ou des agents de sexe féminin s'illustrent), il m'a semblé entrapercevoir un petit quelque chose :
Je me suis repassé l'extrait à plusieurs reprises et il me semble bien que Cote de Pablo, qui incarne l'agent du Mossad Ziva David, est vêtue d'un pantalon taille basse et d'un haut assez court, ce qui fait qu'en cas de mouvement brusque du bassin, le risque de découvrir le bas du dos (et le haut des fesses) est grand.
Bon, moi je dis ça, hein, mais c'est Abby qui me plaît le plus dans la série !
20:45 Publié dans Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : de tout et de rien, médias, vidéo
Fin de concession
C'est le nouveau film de Pierre Carles, journaliste engagé, critique des media de masse, mais au ton dégagé. Pour ceux qui ne connaissent pas le personnage, le premier quart d'heure revient sur les "faits d'armes" de ce trublion du petit écran, relégué aujourd'hui dans les rares salles obscures qui passent ses films.
Il est toujours question de la dénonciation des connivences entre monde politique, milieux économiques et media, ici à travers l'exemple initial de la privatisation de TF1, en 1987. Carles s'appuie sur des images souvent inédites (en tout cas pour moi), notamment celles montrant la préparation de l'audition des représentants du groupe Bouygues. On voit le rôle joué par Bernard Tapie (déjà !) qui, soit dit en passant, est vraiment excellent, le meilleur de la bande, qui n'est pas très fringante à l'oral.
De là, Pierre Carles essaie de rebondir et de rencontrer les acteurs de l'époque, plus de 20 ans après. Le problème est qu'il est désormais très connu. Du coup, beaucoup refusent de le rencontrer (Tapie finit par être très franc au téléphone), l'esquivent (comme Jacques Chancel, excellent fil rouge de la dégonfle), ou se préparent : on sent bien que Jean-Marie Cavada a anticipé son entrevue. Le réalisateur en vient même à se grimer (légèrement) et se présente sous l'identité vaguement travestie de Carlos Pedro (et non Carlo Pierro, comme il est écrit dans la critique parue dans Le Monde) pour pouvoir accéder à certains personnages.
Du coup, le film peut paraître moins réussi que l'excellent Pas vu, pas pris. A l'époque, Carles faisait merveille en faux ingénu, une sorte de Socrate contemporain, qui finissait par mettre ses interlocuteurs face à leurs contradictions, leurs lâchetés.
On n'est plus dans le cadre de l'opposition David contre Goliath. Pierre Carles est devenu quelqu'un avec qui compter dans le monde des media, même s'il n'a pas obtenu la reconnaissance officielle. Et puis... ses adversaires ont vieilli. (Carles aussi : il est désormais grisonnant !) Le réalisateur, encore dans la force de l'âge, est en position de force face à Etienne Mougeotte voire Michèle Cotta, qu'il décide d'épargner. A un moment, il se demande même dans quelle mesure il n'a pas été récupéré par le système. (Peut-être aurait-il fallu enquêter davantage, préparer encore plus les entretiens.)
Fort heureusement, Pierre Carles a du recul et le sens de l'humour. Le film est donc fortement imprégné d'autodérision. On rit beaucoup, souvent aux dépens du réalisateur, aussi aux dépens de ses victimes. Celles-ci sont cependant très habiles. En 2009, il est difficile de piéger les vedettes de l'information... et certaines d'entre elles, telle Elise Lucet, assument d'avoir les ailes rognées. Contrairement à Pierre Carles, elles ont accepté de faire des concessions, pour travailler pour le petit écran.
Le constat final est donc désabusé : l'activisme n'a pas payé, puisque les menteurs et les fraudeurs (ou leurs successeurs) sont toujours en place et que l'information de masse semble verrouillée par les puissants, avec certaines soupapes de sûreté toutefois. On pourrait être moins pessimiste, juger qu'on ne nous montre que ce qui va dans le sens du propos initial et estimer que, d'après les sources sur lesquelles s'appuie Pierre Carles, il existe en France de nombreux journalistes qui font du bon travail, même s'ils ne sont pas les plus connus.
13:32 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma
vendredi, 29 octobre 2010
Le pire de Hara Kiri
C'est le titre d'un recueil qui vient de paraître aux éditions hoëbeke. Les quelques textes rédigés par de grands anciens (Cavanna, Wolinski, Delfeil de Ton, Jackie Berroyer, Jean-Marie Gourio) encadrent une floppée de photographies, soit des photomontages, soit des mises en scène, le tout étant d'une grossièreté clairement assumée. L'objectif de ces créations, qui ne sont pas toute jeunes (cela remonte aux années 1960-1985), est de susciter un rire franc, en brisant les tabous de l'époque.
Si les documents sont présentés globalement de manière chronologique, on pourrait les classer d'une autre façon, en trois grands thèmes. Il y a tout d'abord l'humour noir, qui se rit de la mort, de la torture :
J'ai trouvé qu'à l'approche de Toussaint, cette fausse publicité (hé oui, Hara Kiri a inspiré nombre d'humoristes audiovisuels contemporains qui, diront les mauvaises langues, ont pillé sans vergogne le journal satirique, sans forcément reconnaître leur dette...) était fort à propos.
A cet humour noir s'ajoute le scabreux, le pipi-caca, le potache quoi. Les exemples sont extrêmement nombreux dans le livre...
Enfin, il y a tout ce qui touche au sexe (au sens large). Comme Hara Kiri était surtout un journal de mecs, ce sont les femmes, leur anatomie, qui sont le plus souvent représentées, même s'il est aussi question de bites et de couilles. Voici un exemple édulcoré :
Cerise sur le gâteau : dans le livre sont insérées des fiches détachables, qui permettent de se constituer une carte, comme la "carte bleue TOUT A L'OEIL", la "carte officielle de CON", la "carte officielle de MAL BAISEE", la "carte de FLIC"... Le dos de ces cartes réserve quelques surprises. Ainsi, la "carte nationale d'EGOISTE" est illustrée de citations profondes (et authentiques, cela va sans dire), comme "Va crever dans ta cour" (de "Ma concierge"), "Le sage n'a pas mal au ventre quand le voisin a la colique" (une pensée méconnue de Confucius) ou encore "Mieux vaut crever d'indigestion que de partager son boudin" (de Monsieur Olida). Sinon, le dos de la plupart des cartes est à compléter. (Hé, oui ! C'est interactif !) L'exemple le plus subtil est celui de la "carte officielle de MAL BAISEE", où une grille est surmontée du texte suivant : "Chaque fois que votre baiseur attitré vous baise mal, cochez une case. Quand la carte sera remplie, vous pourrez concourir pour le titre mondial de Miss Mal Baisée."
Bon, voilà, il y en a pour un peu moins de 200 pages de déconne, dans un joli format, luxueux (cela coûte quand même 30 euros... un cadeau à faire pour la Toussaint ?)... et, ô surprise, quand on regarde tout à la fin, avant la quatrième de couverture, on découvre que le livre a été imprimé en Chine ! Voilà qui me laisse perplexe.
12:07 Publié dans Livre, Presse | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : photo, humour, photos, photographie, presse
mercredi, 27 octobre 2010
Soutenons la lutte contre le cancer du sein
Il est des moments dans la vie d'un internaute où il faut savoir dépasser les oppositions idéologiques, les rivalités de personnes, les aigreurs professionnelles et les déceptions sentimentales pour s'engager en faveur d'une cause noble. On en parle finalement assez peu, mais le cancer de sein fait des ravages chez nos compagnes, parfois à des âges peu élevés.
C'est pourquoi il faut féliciter le magazine La Parisienne (une déclinaison du Parisien), qui a choisi de frapper fort :
Plusieurs actrices ont choisi de se dévoiler pour soutenir une campagne de la Ligue contre le cancer. L'initiative est louable... et Dieu que Vanessa Demouy est belle ! (Pour que tout le monde soit content, le site du magazine Gala permet d'accéder à un petit film qui réjouira plutôt les dames et les homos.)
Bravo aux journalistes de La Dépêche du Midi, à qui leurs investigations ardues ont permis de sortir aussi vite cette information indispensable !
14:58 Publié dans Presse, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photo, société, femme, actualité, santé
Du Nutella bio (2)
J'ai profité de mon passage dans ma grande surface de référence pour approfondir ma comparaison des pâtes à tartiner chocolatées. A ma grande surprise, j'ai trouvé le produit de Jardin Bio chez Leclerc (caché juste à côté du coin réservé aux produits issus de l'agriculture biologique), évidemment moins cher qu'au Monoprix. A l'intérieur même du rayon consacré aux sucreries, l'hégémonie nutellaesque était (vaguement) contestée par un autre produit bio :
Il est de surcroît issu du commerce équitable, sous la marque Alter Eco. Ce sont certains ingrédients qui proviennent de cette filière : le sucre de canne, le cacao maigre et la vanille en poudre. En bonus, la lécithine de soja est garantie sans OGM. Le produit est même moins cher que celui proposé par Jardin Bio : il culmine à 8 euros le kilo (3,28 euros les 400 grammes) contre plus de 10 euros pour son concurrent (3,38 euros les 350 grammes). Même la composition semble plus proche de celle du "vrai" Nutella : chez Alter Eco, la pâte à tartiner contient 13 % de noisettes et 7 % de cacao maigre.
Le seul problème est le goût. Celui de la pâte Alter Eco m'a rappelé les marques de distributeur que les grandes surfaces ont lancées pour prendre une part du marché monopolisé par Nutella. Je préfère donc le plus cher des produits bio, celui de Jardin Bio... Mais j'ai quand même acheté un pot de Nutella en plus !
C'est là qu'en me livrant à un autre petit calcul, j'ai réalisé que l'hypermarché n'a pas renoncé à une pratique commerciale contestable. Normalement, quand on achète une plus grande quantité d'un produit (surtout si c'est signalé sous forme promotionnelle), le prix au kilo doit être plus faible. Ce n'est pas exact à propos du Nutella. Ainsi, à un mètre d'intervalle, deux grands formats sont proposés : 750 et 825 grammes. Le premier pot est bien entendu moins cher que le second : 3,17 euros contre 3,55. Cependant, quand on compare les prix au kilo, le pot de 825 grammes apparaît un peu plus cher : 4,30 euros contre 4,22. Le client a donc intérêt à choisir le pot de 750 grammes, même si la différence est faible (mais les petits ruisseaux...). (J'ai remarqué le même phénomène en comparant les prix des boîtes de thon naturel.)
11:58 Publié dans Economie, Vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vive la vie, société, écologie, environnement, nature
mardi, 26 octobre 2010
Des Hommes et des Dieux
C'est seulement un mois après sa sortie que ce film est arrivé à Rodez... et je ne vous raconte pas la queue qu'il fallait faire pour le voir dès son arrivée ! Il fait recette auprès du troisième âge, notamment des croyants peu habitués aux salles de cinéma. Cela m'a un peu rappelé l'ambiance autour du Grand Silence (joli film, soit dit en passant).
Les deux "fils rouges" de l'action sont les travaux quotidiens des moines et les relations entretenues avec les villageois algériens (musulmans). Dans ce dernier cas, c'est le médecin du groupe (interprété par l'inénarrable Michael Lonsdale) qui joue le plus grand rôle, devenant même, parfois, conseiller sentimental. Les autres donnent aussi des coups de mains, dans d'autres domaines. Chacun accepte la foi de l'autre. Bref, s'il n'y avait pas eu la période coloniale, on pourrait parler d'idylle franco-algérienne.
Les acteurs sont épatants, ceux qui incarnent les moines comme ceux qui jouent les villageois... sans oublier ceux qui interprètent les terroristes du GIA. A ce sujet, Xavier beauvois laisse la porte ouverte à toutes les interprétations concernant la mort des moines.
Le succès rencontré par ce film est ambigu. D'un côté, on pourrait penser que son oecuménisme a plu dans cette période d'affrontement des cultures. D'un autre côté, il est possible que certains spectateurs se sentent, aujourd'hui en France, dans la position des moines de Tibéhirine de l'époque, assiégés. L'islam peut être perçu comme une menace. En tout cas, il est mal connu. Plus largement, l'évocation de la foi sincère de ces vieux chrétiens a suscité l'intérêt.
Le film semble vouloir montrer qu'ils ne cherchaient pas la mort (sauf peut-être un ou deux). Ils ont perçu comme étant leur mission de maintenir les liens avec les villageois algériens et d'exercer la charité. En cela, ils donné un témoignage de leur foi. C'est le sens originel du mot "martyre".
19:38 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinéma, cinema
lundi, 25 octobre 2010
Du Nutella bio !
Le gros problème des concurrents de la célèbre pâte à tartiner du groupe Ferrero est de copier son goût. Tous les groupes d'hypermarchés ont tenté de lancer un rival sous leur marque, sans succès jusqu'à présent : Nutella détient environ 90% du marché français !
Ceux qui ont fait l'expérience ont pu constater à quel point la saveur du produit est difficile à imiter ou à concurrencer. C'est au point même que lorsqu'une version étrangère du produit nous est proposée, on sent la différence, ainsi que je l'ai raconté il y a quelques années, lorsque je me suis aperçu que ma grande surface habituelle avait substitué du Nutella fabriqué en Pologne au produit élaboré en France (plus précisément en Seine-Maritime).
J'ai finalement trouvé un concurrent satisfaisant, d'autant plus qu'il est issu de l'agriculture biologique :
Le goût est différent de la célèbre pâte à tartiner, mais c'est aussi bon. C'est par contre un peu plus riche en calories (558 Kcal aux 100 grammes contre 530 pour le Nutella), parce que la proportion de lipides est plus forte (36,1 contre 31). Pour être honnête, je peux ajouter que la proportion de noisettes est plus faible dans le produit bio (10% contre 13%), tout comme celle de cacao (5% contre 7,4%). Cependant, tous les ingrédients sont issus de l'agriculture biologique et c'est de l'huile de tournesol (et non de l'huile de palme) qui est utilisée. Dernière chose : c'est deux fois plus cher que le produit vedette de chez Ferrero !
Si vous êtes toujours intéressés, vous pouvez aller faire un tour sur le site de Jardin Bio, où vous trouverez plein d'autres choses. On peut même rechercher les boutiques qui vendent leurs produits... même si toutes ne sont pas référencées. Ainsi, je me suis procuré le "Nutella bio" au Monoprix de Rodez (qui offre une belle palette d'aliments estampillés "AB"), alors que, selon le site, aucun magasin du département de l'Aveyron n'en vend. Y a quelques progrès à faire !
23:40 Publié dans Economie, Vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : vive la vie, société, environnement, écologie, nature
dimanche, 24 octobre 2010
Musée Soulages : des comparaisons parlantes ?
La pose de la première pierre du futur musée n'a pas forcément poussé les médias dominants à fouiller le sujet. L'heure était à la célébration, à l'autosatisfaction. Néanmoins, quelques organes de presse ont fait leur travail.
La Dépêche du Midi est allée creuser du côté de la Haute-Vienne, plus précisément à Eymoutiers. Dans cette commune a été créé un musée d'art contemporain, dédié à la célébrité locale, Paul Rebeyrolle, décédé en 2005. Le financement s'est beaucoup plus appuyé sur l'Etat et les Conseils (régional et général) que dans le cas du projet Soulages, qui repose quand même essentiellement sur le Grand Rodez. Il est vrai que la commune d'Eymoutiers ne compte, d'après l'INSEE, qu'un peu plus de 2 000 habitants et qu'il ne semble pas exister une organisation intercommunale de poids. (Cet exemple n'est pas sans évoquer le cas du centre d'art de Kerguéhennec, dont j'ai déjà parlé, tout comme Le Nouvel Hebdo, dans son numéro 137.)
Le budget de fonctionnement est évidemment moins élevé en Haute-Vienne. Au passage, on remarquera que l'estimation de celui de Rodez ne cesse d'augmenter, de 900 000 euros à l'origine à 1,2 million aujourd'hui. C'est un peu à l'image du coût de construction : rappelons qu'on est passé de 10 à 25 millions (officiellement en 2010), sans doute au moins 30 en 2012...
Enfin, le nombre de visiteurs n'est que de 15 000 à Eymoutiers. Tous ne sont pas payants, puisqu'il est précisé que de "nombreux scolaires" sont inclus dans le total. Les autres sont des amateurs d'art. Viennent-ils de loin ? Il serait intéressant de le savoir, parce que c'est l'un des arguments utilisés par les promoteurs du musée Soulages, censé attirer les foules du monde entier. A cet égard, l'analyse de la zone d'attraction du Centre Pompidou (consultable dans le numéro 144 du Nouvel Hebdo) est éclairante : le public est celui de la grande région.
L'hebdomadaire satirique aveyronnais persiste dans le numéro 146. On peut y lire une passionnante analyse comparative du projet Soulages et de celui du Louvre-Lens. (On notera qu'en dépit de la nomination précoce d'un conservateur, le futur musée ruthénois n'est toujours pas présenté au public par un site internet digne de ce nom...) Ceci dit, il faut relativiser. Il n'est pas plus pertinent de comparer le projet Soulages à celui de Lens qu'au Centre Pompidou de Metz. Dans ces deux derniers cas, on est face à des antennes des plus grands musées parisiens, installées dans des villes assez importantes (la commune de Lens compte plus de 35 000 habitants, la communauté d'Agglomération environ 250 000), bien reliées à la capitale. Autant d'avantages qui, soit dit en passant, font défaut à Rodez...
13:08 Publié dans On se Soulages ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, culture
samedi, 23 octobre 2010
Traces de pneu
Non, non, bande d'esprits scabreux, il ne va pas être question des marques qui déshonorent parfois le fond de certains caleçons. Je me suis penché sur la mercatique récente des principaux fabricants de pneumatiques, à savoir Goodyear-Dunlop, Michelin, Bridgestone-Firestone, Pirelli et Continental.
Mon attention a été attirée par un article paru dans Le Canard enchaîné du jeudi 14 octobre 2010, intitulé "Dégonflés d'écolos !" :
Je me suis donc d'abord rendu sur le site de Goodyear dédié à cette nouvelle campagne, faussement écolo dirons les mauvaises langues. On peut y découvrir 6 personnages, dont 5 franchement caricaturaux. On a ainsi donné du boulot à quelques intermittents du spectacle... en ridiculisant les comportements écolos purs et durs. Une fois sur la page d'accueil, il faut cliquer sur chaque personnage pour accéder à son petit sketch. Le monsieur bien habillé, qui représente la marque, est là pour dire le Vrai, le Bien, le Beau.
Si après cela vous n'en avez pas marre, allez regarder dans le menu en haut à droite, et choisissez "La Good web TV". Cela donne accès à 11 petits films dénigrant successivement l'écolo altermondialiste (le film n'a pas été tourné en français), les amateurs de Jackass, un skieur nautique et un skater plutôt virtuoses, un mécano qui croit pouvoir tout bien faire par lui-même, un bureaucrate pointilleux, une executive woman forcément nulle en mécanique... et une obèse. C'est assez malsain, parce qu'il est difficile d'y voir réellement du second degré.
Certains spots sont par contre assez réussis : celui avec la grand-mère roulant en marche arrière, celui avec le morse (drôle mais pas très porteur pour la marque, à mon avis) et surtout (mon préféré) celui mettant en scène deux jeunes amoureux, se terminant par un délicieux slogan ("Ne laissez pas une crevaison gâcher votre journée").
Mais que font les concurrents ? Ils jouent un peu sur le même registre : les pneus de nouvelle génération font faire des économies de carburant, et donc protègent notre belle planète. Michelin recourt évidemment à son personnage Bibendum, transformé en héros de dessin animé. Bridgestone nous la joue produit de haute technologie (ça, c'est les Japonais, que voulez-vous), un peu comme Pirelli, qui fait quand même pâle figure à côté.
Reste Continental, qui a trouvé un autre créneau : la coupe du monde de football. L'argument utilisé est un classique de la communication des groupes de pneumatiques : la sécurité, l'efficacité du produit qui, chez les autres marques, est aujourd'hui complété par le souci environnemental. On verra si cela perdure...
13:58 Publié dans Economie, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, actualité, économie, vidéo, environnement
vendredi, 22 octobre 2010
"Le Ruthénois" numéro 34
Cette semaine, l'hebdomadaire met en vedette le président de la communauté d'Agglomération du Grand Rodez, Ludovic Mouly, auquel est consacrée l' "Interview de la semaine". Dans celle-ci, il calme le jeu avec le maire d'Onet-le-Château (Fabrice Geniez) et se montre lucide sur la proposition du président du Conseil général de l'Aveyron (Jean-Claude Luche) concernant le barreau de Saint-Mayme. Il est par contre assez maladroit quand il est questionné sur sa nouvelle directrice de la stratégie et de la communication. Il ne répond pas vraiment sur le fond et a bien de la chance que Benjamin Lamaillé ne creuse pas le sujet.
Ensuite, les jeunes sont à l'honneur, à travers les manifestations contre la réforme des retraites et un article consacré à l'ambiance de ville, vu côté étudiant. Selon les personnes interrogées (pas forcément représentatives), c'est grâce aux bistrotiers que cela bouge un peu ! Visiblement, ils n'apprécient pas que des adultes critiquent le barouf produit par certains groupes alcoolisés du jeudi soir... Mais, à part ça et si on laisse de côté le climat (moi j'aime), en gros, ils se plaisent bien chez nous.
Juste au-dessous, on peut trouver un entretien avec Guilhem Serieys, qui, sur la fin, renonce à la langue de bois pour déclarer : "Il nous faut également arriver à faire comprendre à certains étudiants et à certains établissements qu'il y a d'autres moyens de s'amuser que d'habiller les première année avec des sacs poubelles..." Entièrement d'accord ! (Rappelons au passage que le bizutage, quel que soit le nom qu'on lui donne, est interdit par la loi.)
Page 6, il est question de la page Facebook de Jean-Claude Luche, qui semble avoir servi de tribune à quelques olibrius d'extrême-droite. Le Ruthénois a l'élégance de signaler le rôle joué par le site Aligorchie, qui a dénoncé la chose.
L'autre grande affaire de la semaine est la pose de la première pierre du futur musée Soulages, qui a donné lieu à un battage médiatique parfois pénible. Cette page 23, abondamment illustrée, est un bon exemple d'usage de la brosse à reluire et d'optimisme béat. Ainsi, Nathalie Dijols (qu'on a connue plus inspirée), nous gratifie de quelques envolées, comme celles-ci :
"Ce mercredi, les fines gouttes de pluie ont laissé place à de douces éclaircies... Un signe... Ce jour fut lumineux et mémorable." (Vite ! Un seau d'eau !)
"Pierre Soulages est un sage, un dieu vivant"
A la lecture de ces lignes hagiographiques, on se demande si le Panthéon de Paris ne serait pas un peu trop petit pour abriter, plus tard, la dépouille de ce grand homme...
17:08 Publié dans Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, presse
jeudi, 21 octobre 2010
Elle s'appelait Sarah
... "Elle n'avait pas huit ans / Sa vie c'était douceur, rêves et nuages blancs / Mais d'autres gens en avaient décidé autrement"..." Oui, comme vous sans doute, le titre de ce film a évoqué pour moi ces paroles de la chanson de Jean-Jacques Goldman, Comme toi.
Je ne sais pas si c'est voulu mais, dans la chanson comme dans le film (tiré du roman éponyme de Tatiana de Rosnay), il est question d'une petite fille juive victime de la déportation pendant la Seconde guerre mondiale.
Cependant, le film, assez habilement, entrecroise deux histoires, celle d'un couple contemporain, en crise (aucun des deux n'étant juif) et celle d'une famille arrêtée lors de la rafle du Vel d'Hiv'. Le début rappelle d'ailleurs certaines scènes de cet autre film, sorti l'an passé, La Rafle. La parenté est très forte quand l'action se déroule à l'intérieur du vélodrome et quand il est question de l'attitude des policiers et gendarmes français.
Toutefois, ce film est à mon avis supérieur sur le plan cinématographique, ne serait-ce que par les choix de mise en scène du réalisateur. Une partie est montrée au niveau du regard des enfants. Certains plans, notamment ceux filmés du dessus, ont une charge émotionnelle assez forte.
L'intrigue se noue autour d'un appartement, propriété de la belle-famille de l'héroïne (incarnée à merveille par Kristin Scott-Thomas, vraiment épatante d'engagement, de trouble et de sensibilité). On finit par comprendre que ce logement a été acquis en août 1942... Julia a-t-elle raison de soupçonner le pire ? Qu'est-il arrivé au petit frère qui avait été caché dans le placard de la chambre ? Sarah a-t-elle survécu ? L'enquête à la fois professionnelle et personnelle de la journaliste franco-américaine réserve bien des surprises...
Même si l'on peut regretter quelques facilités (et une fin que l'on voit venir à 10 kilomètres), l'ensemble est prenant, bien fichu et, franchement, j'ai été plusieurs fois très émouvé.
18:20 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, film, cinéma
mercredi, 20 octobre 2010
Du Soulages, en veux-tu, en voilà !
Il y a quelques mois, j'avais jugé bon de parler d'une "offensive Soulages", tant le tir groupé politico-médiatique m'était apparu flagrant. Cette semaine, on est passé à la phase supérieure.
Cela a commencé mardi 19, en fin d'après-midi, par une conférence, au cinéma Le Royal, sur l'oeuvre du Maître de l'outre-daube. J'ai ouï dire qu'en ce lieu solennel s'était rassemblé tout le gratin grand-ruthénois, aussi bien politique (Fabrice Teyssèdre et Christian Geniez se seraient côtoyés en cette journée mémorable !) que culturel. Les mauvaises langues disent que si, dans l'après-midi, les rues ont été occupées par des salariés en grève, en début de soirée, la salle de cinéma fut remplie d'individus dont l'esprit critique a oublié de se manifester...
Le lendemain, mercredi, a eu lieu la pose de la première pierre du "machin" sur le foirail. (O surprise ! Midi Libre a pompé une dépêche de l'AFP !... sur un sujet local d'importance, c'est la deuxième fois en quelques mois). Les médias ont abondamment couvert l'événement, annoncé le matin même sur Totem (entretien -réalisé la veille- avec le peintre à la clé). Le soir, le journal local de France 3 fut largement consacré à la chose.
Je dois néanmoins reconnaître que le quotidien Centre Presse s'est distingué de ses confrères : le numéro de mercredi présente une surcouverture (liée à l'événement) d'un style recherché :
Seule note discordante dans ce concert de louanges et d'optimisme béat, une intervention de Jean-Louis Chauzy, président du Conseil économique et social de Midi-Pyrénées, frappée au coin du bon sens. Bravo à La Dépêche du Midi pour avoir porté à la connaissance de ses lecteurs cette information discordante.
23:54 Publié dans On se Soulages ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : culture, art, actualité
mardi, 19 octobre 2010
Burqa or not burqa ?
En cette fin d'après-midi, je me suis retrouvé rue des Iris, à Onet-le-Château. J'étais tranquillement en train d'écouter un vieux "tube" de Blondie quand l'image a surgi devant mes yeux, au détour d'un virage.
Sur le trottoir, à ma droite, marchait un couple. L'homme, très barbu, était vêtu à l'orientale. Il s'appuyait sur une poussette, à côté de ce qui devait être son épouse (une de ses épouses ?). Le problème est que je ne peux pas me permettre d'être affirmatif, vu qu'elle avait adopté la tenue "chauve-souris" (le mari se contentant de la "chauvitude"...).
Tous deux se dirigeaient vers le magasin Lidl, voire l'hypermarché Géant. Quand je pense que la loi interdisant le voile intégral (dans ce cas, un niqab plutôt qu'une burqa) vient d'être votée !
17:12 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : ^politique, société, france, femme
samedi, 16 octobre 2010
Cleveland contre Wall Street
Quand on habite l'Aveyron, il faut vraiment être particulièrement motivé pour voir ce film, sorti à la fin du mois d'août, et auquel je n'ai pu avoir accès (en salle) que tout récemment.
Les gérants de salles ont été frileux et pourtant, il traite d'un sujet qui a fait les gros titres en 2008-2009 : la crise des subprimes. L'un des intérêts du film est d'ailleurs de fournir au spectateur un peu perdu des éléments clairs de compréhension du problème, venant de partisans comme d'adversaires de ce procédé financier.
La construction du film est expliquée en introduction. (On peut trouver des informations plus détaillées sur le site du film, dans un entretien réalisé avec le metteur en scène, Jean-Stéphane Bron.) A la base, il y a la colère de victimes des expropriations (souvent noires) et de leurs voisins, à Cleveland, dans l'Ohio. Une association s'est montée et un avocat s'en est approché. La municipalité de Cleveland, dont les finances souffrent particulièrement en raison de cette crise, décide de prendre le taureau par les cornes. L'idée naît de poursuivre en justice les banques qui ont poussé à la signature de ces emprunts aux taux confiscatoires puis mis en œuvre leur titrisation. C'est donc une nouvelle version du pot de terre contre le pot de fer, ou de David contre Goliath.
Le problème est que le procès ne vient pas. Les banques font tout ce qu'elles peuvent pour empêcher sa tenue. Du coup, le réalisateur pense à tourner ce procès de manière fictive, en demandant aux protagonistes de jouer leur propre rôle. Pour les victimes, cela semblait facile. Mais il a fallu aussi dégotter un juge, un avocat pour les parties civiles, un pour la défense des banques... et désigner huit jurés.
Le résultat est vraiment intéressant. Dans la première partie du film, on entend les témoignages de victimes et celui d'un shérif, qui procédait aux expulsions. C'est évidemment émouvant, d'autant plus que le réalisateur a eu l'intelligence d'alterner les scènes de tribunal avec des moments capturés en dehors, dans les couloirs, dans les rues de la ville voire dans les maisons. On assiste même à la vente aux enchères de la demeure de l'un des témoins.
La manière dont le déroulement du procès est rendu est efficace. On nous propose l'interrogatoire puis le contre-interrogatoire des témoins, principalement ceux des parties civiles (les victimes des expulsions). Je pense aussi que le réalisateur a choisi de valoriser ce que chacun avait dit. On ne voit donc pas tout ce qui a été tourné, mais plutôt les meilleurs moments.
Il faut aussi reconnaître à Jean-Stéphane Bron un réel souci d'impartialité : l'avocat des banques n'est pas dénigré... et en plus il est très bon !
Je distingue trois moments particulièrement forts dans ce film. Le premier se place quand vient témoigner à la barre un gérant d'immeubles, ancien courtier... et même ancien dealer (activité dont il reconnaît qu'elle l'a bien aidé dans son métier suivant !). C'est le personnage qui a été choisi pour figurer sur l'affiche. Il s'appelle Keith Taylor et je trouve qu'il a su expliquer simplement le déroulement au quotidien de cette grosse arnaque.
Le deuxième moment fort intervient lorsque témoigne un informaticien, concepteur du logiciel qui a servi aux banques à monter ce qu'il faut bien appeler leur escroquerie. C'est d'autant plus intéressant que le type n'est pas un rebelle, qu'il croit encore dans le système, mais qu'il l'estime dévoyé.
Enfin, on dégustera la séquence qui voit venir à la barre un ancien conseiller de Ronald Reagan, un néolibéral pur sucre. Son contre-interrogatoire n'est pas mené par l'avocat officiel des parties civiles (que, de manière générale, je n'ai pas trouvé très bon) mais par une prof de Droit qui réussit le tour de force de tirer les vers du nez à ce vieux briscard... qui ne s'en rend pas compte !
Restent la délibération du jury et le verdict. Dans un film de procès, je m'amuse toujours à estimer, dès le départ, quelle pourra être la position des jurés. Évidemment, c'est extrêmement subjectif, surtout qu'au début on ne connaît rien d'eux, si ce n'est leur apparence. Hé bien, c'est terrible à dire, mais, à la fin, j'ai retrouvé la grille de séparation du départ. Sachez que le verdict s'est joué à une voix près et que tous ont d'excellents motifs pour justifier leur vote.
11:38 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, cinéma, film
vendredi, 15 octobre 2010
Le barreau de Saint-Mayme
C'est un sujet qui "fait causer" dans le Grand Rodez... et même au-delà, dans une bonne partie de l'Aveyron. A la base, il y a un constat : le matin et le soir, entre Espalion et le chef-lieu départemental, cela bouchonne sévèrement. La solution serait de lancer (enfin !) le grand contournement de Rodez. Le problème est que c'est un chantier d'Etat, puisque la voie de communication concernée est la route nationale 88. Comme l'Etat se désengage de beaucoup de choses, certains pensent que c'est aux collectivités territoriales de prendre la suite. Faute de grives, on se contenterait de merles et, privés de l'excitation provoquée par la construction du grand contournement, les Aveyronnais devraient se contenter d'avoir le barreau... de Saint-Mayme, sur le territoire de la commune d'Onet-le-Château :
La mise en chantier de ce "raccourci" routier a été l'objet d'une mini-polémique. Le président (UMP mais pas trop) du Conseil général, Jean-Claude Luche, a lancé l'idée, reprise par le maire socialiste d'Onet (accessoirement vice-président de la communauté d'agglomération) Fabrice Geniez qui, au passage, égratigne ses bons amis du PS.
Tout cela survient sur fond de précampagne électorale : les cantonales approchent et l'incertitude planant au-dessus des résultats incite aux propos et actions spectaculaires, histoire de marquer les esprits. D'un côté, on accuse les élus socialistes du Grand Rodez de freiner sur le sujet pour ne pas servir la soupe à J-C Luche. De l'autre, on s'étonne que celui-ci débarque avec des propositions concrètes à moins de six mois des élections. Enfin, le maire d'Onet-le-Château est accusé de jouer perso.
Tout cela n'enlève rien au fait qu'il y a un vrai problème de circulation, l'agglomération ruthénoise étant située sur un axe majeur, reliant Toulouse à Lyon. A mon avis, le projet du "barreau", quels que soient ses mérites, ne résoudra rien ou ne fera que déplacer légèrement le problème. Je rejoins donc les réflexions de l'ancien maire de Rodez, Marc Censi, qui a publié une tribune dans l'hebdomadaire Le Ruthénois :
C'est au-delà de l'Aveyron qu'il faut réfléchir, en coordination avec le Conseil régional de Midi-Pyrénées... et bien entendu les services de l'Etat, sur lesquels une coalition d'élus locaux de tous bords devrait exercer d'amicales pressions.
P.S.
Dans ce même numéro du Ruthénois, une page fort intéressante (sans doute publiée aussi dans Le Progrès Saint-Affricain du 14 octobre) est consacrée au contournement de Pont-de-Salars, dont on nous précise le coût : 23 millions d'euros, pour gagner entre 1 et 5 minutes sur le trajet menant à Millau... Cela fait cher, tout de même !
18:40 Publié dans Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
mercredi, 13 octobre 2010
Combien de manifestants ?
La polémique fait rage. La police est accusée de sciemment sous-estimer le nombre de manifestants, délaissant sa mission de service public pour adopter une attitude partisane. (Cela révulse jusqu'à certains flics !) De leur côté, les syndicats sont soupçonnés de gonfler exagérément les chiffres de la mobilisation.
Cela se ressent aussi au niveau de l'Aveyron, plus précisément de Rodez. Dès hier, Force Ouvrière affirmait que le cortège ruthénois (où je me suis caché) avait réuni 16 000 personnes, information relayée notamment par la radio Totem.
Aujourd'hui, les quotidiens donnent des estimations différentes. La Dépêche du Midi confronte les chiffres avancés par FO à ceux donnés par la police (qui n'a pas communiqué dessus) :
Le plus croquignolet, dans cet article, est l'écart qui sépare les estimations à propos de Marseille : 24 500 personnes selon la police... 230 000 selon les syndicats ! Alors, soit on n'a pas arrêté d'abuser du pastis dans les commissariats phocéens, soit la réputation de galéjade des militants locaux est encore largement au-dessous de la vérité !
Midi Libre ne se mouille pas trop, mais semble quand même relativiser fortement l'estimation fournie par FO :
Centre Presse fait de son côté assaut d'honnêteté, les journalistes reconnaissant ne pas être des habitués de ce genre de décompte. Le quotidien aveyronnais nous livre quand même son estimation :
On retrouve les chiffres fournis par la police... Finalement, seule La Dépêche se mouille, jugeant certes les chiffres syndicaux trop élevés, mais ceux de la police nettement inférieurs à la réalité. D'après des participants réguliers aux manifs, il apparaît peu probable que moins de 10 000 personnes aient été présentes mardi 12. On arrive donc à quelque chose entre 10 000 et 16 000 (13 000 selon La Dépêche).
18:07 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, actualité, france, retraites, société
mardi, 12 octobre 2010
Au coeur de la manif'
Me voilà en pleine opération d'infiltration, tel un Harry Roselmack blanc aveyronnais ! Pour me fondre dans le paysage, je ne me suis pas lavé les cheveux pendant une semaine, je suis sorti avec une barbe de deux jours (c'est mon côté George Michael !) et j'ai pris soin de faire figurer du rouge dans mon accoutrement, histoire qu'on ne me soupçonne pas d'antibolchevisme primaire.
Le rendez-vous, place d'Armes, à Rodez, était fixé à 14h30. En toute logique, c'est après 16 heures que le cortège s'est élancé. Apparemment, il a fallu attendre que les derniers bus aient débarqué leur flot de manifestants. (Certains sont venus d'Aubin !)
Devant la cathédrale, la foule était bigarrée. J'ai été étonné par le nombre relativement important de jeunes (lycéens et étudiants), qui étaient toutefois minoritaires. Le gros des troupes était constitué d'actifs des deux sexes, auxquels s'est jointe une kyrielle de retraités.
Comme le soleil était de la partie, certaines tenues étaient légères... et les filles jolies ! Je pense que l'on doit à la présence des jeunes quelques éléments qui ont rendu cette manif' plus gaie, moins conventionnelle (tout est relatif...) qu'à l'habitude. Une jeune femme (aux ravissantes couettes) se promenait en couche-culotte (rassurez-vous, elle portait un pantalon en dessous). Un groupe de garçons avait bricolé un panneau sur lequel on pouvait lire "LES VIEUX AU BOULOT - LES JEUNES AU BISTRO ?". Moins inspiré (et plus politisé...), un autre brandissait une pancarte établissant un lien entre Nicolas Sarkozy et le groupe de Bilderberg.
La zique était à l'unisson, puisqu'on a eu droit à quelques morceaux revendicatifs de rock et de rap. De temps à autre, un pétard éclatait... parfois de manière tellement bruyante que l'on pouvait se demander si Al Qaida n'avait pas décidé de se joindre au mouvement ! On peut par contre déplorer le lâchage de P.Q. qui, une fois la marche terminée, a dû donner un surcroît de travail aux employés municipaux.
Bon, c'était pas tout ça, mais il fallait s'y mettre... pas avant toutefois d'avoir entendu la tirade de chaque représentant syndical... Purée, ce fut long ! Apparemment, bon nombre de manifestants (plutôt les anciens) tenaient à ces discours militants.
Ensuite, le cortège s'est mis en route, par la rue Gambetta, puis les boulevards Guizard, Laromiguière, Fabié, Flaugergues, Puech, de la République, Belle-Isle et d'Estourmel :
Notons au passage le souci des organisateurs de faciliter la tâche des policiers : comme la manifestation est passée sous les fenêtres du commissariat, on peut espérer que le comptage sera d'une rigueur incontestable.
Au cours de la manif, des estimations différentes ont circulé. Ce serait la plus suivie de ces dernières semaines. Alors, par combien de personnes ? 10 000 ? 15 000 ?
18:11 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, actualité, france, société, retraite
vendredi, 08 octobre 2010
"Le Nouvel Hebdo" numéro 144
L'éditorial de Gérard Galtier revient sur la série d'articlounnets (parue dans Midi Libre) consacrée aux 40 personnes qui feraient "bouger" Rodez. (Le même procédé a été appliqué par le quotidien languedocien aux villes de Sète et de Bagnols-sur-Cèze.) D'ailleurs, la liste des "bougeurs" a, à Bagnols comme à Rodez, suscité des commentaires acerbes. Les femmes sont très peu représentées et on a droit à une brochette de notables dont on se demande souvent en quoi ils font bouger la ville... Je ne pense pas idéaliser le passé en affirmant qu'à l'époque d'Aveyron Magazine (et de Femmes d'ici), Hugues Robert mettait davantage l'accent sur les "vrais gens".
Un long article évoque le bilan des cinq premiers mois d'existence du Centre Pompidou de Metz, sujet traité par Le Monde. C'est l'occasion de tracer un parallèle avec le futur musée Soulages. En gros, je me retrouve dans les analyses du Nouvel Hebdo.
De là, on peut rebondir sur le réaménagement de l'îlot Combarel (ancien siège de l'hôpital, déménagé il y a quatre ans à Bourran). Voilà un projet structurant qui aurait dû mobiliser les énergies (et la fiscalité...) de la commune ! Mais cela patine... et il me semble que les appétits immobiliers ne sont pas étrangers à cette lenteur. Il faut dire que c'est un sacré lobby à Rodez. Il n'y a qu'à regarder la manière dont le quartier de Bourran a été cochonné pour se rendre compte que l'intérêt général a peut-être, sous les anciennes municipalités, été quelque peu malmené.
Si l'îlot Combarel excite tant la convoitise, c'est qu'il est situé à proximité immédiate du Vieux Rodez :
Je précise, pour les personnes peu familiarisées avec le centre-ville de Rodez, que l'espace occupé par l'ancien hôpital (la croix rouge), est très proche de la cathédrale (cerclée de noir), qui marque l'entrée dans la ville ancienne.
Cependant, je ne partage pas le point de vue exprimé dans l'article de l'hebdomadaire satirique. Qu'on ne vienne pas nous faire chier avec un nouveau quartier étudiant en plein centre ! Certains espèrent dynamiser le coin, faire jouer la douce musique des tiroirs-caisses, alors que d'autres craignent la montée exponentielle des nuisances sonores (demandez aux riverains de la place Saint-Cyrice ce qu'ils en pensent)... et je ne parle pas des traînées d'urine ni des galettes de vomi. Le centre-ville est déjà bien assez malpropre comme cela ! Vous ne voudriez pas qu'il se mette à ressembler à celui de Toulouse, notamment les week-ends, où il n'est pas sans évoquer une ville d'Amérique latine après une semaine de grève des éboueurs...
La quiètude fait partie de la qualité de vie ruthénoise. Si certains s'ennuient, qu'ils aillent voir ailleurs !
Plus anecdotique, un autre article revient sur la polémique née à propos du débit de la cascade de Salles-la-Source. Franchement, cette affaire me laisse dubitatif. Je ne suis pas satisfait de la manière dont elle a été traitée par la presse locale. Au départ, cela me paraissait assez limpide (si j'ose dire). Mais je me demande si l'on ne nous cache pas quelque chose... une histoire de gros sous par exemple.
En bas de la page 1, je pense que, sous le pseudonyme Jean Bon, c'est Gérard Galtier qui pointe les hypocrisies qui entourent l'extension d'une porcherie, à Brasc. Là encore, je me demande si l'on n'est pas en train de nous bourrer le mou. Rien ne serait pire que de découvrir, dans quelques années, que l'eau de certaines sources aveyronnaises est devenue impropre à la consommation...
Page 3, sous la plume de Donato Pelayo, est publié un point de vue sur l'émotion provoquée par le lapsus de Rachida Dati. L'auteur se demande dans quelle mesure ce n'est pas une "erreur" volontaire, histoire de créer l'événement... ou, qui sait, pour masquer au grand public une affaire sur le point d'éclater.
Il y a encore deux-trois bricoles piquantes dans le numéro de cette semaine, comme cette complainte de l'habitant de Decazeville qui ne trouve plus aucun urinoir public en ville. Voilà qui risque de faire couler de l'encre... On pourra aussi s'intéresser aux échos de précampagne électorale. En gros, dans l'Aveyron, la droite est à bout de souffle, mais la gauche peine dans les derniers virages. Rien n'est joué pour les cantonales de 2011.
23:27 Publié dans Politique aveyronnaise, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, presse