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mercredi, 21 janvier 2015

Festival Télérama 2015

   Du 21 au 27 janvier, les cinémas qui ont noué un partenariat avec l'hebdomadaire culturel "de référence" permettent de (re)voir (à tarif réduit) quelques bons et moins bons films d'art et essai de l'année écoulée. (Ce sont les seize préférés des critiques maison.)

   Le numéro sorti ce mercredi contient la liste des cinémas partenaires. En Aveyron, il s'agit uniquement de La Strada, à Decazeville, et du Cap Cinéma de Rodez. Et encore, seule une partie des films est proposée aux spectateurs rouergats. Ainsi, il faut sortir du département pour trouver une salle (re)programmant le superbe Ida (un concurrent sérieux de Timbuktu dans la course à l'Oscar du film en langue étrangère).

   Heureusement, à Rodez comme à Decazeville, The Grand Budapest Hotel est disponible, en version originale sous-titrée. Il vient de décrocher neuf nominations aux Oscar 2015. A cette occasion, j'ai découvert avec étonnement que l'entraînante musique qui accompagne le film est l'oeuvre du Français Alexandre Desplat, qui "a la cote" à Hollywood.

   Il avait d'ailleurs déjà travaillé sur les précédents longs-métrages de Wes Anderson (Fantastic Mr Fox et Moonrise Kingdom). En consultant sa filmographie, j'ai pu constater qu'il avait contribué à l'habillage de nombre de films que j'ai beaucoup appréciés.

   Aux spectateurs de The Grand Budapest Hotel, je conseille donc de ne pas quitter la salle trop vite. Le générique de fin est un festival de balalaïkas et, dans sa seconde partie, il est agrémenté d'un personnage animé, dont je me garderai bien de décrire les évolutions à l'écran.

samedi, 17 janvier 2015

Invincible

   Si le titre français du nouveau film d'Angelina Jolie est bien choisi, il n'est toutefois pas aussi pertinent que l'original, Unbroken. Il donne bien la tonalité de l'histoire, celle du fils d'immigrés italiens que rien ne va briser, que ce soit le racisme des gamins de son âge, l'action de la police (contre ce voleur à la tire), le talent de ses adversaires en course, la faim, la soif, les blessures, les requins... et même la fixation sadique qu'un commandant de camp fait sur lui.

   La première heure est construite sur des allers-retours entre la période de guerre dans le Pacifique (au début des années 1940) et la jeunesse du héros. A l'écran, c'est magnifique. Dès le début, on est cueilli par ce plan aérien où, petit à petit, on commence à distinguer les bombardiers qui se détachent des nuages. A plusieurs reprises, on constate le très grand soin apporté à la photographie. La qualité de la mise en scène est aussi visible au niveau de la construction des plans. Les scènes sportives sont bien fichues, mais ce sont les scènes de camp qui sont les plus impressionnantes. La réalisatrice varie les angles de prise de vue et certains mouvements de caméra sont particulièrement judicieux. Je pense notamment au moment où les prisonniers, qui viennent de changer de camp, attendent, alignés dans la cour et entendent les pas du directeur, qui descend les escaliers de son logis.

   Il y a donc plusieurs films dans cet Invincible. Certains seront surpris de voir que les années 1930 ne sont présentées que sous l'angle nostalgique. (Et la crise, alors ?) Le passage par les Jeux de Berlin est aussi ambigu : c'est surtout un moment d'émerveillement pour le jeune homme, qui va se faire un nom en battant le record du dernier tour du 5 000 mètres. (Pour la petite histoire, sachez que c'est un petit-fils de Zamperini qui incarne le porteur de la flamme olympique !) On ne nous dit toutefois pas qu'il a terminé huitième de la finale, remportée par un duo d'increvables Finlandais. On ne montre pas non plus sa rencontre avec Adolf Hitler. Il est vrai que cela aurait perturbé le propos du film et que cela ne révèle rien sur le personnage. Plus tard, devenu soldat, il a prouvé qu'il ne se laissait pas acheter. (Aux curieux, je recommande un article de Slate, qui confronte le scénario du film à ce que l'on sait de la vie de Louis Zamperini.)

   Nous voilà projetés dans la guerre du Pacifique. Les scènes de combat aérien sont "chouettes". (Signalons la qualité des effets spéciaux, particulièrement visibles à cet instant, mais tout aussi efficaces -et plus discrets- à d'autres moments.) Angelina Jolie tire un bon parti des possibilités offertes par un bombardier. Vient ensuite la séquence de l'errance en mer. Trois des onze membres de l'équipage ont survécu à l'accident. Si ce n'est pas la partie du film la plus rythmée, elle n'est pas la moins intéressante. On se demande ce qui, de la faim, de la soif, de la tempête, des Japonais ou des requins est le plus dangereux. D'un point de vue physique, on voit la santé des personnages se dégrader : au-delà d'un style assez hollywoodien, le souci de réalisme est présent.

   Il est même omniprésent dans la troisième partie, celle de l'emprisonnement, au Japon. Les survivants vont passer par un camp de la jungle avant de rejoindre ce que l'on peut sans conteste appeler un camp de concentration. Ils vont y découvrir le sadisme du commandant Watanabe (très bien interprété par un musicien japonais, Miyavi). On sent qu'Angelina Jolie a vu et apprécié Le Pont de la rivière Kwaï et Furyo. J'ai cependant trouvé que certains effets étaient trop appuyés, en particulier dans la séquence de la poutre, un grand moment que je me garderai bien de raconter.

   Zamperini (incarné avec conviction par Jack O'Connell) devient une figure quasi christique. Au cours de la guerre, il s'est converti et cela a influé sur sa vie ultérieure. Cela contribue à renforcer le côté extraordinaire du personnage. Non seulement il était doté d'une santé et d'une volonté de fer, mais il a été capable de prendre du recul sur ce qu'il vivait.

   C'est un film à voir.

mercredi, 14 janvier 2015

Captives

   L'intrigue entremêle principalement deux époques : celle à laquelle l'enfant a été enlevée et celle qui voit ses parents et la police se rapprocher de la vérité sur ses ravisseurs, huit ans plus tard.

   Attention toutefois : ce n'est pas présenté de manière linéaire et, cerise sur le gâteau, on a ajouté des scènes qui se situent chronologiquement entre les deux époques. Cela donne un puzzle scénaristique qui, s'il nécessite de la part des spectateurs un réel effort d'attention, contribue à accentuer l'aspect dramatique de l'histoire.

   C'est servi par une excellente distribution, composée principalement d'habitués des seconds rôles et des séries télévisées. La plus connue est Rosario Dawson, récemment vue dans Sin City 2. Elle incarne une pugnace enquêtrice de la brigade des mineurs, qui va bénéficier de l'aide d'un flic de base, plutôt "rugueux" dans ses méthodes de travail.

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   Mais c'est le couple de parents formé par Mireille Enos et Ryan Reynolds (remarqué dans l'excellent Buried) qui m'a le plus marqué. La mère n'a plus de vie depuis la disparition de sa fille... d'autant que quelqu'un semble s'amuser à jouer avec ses nerfs. Quant au père, il pense encore pouvoir retrouver la gamine après toutes ces années, mais ne fait aucune confiance à la police, qui l'a d'abord considéré comme le suspect principal.

   L'ambiance est tendue, sur le fil du rasoir. La musique est au diapason. On perçoit bien la souffrance psychologique des parents et l'on a une idée précise du pouvoir de nuisance dont disposent les "méchants" (un peu trop machiavéliques à mon goût cependant). Au bout d'un moment, on comprend que les allers-retours entre le présent et le passé convergent vers la résolution de l'énigme, que je me garderai de révéler.

   Si l'on aime le style "polar glacé", je conseille vivement.

19:48 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

lundi, 12 janvier 2015

Exodus : Gods and Kings

   Ridley Scott est de retour avec une superproduction hollywoodienne. Ses dernières œuvres m'ont un peu laissé sur ma faim, de l'agaçant Robin des Bois au très réussi American Gangster, en passant par les corrects (sans plus) Prometheus et Mensonges d'Etat.

   L'une des premières séquences confirme, s'il était nécessaire, le savoir-faire du réalisateur dans les scènes d'action. Il est question de la bataille de Qadesh, qui opposa les Egyptiens aux Hittites. Le tout est servi par une pléiade d'acteurs connus, Christian Bale se détachant nettement du lot dans le rôle de Moïse. Par contre, on ne peut que regretter le choix de Joel Edgerton pour incarner Ramsès. D'autres personnes avaient été pressenties. Dommage... d'autant plus que le doublage n'est pas très réussi.

   Ceux qui ont vu Les Dix Commandements ne seront pas surpris par le déroulement de l'intrigue. Scott introduit toutefois une nouveauté qui a produit son petit effet : la présence d'un enfant, qui parle comme un adulte et que Moïse est le seul à voir (ainsi que les spectateurs, bien sûr). Cette incarnation divine est une excellente idée, d'autant plus qu'elle commence à apparaître à Moïse après qu'il a été victime d'un accident (avec plaie à la tête). Le scénario joue sur les deux tableaux, tentant de satisfaire aussi bien les croyants que les sceptiques.

   Cela se vérifie lors de la grande séquence de la mer Rouge. On peut interpréter le retrait des eaux aussi bien comme un phénomène naturel que comme le résultat d'une intervention divine. La suite est plus classique, mais elle a été précédée d'une éblouissante scène de poursuite en chars égyptiens, à flancs de montagne.

   Tout aussi impressionnante est la représentation des dix plaies d’Égypte. Cela constitue un véritable morceau de bravoure, une des plus belles réussites visuelles de ces derniers mois. Toujours aussi habile, Ridley Scott présente ces catastrophes comme des punitions divines mais, par la voix de l'un des personnages, il en propose aussi une explication rationnelle (ce en quoi il rejoint certains scientifiques).

   Ces moments épiques sont entrecoupés d'intermèdes intimes. Au palais, les scènes sont assez convenues, plutôt clinquantes, mais convaincantes. On retrouve avec plaisir la délicieuse Golshifteh Farahni (naguère étincelante dans Syngué Sabour) en reine Nefertari. Les péripéties qui se déroulent dans la ville du vice-roi Hegep sont plus palpitantes. Moins vraisemblable est par contre l'intrigue conjugale, qui vise le public "familial".

   Malicieux, au moment où il est question de la remise des Dix Commandements, Ridley Scott abandonne la surenchère numérique pour donner une version somme toute sobre de la gravure du texte sacré. C'est un peu à l'image du film, une grosse machine bien huilée dans laquelle le réalisateur a introduit quelques grains de sable personnels.

   Un soir, pour se détendre, dans une grande salle (après avoir vidangé la vessie), c'est idéal.

23:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 10 janvier 2015

Night Call

   La première partie du film nous présente ce drôle de rôdeur nocturne, un jeune homme solitaire, aux traits émaciés, qui s'exprime doucement et de manière presque obséquieuse... mais qui ne recule pas devant un acte illégal. Jake Gyllenhaal (récemment vu dans Enemy et Source Code) excelle à incarner ce quasi-raté, avec son improbable coiffure (il doit se peigner les cheveux à l'eau... et ne pas se les laver régulièrement).

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   Il semble végéter dans ses combines à la petite semaine quand, une nuit, il arrive par hasard sur les lieux d'un accident. A sa grande surprise, un quidam filme les événements, avant d'appeler une chaîne de télévision pour lui proposer les images... moyennant rémunération. Lou Bloom a la révélation : voilà sa vocation !

   La deuxième partie de l'histoire nous le montre dans ses premiers pas de "crash reporter" free lance... L'intrigue prend de l'épaisseur, dénonçant la course à l'audience et aux images chocs des chaînes de télévision. Dans le même temps, on suit ce nouvel auto-entrepreneur, énième incarnation de Rêve américain... et de ses dérives : Lou a intériorisé l'ultralibéralisme ambiant et en reproduit le schéma avec son employé.

   Celui-ci est incarné par Riz Ahmed, une vieille connaissance des cinéphiles, puisqu'il était l'un des principaux acteurs de deux très bons films engagés : The Road to Guantanamo et We are four lions, une comédie satirique sur un groupe d'apprentis djihadistes occidentaux.

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   Mais c'est avec une femme que les relations du héros vont être les plus albiguës. Rene Russo incarne avec un talent fou la directrice de l'info d'une petite chaîne californienne. Entre eux deux, c'est un peu la dialectique du maître et de l'esclave. On se demande qui dépend le plus de l'autre. Au départ, c'est évidemment le néo-reporter qui est dans la dépendance de la patronne. Puis la situation évolue, avec pour point d'orgue une fantastique séquence de restaurant. Mais la situation n'est pas figée...

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   Lou est ambitieux... et pas maladroit avec une caméra. La suite de l'histoire nous montre ses progrès. Il comprend que, pour battre ses concurrents (il n'est pas le seul à marcher sur les plates-bandes de la police pour se faire du blé), il lui faut sortir des sentiers battus. Le film prend une autre dimension quand le héros décide de ne plus se contenter d'attendre qu'un accident ou un fait divers se produise. La dernière partie de l'intrigue, toute en montée de tension, tourne autour d'un duo de cambrioleurs ultra-violents. Cela nous vaut notamment une superbe poursuite automobile, dans les rues de Los Angeles (très bien filmée de nuit).

   A voir absolument... et c'est sans doute l'un des meilleurs films de  2014, qui aurait figuré en bonne place dans mon palmarès si je l'avais vu plus tôt !

10:53 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 09 janvier 2015

Cours sans te retourner

   Bien qu'adaptée d'un roman, l'intrigue s'inspire d'une histoire vraie, celle d'un gamin juif de Pologne, séparé de ses parents au cours de la Seconde guerre mondiale, et qui a surmonté d'incroyables épreuves pour arriver à s'en sortir.

   C'est d'abord destiné aux enfants... et cela se sent. Les effets sont appuyés (ne parlons pas de la musique...) et, pour les vieilles bourriques dans mon genre qui ont déjà vu pas mal de films sur un sujet approchant, cela manque d'originalité au niveau de la mise en scène.

   Que reste-t-il de tout cela ? Eh bien les anecdotes (avec pas mal de rebondissements) et la prestation de certains acteurs. J'ai trouvé très belles les scènes faisant intervenir la mère de famille esseulée qui va recueillir le gamin. Comme, de surcroît, elle a les traits (et le charme...) d'Elisabeth Duda, cela passe très bien. Subtile aussi est la partie du film qui voit le jeune héros s'installer définitivement (?) à la campagne, où il sembler trouver une seconde famille.

   L'histoire brosse un tableau nuancé de la Pologne des années sombres. On sent chez le réalisateur la volonté de montrer que, si une partie des catholiques se sont comportés comme de gros enculés vis-à-vis des juifs, d'autres ont été de véritables héros, mettant en danger leur vie (voire celle de leurs proches) pour sauver des civils victimes d'une des pires oppressions que le monde ait connue.

   C'est quand même globalement maladroit... et parfois extrêmement cliché, notamment quand on suit une bande de gamins réfugiés dans les bois. Cela tourne presque au documentaire sur les scouts. Enfin, j'ai été très gêné par l'une des dernières séquences, lorsqu'un homme de la ville (juif) vient chercher le gamin dans son dernier refuge. La manière dont c'est mis en scène est vraiment très très ambiguë...

   P.S.

   A la fin, on nous montre l'homme dont la vie a inspiré le roman puis le film. Très âgé, il habite aujourd'hui en Israël. Ce procédé a tendance à se généraliser dans les films biographiques consacrés à des anonymes dont le destin a été bouleversé par le cours de l'histoire. (On a pu le vérifier récemment dans A la vie.)

   C'est peut-être aussi un moyen de désarmer le scepticisme de certains spectateurs, échaudés par la tromperie dont Survivre avec les loups avait été l'objet.

15:27 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 04 janvier 2015

Coming Home

   Je n'avais pas vu un film de Zhang Yimou depuis La Cité interdite, qui m'avait laissé sur ma faim. Mais, la présence au générique de Gong Li et le contexte de la Révolution culturelle m'ont incité à tenter l'expérience.

   L'histoire se divise en deux temps principaux. La première partie prend place sans doute à la fin des années 1960, alors que la Révolution culturelle fait rage. L'époux de l'héroïne (un "intellectuel bourgeois") s'est échappé de son lieu de déportation et tente de reprendre contact avec elle et avec sa fille, qui ne l'a plus vu depuis ses trois ans. La reconstitution est soignée et le cinéaste réussit à mettre en scène l'encadrement de la population par le Parti communiste. Un véritable chantage est exercé sur la fille, qui voudrait devenir danseuse. Deux séquences sont particulièrement marquantes : celle du retour de l'époux, un soir de pluie, et celle de la gare, trop mélo toutefois.

   Le deuxième époque s'étend sur la fin des années 1970 et le début des années 1980. L'ambiance a changé dans le pays. L'époux (Chen Daoming, très bien) est de retour mais il s'aperçoit très vite que sa femme est victime d'une amnésie sélective (dont on ne découvre la véritable cause que beaucoup plus tard). Si la répétition des scènes de gare est un peu lassante (l'héroïne attend toujours le retour de son époux, qu'elle n'a pas reconnu), l'insertion dans l'intrigue de la lecture des lettres non envoyées est une très bonne idée. La qualité du jeu des acteurs est particulièrement perceptible dans la scène du piano, que je me garderai bien de raconter.

   L'histoire se poursuit jusqu'à l'époque récente. Si les effets mélodramatiques sont trop appuyés à mon goût, l'ensemble se laisse voir sans déplaisir.

15:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 03 janvier 2015

Nature

   Après le succès de Sur la terre des dinosaures, qui, en France, avait attiré environ 500 000 spectateurs l'an passé, la BBC s'est à nouveau lancée dans le long-métrage documentaire.

   Tournées dans plusieurs pays d'Afrique, les images mettent en scène les habitants de différents milieux naturels. Cela commence par la forêt tropicale, où l'on découvre divers insectes, en particulier les fourmis noires, très voraces. Mais c'est sur les gorilles que l'attention se porte le plus longtemps. Ils sont superbement filmés... et si proches des humains :

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   Une autre séquence marquante est celle qui a été filmée autour d'un grand lac, où se réunissent chaque année des milliers de flamants. En consommant une algue spécifique, ils vont petit à petit rosir. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à un autre documentaire (superbe), Les Ailes pourpres.

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   Plus loin, c'est le désert (celui du Namib) qui est mis à l'honneur. On y suit un caméléon et un lézard qui tentent d'attraper différentes proies. Le second rencontre beaucoup de succès auprès du jeune public en raison de la chorégraphie qu'il exécute avec ses pattes, tant le sable est chaud. Il doit cependant se méfier du calme apparent du désert, qui cache parfois un prédateur comme la vipère :

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   Du désert, on passe aux plaines arides, où évolue une faune plus imposante : les éléphants... et les lions. De manière assez classique, les pachydermes sont présentés sous un angle positif, en famille. La quête de l'eau et de la nourriture motive leurs déplacements. Ils sont surveillés de près par les gros matous (hélas pas aussi bien mis en valeur que dans Félins). Les femelles sont évidemment les chasseuses. Elles s'occupent aussi des petits :

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   Du côté des cours d'eau, on rencontre des ruminants, les gnous, qui doivent choisir entre la soif qui les tenaille et le danger qui les menace au bord de l'eau : une attaque des crocodiles (très impressionnants).

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   Des cours d'eau, on passe aux mers et océans, avec des images toujours aussi superbes (même en 2D). On suit différents groupes d'animaux, les plus photogéniques étant les poissons-lions :

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   Ce n'est pas nouveau nouveau (notamment pour ceux qui ont vu Océans), mais c'est un grand plaisir des yeux et le commentaire dit par Lambert Wilson n'est pas trop envahissant. De surcroît, on nous annonce régulièrement quelle espèce apparaît à l'écran.

   La dernière partie africaine du documentaire nous emmène sur le mont Kenya où, dans la même journée, l'hiver succède à l'été. Les plans "minéraux" sont magnifiques. J'ai aussi trouvé très touchants les singes velus qui peuplent ces lieux particulièrement ventés. L'une de leurs principales activités consiste à mutuellement s'épouiller.

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   Le film aurait pu s'arrêter là. Mais non, il a fallu qu'on nous balance des enfants à l'écran. On en voit donc plusieurs s'amuser, l'été, sur une place garnie de jets d'eau. C'est le type même de la fausse bonne idée : alors que la plupart des séquences animales nous ont précédemment démontré la préciosité de la ressource en eau, le documentaire s'achève sur un exemple de gaspillage (sans le dénoncer, bien sûr) ! C'est vraiment dommage, parce que cela donne l'impression que pour les auteurs, la possibilité de faire de belles images est plus importante que la préservation de cette incroyable biodiversité.

17:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinema, cinéma, film, films

jeudi, 01 janvier 2015

Les "Riton" 2014

   L'année écoulée fut, elle aussi, riche en aventures cinématographiques. Là encore, plutôt que d'administrer le sempiternel palmarès en dix films (une aberration cinéphilique inventée pour tenir dans un petit article de presse), je propose un florilège de ce qui m'a le plus plu, dans les salles obscures.

   Dans la catégorie "les (bonnes) comédies embellissent notre vie"

- Riton du film romantique aux dialogues incisifs : Magic in the Moonlight

- Riton de la meilleure comédie allénienne : Apprenti Gigolo

- Riton de la comédie transalpine (de cheval) : Palerme

- Riton de la révélation comique française : Babysitting

- Riton de la comédie populaire : La Famille Bélier

- Riton de la comédie équine : Des chevaux et des hommes

- Riton de la comédie scandinave : Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire (un bon candidat au titre de meilleur film de l'année)

- Riton de la comédie sociale britannique : Pride

- Riton de la comédie familiale : Paddington

 

   Dans la catégorie "les animations sont parfois bien mieux conçues que les films"

- Riton de l'animation humoristique : Minuscule

- Riton de l'animation parodique : La Grande Aventure Lego

- Riton de l'animation jouant sur plusieurs niveaux de compréhension : Les Boxtrolls

- Riton du Disney de l'année : Maléfique

- Riton de l'animation pour "grands" : Patéma et le monde inversé

- Riton de l'animation qui ne prend pas les enfants pour des imbéciles : Les Fantastiques Livres volants de M. Morris Lessmore

- Riton de l'animation musicale : Le Piano magique

 

   Dans la catégorie "certains documentaires sont faits pour être vus au cinéma"

- Riton du documentaire intello et déjanté : Conversation animée avec Chomsky

- Riton du documentaire animalier : Grizzly

- Riton du documentaire conceptuel : Shirley

- Riton de l'hommage photographique : Le Sel de la Terre (une des plus belles réussites visuelles de l'année)

- Riton du documentaire biographique : A la recherche de Vivian Maier (un de mes coups de coeur)

- Riton du documentaire agricole : Les Chèvres de ma mère

- Riton du documentaire spirituel : Le Temps de quelques jours

- Riton du documentaire proche-oriental : Dancing in Jaffa

 

   Dans la catégorie "fictions en prise sur leur époque"

- Riton de la fable orientale : Girafada

- Riton du film israélien : Bethléem

- Riton du film qui dérange : 24 jours, la vérité sur l'affaire Ilan Halimi (Ce n'est certes pas un chef-d'oeuvre, mais encore moins un navet... et, à ma connaissance, il n'a pas été programmé à Rodez.)

- Riton de la dénonciation poétique de l'islamo-fascisme : Timbuktu

- Riton du film sur la cruauté du monde actuel : White God (un autre bon candidat au titre de meilleur film de l'année)

- Riton du film sur les conséquences de la perte des valeurs : Terre battue

 

   Dans la catégorie "films à caractère historique"

- Riton du film dénonçant l'exploitation de l'homme par l'homme : 12 Years a Slave

- Riton du film dénonçant l'exploitation de la femme par la femme : Philomena

- Riton du film dénonçant l'exploitation des enfants : Le Grand Cahier (un film très dur, mais incontestablement l'un des meilleurs de l'année 2014)

- Riton du film évoquant un aspect méconnu de la Seconde guerre mondiale : Les Vivants

- Riton de la plus belle épure philosophico-historique : Ida (mon 2e ou 3e film de l'année écoulée, en concurrence avec White God, mais quand même derrière celui dont je parlerai plus loin)

- Riton du film de Guerre Froide : D'une vie à l'autre

- Riton du film balkanique : Circles (encore un potentiel "meilleur film de l'année")

 

   Dans la catégorie "films de genre"

- Riton du western : The Salvation

- Riton du film de frontière : The Homesman

- Riton du film de l'outback : The Rover (sans doute dans le top 10, lui aussi)

- Riton du film de vendetta : Blue Ruin

- Riton du film de baston : Equalizer

- Riton du polar pervers : Gone Girl (aurait pu être le film de l'année, s'il avait été un peu plus resserré... et si le personnage principal avait été interprété par un meilleur acteur que Ben Affleck)

- Riton du film au scénario le plus délicieusement alambiqué : Enemy

- Riton du thriller français : La prochaine fois, je viserai le coeur (avec Guillaume Canet bien parti pour le César du meilleur acteur)

- Riton du thriller culinaire : Amours cannibales

 

   Dans la catégorie "films inclassables"

- Riton de l'aventure familiale : Vie sauvage (avec Mathieu Kassovitz, un concurrent sérieux pour G. Canet)

- Riton de la fiction expérimentale : Boyhood

- Riton de la crise existentielle : Chemin de croix (une des "grandes claques" de l'année)

- Riton du film inspiré : Noé

- Riton du portrait de famille : Un Eté à Osage County

- Riton du portrait hollywoodien : Maps to the stars

- Riton du portrait d'adolescents : Leçons d'harmonie (pas loin du top 10)

 

   Et enfin, voici, inclassable parmi les inclassables, le meilleur film de l'année 2014 (pour moi), excellent aussi bien au niveau du scénario que des dialogues, de la mise en scène, de la photographie et du jeu des acteurs... voici donc... The Grand Budapest Hotel.

 

   Archives :

- les Riton 2013

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- les Riton 2010

- les Riton 2009

- les Riton 2008

- les Riton 2007

- les Riton 2006

15:41 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 31 décembre 2014

Les Pingouins de Madagascar

   Je me demande si le public français est le seul à avoir été induit en erreur par le titre. Étant donné qu'une partie de l'action se passe en Antarctique (au début) et que cette séquence initiale est une parodie de La Marche de l'Empereur, il est évident que, pour leurs créateurs, les héros sont des manchots et pas des pingouins. Problème : en anglais, les premiers sont nommés penguins...

   Ce "Penguins Origins" n'en est pas moins savoureux. Il m'a mis dans de bonnes dispositions, alors que j'étais sorti assez mécontent de Madagascar 3. Cerise sur le gâteau, à un moment, le Commandant avoue en avoir marre de la chanson-vedette associée au film qui les a fait connaître (I like to move it...).

   Hélas, très vite, cet effort d'autodérision est ruiné par une pique francophobe (sorte de marque de fabrique de certaines productions DreamWorks...). Ainsi, lorsque les manchots tentent de prendre le bon avion pour retrouver le méchant, ils se retrouvent à bord d'un vol à destination de Paris. Cela suscite une réaction de rejet du Commandant, qui déclare : "Là-bas, ils vont nous plumer avec leurs impôts !" Quand la connerie états-unienne rejoint la mentalité beauf...

   Heureusement, on nous a épargné ce genre de saillie dans la suite des événements. Le film prend la forme d'une parodie de James Bond, avec des séquences d'action à gogo, notamment une poursuite démentielle à Venise. On appréciera aussi la représentation caricaturale des super-espions (visiblement des agents de la CIA)... finalement moins efficaces que notre bande de branquignols en noir et blanc.

   J'ai beaucoup aimé le second degré des dialogues et les ruptures de ton, comme lorsque le chef des méchants tente de communiquer avec les espions, après avoir piraté leur système de transmission.

   Le problème est qu'une bonne partie de l'humour comme de l'intrigue passe au-dessus de la tête de la marmaille que des parents inconscients ont emmenée voir ce film. En dépit des cascades et des nombreux gags "basiques", c'est plutôt destiné à des enfants déjà bien éveillés. Et 1h30, c'est finalement un peu long pour ce produit dérivé.

23:32 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 30 décembre 2014

Quand vient la nuit

   Michael R. Roskam s'est fait remarquer en 2012 par le formidable Bullhead (dont on retrouve d'ailleurs l'acteur principal, Matthias Schoenaerts, dans un rôle plus secondaire). Il a gagné son ticket pour Hollywood. Il est ici chargé de l'adaptation d'une nouvelle de Dennis Lehane (dont l'un des romans a inspiré naguère le Shutter Island de Martin Scorsese).

   L'action se déroule dans les bas-fonds de New York, là où sévit la pègre tchétchène. Chacun des personnages principaux a quelque chose à cacher. Il y a Marv, le gérant du bar dont il a jadis perdu la propriété. Sous ses airs bonhommes se cache un homme blessé. Dans son dernier rôle, James Gandolfini est impeccable.

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   A ses côtés se trouve son cousin Bob (Tom Hardy, un acteur à suivre). C'est un gars taciturne, modeste, qui ne cherche pas d'histoire. De prime abord, on pourrait même le prendre pour un demeuré. Un soir, il trouve un chiot dans une poubelle. Cette découverte va changer sa vie.

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   Le chiot lui permet de faire la connaissance de Nadia, une serveuse à peine plus causante que lui, et qui semble avoir un lourd passé. Noomi Rapace excelle à restituer la combinaison de force et de fragilité de son personnage.

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   Et puis il y a Eric, ce petit truand que l'on soupçonne d'avoir dézingué un mec, il y a environ dix ans. Il est un peu dingo et très arrogant. On le croit capable de tout... et c'est Matthias Schoenaerts qui s'y colle. Il faudrait aussi parler des mafieux tchétchènes, des policiers qui comptent les coups entre les truands et des employés du coin, qui viennent se saouler chez Marv.

   Petit à petit, les secrets de chacun sont révélés. L'intrigue se complaît toutefois un peu trop à laisser ses personnages patauger dans la merde des bas-fonds. Cela donne un film très noir, avec un poil d'optimisme. L'ambiance est bien campée, les acteurs très bons. Du coup, dans la salle, le public est saisi... même le groupe de djeunses que j'ai eu la surprise de voir débarquer. Comme quoi, ça vaut le coup de programmer un polar art et essai, à Rodez, en version originale sous-titrée !

23:03 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

White God

   Certains spectateurs se trompent lorsqu'ils donnent le titre de ce film. Influencés par son contenu (et peut-être par un reste de dyslexie), ils demandent une place pour White Dog. L'histoire tourne donc autour des chiens, des mauvais traitements que différents humains leur font subir... et de leur révolte. De ce point de vue, le propos est assez proche de ce qui était dit dans une animation des années 1980, The Plague Dogs.

   Mais ce "dieu blanc" est aussi tout simplement l'homme blanc, celui qui se croit supérieur aux autres. A l'image du procédé utilisé dans La Planète des singes, les chiens sont des substituts d'humains considérés comme inférieurs et traités comme tels.

   La première séquence (saisissante) montre la ville de Budapest, vide, et une meute de chiens qui semble poursuivre une jeune fille à vélo. On se croirait dans un film d'horreur de George Romero. Mais, dans un premier temps, on ne sait pas comment la séquence se conclut.

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   Le retour en arrière permet de donner plus d'épaisseur à l'intrigue. S'y greffe une histoire familiale, dans la Hongrie contemporaine. La vie quotidienne est difficile, y compris pour l'enseignant, contraint de travailler dans un abattoir pour préserver son niveau de vie. Son épouse l'a quitté pour un mec plus jeune et visiblement plus friqué. Elle lui amène leur fille Lili. (En fait, elle s'en débarrasse pour trois mois...) Entre la gamine, élevée hors de Hongrie, à l'occidentale, et le père traditionaliste, c'est un peu le choc des cultures... d'autant plus que la gamine apporte avec elle un chien, nommé Hagen. La père n'aime visiblement pas ce genre d'animal et, de surcroît, ceux qui ne sont pas de "race pure" doivent être livrés aux autorités, ce qu'une voisine pète-sec se charge de lui rappeler.

   Comme on peut le constater, la vie est triste dans ce Budapest de fiction. Même à l'école de musique, où la gamine espère s'épanouir (elle joue de la trompette), l'ambiance n'est pas des plus amicales. Heureusement qu'elle a son chien, mignon tout plein. Mais elle va le perdre.

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   A partir de là, le film se poursuit du point de vue des animaux (qui ne parlent pas ; on reste dans une optique réaliste). Le gentil Hagen va découvrir à quel point les humains peuvent être fourbes et cruels, ne pensant qu'à leur intérêt immédiat. Cela va des agents de la fourrière au sans-domicile-fixe, en passant par les types louches qui organisent des combats de chiens. Certaines scènes sont à la limite du soutenable, à tel point que j'ai vu des spectateurs quitter la salle (et pourtant, c'était à l'ABC de Toulouse, où les gens sont sensés savoir ce qu'ils viennent voir).

   Précisons tout de suite que ces scènes sont simulées. Dans le générique de fin (comme dans le dossier de presse, téléchargeable sur le site du distributeur Pyramide), il est clairement précisé qu'aucun animal n'a été maltraité durant le tournage. Techniquement, outre quelques effets spéciaux, le réalisateur a fortement usé du champ-contre-champ et de scènes coupées, le montage et l'imagination des spectateurs faisant le reste. C'est dire l'efficacité de la mise en scène.

   Les "acteurs principaux" canins ont été très bien dressés et guidés sur le tournage. (Luke et Body, qui incarnent Hagen, ont d'ailleurs reçu la Palm Dog 2014, à Cannes, où le film a décroché le prix "Un Certain Regard".) Le résultat est impressionnant. Le dernier tiers du film montre la révolte des chiens et la vengeance de Hagen, qui incarne désormais une sorte de tueur en série. Je me garderai bien de révéler comment tout cela se termine. L'intrigue ménage encore quelques surprises.

   C'est un film à voir si vous en avez l'occasion et, pour moi, c'est l'un des meilleurs de 2014.

14:26 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 28 décembre 2014

Amours cannibales

   Le film commence par un plan large (fixe au départ), celui d'une station service, isolée, la nuit. Seuls les éclairages artificiels nous permettent de distinguer les détails. On ne perçoit  les sons que de manière étouffée. C'est joli à voir... et, au bout d'un petit moment, on comprend ce qu'a voulu montrer le réalisateur... mais je n'en dirai pas plus.

   La scène est à l'image de l'ensemble du film. C'est soigné sur le plan de la mise en scène, mais cela nécessite un petit effort (et de la patience) de la part des spectateurs. De surcroît, la réalisation colle au personnage principal (je n'ose écrire "le héros"), Carlos. Il est brillamment interprété par Antonio de la Torre, aperçu jadis dans Entre les jambes et Volver, plus marquant récemment dans Balada triste.

   Ce tailleur méticuleux est filmé méticuleusement, dans son activité professionnelle comme dans sa vie privée. Il habite Grenade (en Andalousie), est toujours célibataire à quarante ans passés... sans être homosexuel. Il lui arrive d'éprouver du désir pour une femme mais, quand il veut "consommer", c'est au sens propre : il la tue puis la découpe en steaks, qu'il déguste le soir, seul dans sa cuisine. (Précision : il ne semble pas aimer la viande saignante, ni grillée ; ses steaks ont l'air d'être cuits à point.)

   Sa routine est bousculée par l'arrivée d'une nouvelle locataire à l'étage du dessus. Puis c'est au tour de sa sœur jumelle, moins entreprenante, mais tout aussi désirable (Olimpia Melinte, très bien dans les deux rôles). La deuxième partie de l'histoire raconte l'étrange relation qui se noue entre les deux êtres, sur fond d'enquête policière.

   Tout va se jouer dans le chalet que le tailleur possède dans les montagnes, sans doute les cordillères Bétiques. (C'est la confirmation que, décidément, my tailor is rich !) Comme Manuel Martin Cuenca est habile, il conclut son film de manière inattendue.

   A voir si vous aimez les aventures cinéphiliques.

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samedi, 27 décembre 2014

La French

   Le titre fait évidemment référence à la "French Connection", cette bande de racailles trafiquants qui a sévi dans la région de Marseille, principalement dans la première moitié de la Ve République. On pourrait craindre que ce polar ne verse dans l'héroïsation de ces délinquants sans scrupule, mais on nous a aussi présenté le film comme étant un hommage au juge Pierre Michel. C'est sur cette ambiguïté (relative) que le scénario a été construit.

   ... et franchement, même si l'on sait que l'histoire a été quelque peu "tordue" pour les besoins du film, cela fonctionne super bien. On commence avec une scène piège, qui en annonce une autre, vers la fin. Je suis sûr que beaucoup de spectateurs ont pensé qu'on allait leur servir un grand retour en arrière. Il n'en est rien. C'est un petit clin d'oeil du réalisateur, qui n'est pas malhabile. Les poursuites en voiture, les scènes de bar, de commissariat, sans oublier les planques... tout est bon.

   Cependant, parfois, Cédric Jimenez cède à la facilité, comme quand il nous présente le principal laboratoire d'héroïne : on arrive au moment même où une boîte de paëlla est fermée... et c'est la dernière du carton, qui est immédiatement déposé dans un van qui, ô surprise, est complet... et donc on en ferme aussitôt la porte latérale ! C'est un beau plan-séquence... et une hérésie scénaristique ! Mais la pire scène, convenue et maladroite, est celle qui voit l'épouse du juge (Céline Sallette, au demeurant très bien dans le reste du film) "sentir" ce qui vient d'arriver à son époux et se précipiter sur les lieux. On comprend que la véritable épouse Michel n'ait pas apprécié : non seulement le film ravive des souvenirs très douloureux (d'autant plus que l'un des assassins vient d'être libéré), mais surtout, cette scène est complètement inventée.

   Comme l'image est soignée, que la musique est chouette et que le montage est assez nerveux, on ne voit pas les 2h15 passer. Même si je trouve que le film est complaisant avec les mafieux, il rend hommage au justicier intègre que fut Pierre Michel. Les acteurs sont excellents, en particulier Jean Dujardin et Gilles Lellouche. Les seconds rôles (flics comme truands) ne sont pas en reste. A signaler la performance de Féodor Atkine en Gaston Defferre (avec des airs de Jean-Claude Gaudin !) et Benoît Magimel en petite frappe aux goûts vestimentaires douteux. Cela donne un très bon polar, et je pense que c'est comme cela qu'il faut le regarder.

   P.S.

   Parmi les documents d'archives insérés dans le film, il y a des extraits de journaux télévisés, l'un d'entre eux évoquant le passage de François Mitterrand à Carmaux, au cours de la campagne présidentielle de 1980-1981.

   P.S. II

   Une anecdote people, pour terminer. Dans le film, Mélanie Doutey incarne l'épouse de de Gaëtan Zampa, interprété par Gilles Lellouche, avec lequel elle a longtemps vécu... et dont elle s'est séparée en 2013, peu avant le début du tournage de La French.

21:57 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 26 décembre 2014

Le Chant de la mer

   Je me suis laissé tenter par cette animation irlandaise parce que j'avais apprécié la précédente oeuvre de son créateur (Tomm Moore), Brendan et le secret de Kells. On retrouve d'ailleurs la même "patte" : un graphisme simpliste en apparence, parsemé d'éblouissants jaillissements.

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   L'histoire peut se suivre à plusieurs niveaux. Pour les enfants, il est surtout question d'un garçon qui perd sa maman et doit s'occuper de sa petite soeur muette Maïna. A l'histoire "classique" se superpose une trame "merveilleuse", avec intervention d'êtres dotés de pouvoirs magiques, l'un d'entre eux n'étant autre que la petite soeur, qui se révèle être une Selkie (une sorte de fée), menacée de mort. Le scénario mêle habilement une légende celte à l'histoire familiale. Cela peut paraître complexe pour des enfants mais, dans la salle où je me trouvais, je n'ai vu qu'un garçon "décrocher". Quant aux parents, ils comprennent plus ou moins vite que les êtres de légende sont des projections des personnages de l'histoire (ainsi la sorcière correspond à la grand-mère et le géant transformé en rocher au père).

   Cela se regarde sans déplaisir, mais je n'ai pas été conquis. C'est un peu trop destiné aux enfants à mon goût et les chansons ne m'ont pas du tout emballé. Mais les gamins de la salle ont aimé. C'est l'essentiel.

   P.S.

   Les spectateurs aveyronnais seront attentifs à certains détails, en particulier à ces créatures pétrifiées après que la sorcière les a débarrassées de leurs émotions. Elles ressemblent bigrement à des statues-menhirs...

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   P.S. II

   Pour plus d'explications, il faut consulter le dossier de presse, téléchargeable sur le site du distributeur Hautetcourt.

22:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Timbuktu

   C'est le film dont tous les cinéphiles parlent, d'abord parce que le djihadisme (qui est au coeur de l'intrigue) occupe depuis des mois le devant de l'actualité, ensuite parce qu'il vient d'être retenu dans la présélection des Oscar du meilleur film en langue étrangère (avec huit autres longs métrages).

   Timbuktu est à la fois un film militant et un film d'art et d'essai. L'action se déroule dans la ville malienne de Tombouctou (dont la dénomination en langue touareg a donné son titre au film), après la conquête par les djihadistes en majorité arabes. Si l'on ajoute à cela la présence de population bambara, on a une idée (simplifiée) de la mosaïque ethnique de la cité (et du Mali).

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   Le portrait de ces djihadistes est globalement à charge, mais de manière caustique. Le plus flagrant est leur inculture religieuse. Ils ne se comportent pas en bons musulmans (en particulier : ils convoitent les femmes) et, face au savant de la ville, un érudit pacifique, leurs arguments ne pèsent pas lourd sur le plan intellectuel... mais ils ont la force avec eux. On sent chez le cinéaste mauritanien la volonté de montrer à un public non africain qu'il existe un "bon islam" et que celui-ci est la première victime des agissements des djihadistes. (Notons que son propre pays n'est pas exemplaire de ce point de vue.)

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   L'histoire met en scène les conséquences de la mise en place d'un pouvoir totalitaire dans la cité. La liste de ce qui est "haram" (interdit) ne cesse de s'allonger, du tabac à l'alcool, en passant par la musique, le football et "l'indécence vestimentaire" des femmes. Cela nous vaut plusieurs scènes ubuesques, comme celle de la marchande de poissons, qui tente de faire comprendre à un abruti de djihadiste qu'il lui est impossible d'exercer son métier avec des gants ! On a aussi beaucoup parlé de cette scène de jeu, qui voit une bande de gamins mimer une partie de football... sans ballon. J'ai aussi été marqué par la "traque de la musique". Dans les ruelles étroites de la vieille ville, il n'est pas facile de déterminer d'où viennent ces sons tabous, parfois si fascinants.

   Le réalisateur a choisi de mettre l'accent sur une famille "de classe moyenne", un couple d'éleveurs touaregs, parents d'une adorable petite fille. Ils sont censés incarner l'islam tranquille de ces nomades... une société patriarcale, toutefois : l'épouse est au service de l'époux, qui décide seul du devenir de la famille. Aux spectateurs observateurs, le réalisateur a destiné quelques éléments de critique sociale. Dans ce couple, c'est l'épouse Satima qui est la plus mûre, la plus intelligente. Kidane est un quasi-bobo, qui aime jouer de la guitare et fait trimer pour lui un gamin qui devrait plutôt aller à l'école. De surcroît, c'est l'époux qui refuse de partir et qui fait basculer le destin de la famille en tentant de résoudre "à sa manière" le conflit qui l'oppose à un pêcheur. Là encore, sa femme avait raison... et c'est elle qui fait preuve d'un grand courage, à la fin.

   Un autre "caractère" féminin joue un rôle non négligeable dans l'histoire : la folle Zabou, qui semble avoir tous les droits... un personnage haut en couleurs qui existe réellement !

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   Abderrahamane Sissako semble vouloir dire que la plupart des djihadistes sont des hommes perdus, ce en quoi on peut le trouver un peu indulgent. Il évite de tomber dans le manichéisme, ne fait pas des victimes des personnes extraordinaires. Ce sont des gens simples, qui veulent juste vivre leur vie. Eux sont représentés enveloppés de couleurs, tandis que leurs persécuteurs sont environnés de teintes tristes.

   C'est le moment de souligner la qualité de la mise en scène (et de la photographie). Les vues du désert sont superbes, tout comme les scènes d'ensemble, qui témoignent d'un art de la composition. Les acteurs comme les objets ne sont pas placés au hasard. Attention toutefois : c'est une oeuvre personnelle, dont le rythme peut déconcerter, tout comme le recours fréquent au symbolisme.

   P.S.

   Pour en savoir plus, on peut télécharger l'un des dossiers disponibles sur le site du distributeur, Le Pacte.

   P.S. II

   Pour un point de vue plus critique (et africanocentré), on peut se rendre sur le site Rue89, dont l'une des journalistes a consacré un long billet au film.

00:33 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, films, film

jeudi, 25 décembre 2014

A la vie

   C'est le toast que portent trois femmes encore jeunes, dans la salle à manger d'un appartement qui a vue sur une plage de Berck, dans le Pas-de-Calais, en 1962. Ce sont des rescapées d'Auschwitz, qui se retrouvent ensemble pour la première fois depuis 17 ans.

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   On ne sera donc pas étonné de voir le film débuter par une séquence de camp. On nous montre un aspect méconnu de la déportation : les marches de la mort. Cette séquence introductive n'en fait pas trop : l'intrigue se concentre sur la vie après.

   On retrouve l'héroïne, incarnée par Julie Depardieu, en 1945-1946, en France. Cela nous vaut un joli tableau d'époque, en milieu populaire... et communiste. Le PCF est à l'époque le premier parti de France. Tout une micro-société s'est créée autour des institutions du Parti, avec notamment la "Fête de l'Huma".

   Le bond suivant nous emporte à l'époque qui va constituer l'arrière-plan de la majorité du film : le début des années 1960. Là aussi, la reconstitution d'époque, avec les vêtements, les voitures et la musique, est soignée. Les "anciens" ressentiront un petit pincement au coeur face à ce monde disparu. Les trois rescapées nous sont alors présentées en détail.

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   Hélène est une sainte laïque. Elle s'est fait un devoir d'épouser un rescapé des camps, quoi qu'il lui en coûte. Elle milite ardemment pour le Parti. Elle est incarnée par Julie Depardieu, dans un rôle à contre-emploi, où elle n'est pas toujours à l'aise.

   Les deux autres sont mieux campées, que ce soit Lili la féministe néerlandaise (Johanna Ter Steege, impeccable) ou Rose la bourgeoise sensuelle installée au Canada (Suzanne Clément, géniale).

   A ce trio féminin répond un trio masculin, désuni. Hippolyte Girardot joue le compagnon très spécial de l'héroïne. Mathias Mlekuz interprète le militant communiste sincère, un gars franc, serviable... mais pas très futé. Benjamin Wangermee a le privilège d'incarner le maître-nageur, fonction hautement stratégique en zone touristique côtière. En plus, il s'occupe des enfants... mais il est gaulliste !

   Nous voilà avec tous les ingrédients d'une comédie de moeurs, mais c'est le sérieux qui domine. Si l'on rit assez souvent, il est d'abord question des tourments intérieurs des trois femmes. Chacune porte en elle un secret remontant à la guerre... et tient à cacher quelque chose concernant sa "vie d'après". La rencontre va libérer les vieux fantômes et les rendre toutes plus fortes.

   Si la réalisation est académique, elle est servie par une bonne lumière, de bons éclairages. Les tonalités sont chaudes. Quant à l'histoire, elle pourrait paraître ennuyeuse (ou triste) au premier abord, mais j'ai quand même passé un bon moment. Les scènes sont bien tournées. Beaucoup ont un charme inexplicable qui m'a séduit.

   A la fin, un court extrait vidéo nous montre les personnes dont la vie a inspiré le film.

Le Temps des aveux

   Régis Wargnier (qui réalisa jadis Indochine) est revenu dans l'ancienne colonie française, mais, cette fois-ci, dans la partie cambodgienne, pour tourner une adaptation du livre écrit par l'ethnologue français François Bizot, Le Portail. (Précisons que l'auteur de l'article du Monde auquel renvoie le lien précédent est le coscénariste du film.)

   L'action se déroule d'abord en 1971, donc avant la prise de pouvoir par les Khmers rouges. L'ethnologue (soupçonné d'être un agent de la CIA) est capturé par ceux-ci. A l'image des autres détenus, il va devoir rédiger ses "aveux", reconnaître ses supposées fautes. Le film donne à voir un système coercitif en construction. Le plus étonnant est que, la plupart du temps, c'est dans le calme qu'une violence extrême est appliquée. L'histoire illustre le décalage entre la vision des Occidentaux (et du chercheur, pourtant amoureux de la culture khmère) et la sècheresse idéologique des communistes cambodgiens.

   Le film a été tourné en khmer et en français, d'abord parce qu'il met en scène deux types de population, mais aussi parce qu'il y a un pont culturel entre certains cadres khmers et la France : les futurs dirigeants communistes sont passés par Paris. Le héros ne les croise pas, mais communique avec le chef du camp, surnommé Douch (ou Duch) qui, bien que militant inflexible, contempteur de l'Occident impérialiste, a gardé en mémoire des poèmes écrits dans la langue de Voltaire. C'est peut-être pour cette raison qu'il épargne "le camarade Bizot". Une étrange relation se noue entre les deux hommes.

   Au niveau de l'interprétation, j'ai trouvé les Cambodgiens très convaincants, en particulier Kompheak Phoeng, l'interprète de Douch... et qui fut son traducteur lors de son procès ! Je n'ai pas toujours été emballé par la prestation de Raphaël Personnaz : je trouve qu'il joue toujours sur le même ton (comme dans Quai d'Orsay, d'ailleurs). Au niveau des seconds rôles, signalons la présence d'Olivier Gourmet (à voir absolument dans Terre battue), très bon en ambassadeur français.

   Le film se laisse regarder sans déplaisir parce qu'il est bien interprété et parce que l'image est soignée. A certains, il apportera la saveur du dépaysement. Il est surtout une pierre ajoutée à l'histoire du génocide cambodgien. Il a d'ailleurs été produit par Rithy Panh, réalisateur du formidable documentaire S21, la machine de mort khmère rouge (consacré au camp qu'a dirigé par la suite le fameux Douch).

12:39 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

lundi, 22 décembre 2014

Terre battue

   C'est le titre du film réalisé par Stéphane Demoustier (le frère d'Anaïs, l'actrice). L'action se déroule dans le Nord-Pas-de-Calais, d'où est originaire le metteur en scène. Coïncidence supplémentaire, le héros, incarné par Olivier Gourmet, est cadre supérieur dans la grande distribution, un peu comme le fut son propre père. L'intrigue s'inspire aussi de l'affaire Fauviau, qui a été adaptée dans un sens que je me garderai bien de révéler.

   L'ambiance n'est pas sans rappeler plusieurs bons films sociétaux français, comme L'Emploi du temps (de Laurent Cantet), Le Couperet (de Costa Gavras) et De bon matin (de Jean-Marc Moutou). Le héros, Jérôme, va se retrouver aux prises avec le système, alors qu'il est en pleine crise de couple. Lui le meneur, qui s'est fait tout seul, sans diplôme, qui a épousé une superbe architecte, avec laquelle il a eu un fils adorable, au talent prometteur, risque soudain de tout perdre.

   L'histoire est assez originale mais, en plus, la réalisation est bonne. Je ne me souviens pas avoir vu les zones commerciales aussi bien filmées dans le cinéma français. Même les scènes de tennis sont plus que correctes, avec des garçons qui savent jouer. On nous montre des échanges parfois assez longs, certains conclus au filet. Le savoir-faire est indéniable.

   Au niveau des acteurs, c'est inégal. Gourmet s'est coulé dans le rôle, comme il sait si bien le faire. Il est nettement plus convaincant que Valeria Bruni-Tedeschi, pas très crédible en mère attentionnée. Des seconds rôles je retiens Jean-Yves Berteloot (vu récemment dans La prochaine fois, je viserai le coeur), Vimala Pons... et tous les enfants, bien dirigés.

   L'histoire évolue  comme une montée de tension, avec quelques moments de décompression, jusqu'à l'acte transgressif, lui-même suivi d'une rechute. C'est bien fichu et, mine de rien, cela fait réfléchir sur la vie et le sens que l'on peut lui donner.

22:59 Publié dans Cinéma, Sport | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 20 décembre 2014

Le Hobbit 3 : la Bataille des Cinq Armées

   Ces cinq bandes de blaireaux vaillants combattants sont les nains, les humains, les elfes, les orques et les wargs (ou les gobelins... en fait, peu importe). On attend évidemment leur confrontation, dans ce dernier opus qui est la suite immédiate de La Désolation de Smaug.

   Le film commence donc tambour battant avec l'attaque de la cité lacustre par le dragon déchaîné. C'est très spectaculaire, très tendu et parfois drôle. Le problème est que l'ambiance retombe après cette superbe séquence... et qu'il me semble qu'on a fait du remplissage en attendant de nous balancer la méga grosse bataille de sa race.

   Le scénario, comme dans les précédents volets, entremêle les intrigues. Cela contribue à relancer l'intérêt du spectateur un peu assoupi mais, franchement, il y a trop de longueurs. il aurait fallu couper dans plusieurs scènes de dialogues.

   On a tenté de creuser un peu la psychologie de certains personnages. A travers Thorin et le trésor du dragon, c'est la cupidité ainsi que l'ambition dévorante qui sont dénoncées. L'or et la pierre magique exercent la même influence pernicieuse que le "précieux" dans Le Seigneur des anneaux. Comme dans la précédente trilogie, les peuples sont divisés avant de finalement unir leurs forces contre le mal. Comme dans la précédente trilogie, les elfes viennent donner un coup de main, semblant invincibles... et perdent pas mal des leurs dans le combat. Comme dans la précédente trilogie, les "méchants" sont très moches, très nombreux et d'apparence redoutable... mais ils finissent par se faire massacrer.

   Evidemment, à intervalles réguliers, des allusions à la suite de l'histoire sont insérées. On aperçoit donc Sauron, pas encore assez puissant pour revenir d'outre-tombe (grâce à la sublime Galadriel... ohhh Caaaate !). On revoit Saroumane, pour l'instant du "bon côté" et, à la fin, on entend parler du fils d'un homme, sans doute extraordinaire, qui pourrait être un allié utile au cas où les temps deviendraient encore plus troublés.

   Le morceau de bravoure est bien entendu l'enchaînement des combats de la troisième partie du film. Y a pas à dire, c'est bien fichu, mais, à la longue, c'est un peu lassant et je n'aime pas trop cette héroïsation de la violence guerrière.

   Cela reste un bon divertissement, un peu trop long toutefois (on sent bien les 2h20).

22:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 19 décembre 2014

Le Septième Fils

   C'est de l'heroic fantasy... et une nouvelle adaptation d'une série de romans pour djeunses. On y croise des sorcières, des monstres et des humains. Les personnages sont en général peu fouillés, mais quelques-uns sont bien interprétés.

   Il y a d'abord Julianne Moore, en sorcière captivante et venimeuse, ex-amoureuse éconduite :

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   Du côté masculin, il faut signaler la performance de Jeff Bridges, en magicien traqueur alcoolique et rigolard, source de la plupart des gags qui émaillent l'histoire :

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   Les seconds rôles sont moins réussis. Alicia Vikander, remarquée il y a deux ans dans Royal Affair et Anna Karenine, fait ce qu'elle peut. Les jeunes hommes que l'on voit à l'écran ont visiblement été recrutés plutôt sur leur physique que sur leur talent d'acteur. Il faut donc se "fader" les insipides Kit Harington (déjà vu dans Pompéi) et Ben Barnes.

   Si l'on ajoute à cela que l'intrigue ne recèle guère d'originalité (c'est souvent du déjà vu), on se demande ce qui peut bien mériter le détour dans ce machin à la mode. Eh bien, je réponds à ma propre question : les effets spéciaux. Ils sont épatants. On a voulu nous en mettre plein la vue et, franchement, c'est chouette. Et puis, retrouver des éléments de merveilleux, même s'ils ne sont pas nouveaux nouveaux, n'est pas déplaisant.

   Enfin, comme le film ne se prend pas trop au sérieux, j'ai passé un agréable moment, 100 minutes qui valent bien 7 ou 8 heures d'adaptation pontifiante de Tolkien.

23:02 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 18 décembre 2014

La Famille Bélier

   D'Eric Lartigau, je n'avais vu que Prête-moi ta main, une jolie comédie romantique. J'ai évité les suivants. C'est la présence de Karine Viard (un César, vite !) et François Damiens (déjà très bon dans Je fais le mort) au générique qui m'a incité à tenter l'aventure. Il faut reconnaître que ce duo excelle à incarner le couple de sourds anticonformistes, agriculteurs qui fabriquent leur fromage et amants ardents, dont les ébats sonorisent la maison... et sont la cause de visites chez le gynécologue. Cela nous vaut plusieurs scènes au comique épais... mais qu'est-ce qu'on rigole ! Signalons le tour de force réalisé par les acteurs, totalement crédibles quand ils utilisent la langue des signes.

   Ces "monstres" écrasent un peu les deux enfants... qui pourtant s'en sortent bien. C'est un véritable sourd qui incarne le gamin en plein âge bête. Mais c'est surtout Louane Emera qui illumine le film. Elle EST l'héroïne Paula, une "entendante" complexée, qui vit une adolescence délicate (très bonnes scènes de lycée), s'appuyant sur une meilleure amie délurée (Roxane Duran, remarquée dans Augustine et Michael Kohlhass).

   On la découvre au début du film, casque vissé sur les oreilles, pédalant avec ardeur. C'est l'un des rares moments où la musique anglo-saxonne est à l'honneur, le reste du film mettant au premier plan les oeuvres de Michel Sardou, sur lesquelles vont plancher les membres de la chorale du lycée, dont Paula, au départ inscrite uniquement pour se rapprocher du beau Gabriel (une caricature de djeunse).

   J'ai été agréablement surpris par la qualité de la mise en scène. La séquence du début, sur le vélo puis dans le bus, est particulièrement enlevée et l'interprétation des chansons (notamment lors des répétitions) est vraiment montrée de manière cinématographique. Par contre, certaines scènes souffrent d'un gros défaut technique. Je ne sais pas ce qui s'est passé au niveau du cadrage, mais, à plusieurs reprises, en particulier quand, dans le même plan, certains personnages sont assis et d'autres debout, le haut de l'image coupe la tête d'un ou plusieurs d'entre eux. Ce n'est qu'un détail, mais c'est gênant.

   Mais revenons à nos moutons Bélier. Le père se met en tête de se présenter aux municipales, contre le sortant, l'archétype du cumulard magouilleur populiste. A la clé, quelques très bons moments autour de la campagne électorale. C'est aussi une histoire de famille : pas facile de laisser grandir sa fille chérie et surtout de la voir aimer de plus en plus ce monde des entendants que l'on redoute et que l'on méprise.

   Le salut vient du chant. On redécouvre certains "tubes" de Sardou (Je vole, Je vais t'aimer, La Maladie d'amour, La Java de Broadway...) et, à un moment, vers la fin, le réalisateur tente de nous faire comprendre comment ils sont perçus par les sourds et malentendants. Aux visages des autres spectateurs ainsi qu'à la vue de leur fille, rayonnante, les parents comprennent qu'il se passe quelque chose et, un peu plus tard, le père demande à Paula de rechanter "pour lui", de manière à ce qu'il puisse ressentir cette émotion artistique. Ils sont tous les deux assis dans l'herbe. C'est pour moi la plus belle scène du film.

   Pour l'adolescente, l'histoire est compliquée, parce qu'il faut gérer ses parents hors norme, ses études, les connasses du lycée, son amour naissant... et ses nouvelles aspirations. C'est le moment de souligner la très bonne composition d'Eric Elmosnino en professeur de chant à la fois aigri et généreux.

   Cela donne un ensemble particulièrement hétéroclite, entre comédie romantique, satire sociale et étude de moeurs. Cela fait vraiment plaisir de voir un film français de cet acabit.

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mardi, 16 décembre 2014

Paddington

   Le célèbre ourson débarque sur les grands écrans, dans une comédie familiale visible par les petits et les grands. Dans la salle où je me trouvais, il manquait le public âgé, pourtant en général présent lorsqu'il s'agit d'emmener le petit-fils ou la petite-fille voir quelque chose de drôle et de décent. Je déconseille toutefois d'y conduire les tout petits (âgés de moins de six ans), surtout s'ils sont sensibles : certaines parties de l'histoire risquent de leur faire peur.

   C'est le cas notamment du début, dont l'action se déroule en Amérique du Sud (un territoire réputé pour sa population d'ours parlants...). C'est gentiment drôle, mais avec des éléments de drame. L'ourson perd des êtres chers et voit son salut dans la lointaine Grande-Bretagne, d'où est jadis venu un étrange explorateur.

   L'histoire prend plus d'ampleur à partir de ce moment-là. L'ourson glouton raffole toujours autant de la marmelade et il va réussir à s'incruster dans une famille censée incarner "les Anglais moyens". Les parents sont d'anciens rebelles, que l'âge et les responsabilités familiales ont rendus un peu trop sérieux. Leurs enfants sont en pleine crise d'adolescence...

   Paddington vient dynamiter tout cela. Il y a évidemment la séquence d'anthologie, dans la salle de bains, qui démarre par de tout petits riens... et s'achève en apothéose. (Je dois reconnaître que c'est la scène des brosses à dents qui m'a incité à aller voir ce film...)

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   Les personnages sont certes un peu caricaturaux, mais ils sont incarnés par de très bons acteurs. Signalons aussi l'emploi judicieux des effets spéciaux. Ils sont visibles mais pas ostentatoires : ils sont au service de l'intrigue, autour du personnage de Paddington ou encore avec cette maison de poupées qui se révèle être une vision miniature du logement des Brown.

   Pour pimenter le tout, il faut quelques méchants. Nicole Kidman excelle en conservatrice de musée obsédée par l'empaillage des animaux rares. C'est une nouvelle version de Cruella d'Enfer. Notons que l'actrice paraît plus jeune que jamais... et qu'elle semble avoir récemment "forci" de la poitrine...

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   Certains moments sont particulièrement enlevés, comme la séquence de la salle de bains, bien sûr, mais aussi la poursuite du pickpocket et la rencontre du garde du palais de Buckingham. Les enfants sont très sensibles à tout ce qui met le bazar. La scène du restaurant rencontre donc un grand succès chez eux (plus que chez les adultes).

   C'est aussi un conte moral. Au contact de Paddington, chaque membre de la famille va s'améliorer, s'ouvrir aux autres. L'ourson lui-même mûrit... et le public passe un bon moment.

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dimanche, 14 décembre 2014

Qu'Allah bénisse la France

   Le rappeur Abd Al Malik a adapté son autobiographie, en retournant sur les lieux de son enfance et de son adolescence, dans le quartier du Neuhof, à Strasbourg. C'est donc un "film de banlieue", avec ses "minorités visibles"... et, parfois, la présence de la police. J'ai d'ailleurs eu un peu peur au début, lorsque l'on nous montre le groupe de personnages masculins (les "héros") et leur confrontation avec les forces de l'ordre. Celles-ci apparaissent peu dans l'histoire et elles sont toujours montrées du point de vue des habitants du quartier.

   Notons que principaux protagonistes parlent très souvent en verlan. Ils ont la "tchatche" et, dans les dialogues, on se "casse" souvent. S'ajoute à cela le comique de situation, comme lorsque l'un des mecs de la bande, après s'être réjoui de voir les filles et garçons plus jeunes fricoter sur les bancs de la Cité, change complètement d'avis lorsqu'il s'aperçoit que sa sœur rejoint le groupe !

   Mais Abd Al Malik n'a pas voulu réaliser une œuvre sociologique ou historique. (Ce n'est pas La Marche.) Les scènes sont des illustrations de "moments", qui servent d'appui à une réflexion. C'est du réalisme intellectuel, ou de l'impressionnisme philosophique. On suit, par étapes, le parcours de Régis (très bien interprété par Marc Zinga), fils d'immigrés congolais, élève doué, petit délinquant, obsédé par le rap... et l'une des ravissantes habitantes de la Cité. Celle-ci est incarnée par Sabrina Ouazani, découverte jadis dans L'Esquive d'Abdellatif Kechiche (et que j'avais revue dans Inch'Allah et Des Hommes et des Dieux). Concernant ce personnage, on sent toute la passion qu'éprouve le réalisateur à son égard, mais on a un peu trop cantonné l'actrice dans la figure d'égérie souriante.

   Signalons que les seconds rôles sont bons, que les acteurs soient des professionnels ou des amateurs recrutés sur place. La "sauce" prend bien, aussi parce que la mise en scène est réussie.

   C'est un superbe noir et blanc, soutenu par une musique qui, si elle ne me transporte pas, se marie très bien avec les images. A plusieurs reprises, on remarque qu'Abd Al Malik a tenté quelques effets. Je repense notamment à cette scène du début, qui voit le héros rejoindre un groupe de filles qui attend à un arrêt du tramway. C'est dans le regard des filles que l'on suit la première partie de la scène, avant que la caméra ne se place derrière l'arrêt grillagé. Le dialogue implicitement amoureux se poursuit, sous une apparence tamisée.

   L'image répond aussi au texte et vice versa. C'est le cas lorsque le héros se rend au lycée, répétant le texte d'une chanson qu'il écrit. On l'entend rejeter le rap bling bling... juste avant qu'il ne passe devant un bâtiment au pied duquel sont garées deux voitures, deux prestigieuses berlines de marques allemandes...

   Le trafic de drogue est présenté comme une composante "normale" de la vie du quartier. (Admirez la transition...) Pour le héros et ses partenaires, c'est le moyen d'acquérir l'indépendance financière et d'amorcer leur carrière d'artistes. A aucun moment la consommation de substances hallucinogènes n'est dénoncée, même si elle n'est pas valorisée comme dans d'autres films pour djeunses.

   L'intrigue est sur le fil du rasoir. Il n'aurait pas fallu grand chose pour que cet "intello des banlieues" ne finisse derrière des barreaux. Il y échappe peut-être grâce à son intérêt pour la philosophie et la réflexion métaphysique. Si les scènes de lycée sont sans intérêt (là encore, il n'est pas question de faire œuvre de sociologue mais d'apporter une pierre au portrait d'ensemble), les petites touches apportées au cours de l'histoire (par Régis agissant ou en voix off) sont plus porteuses de sens.

   C'est ici qu'intervient la religion. La famille est de culture catholique mais deux des trois fils se sont convertis à l'islam. L'aîné est un exemple de "grand frère", pieux et tolérant. Régis lui se cherche... et finit par trouver une voie plus adaptée à son questionnement intérieur : le soufisme. D'un livre prêté par la ravissante Nawel, on arrive à un séjour au Maroc (qu'il a évoqué dans Paris Match), où, là encore, on n'est pas dans l'explication, mais dans le ressenti. C'est une belle séquence sur le plan cinématographique, mais l'on reste un peu sur sa faim.

   PS

   Pour en savoir plus sur le film, on peut lire le très bon dossier de presse qui accompagne sa sortie.

   Sur le quartier du Neuhof, deux articles récents proposent des visions complémentaires, plutôt optimiste dans Le Monde, plutôt pessimiste dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace. Sur le site de la ville de Strasbourg, on peut lire une histoire du quartier sur la (très) longue durée. (Elle remonte au Moyen Age !)

   Enfin, puisqu'il convient de se garder de tout angélisme, je conseille la lecture d'un article du site ripostelaïque consacré au soufisme. C'est orienté, mais pas sans intérêt.

vendredi, 12 décembre 2014

Chemin de croix

   Pour dénoncer le catholicisme intégriste, le réalisateur allemand Dietrich Brüggemann a réalisé un film intégriste sur le plan formel : constitué essentiellement de plans fixes qui sont autant de plans-séquences (méticuleusement construits). Il a marqué le dernier festival de Berlin (où ont été aussi primés Black Coal, The Grand Budapest Hotel et Boyhood.) Les quatorze chapitres sont calqués sur les stations du chemin de croix.

   La première étape montre un prêtre assis aux côtés des enfants qui suivent le catéchisme. L'ambiance est studieuse, certains semblant toutefois plus investis que d'autres.

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   Même s'il y a moins de treize personnes à table et qu'il n'est pas question d'un repas, on ne peut s'empêcher de penser à la Cène. Sur le fond, on remarque très vite que le prêtre, au-delà d'une façade bienveillante, cache un redoutable propagandiste, qui veut faire de ses jeunes ouailles des catholiques de combat. (L'acteur qui l'incarne est criant de vérité.) L'héroïne, Maria, se montre particulièrement réceptive.

   C'est à l'occasion d'une promenade en famille que Maria sent qu'elle est chargée d'une croix. Tiraillée entre ses aspirations spirituelles et les désirs adolescents qui montent en elle, mal comprise par sa famille, elle se tourne vers la jeune fille au pair (une Française au tempérament indépendant).

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   La "chute" intervient dans le CDI de l'établissement où elle est scolarisée. Des exercices de mathématiques sont l'occasion d'engager la conversation avec un garçon de son âge, lui aussi catholique, mais issu d'une famille non traditionaliste. Cette séquence n'est pas la meilleure du film, mais elle met en place des éléments essentiels de l'intrigue.

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   Fort logiquement, la station suivante ("Jésus rencontre sa Mère") met en scène l'héroïne et sa génitrice, en voiture, lors du trajet qui les ramène à leur domicile. On comprend très vite que la plus perturbée des deux n'est pas la plus jeune... mais l'adulte a pour elle l'expérience, la force... et la fourberie. Elle conduit sa fille à se confesser auprès du prêtre vu au début. Cela nous vaut une scène magnifique avec, d'un côté, la voix de l'homme qui passe par une grille quasi opaque et, de l'autre, le visage très expressif de Maria. (Est-il besoin de préciser que Lea van Acken est formidable ?)

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   Très à l'écoute, le prêtre, à force de persuasion contraignante, pousse l'adolescente à tout révéler... et donc à s'exposer. L'aide que ce Simon de Cyrène moderne lui apporte va-t-elle la rendre plus heureuse ? Elle semble plutôt la couper des jeunes de son âge, comme on peut le constater dans la séquence du cours d'EPS.

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   Malicieusement, le réalisateur introduit aussi l'idée qu'il y a plus intégriste que la jeune catholique : les musulmanes voilées qui ont obtenu d'être dispensées, une idée qui a traversé l'esprit de sa mère, qui envisage même de l'inscrire dans un pensionnat rigoriste.

   La deuxième "chute" survient pendant un repas familial, un moment de la journée qui devrait être une joie, mais qui se transforme en torture psychologique :

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   La consolation pourrait venir de Christian, le garçon qui a su capter son attention. Mais l'héroïne semble avoir fait un autre choix. Son état de santé se dégrade, mais ce n'est pleinement visible qu'au cours de la cérémonie de confirmation, qui la voit "tomber" pour la troisième fois. C'est donc chez un médecin qu'elle est dépouillée de ses vêtements (une référence à la dixième station).

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   L'habileté du réalisateur est de nous faire comprendre le cheminement de la pensée du médecin. Au fur et à mesure qu'il interroge Maria et sa mère, il comprend quelle est la situation.

   La "station" suivante montre l'héroïne clouée, non pas sur une croix, mais sur un lit d'hôpital. A partir de ce moment, j'ai trouvé que cela devenait inutilement larmoyant et prévisible. Mais cela reste dans la logique de l'histoire. La mise en scène reste de qualité, avec une importance plus importante accordée au hors-champ, pour une raison que je me garderai bien de révéler :

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   L'avant-dernière "station" replace la mère au centre. Si, dans un premier temps, c'est sa bigoterie qui ressort, le vernis finit par craquer. C'est aussi la seule occasion de voir le père, un homme très effacé, exprimer un peu de désapprobation. L'histoire se termine poétiquement, avec une fleur et un peu d'élévation.

   Voilà. C'est incontestablement austère... mais Dieu que c'est brillant ! Et quels acteurs !

jeudi, 11 décembre 2014

Mr Turner

   Cela faisait un bail que je n'avais pas vu un film de Mike Leigh... depuis Secrets et mensonges, qui m'avait bien plu. Par contre, le visage de son acteur principal, Timothy Spall, m'est familier, puisqu'il est un des seconds rôles "disgracieux" les plus prisés du cinéma anglo-saxon.

   L'intrigue tourne autour des dernières années du peintre John William Turner, de son oeuvre comme de sa vie personnelle. On découvre aussi le petit monde des artistes britanniques, des peintres de différents calibres aux mécènes, en passant par les critiques.

   La réalisation est soignée, avec de nombreux plans magnifiques de la campagne ou du littoral. Cela a conduit certains à affirmer que la mise en scène s'inspirait des toiles de Turner. Dans le style, c'est faux. Les plans sont beaucoup plus limpides et réalistes que les toiles du maître, qui elles sont d'un aspect foisonnant et tourmenté.

   Ceci dit, à plusieurs reprises, on nous présente une scène qui a inspiré l'une des oeuvres de Turner, par exemple pour Le Téméraire (avec un bon commentaire du tableau) :

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   ... ou encore pour Le Négrier (anecdotes à la clé) :

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   J'ai aussi en mémoire un passage consacré à Pluie, vapeur et vitesse :

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   On découvre la manière de procéder du peintre, qui réalise des croquis au cours de ses nombreux déplacements et ne cesse de retoucher ses toiles. On n'est pas étonné de le voir très attentif à la lumière... et soucieux de se procurer les bons ingrédients pour fabriquer ses couleurs. Avec l'âge, son oeuvre devient de plus en plus tourmentée... ce qui déconcerte la jeune reine Victoria.

   Plus prosaïquement, on nous montre les rivalités qui opposent les peintres les plus en vue de l'époque. Notons que Turner a très tôt bénéficié du soutien de son père, un barbier-perruquier prospère qui s'est ensuite dévoué corps et âme au travail de son fils.

   Concernant celui-ci, Mike Leigh semble vouloir mettre en valeur le contraste entre sa laideur physique et la grâce de ses productions artistiques. Il en fait toutefois un peu trop à mon goût, se montrant très complaisant avec les défauts du héros.

   Cela nous amène à l'autre versant de l'histoire, le côté féminin. On peut lire ce film en négatif, comme un tableau accablant de la condition féminine au Royaume-uni, au milieu du XIXe siècle.

   Ainsi, on comprend à demi-mots que la mère de Turner, qui a souffert de troubles psychiques, a été "éloignée" du domicile familial pour ne pas perturber le génie créatif de son fils. Celui-ci ne s'est pas mieux comporté envers les femmes qu'il a "connues". Il a abandonné la mère de ses enfants et ses deux filles, qu'il refuse d'aider financièrement. Il semble fréquenter régulièrement des prostituées, pas que pour des raisons professionnelles. Au quotidien, en cas de poussée hormonale, la bonne à tout faire de la demeure est chargée de se plier à ses désirs. Elle a d'ailleurs complètement intériorisé sa soumission, se tuant à la tâche pour son employeur ingrat. Enfin, celui-ci se sent revivre aux côtés d'une charmante veuve, qui va tout naturellement se mettre à son service.

   Cela donne une oeuvre inégale, souvent très belle formellement, agrémentée de divers accents anglais que l'on s'est plu à faire revivre. Sur le fond, l'absence de point de vue critique du comportement du "héros" laisse subsister un malaise.

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dimanche, 07 décembre 2014

Les Trois Soeurs du Yunnan

   Ce (long) documentaire, coproduit par la France, s'intéresse à la Chine de l'envers, pas celle de la côte Est qui brille. On se trouve ici dans le sud-ouest du pays, dans la province du Yunnan, encore très rurale.

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   Les trois soeurs sont des jeunes filles, qui vivent séparées de leurs parents. Le père est parti travailler à la ville. Quant à la mère, on finit par comprendre, à demi-mots, qu'elle a décidé de partir refaire sa vie. Mais les gamines ne sont pas seules. Dans le village de 80 familles, elles peuvent compter (un petit peu) sur leur tante, ainsi que sur le grand-père. Mais, au quotidien, c'est le système D qui domine.

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   A première vue, on pourrait croire que la grande soeur a deux petits frères : leurs vêtements conviennent à des enfants des deux sexes et leurs cheveux sont coupés courts. On comprend assez vite que c'est une stratégie pour éviter la prolifération des poux et, qui sait, peut-être pour contourner la loi sur l'enfant unique (plus souple dans les campagnes, mais tout de même).

   La première heure est riche d'enseignements... mais éprouvante. On suit le quotidien de la petite troupe, qui côtoie pas mal d'animaux (chat, chiens, chèvres, moutons, porcs, volailles diverses...), dans la boue et la saleté. C'est assez misérabiliste, mais cela permet de comprendre la précarité de leur situation... et l'énergie que déploient ces enfants dans la vie de tous les jours.

   En comparaison, la situation des cousins et des autres villageois que l'on croise est moins pire. Ils ont l'électricité et même la télévision, dont on peut constater la fascination qu'elle exerce sur les visages de ces bambins vivant loin de tout. L'école est lointaine, pas vue comme prioritaire par les adultes.

   On suit plus particulièrement l'aînée, qui assume le rôle de la mère au foyer, et qui est plus ou moins sacrifiée par le père quand il repointe le bout de son nez. Il n'est pas assez riche pour emmener ses trois enfants avec lui. Il choisit de laisser Ying avec le grand-père. La vie est vraiment dure pour cette préadolescente, qui ne se plaint pas, ne pleure jamais. Quel courage !... et quel contraste avec nos enfants trop gâtés !

   La troisième partie du film montre une étonnante réunion villageoise, qui commence par un banquet communautaire. Tout est passionnant, de l'arrivée des convives aux discussions d'après-repas, en passant par la préparation de la soirée. On y découvre des ruraux un peu plus riches, l'un des gamins possédant même un smartphone, qu'il se dépêche de cacher quand il remarque la caméra. Plus loin, un adulte se montre au contraire très fier de son nouveau gadget.

   La réalisation est austère, jouant sur les contrastes d'ombre et de lumière. C'est joli à regarder (les paysages vallonnés sont superbes), mais il faut accepter de rester parfois assez longtemps dans un état contemplatif. C'est toutefois plus supportable que dans un précédent documentaire du même réalisateur (Wang Bing) : A l'Ouest des rails, sorti en 2003, durait plus de neuf heures ! (J'ai encore le souvenir de grands moments de solitude dans la salle 1 de feu le cinéma Le Royal...)

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samedi, 29 novembre 2014

John Wick

   Le film démarre par une scène qui nous montre le héros (interprété par Keanu Reeves) gravement blessé. Puis commence un long retour en arrière. On nous présente d'abord cet homme ordinaire, calme, jeune veuf éploré, qui va subir une agression particulièrement violente.

   A partir de là, l'histoire s'emballe, parce que cet adulte bien sous tous rapports cache un passé des plus troubles. Face à des mafieux russes très méchants, il faut un gars capable d'être encore plus très méchant. C'est grosso modo l'arrière-plan philosophique de l'intrigue. Attention toutefois : il existe des personnages beaucoup plus redoutables, qui ont tendance à agir dans l'ombre. De prime abord, ils sont plutôt du côté des très méchants... mais rien n'est gravé dans le marbre.

   Vous avez compris : c'est un pur film d'action, qui ne fait pas dans la dentelle. Comme Keanu Reeves a suivi des cours d'arts martiaux, les bagarres sont spectaculaires... et très bien mises en scène, il faut le reconnaître. (De surcroît, il arrive à zigouiller ses adversaires en tirant dans à peu près toutes les parties du corps !) S'ajoute à cela l'atmosphère de la nuit, captivante. Les vues urbaines sont superbes.

   Cela fonctionne aussi parce que les seconds rôles sont incarnés avec beaucoup de conviction. Il y a tout d'abord l'adversaire en chef du héros, le père du jeune con, qui dirige un clan très puissant. Il est interprété par une vieille connaissance, Michael Nyqvist, que l'on a connu en France dans les premières adaptations des romans Millénium.

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   Ensuite, on trouve le meilleur pote du héros, un tueur à gages qui est soudainement très intéressé par le contrat mis sur la tête de son ami. Il a les traits de Willem Dafoe, qui s'est coulé dans le rôle à la perfection :

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   A signaler aussi, en "parrain de l'ombre", l'excellent Ian McShane, qui s'est récemment surtout fait connaître pour son rôle d'ecclésiastique tortueux dans Les Piliers de la Terre :

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   Du côté des dames, la distribution est moins généreuse. Beaucoup sont cantonnées à de la figuration (souvent en petite tenue). Se détachent deux personnages, l'un vivant, l'autre mort. Celle-ci est bien évidemment la défunte épouse du héros, présente dans ses souvenirs, ainsi que sur des photographies et des vidéos numériques. Elle est interprétée par Bridget Moynahan, jadis remarquée dans Lord of War, aujourd'hui sur le petit écran dans la série Blue Bloods. Mais c'est Adrianne Palicki qui occupe les premiers rangs dans ce film. Celle qui a souvent fait de la figuration dans des séries renommées incarne ici une redoutable tueuse, Miss Perkins :

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   Un soir, après le boulot, cela défoule bien. Ce n'est toutefois pas aussi réussi qu'Equalizer, autre film d'action sorti il y a peu et où le personnage principal, lui aussi confronté à la mafia russe, cache un passé trouble.

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vendredi, 28 novembre 2014

Astérix - Le Domaine des dieux

   C'est Alexandre Astier qui s'est lancé dans l'adaptation de l'un des meilleurs épisodes de la célèbre série de bandes dessinées, un de ceux de la période Goscinny-Uderzo. Il en suit fidèlement la trame dans la première partie du film. On n'est donc pas dépaysé.

   Le décor est planté de manière archi-classique : les Romains sont soit manipulateurs (dans la capitale), soir ridicules (dans les camps qui entourent le village gaulois) ; les Gaulois sont naïfs et querelleurs. Au cours d'une partie de chasse en forêt, arrivent à l'écran les objets de convoitise de ces gastronomes en braies : les sangliers.

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   Je les trouve très bien dessinés, alors que le graphisme des personnages humains m'a parfois un peu perturbé. Je ne saurais trop l'expliquer. Cela m'a paru artificiel. On finit par s'y habituer, grâce aux voix de doublage. Roger Carel est excellent en Astérix. J'ai aussi beaucoup apprécié Florence Foresti en Bonemine, l'acariâtre épouse du chef du village. (Elle a un petit côté Marthe Villalonga.)

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   Une autre bonne surprise de la distribution est la présence de Laurent Lafitte dans le rôle de Duplicatha, l'esclave pointilleux sachant argumenter :

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   Par contre, du côté des Romains, rien n'émerge. Les personnages sont fades. Jules César lui-même n'est guère réussi. (Il est nettement  plus intéressant dans la BD.) A signaler toutefois la présence d'un "Travaillerplus" et de Cubitus, un meneur de grève légionnaire, qui a la voix d'Elie Semoun.

   Pour le reste, on sent que les scénaristes ont eu du mal à "étirer" l'intrigue de l'album d'origine, qui doit tenir en une cinquantaine de minutes. Du coup, on modifie la suite, on maintient les esclaves sur place le plus longtemps possible et l'on fait même venir Jules César. Cela manque un peu de consistance, mais, heureusement, certaines scènes (notamment de baston) sont particulièrement enlevées, ce qui rehausse l'intérêt pour le film.

   Question humour, je suis moyennement satisfait. On a visiblement cherché à contenter et le public adulte, adepte des clins-d'oeil anachroniques, et le jeune public, plus touché par le premier degré (parfois trop enfantin). Du coup, dans la salle, on ne rigole pas tous aux mêmes moments. Ce n'est pas aussi réussi que certaines animations américaines (dernièrement Opération casse-noisette), qui savent particulièrement bien marier les deux niveaux de lecture.

   Sur le fond, ce n'est pas idiot, puisqu'il est question de l'appât du gain, qui fait oublier l'essentiel à bien des habitants du village. En ces temps troublés, ce n'est pas une leçon à négliger.

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mercredi, 26 novembre 2014

Grizzly

   Ce documentaire animalier est une nouvelle production de Disneynature, à qui l'on doit notamment La Marche de l'empereur, Les Ailes pourpres, et Félins. Cela démarre fort, avec des vues de l'intérieur de la tanière de l'ourse, celle-ci accompagnée de ses deux oursons.

   Bientôt, on voit ce petit monde sortir de l'antre pour aller découvrir le vaste monde... et surtout trouver de quoi manger. C'est que ça boulotte, un ours ! Ceux-là sont particulièrement friands de saumon. L'objectif de la mère est d'emmener sa progéniture saine et sauve jusqu'à l'un des lieux de rassemblement de ces poissons.

   Sur un grand écran, c'est magnifique. Les animaux sont terriblement attendrissants et les pelages sont splendides.

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   En chemin, les oursons font l'apprentissage de la vie. On les voit s'amuser, prendre des risques ou faire preuve de maladresse. C'est mignon comme tout. Par contre, le commentaire n'est pas toujours au niveau. A la limite, il aurait mieux valu laisser uniquement les sons et la musique.

   D'autres animaux apparaissent à l'écran. Ils sont tout aussi bien filmés. Les ours cohabitent avec les oiseaux dans une relative indifférence. L'inverse n'est pas toujours vrai : le corbeau tente de profiter des restes de leurs prises, les mouettes apprécient les mêmes poissons et l'aigle pygargue est à l'affût, au cas où une carcasse traînerait dans le coin.

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   Plus dangereux est le loup, qui ne s'attaquera jamais à un adulte (surtout en bonne santé), mais qui s'offrirait bien de l'ourson au déjeuner (pour changer du saumon) :

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   Les images des poissons sont tout aussi saisissantes, prises avec des caméras de haute précision. On les voit sous l'eau et, jaillissant, tentant de remonter le cours des fleuves :

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   Ils sont tellement vifs que les ours comme les loups ont parfois toutes les peines du monde à s'en emparer. Cela nous vaut quelques moments comiques très réussis... Ah, oui, j'ai écrit "les ours", parce que nos héros vont entrer en contact avec certains de leurs congénères, pas forcément pour le meilleur. Notons que les combats d'ursidés sont particulièrement impressionnants :

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   Comme c'est un peu scénarisé, je me garderai de raconter la fin. Plusieurs éléments de suspens sont introduits, mais ce sont quand même les images, magnifiques, qui emportent l'adhésion.

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