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lundi, 04 juillet 2016

The Witch

   La critique s'est emballée pour ce premier film d'un jeune réalisateur américain qui se lance dans l'épouvante. Un public plutôt amateur de "gore" s'est précipité pour le voir... et a été déçu... parce qu'avant d'être un film de genre, c'est de l'art et essai.

   C'est d'abord la reconstitution (soignée) de la vie des émigrés européens du début du XVIIe siècle, dans le nord-est des Etats-Unis actuels. La religion imprègne profondément la vie quotidienne de ces pionniers, confrontés à un environnement hostile et à des phénomènes en apparence inexplicables. Le tout est suggéré principalement par le hors-champ, un effet de style qui semble avoir dérouté le jeune public, peu habitué à devoir faire fonctionner ses neurones face à ce type d'histoire. Notons la grande qualité de la photographie : on a parfois l'impression d'être devant un tableau de maître.

   Les trois quarts du film sont la mise en scène des préjugés de certains personnages, qui les conduisent à penser que le diable rôde en cette contrée. Une famille est expulsée d'un bourg à cause des opinions intégristes du père. Les voilà qui s'installent en bordure de forêt, dans une zone que même les Indiens ne fréquentent pas. Très vite, le premier événement quasi surnaturel se produit, le réalisateur se risquant à briser un tabou. La mise en scène nous conduit à penser qu'un autre pourrait subir le même sort : le plus âgé des fils commence à loucher sur la poitrine de sa sœur aînée, une adolescente un peu rebelle. Signalons tout de suite la qualité de l'interprétation de ces deux personnages : Harvey Scrimshaw pour le gamin et Anya Taylor Joy pour sa sœur. Les autres sont aussi très bons, en particulier Ralph Ineson et Kate Dickie, qui incarnent les parents.

   L'intrigue tente de démontrer que c'est la bigoterie et l'hypocrisie des parents (voire des enfants) qui les conduit à leur malheur. De surcroît, ils s'aperçoivent qu'ils ne sont pas tout seuls dans la région. Mais qui peut bien habiter la forêt ?

   Malheureusement, cette construction s'effondre dans la dernière partie du film, qui renoue avec les codes du genre. Est-ce par souci commercial ? Est-ce parce que le réalisateur-scénariste n'a pas su comment terminer son histoire ? En tout cas c'est dommage. Mais cela n'enlève pas l'intérêt que suscite la majorité du film.

01:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 03 juillet 2016

Dans les forêts de Sibérie

   Safy Nebbou a adapté le récit de Sylvain Tesson, qui a, pour l'occasion, été réédité en collection de poche (folio) avec une nouvelle couverture, faisant référence au film :

Sibérie 1.jpg

   Sous la forme d'une fiction (le scénario ne suit pas rigoureusement le récit), on découvre les environs du lac Baïkal, où ce Français a passé six mois, de l'hiver à l'été 2010. C'est le grand apport du film par rapport au livre : la représentation des paysages et du lac gelé, qui est tout sauf uniforme. Cela donne des plans splendides, à voir évidemment dans une grande salle. Les sons sont aussi parfois étonnants : l'hiver, la glace subit d'intenses pressions ; au printemps, l'eau commence à chercher un passage.

   On s'attend aussi à découvrir la faune locale. Un épisode à la fois dangereux et cocasse met le héros en contact avec un ours. (Dans le livre, c'est à partir du printemps que le plantigrade surgit, mais pas de la même manière que dans le film.) On le voit aussi chasser (ce qu'il ne fait pas dans le récit écrit), mais assez peu pêcher, alors que c'est une activité récurrente dans le livre. On ne verra pas non plus les deux chiens qui deviennent les compagnons du narrateur, peut-être en raison des difficultés à tourner les scènes.

   Par contre, sur le plan narratif, le film innove en introduisant le personnage du fugitif, qui pourrait s'inspirer de l'histoire de l'occupant d'une cabane abandonnée décrite à plusieurs reprises dans le livre. Evgueni Sidikhine apporte son charisme à cet autre occupant de la forêt, plus habile que le héros, mais moins bien équipé que lui. Celui-ci est incarné par Raphaël Personnaz (vu dernièrement dans Le Temps des aveux et L'Affaire SK1). Bien qu'un peu trop "lisse" à mon goût, son interprétation est convaincante. L'amitié qui se noue entre les deux hommes est belle et très bien mise en scène. Ajoutée aux aspects sensoriels, elle fait de ce film une belle expérience de vie.

   P.S.

   A ceux qui voudraient en savoir plus sur l'histoire (vraie) qui a inspiré le long-métrage, je recommande vivement la lecture du livre. Il fourmille d'anecdotes (le héros a rencontré plus de personnes que ce qui est montré dans le film). Plusieurs aspects y occupent une plus grande place : les excursions "sportives" du héros, sa boulimie de lecture... et sa consommation de vodka.

23:17 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 02 juillet 2016

Angry Birds

   Si l'on n'a pas d'enfant ou s'ils sont en période de rejet des films d'animation (de crainte de passer pour des bébés attardés...), il faut trouver un autre moyen pour se faufiler sans honte dans la salle obscure. Une fois cet obstacle passé, on peut s'immerger dans l'univers du célèbre jeu vidéo sur portable, une création finlandaise un peu déjantée, parfois franchement régressive.

   Rappelons donc que ces oiseaux (pas encore) en colère vivent sur une île coupée du monde, qu'ils ne savent pas voler et qu'ils sont heureux et gentils... sauf un, Red, qui n'est pas sans rappeler le personnage de Colère, dans l'excellent Vice Versa :

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   En réalité, Red est un faux dur, qui aimerait s'intégrer à la communauté, se faire des amis. L'histoire a évidemment pour but de le rapprocher de ses congénères, à la suite d'une série d'épreuves qui va forger un groupe de potes. En attendant ce moment merveilleux, Red est rejeté par les habitants de l'île, qui le contraignent à suivre un stage de bonne humeur, au cours duquel il va faire la connaissance de ses futurs amis (des réprouvés, comme lui), avec lesquels, dans un premier temps, il ne s'entend pas très bien. C'est assez drôle, notamment parce que la coach en bonne humeur a la voix d'Audrey Lamy.

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   Les caractéristiques de ses (futurs) amis sont sources de gags. Il y a la grosse brute qui, bien sûr, cache un coeur sensible. Il y a le timide qui explose (une métaphore des flatulences intempestives que les bambins de la salle semblent avoir bien comprise...) et il y a le jeune impétueux, un blagueur qui ne tient pas en place.

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   L'intrigue ménage plusieurs moments particulièrement cocasses, au départ liés aux déboires de Red, comme la course d'introduction, qui voit le héros tenter de réussir une livraison, ou encore le concert country des cochons. J'ai aussi adoré les prestations de Chuck, l'une notamment étant une parodie de l'action du personnage de Vif-Argent dans les derniers X-Men. Adorables sont aussi les bébés oiseaux, avec leurs grands yeux qui dévorent leurs petits corps... mais, méfiance, tous ne sont pas des anges !

   Toutefois c'est le comique régressif, basique, qui m'a le plus plu. Assez tôt, on visualise les "explosions" de Bomb en milieu confiné... On croise aussi rapidement un oiseau éternueur... et gros expulseur de muculence. Et que dire de l'entrée en scène d'un aigle mythique (fan de la musique des années 1980...), intimement liée à un (très) long jet d'urine... Le summum est atteint lorsqu'on nous montre une maman nourrir ses oisillons... Ecoeurement dans la salle, les adultes riant plus que les enfants ! Enfin, je laisse à chacun le plaisir de goûter les nombreux jeux de mots dont sont émaillés les dialogues, très bien adaptés en français.

   Les cochons jouent le rôle des méchants, un peu comme les Minions jadis dans Moi, moche et méchant, à ceci près qu'ils n'évoluent pas dans le bon sens, ne suscitant pas la même empathie que les petits bonshommes jaunes. Les amateurs du jeu constateront avec plaisir qu'un gigantesque lance-pierre joue un rôle capital dans l'intrigue.

   Au final, sans qu'elle soit d'une grande virtuosité graphique, cette animation constitue un agréable divertissement, visible par les (pas trop) petits et les grands et comportant quelques leçons de vie propres à édifier le jeune public.

22:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 29 juin 2016

Tout de suite maintenant

   Quand j'ai vu que papa Bonitzer avait tourné un film dans lequel le premier rôle féminin avait échu à fifille, je me suis dit que ça risquait d'être une daube. Mais, au générique, il y a aussi Isabelle Huppert, Lambert Wilson et Jean-Pierre Bacri... alors, j'ai profité de la Fête du cinéma pour tenter le coup.

   A mon grand étonnement, l'intrigue prend l'allure d'un thriller sociétal, à l'image de ce que le bon cinéma d'auteur français nous a déjà offert ces dernières années (avec L'Emploi du temps, Violence des échanges en milieu tempéré, Le Couperet et, plus récemment, De bon matin, Terre battue et Jamais de la vie). On nous brosse un intéressant tableau du monde de l'entreprise, plus particulièrement du travail des cadres sup' du secteur de la finance.

   Agathe Bonitzer incarne (très bien... comme quoi, faut pas être mauvaise langue) Nora, un pur produit de l'élitisme scolaire français. Ses parents sont eux-mêmes des "tronches". Passée (après de brillantes études) par un grand groupe anglo-saxon, elle décroche un poste prometteur dans une société de conseil, qui est une sorte de panier de crabes, dont il vaut mieux maîtriser les codes si l'on veut s'en sortir.

   Très vite, on comprend qu'il y a anguille sous roche. Les deux présidents-fondateurs (interprétés par Pascal Greggory et Lambert Wilson, le second étant à mon avis meilleur que le premier) sont d'anciens condisciples du père de Nora. Elle finit aussi par découvrir que l'épouse de l'un d'entre eux a connu son père, des années auparavant. Isabelle Huppert est une fois de plus épatante, éblouissante même dans deux scènes avec Jean-Pierre Bacri (le papa grincheux... rien de nouveau sous le soleil). Bonitzer aurait toutefois pu faire rejouer certains passages, où il laisse trop de champ libre à ses (brillants) acteurs.

   Parmi ceux-ci, il ne faut pas oublier Vincent Lacoste. Il confirme le bien que j'ai pensé de lui dans Saint Amour, alors que, dans ses films précédents (que ce soit Jacky au royaume des filles, Hippocrate ou Le Journal d'une femme de chambre) il m'avait laissé une impression plus que mitigée. Signalons aussi la performance de Julie Faure, qui interprète la soeur antinomique de l'héroïne. (Elle était aussi à l'affiche de Camille redouble, tout comme Vincent Lacoste d'ailleurs.)

   Le noeud de l'intrigue se trouve dans le passé... et dans un surnom. Nora est écartelée entre les sentiments et la raison. D'un côté, il y a la recherche du respect de ce père peu commode, la complicité avec sa soeur et un amour prometteur. De l'autre, il y a un patron qui lui donne sa chance, la grande intelligence de la jeune femme et sa froideur apparente, qui se révèle un atout dans son milieu professionnel.

   Même si tout n'est pas réussi dans ce film, il n'en constitue pas moins une bonne surprise du début de l'été, avec, cerise sur le gâteau, une réflexion sur ce qui est important dans la vie.

   P.S.

   Ce n'est qu'un détail mais, à la longue, j'ai été un peu agacé par la présence récurrente à l'écran de produits (ordinateurs, smartphones) d'une célèbre marque fruitière...

20:57 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 28 juin 2016

Bienvenue à Marly-Gomont

   Le rappeur et humoriste Kamini au scénario a inspiré ce film autobiographique, sorte de prolongement de la chanson qui l'a jadis fait connaître sur la Toile... à tel point qu'à l'époque, j'avais acheté le CD !

   L'action se déroule dans la riante bourgade de Marly-Gomont, dans le département de l'Aisne, aujourd'hui inclus dans la nouvelle région Hauts-de-France, naguère en Picardie. On y est un peu loin de tout, loin de Lille, Paris et Reims, finalement plus proche de la Belgique :

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   C'est justement en Belgique que vit la plus grande partie de la communauté zaïroise émigrée (le Zaïre -aujourd'hui République Démocratique du Congo- étant l'ancien Congo belge... oui, celui de Tintin !). La famille des héros va faire exception, d'abord parce que le père Seyolo a suivi ses études de médecine à Paris. Il est incarné à la perfection par Marc Zinga, acteur belge d'origine congolaise découvert dans Qu'Allah bénisse la France (et vu l'an dernier dans Jamais de la vie).

   En s'installant dans l'Aisne (en espérant acquérir à terme la nationalité française), le jeune médecin idéaliste va rencontrer une double opposition : celle des habitants du coin qui ont des préjugés... et celle de sa famille, en particulier de son épouse, brillamment interprétée par Aïssa Maïga. L'histoire est d'autant plus intéressante qu'au Zaïre, la famille faisait partie de la (petite) classe moyenne et que les cousins belges sont du genre flambeurs. L'intrigue, si elle ne cache pas les difficultés d'intégration, n'est aucunement misérabiliste.

   C'est aussi une comédie de moeurs, parce que les habitants du village et de ses environs forment une étrange tribu, dont le français a de quoi décontenancer n'importe quel ancien universitaire... et dont le sens de l'hygiène n'est pas très développé. Hilarante est la scène qui voit le médecin découvrir que l'un de ses premiers patients souffre d'hémorroïdes... et héberge une impressionnante colonie de morpions !

   C'est pour les enfants que le changement a sans doute été le plus dur. A l'école, ils suscitent d'abord les moqueries, avant que le talent très particulier que la grande soeur ne lui attire tous les suffrages. C'est une nouvelle illustration de l'intégration par le sport.

   On rit donc beaucoup aux comportements arriérés d'une partie des habitants. (Les seconds rôles comme les figurants sont excellents et très bien dirigés.) On est aussi choqué par la bêtise de certains d'entre eux, le pire étant le rival du maire, un horrible notable carriériste, remarquablement joué par Jonathan Lambert. En contrepoint, le réalisateur nous offre quelques figures positives, au premier rang desquelles le vieux paysan célibataire, incarné par Rufus.

   Kamini ne cache rien, ni le beau ni le laid. Il a toutefois évité de se placer au centre de l'attention. Au-delà du conte social et de la comédie de moeurs, ce film est d'abord un hommage à son père, un humaniste intègre qui a refusé la corruption au Zaïre et tenté de gagner le respect et même l'amitié des habitants d'un coin de France qui n'avaient jamais vu de Noir.

   P.S.

   Politiquement, la commune de Marly-Gomont est, à l'époque où Kamini devient célèbre, de sensibilité de droite. Aux présidentielles de 2007, elle a placé Nicolas Sarkozy loin devant les autres, avant d'élire largement un député UMP. Aux européennes de 2009, comme aux régionales de 2010, ce sont encore les candidats de droite qui recueillent le plus de suffrages.

   Cependant, au premier tour de la présidentielle de 2012, Marine Le Pen devance Nicolas Sarkozy (de cinq voix) dans la commune, un bouleversement qui n'est pas confirmé par la législative qui suit, puisque le candidat FN n'y termine que troisième.

   Ce n'était que partie remise, puisqu'aux européennes de 2014, c'est la liste Bleu Marine qui arrive en tête dans la commune. C'est confirmé aux départementales de 2015, qui voient la victoire d'un binôme FN. Par contre, aux régionales de 2015, si la liste Le Pen mène à l'issue du premier tour, elle a été devancée par celle de Xavier Bertrand au second.

lundi, 27 juin 2016

Warcraft - Le Commencement

   La Fête du cinéma aidant, je me suis décidé à aller voir cette grosse meringue. Je ne fais pas partie des adeptes du jeu d'origine. Sans m'être renseigné, j'ai quand même facilement compris le déroulement de l'histoire.

   Il faut dire qu'elle recycle pas mal d'éléments déjà vus ailleurs, notamment dans Le Seigneur des anneaux et Star Wars. Nous voici dans un monde où vivent des humains, des nains, des sortes d'elfes et bientôt des orcs. L'ambiance est médiévale, avec une dose de magie. C'est donc bien de l'heroic fantasy.

   Au niveau du scénario, bien des choses sont prévisibles, pour un cinéphile qui a passé du temps dans les salles obscures. Dès le début, on comprend d'où va venir une trahison. Dès le début, on comprend quel personnage va occuper le premier plan dans les combats. Très vite aussi, on sent qu'une romance va naître entre deux des personnages principaux.

   Cependant, le scénario a été suffisamment travaillé pour que l'intrigue se suive agréablement, même si certains retournements surviennent un peu trop rapidement : les Orcs qui paraissaient quasi invincibles commencent à céder sous les coups des humains et le sorcier en apparence invulnérable va mordre la poussière.

   Qu'est-ce qui sauve le film ? D'abord l'interprétation, très correcte : les acteurs croient (en général) en leur personnage. Certains d'entre eux tentent de faire émerger un peu de jeu d'un fond gavé de numérique et d'écrans verts. La mise en scène est étonnamment bonne, efficace et parfois limite virtuose, avec des plans très bien organisés. (C'est le moment de préciser que Duncan Jones a auparavant réalisé Source Code, une pépite que je vous recommande.) Ajoutons que les effets spéciaux sont extras. (Sous la houlette de Lucasfilm, plusieurs équipes y ont contribué, dont une vient d'Inde, une autre étant sans doute composée de Français.). Un grand soin a été apporté au visage et à la peau du corps des orcs. Les (autres) animaux sont splendides et le rendu visuel de la magie éblouissant. Le tout est souligné par une musique tapageuse, mais c'est ce qu'il faut.

   Le soir, après un bon repas, c'est idéal pour digérer en se changeant les idées... et attention : il y aura une suite.

21:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 26 juin 2016

La Loi de la jungle

   Quelque part entre Pierre Richard, Louis de Funès, les Charlots et Les Nuls, Antonin Peretjatko a tourné cette comédie frappadingue, qui tente d'orchestrer l'incongru, à l'aide d'une pléiade d'acteurs plus ou moins connus, certains épatants dans les seconds rôles.

   Vincent Macaigne (vu récemment dans Les Innocentes) incarne un stagiaire maladroit et timoré... et ce n'est pas nouveau. Il se débrouille correctement dans le rôle mais, depuis Un Monde sans femmes, il me semble qu'on le fait un peu trop souvent jouer sur le même registre. Dans le film, son personnage connaît toutefois une évolution : le séjour en Guyane va changer l'apprenti mouton en homme qui s'affirme.

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   Il le doit en grande partie à Tarzan, principal personnage... féminin de l'histoire... en fait, principal personnage tout court. Vimala Pons (qu'on a aperçue dans Adieu Berthe, Terre battue et Elle) rayonne dans ce rôle atypique de jolie fille débrouillarde, toujours la clope au bec. Physiquement, elle paie beaucoup de sa personne et je trouve que le duo qu'elle forme avec Vincent Macaigne fonctionne bien.

   Ces deux "vedettes" sont bien épaulés par d'augustes anciens. Pascal Légitimus est venu donner un coup de main, tout comme Mathieu Amalric, qui semble toutefois avoir eu des difficultés à trouver le ton juste. (Il aurait fallu rejouer certaines scènes.) Complète le tableau Jean-Luc Bidault, qui en fait un peu trop.

   Finalement, j'ai préféré les seconds rôles interprétés par des acteurs méconnus. Mon préféré est Fred Tousch, excellent en huissier pugnace, indémontable, à Paris comme dans la jungle tropicale. A signaler aussi la prestation de Rodolphe Pauly, très bon en commercial sans scrupules, et celle de Pascal Tagnati, convaincant en militaire taré.

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   Les interactions entre tous ces personnages fonctionnent parce que les dialogues sont bien écrits. Souvent les répliques fusent. Mais le principal ressort comique est visuel. Les gaffes de Macaigne/Châtaigne y sont pour beaucoup, mais soyez attentifs aux détails qui apparaissent à l'écran : les plans sont émaillés de clins d'oeil souvent cocasses.

   Au niveau du rythme, je trouve que la première partie est plus réussie que la seconde. J'ai très souvent ri, notamment aux débuts du héros en Guyane, globalement à tout ce qui lui arrive, du débarquement de l'huissier dans son appartement parisien aux conséquences d'une piqûre d'insecte dans la jungle, en passant par les péripéties du vol entre la métropole et l'outremer. Bien que moins trépidante, la seconde partie contient de beaux moments de bravoure, comme le périple de l'huissier (encore lui ! je l'adore !) dans la jungle, les conséquences de l'absorption d'une boisson aphrodisiaque et la bagarre dans le bar de brousse, dans laquelle Vimala Pons fait des étincelles.

   Même si tout n'est pas drôle et que certains supposés gags tombent à plat, c'est au final une bonne comédie estivale, un peu surréaliste, dont les personnages s'expriment avec des voix qu'on dirait déformées à l'hélium.

   P.S.

   En lisant le dossier de presse téléchargeable sur le site du distributeur, on apprend que les (nombreux) animaux visibles à l'écran sont tous des vrais (y compris ceux que mangent les héros...) et qu'aucun trucage numérique n'a été utilisé pour réaliser certaines scènes "périlleuses".

12:33 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 25 juin 2016

Celui qu'on attendait

   C'est homme est un acteur français, incarné par Patrick Chesnais. A l'occasion d'un séjour en Asie centrale, il va involontairement franchir la frontière entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie. Curieusement, il est accueilli comme le Messie par les habitants d'un petit village qui ne comprennent pas un mot de français.

   C'est évidemment une comédie, qui joue sur le contraste entre pays développé et pays en développement et qui, au passage, aborde (brièvement) quelques questions délicates, comme le conflit du Haut-Karabakh, la corruption des autorités locales et les réminiscences du génocide arménien.

   Patrick Chesnais est très bien en Français flatté de l'attention qu'il suscite, mais quand même bien embêté d'être coincé en pleine cambrousse, au beau milieu d'une guerre à laquelle il ne comprend rien. Les acteurs arméniens font très "couleur locale", avec des personnages truculents qui ne sont pas sans rappeler certaines oeuvres d'Emir Kusturica.

   Pour des raisons que je ne vais pas dévoiler, le héros est amené à rester plus longtemps que prévu. Il va même se prendre au jeu et découvrir que cette étape inattendue peut lui être utile.

   C'est une petite comédie sympathique, durant laquelle on sourit souvent, sans toutefois rire aux éclats.

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jeudi, 23 juin 2016

Le Monde de Dory

   Plus de dix ans après Le Monde de Nemo, Disney-Pixar nous livre une suite, centrée sur l'un des personnages secondaires (importants) du premier épisode, le poisson-chirurgien femelle bleue, un peu fofolle. Comme dans le premier opus, celle-ci (dans la version française) a la voix (chaude) de Céline Monsarrat, connue pour doubler (notamment) Julia Roberts.

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   Au début, j'ai eu un peu peur. C'était répétitif et parfois un peu énervant... Comme si l'on ne savait pas ce qu'étaient les troubles de mémoire de Dory ! Le scénario abuse aussi des situations "à la limite du danger". Fort heureusement, les images sont magnifiques. On a beaucoup travaillé les couleurs, ainsi que les jeux de plans (sans doute pour la 3D). Les mouvements, très fluides, sont magnifiquement rendus... et quel travail sur les yeux et les expressions !

   Pour moi, l'intrigue décolle quand apparaît à l'écran Hank, un poulpe (plus précisément une pieuvre-mime) grognon et égocentrique. Evidemment, il va devenir l'acolyte de Dory, qui a bien besoin de ce Tarzan des mers pour se sortir des multiples pétrins dans lesquels elle va se fourrer.

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   J'ai vraiment adoré ce personnage. C'est la principale source de gags du film, soit pour des raisons visuelles (il excelle dans l'art du camouflage... mais il est aussi parfois un peu maladroit), soit en raison de ce qu'il lui arrive (le scénario regorge de péripéties). S'ajoute à cela la qualité du doublage : dans la version française, Philippe Lellouche assure !

   On rit aussi souvent lorsqu'interviennent certains personnages secondaires, comme le requin femelle Destinée, le béluga Bailey (un pro de l'écholocalisation, servi par la voix de Kev Adams), les lions des mers (pas toujours lymphatiques) et les loutres (reines du câlin).

   Côté aventures, on a droit à trois séquences endiablées : la poursuite par un calamar géant, la déambulation en poussette (dans un parc d'attraction) et, surtout, la course en camion sur autoroute, un must du genre !

   Cela dure à peine plus d'1h30 et c'est mignon. Cela ne va pas révolutionner le monde du cinéma, mais, d'un point de vue technique, c'est du très bel ouvrage, destiné à un public familial.

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dimanche, 19 juin 2016

Volta a terra

   Ce documentaire portugais se déroule sur une année complète, du printemps à l'hiver. Il a été tourné par un jeune réalisateur, dans la commune de ses grands-parents. On fait inévitablement le rapprochement avec le Farrebique de Georges Rouqier. On pense aussi à certaines oeuvres de Raymond Depardon (Profils paysans). Ce film-là se détache pourtant de ses modèles : il est moins scénarisé qu'un Rouquier (mais moins réussi sur le plan formel) et le réalisateur, contrairement à Depardon, s'efface complètement derrière son sujet.

   Nous voilà donc plongés dans la vie quotidienne d'Uz, un petit village du nord du Portugal, situé dans le district de Braga, pas très loin de l'Espagne :

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   L'exode rural et l'émigration ont vidé cette région montagneuse et pluvieuse, où ne résident plus que 49 personnes (ce qui a donné son titre français au film : "49 sur terre"). Les dernières familles paysannes s'entraident, notamment lorsque le tracteur où une autre machine agricole est embourbée en plein champ. On suit plus particulièrement deux d'entre elles, notamment l'un des fils (âgé de 21 ans), pas très sympathique de prime abord, mais que l'on va apprendre à connaître.

   Cependant, on est surtout frappé par le poids des personnes âgées. C'est fou comme ce coin du Portugal peut parfois rappeler l'Aveyron... mais plutôt l'Aveyron d'il y a 20-30 ans. Les grands-pères sont dignes et truculents, les grands-mères débrouillardes. L'une d'entre elles m'a rappelé une de mes mamies, lorsqu'on la voit discuter avec le "héros" dans ce qui semble être la basse-cour.

   Dans ce village, on élève des ovins et des bovins. Ce sont ces derniers qu'on voit le plus souvent. Il s'agit d'une race rustique, à la robe plutôt rousse... et dotée d'impressionnantes cornes :

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   Ce ne sont pas des Aubrac (sans doute des Cachena), mais là encore on peut établir un parallèle avec l'Aveyron. Dans le film, les bêtes se font copieusement insulter par les paysans (jeunes comme vieux), qui n'arrêtent pas de les traiter de "putes" et de "salopes"... Heureusement, ils sont plus corrects avec les femmes (en tout cas devant la caméra).

   Les moutons apparaissent moins souvent, mais à des moments marquants. J'ai été particulièrement frappé par la séquence de la tonte, à laquelle tout le monde participe. On y voit  à l'oeuvre les vieilles femmes du village, qui semblent très habiles avec... les ciseaux ! (Je n'ai pas vu une seule tondeuse à l'horizon, qu'elle soit manuelle ou électrique.)

   Bien que les habitants n'expriment pas leurs sentiments, on sent malgré tout un certain respect pour les animaux. C'est notamment perceptible lorsque le cochon est tué. On ne nous montre pas directement la mise à mort (je soupçonne même un montage de plusieurs sources audio et vidéo), mais on assiste à tout le travail qui lui succède ; la bête est apprêtée avant d'être dépecée.

   Plusieurs grandes questions agitent le village. Il y a le passage à la TNT, qui oblige à changer de téléviseur (ou à acheter un adaptateur). Il y a l'organisation de la fête annuelle et il y a le problème du célibat des hommes. Dans l'une des familles, aucun des trois garçons n'est encore marié. On compte peut-être sur la fête du mois d'août pour que des relations se nouent. C'est en effet à cette occasion que le village retrouve sa population d'antan.

   La journée est rythmée par les travaux agricoles "à l'ancienne", le tout sous l'égide de la religion catholique. Un bal clôture la soirée. Voilà qui attire du monde. Aux touristes s'ajoutent les membres de la famille partis en ville, voire à l'étranger. (On nous montre d'ailleurs quelques Français.) Parmi ces visiteurs, les jeunes femmes sont particulièrement convoitées.

   Le "héros" va revoir une amie d'enfance, perdue de vue depuis douze ans et partie s'installer en ville. Elle a continué ses études, alors que lui n'a même pas fini sa Troisième. C'est à la fois touchant et un peu gênant, comme si l'on se trouvait dans un épisode de L'amour est dans le pré.

   Globalement, cela reste très plaisant, assez drôle. Ce qui est montré est parfois rude, mais les gens ne baissent pas les bras. (Ce serait une excellente leçon pour ces éternels geignards que sont certains Français, qui trouvent plus de force pour protester que pour surmonter leurs difficultés.)

   P.S.

   La coscénariste est une vieille connaissance des cinéphiles : Laurence Ferreira-Barbosa réalisa jadis Les gens normaux n'ont rien d'exceptionnel et J'ai horreur de l'amour.

   P.S. II

   Quelques informations supplémentaires sont disponibles sur la plaquette éditée par le distributeur.

samedi, 18 juin 2016

Criminal

   Le transfert de l'esprit d'un homme dans le corps d'un autre a déjà été traité dans d'autres films, très récemment même dans Renaissances... dans lequel joue aussi Ryan Reynolds. La différence est que, dans le premier film, c'est l'esprit du personnage interprété par Ben Kingsley qui se retrouve dans le corps du jeune homme, tandis qu'ici, c'est l'esprit (en théorie les souvenirs) de l'agent de la CIA incarné par Reynolds qui va être transféré dans le corps d'un épouvantable tueur en série, qui a les traits de Kevin Costner (méconnaissable, dans un premier temps).

   J'ai apprécié le fait que l'on n'ait pas bâclé le début. On prend le temps de nous présenter le jeune Bill Pope, qui semble sur le point de conclure une affaire de la plus haute importance (pour le compte de la CIA, que l'on nous montre évoluer à Londres en terrain conquis)... mais il est poursuivi par de dangereux anarcho-débilo-psychopatho-terroristes, leur chef étant un as de l'informatique.

   La deuxième étape est la découverte du détenu hyper-dangereux, jugé incurable : il n'a aucun sens de la morale et n'éprouve aucun sentiment. En raison d'un accident subi pendant son enfance, il est néanmoins le candidat idéal pour une tentative de transplantation.

   Evidemment, tout ne va pas se passer comme prévu... et c'est là que le noeud de l'histoire se met en place : alors que l'expérience semble avoir échoué, Jéricho (Kevin Costner comme on ne l'a jamais vu) sent des changements advenir en lui. La première scène clé est son intrusion dans l'appartement de l'espion, où résident son épouse et sa fille. Là aussi, rien ne se passe comme prévu... et c'est bien. Le scénario joue sur l'incertitude, même si l'on se doute que le personnage incarné par Costner ne peut pas rester une enflure totale pendant 1h50 !

   Au niveau du casting, Costner est épaulé par une brochette de professionnels confirmés, en particulier Gary Oldman et Tommy Lee Jones qui, il y a quelques années de cela, aurait pu se trouver à la place du héros. Aux mâles hétérosexuels qui liraient ce billet, je signale que, du côté de la distribution féminine, on a visiblement cherché à nous faire plaisir. Ainsi, l'épouse de l'agent de la CIA est jouée par Gal Gadot, que l'on a pu voir notamment dans Triple 9, et qui sera l'an prochain à l'affiche de Wonder Woman.

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   Quant à la "méchante", elle les traits (et le corps...) d'Antje Traue :

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   Elle a pu croiser certains de ses partenaires auparavant : Kevin Costner dans Man of Steel, Ryan Reynolds dans La Femme au tableau. On l'a aussi vue dans Le Septième Fils. Dieu que le cuir lui va bien ! (Pour couper court à toute accusation de machisme, j'ajoute que ces actrices ne sont pas que très belles, elles excellent dans leurs rôles respectifs, en particulier Gal Gadot.)

   C'est de surcroît bien réalisé, avec de bonnes cascades et -attention les âmes sensibles- plusieurs scènes d'ultra-violence très bien fichues... mais franchement dégueux. Les spectateurs pointilleux tiqueront à certaines petites invraisemblances (un blessé qui se rétablit à la vitesse grand V, une moto qui permet à un autre de s'enfuir au moment opportun, un ordinateur portable qui seul permet de tout contrôler à distance...), mais, globalement, on est pris par l'histoire et l'on passe un bon moment, si l'on est amateur de films d'action.

14:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 16 juin 2016

La Nouvelle Vie de Paul Sneijder

   Ce film franco-canadien est une sorte d'OVNI cinématographique. Il nous est présenté comme une comédie et là, les cinéphiles pensent immédiatement à Romaine par moins 30, qui nous montrait Sandrine Kiberlain au pays du Caribou. C'est un peu trompeur parce que, si le film est incontestablement comique par moments, il est surtout l'histoire d'un père qui n'arrive pas à faire le deuil de sa fille aînée.

   Dans le rôle, Thierry Lhermitte est étonnant de délicatesse et de sobriété. Avec une économie de paroles, il nous fait saisir tout le mal-être de cet homme, seul rescapé de l'accident d'ascenseur dans lequel sa fille a perdu la vie. Dans un premier temps, il refoule une partie de la douleur : il a tout oublié de la journée de l'accident (on comprend plus tard pourquoi). En dépit de la sollicitude de ses proches (sa seconde épouse et ses deux fils), il se sent complètement décalé par rapport à son milieu d'origine.

   C'est à ce moment que la comédie intervient. Petit à petit, Paul va renaître... en promenant les chiens des autres, en étant salarié d'une petite entreprise dirigée par un gars lui-même très bizarre : c'est visiblement un autiste (obsédé par les nombres premiers), qui souffre d'obésité... et de troubles urinaires. Il est incarné à la perfection par Guillaume Cyr.

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   Deux autres personnes vont jouer un rôle important dans la renaissance de Paul : le propriétaire d'une des chiennes qu'il promène et un avocat. Celui-ci travaille pour la "partie adverse", c'est-à-dire l'entreprise qui a conçu l'ascenseur et celle qui était chargée de son entretien. Une étonnante relation d'amitié va naître entre ces hommes que tout devrait séparer... sauf l'amour des belles voitures. Notons que l'avocat est incarné par une vieille connaissance, Pierre Curzi, que l'on a vu jadis dans Le Déclin de l'empire américain et Les Invasions barbares.

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   La mémoire de Paul va revenir, avec un paquet de regrets quant au passé. Le héros va aussi découvrir que certains propriétaires de chiens ont avec ceux-ci un comportement proche de celui de son épouse vis-à-vis de ses deux fils : ils veulent leur faire gagner des concours, leur faire intégrer l'élite, sans doute pour leur bien, mais aussi pour satisfaire leur propre égo.

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   C'est le moment de signaler la performance de Géraldine Pailhas, elle aussi étonnante dans ce rôle d'executive woman, à la fois belle, glaçante et déterminée, carriériste et attachée à la réussite de ses enfants.

   De manière générale, le film traite de la froideur, celle du climat bien sûr, mais aussi celle des rapports humains voire celle de l'organisation de la société, obsédée par l'argent. On le sent bien à travers les plans d'extérieur, qui nous offrent de superbes vues de Montréal. Paradoxalement, on sent davantage le froid à l'intérieur de certains bâtiments chauffés, comme le crématorium ou le cabinet d'avocats censé défendre les intérêts du héros. On comprend que, pour Paul, une partie de son propre logement acquiert le même statut. Il ne trouve refuge que dans une sorte de cave, où il a aménagé son bureau et où il vogue sur la Toile. Il espère y trouver des réponses à ses questions... et peut-être un nouvel espoir.

   Attention donc : ce n'est pas la comédie hilarante qui nous a parfois été vendue, mais un film plus profond, avec des pincées d'humour.

   P.S.

   La musique est chouette.

19:51 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 15 juin 2016

Red Amnesia

   Wang Xiaoshuai n'est pas le plus connu des réalisateurs chinois contemporains. Je crois même que tous ses films n'ont pas été distribués en France. De lui, j'ai vu Une Famille chinoise (assez mélo) et surtout Beijing Bicycle, dont je garde un bon souvenir.

   Ici, l'héroïne est une veuve, dont les deux fils vivent à Pékin, comme elle, mais aimeraient bien couper le cordon ombilical. De plus, l'épouse de l'aîné ne s'entend pas très bien avec sa belle-mère. Cela fait un peu cliché mais, à l'opposition des caractères s'ajoute un fossé socio-économique, la nouvelle génération, plus riche, étant en grande partie occidentalisée, alors que la maman est restée très traditionnelle. C'est aussi pour cela qu'elle a du mal à encaisser le mode de vie du cadet, toujours célibataire à presque quarante ans...

   C'est alors que des événements nouveaux surgissent dans la vie de l'héroïne. Elle apprend le décès d'un ancien camarade, qu'elle a connu avant la naissance de son second fils. Elle commence à recevoir des coups de fil anonymes, silencieux. Dans le même temps, le réalisateur nous fait suivre la vie quotidienne d'un jeune homme taciturne. On le voit dans plusieurs appartements, sans trop savoir ce qu'il fait. On finit par découvrir qu'il suit la vieille femme.

   Qu'est-ce qui relie ces deux personnages ? La réponse se trouve-t-elle dans le passé, à l'époque de la Révolution culturelle ? Ou bien s'agit-il d'une coïncidence, la vérité étant plus prosaïque, liée à des faits divers ? Une autre possibilité nous est proposée, puisque l'héroïne rêve et a parfois des hallucinations, en période d'éveil. Qu'est-ce qui est réel dans ce qu'elle aperçoit ?

   C'est donc un polar sociétal, sur fond politique. Attention toutefois : ce n'est pas un thriller à l'américaine. L'action n'est guère trépidante, puisque l'histoire évolue au rythme de l'héroïne, âgée d'environ 65 ans. Mais cette intrigue est assez habilement construite, et la mise en scène instille tantôt l'inquiétude, tantôt le doute.

17:11 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 14 juin 2016

Adopte un veuf

   Je n'avais pas l'intention d'aller voir ce film. Son réalisateur, François Desagnat, a pondu La Beuze et Les 11 Commandements. C'est dire s'il s'y connaît en comédie raffinée... Mais il a aussi participé à l'écriture du scénario des Lascars. Alors, comme le bouche-à-oreille est bon, je me suis finalement laissé tenter.

  Au départ, on pense que l'histoire va être portée par André Dussolier, qui incarne (avec brio) un médecin retraité récemment devenu veuf. Celui-ci possède un grrrrrrannnd appartement bourgeois au cœur de Paris (et une superbe maison de campagne, que l'on découvre plus tard). Le film démarre vraiment avec l'arrivée de Bérengère Krief à l'écran. Son personnage est un peu cliché, mais l'actrice a une pêche d'enfer. Le contraste avec papy Dussolier fonctionne très bien, même si la séquence de la sortie à deux, le soir, enfile les perles. Autre problème de personnage, celui de l'ami du médecin, un vieux beau pété de thunes qui drague les minettes. Ses interventions sont lourdes et répétitives. Sur ce coup-là, Nicolas Marié aurait dû rester célibataire...

   Heureusement, l'histoire rebondit avec l'installation des deux autres colocataires, un avocat un peu niais et une infirmière débutante plutôt timide. Dans le rôle, Julia Piaton est parfaite, à contre-emploi pour ceux qui l'ont connue en coiffeuse fofolle dans la série Profilage. (On l'a vue aussi dans Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ?)

   La principale source de gags est le télescopage de ces personnalités dissemblables au quotidien. Le scénario a aussi l'habileté de laisser entrevoir les failles de chacun. La vie en (petite) collectivité pourrait leur permettre de résoudre certains problèmes... ou en créer d'autres ! C'est en général assez bien vu.

   Cependant, je n'ai pas trop "marché" aux scènes censées être émouvantes. L'histoire de l'adolescent en attente de greffe ne m'a guère touché. Encore et toujours, c'est le dynamisme de Bérengère Krief qui emporte l'adhésion. On croit à son personnage de serveuse, que son mec (parti en voyage) mène par le bout du nez.

   Certains moments sont même hilarants, comme ce quiproquo né d'une conversation à double détente, les unes discutant d'un sèche-cheveux, l'autre imaginant que les jeunes femmes parlent de son ami, qu'il pensait très coincé. Mais le meilleur moment est pour moi la scène qui se déroule dans un cabinet vétérinaire, en compagnie d'animaux très spéciaux. Là, c'est burlesque !

   Au bout du compte, il reste une comédie sympathique, mais pas mémorable, que l'on pourrait comparer à Retour chez ma mère.

   P.S. (du 17 juin)

   Il m'est revenu un détail : les spectateurs aveyronnais seront attentifs à ce qui se trouve sur les murs de l'appartement. A au moins une reprise, on distingue, à droite, un tableau sombre comportant de grandes rayures noires...

23:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 12 juin 2016

Alice - De l'autre côté du miroir

   Tim Burton a donc produit (mais pas réalisé) pour Disney le deuxième volet des aventures de l'héroïne emblématique de la littérature enfantine britannique. Ici, comme dans le premier film, le scénario s'émancipe de l'oeuvre d'origine pour réécrire l'histoire, avec au centre une Alice plus âgée et un fond plus sombre.

   J'ai retrouvé avec plaisir Mia Wasikowska, moins éblouissante toutefois que dans le récent Tracks. Elle incarne néanmoins avec talent une jeune femme moderne, capitaine de navire dans le Royaume-Uni de la fin du XIXe siècle, pilote de chronosphère dans le monde imaginaire.

   Cette dualité d'intrigues est l'un des atouts du film. Dans "le monde réel", l'histoire a un fond féministe, qui m'a un peu rappelé Tout en haut du monde, même si l'atmosphère générale doit plutôt aux romans de l'époque victorienne. C'est aussi un film d'aventures, qui débute avec une superbe séquence en mer, dans le détroit de Malacca, où des pirates attaquent le navire commandé par la jeune femme.

   Très vite, Alice va retourner dans le monde imaginaire, cette fois-ci en passant à travers un miroir (l'une des rares références exactes à l'oeuvre de Lewis Carroll). Là-bas, elle partage la vedette avec le Chapelier Fou, désormais complètement déprimé. Johnny Depp est moins flamboyant qu'autrefois, mais son personnage retrouve de sa superbe dans des séquences se déroulant dans le passé, qu'Alice essaie de modifier.

   Pour cela, elle doit entrer en contact avec Le Temps, personnage grandiloquent parfaitement interprété par Sacha Baron Cohen. Lui et l'univers dans lequel il gravite sont une autre grande réussite du film. A l'écran, les effets spéciaux sont flamboyants, le tout émaillé de pointes d'humour, puisque tous les habitants de la demeure du Temps (lui y compris) sont des automates... plus ou moins perfectionnés... plus ou moins fonctionnels. L'une des meilleures scènes est celle qui voit le Chapelier et ses acolytes amateurs de thé accueillir Le Temps... et lui faire perdre le sien ! C'est vraiment dans l'esprit des jeux de mots dont Lewis Carroll avait émaillé son oeuvre.

   Mais la performance la plus éclatante est sans conteste celle d'Helena Bonham Carter, épatante en Reine Rouge. Les mauvaises langues auront bon rappeler qu'elle est la compagne (l'ex) de Tim Burton, c'est une excellente actrice, qui donne de l'épaisseur et du panache à son personnage... et c'est tant mieux : une bonne histoire romanesque a besoin d'un bon "méchant". Notons qu'ici, le scénario explore une piste inédite, celle d'un traumatisme remontant à l'enfance. C'est très bien vu.

   Au final, les puristes, qui auraient souhaité une oeuvre fidèle à l'original, seront déçus, tout comme ceux qui espéraient un film 100 % "burtonien". C'est d'abord un produit Disney, fabriqué avec beaucoup de conscience professionnelle, mais destiné à un public familial.

10:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

vendredi, 10 juin 2016

Retour chez ma mère

   Cette comédie s'inspire d'un phénomène bien réel : le retour au foyer parental d'actifs (en général quadragénaires) touchés par un "accident de la vie", la plupart du temps la perte d'un emploi, à laquelle peut s'ajouter une rupture sentimentale. A cet égard, la séquence introductive pose malicieusement le problème, nous induisant volontairement en erreur au début. C'est l'un des rares effets de mise en scène visibles dans ce film sans prétention, qui repose sur le talent des acteurs... surtout des actrices.

   Josiane Balasko incarne avec fougue la mère, veuve et retraitée, assez "vieille France" par certains côtés... mais très moderne par d'autres : elle n'est pas du tout "coincée". On le constate notamment à l'occasion d'un repas avec sa fille (Alexandra Lamy, pétillante), devant la télévision, qui diffuse la série préférée de la mère. On s'attend à une sorte de Plus belle la vie, mais voilà-t-y pas que débarque une scène de cul qui, si elle choque un peu la fille, passionne visiblement la mère !

   C'est que la maman est cachottière. Faute de voir souvent ses trois enfants, elle s'est reconstruite toute seule et sa progéniture va mettre du temps à découvrir l'ampleur des changements. C'est d'ailleurs l'objet de plusieurs quiproquos dans l'histoire, qui amènent les enfants à croire que leur mère est atteinte de la maladie d'Alzheimer.

   Il s'agit donc plutôt d'un comique de situation, contrairement à ce que laissait présager la bande-annonce, dans laquelle on voit l'essentiel d'une des plus belles scènes, autour de l'utilisation d'internet. Ce comique de situation intervient très vite, dès la séquence à Pôle Emploi, qui confronte Stéphanie (Alexandra Lamy) à un conseiller assez peu orthodoxe (Patrick Bosso, très bien).

   La suite met en scène le choc des caractères entre la fille, architecte branchée, et la mère, une travailleuse manuelle qui a bien les pieds sur terre. J'ai aussi beaucoup apprécié la relation des petits tracas de la vie quotidienne, avec notamment l'histoire du chauffage.

   Le moment-clé est un repas de famille, qui doit être l'occasion pour la mère de clarifier sa situation par rapports à ses enfants. Evidemment, rien ne va se passer comme prévu. Les retrouvailles vont même tourner à la foire d'empoigne.

   Il s'agit donc d'une comédie populaire, un poil surjouée, mais dynamique, avec des rebondissements et de nombreux moments cocasses. On s'achemine tout doucement vers une fin assez prévisible, mais pas bâclée.

23:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 09 juin 2016

Money Monster

   Le titre déjà est ambigu : s'applique-t-il au personnage principal, le présentateur égocentrique Lee Gates (brillamment incarné par George Clooney, en pleine forme), ou bien dénonce-t-il ce monstre qu'est l'argent, qui corrompt tout ? Cela donne une idée de l'ensemble de l'histoire, qui oscille entre les aventures de Gates (gloire et décadence...) et un propos plus politique, sous-jacent, instillé avec une certaine subtilité par Jodie Foster.

   Cela tient la route d'abord grâce à l'abattage des acteurs. George Clooney forme un duo dynamique et attendrissant avec Julia Roberts, qui interprète Patty Fenn, la productrice de l'émission, véritable chef d'orchestre du programme, qui oeuvre en coulisses. Pour moi, l'actrice est rayonnante dans ce rôle somme toute assez sobre. C'est une version plus "commerciale" de Mary Mapes, que l'on a récemment vue sous les traits de Cate Blanchett dans Truth.

   Derrière ces deux "pointures", les autres se débrouillent très bien. Jack O'Connell, que l'on a déjà vu dans 300 - La Naissance d'un empire et surtout Invincible, tient la dragée haute à Clooney. Dans les seconds rôles, on peut reconnaître plusieurs acteurs de séries télévisées. Tout ce petit monde s'agite à la perfection sous la houlette de la réalisatrice, qui a dû jongler avec deux types de caméra (de cinéma et de télévision), ce qui a contraint à jouer de nombreuses scènes deux fois... et je ne vous raconte pas le travail de montage ! On notera le soin porté à la création de l'émission télévisée, nourrie d'animations visuelles. Cela donne un ensemble rythmé, trépidant même.

   Sur le fond, le jugement de Jodie Foster est assez désabusé. La télévision est devenue le règne du vulgaire. Dans l'histoire, c'est la productrice Patty qui est la plus lucide : le divertissement et la course à l'audience ont pris le dessus sur le fond. Les téléspectateurs sont crédules et très dépendants de leurs gadgets numériques. On pense évidemment aux pigeons qui ont suivi les conseils d'investissement du héros Lee. Mais, dès que la prise d'otages démarre, comme les événements se déroulent en direct, cela devient une émission de télé-réalité trash, qui capte l'attention (la nôtre aussi, d'ailleurs). Et, sans tout dévoiler, on peut dire qu'à la fin, malgré le drame, tout redevient (presque) comme avant. Personne (ou presque) ne semble en avoir retenu de leçon.

   C'est quand même un film très américain. Dans un premier temps, la vedette sombre dans le ridicule : Clooney n'a pas hésité à incarner un personnage falot, dont les travers vont surgir à l'écran. Mais, dans un deuxième temps, le présentateur va reprendre la main (je vous laisse découvrir comment) et endosser le costume du redresseur de tort, aidé en cela par la productrice. C'est une manière de dire que l'on peut contourner le système ou du moins, ponctuellement, l'utiliser pour une juste cause. C'est peut-être pour cette raison que Jodie Foster a accepté, pour promouvoir son film, de se rendre dans une émission racoleuse (mais à forte audience), dans laquelle on la voit participer à un jeu particulièrement ridicule...

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mardi, 07 juin 2016

Elle

   Isabelle Huppert incarne une chef d'entreprise autoritaire, maîtresse femme qui ne s'en laisse compter par personne... jusqu'au jour où elle est victime d'un viol, chez elle, par un homme déguisé (et masqué). Le film nous fait d'ailleurs "revivre" la scène de plusieurs manières, comme cela arrive couramment aux victimes. Sauf que celle-ci va chercher à se venger.

   Quand on a écrit cela, on a tout dit et on n'a rien dit. Cette histoire malsaine (dont l'ambiance n'est pas très éloignée de l'univers de Michael Haneke) est un portrait de la "haute" bourgeoisie d'aujourd'hui, une enquête policière façon Cluedo et une analyse du refoulé, chez les femmes et chez les hommes.

   Comme la très grande majorité des victimes, Michèle (I. Huppert géniale) a été abusée par quelqu'un qu'elle connaît... mais qui ? L'intrigue nous propose ainsi une galerie de suspects, qu'on peut résumer à sept hommes. Deux d'entre eux travaillent dans l'entreprise de l'héroïne. L'un est effacé, amoureux de sa patronne... mais il cache pas mal de choses. L'autre est un type orgueilleux, buté, souvent en conflit avec Michèle, avec une tension sexuelle sous-jacente.

   Un troisième suspect fréquente les mêmes lieux : l'époux de la meilleure amie (et collègue) de l'héroïne, qui est aussi l'amant de Michèle. Dans le rôle, Christian Berkel  (qu'on a pu voir récemment en Otto Preminger dans Dalton Trumbo) est excellent... et un peu inquiétant : il est jaloux de ces hommes plus jeunes qui côtoient sa maîtresse, celle-ci semblant de plus en plus lui échapper.

   L'autre homme de la vie de Michèle est Richard, son ex-mari (Charles Berling, très bien). De prime abord, celui-ci ne paraît pas très dangereux. Mais, soudain, on apprend qu'il a noué une relation avec une femme plus jeune, en prenant soin de le cacher à son ex... que pourtant il surveille. Le gentil toutou s'est-il mué en prédateur ?

   On se pose la même question à propos du fils de l'héroïne, un jeune homme mal dégrossi, sans doute écrasé par la personnalité de sa mère, et qui se fait pigeonner par une greluche sans scrupule. Cependant, au détour d'une scène, on s'aperçoit que le mouton peut se transformer en dragon, sous l'effet de colères aussi subites qu'incompréhensibles. On le voit même prêt à s'en prendre à sa propre mère. Quand on découvre qui est son grand-père et ce qu'il a fait, on se dit qu'il y a là peut-être une forme d'atavisme.

   Un autre suspect est le voisin d'en face (Laurent Lafitte, ambigu à souhait). C'est un trader, marié à une catholique fervente (Virginie Efira, surprenante dans ce rôle à contre-emploi)... qui ne le satisfait pas totalement, semble-t-il.

   Un dernier jeune homme athlétique complète la liste : Ralf, le gigolo de la mère de Michèle (Judith Magre, épouvantablement liftée), qui avoue avoir du plaisir à "baiser" la femme de l'homme qui a commis tant d'horreurs. N'a-t-il pas été tenté de faire de même avec la fille de celui-ci ? (C'est Raphaël Lenglet qui prête sa présence virile à ce personnage. Depuis quelques années, on le voit sur France 2, dans la série Candice Renoir, où il incarne le collègue ombrageux -et désormais amant- de la fantasque enquêtrice.)

   C'est le grand impensé de l'histoire : les crimes commis par le père de l'héroïne, des années auparavant, alors qu'elle était enfant. Elle en a été en partie témoin, mais on n'a jamais su jusqu'où la folie de son père l'avait entraînée.

   L'histoire ne s'arrête pas à la découverte de l'identité du coupable. Il reste à connaître ses motivations profondes. De plus, on ne sait pas trop ce que Michèle veut faire de lui. Entre la fille du psychopathe et le violeur récidiviste s'engage un drôle de jeu, qui menace de dégénérer...

   Cela donne une intrigue à tiroirs, que Verhoeven referme parfois sans les avoir complètement explorés. Si certains dialogues sont un peu trop littéraires, les acteurs sont formidables et on passe un très bon moment.

22:59 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 05 juin 2016

Dégradé

   Le titre est à double sens : c'est une allusion à la fois au salon de coiffure où se déroule l'essentiel de l'histoire et à ce qui se passe dehors, à la situation de la bande de Gaza, plus particulièrement à ce que vivent les femmes, pendant que les hommes font joujou avec leurs armes.

   Cette coproduction franco-palestino-qatarie aurait pu s'appeler Le Lion de Gaza, vu  que c'est un gros félidé qui est à l'origine de ce qui va se passer dans le quartier. C'est d'ailleurs inspiré d'une histoire vraie, qui s'est déroulée en 2007, au centre de laquelle se trouvait la lionne Sabrina.

   Mais l'animal n'est ici qu'un prétexte et n'apparaît que rarement à l'écran. Le rapprochement avec Le Cochon de Gaza ne serait donc pas pertinent. Cette lionne apathique évoque à la fois la sous-nutrition dont souffrent les animaux des zoos palestiniens (comme on a déjà pu le voir dans Girafada) et la condition des Gazaouis (et notamment des femmes), dominés par un pouvoir qu'on n'ose pas qualifier de totalitaire... mais on aurait bien envie. Ce pouvoir est celui du Hamas. Voilà pourquoi ce film est censuré à Gaza. (Il a de plus été tourné en Jordanie.) Dans le dossier de presse téléchargeable sur le site du distributeur (Le Pacte), on découvre tous les petits tracas qu'ont subis les réalisateurs quand ils vivaient là-bas.

   L'occupant israélien n'est pas exonéré de toute responsabilité pour autant. On lui doit, entre autres, les coupures d'électricité et la pénurie de carburant. Mais le grand mérite de Dégradé est de donner une vision de l'intérieur de ce morceau de Palestine coincé entre l’Égypte et Israël.

   C'est un huis clos parfois étouffant, dans lequel treize femmes d'âges, de conditions sociales et d'opinions différents se retrouvent coincées dans ce salon de coiffure, qui fait aussi office de centre de soins du corps. (Au début, quand il est question d'épilation, une allusion est faite au film libanais Caramel.) Cela nous vaut une belle galerie de portraits, que les auteurs affinent au fur et à mesure que l'histoire avance. L'espace étriqué est très bien utilisé, en particulier les miroirs, qui permettent de placer sur un même plan des personnes situées à des endroits différents du salon. La réalisation témoigne d'un incontestable savoir-faire.

   La première surprise est de constater que la patronne est russe. Au vu du physique de sa fille, on peut présumer qu'elle a épousé un Palestinien, qu'on entrevoit à peine dans le film. Cette coiffeuse est une forte tête, qui sait gérer sa boutique et, en même temps, fait preuve de beaucoup de compréhension vis-à-vis de son employée, une jolie jeune femme assez immature et entichée d'un mafieux qui ne la traite pas bien. C'est là que le film touche à l'universel : on a tous déjà rencontré ce genre de personne, qui, pour une raison incompréhensible, persiste à s'attacher à un mec qui la bafoue.

   Deux des clientes sont déjà "en mains", la future mariée et la bourgeoise, celle-ci incarnée par l'Israélienne Hiam Abbas, la réalisatrice d'Héritage, vue récemment dans Exodus. Pour ces deux clientes, la séance va devenir cauchemardesque, puisqu'elles vont passer plusieurs heures sur le siège sans que le travail soit terminé, tant il va être interrompu par des événements divers et variés. On en fait d'ailleurs un peu trop au niveau de ces incidents, qui se succèdent de manière parfois invraisemblable. Il semble que les auteurs aient eu du mal à tenir la distance. (Notons que film est cependant assez bref, puisqu'il dure environ 1h25.)

   Les autres clientes sont un portrait de la société palestinienne. On a la jeune femme enceinte, qui sent que, dès qu'elle sera mère, elle va se retrouver cloîtrée au foyer. Elle est accompagnée de sa sœur, pas encore mariée et qui hésite à franchir le pas. Trois autres femmes accompagnent la future épousée (celle qui occupe l'un des deux fauteuils) : sa (bientôt) belle-mère (plutôt hostile), la fille de celle-ci (pas mariée et qui s'en porte très bien) et sa propre mère (asthmatique).

   Trois autres clientes attentent, assises sur le même canapé. On comprend que deux d'entre elles, pourtant très différentes à tout point de vue, se connaissent déjà. La première est la grande gueule du groupe, accrochée à ses sucettes (agrémentées d'une substance illicite...). Sa voisine est une croyante rigoriste, qui va être source de gags dans la suite de l'histoire... mais dont les auteurs ont pris soin de nuancer le portrait. Enfin, une divorcée complète le groupe. Elle va peu s'exprimer, mais on comprend que sa situation est un soulagement, par rapport à ce qu'elle a connu auparavant.

   Tout cela forme une cocotte-minute qui, sous l'effet des événements extérieurs, va plus ou moins exploser. Confinées dans cet espace, ces femmes que parfois tout sépare vont apprendre à patienter ensemble. La conclusion vient là encore de l'extérieur, mais je laisse à chacun le soin de la découvrir.

samedi, 04 juin 2016

Dalton Trumbo

   Ce long-métrage rend hommage à l'écrivain-scénariste américain et plus particulièrement à son combat contre l'hystérie anticommuniste qui a saisi les États-Unis dans les années 1940-1950. A priori, il n'avait rien d'un héros. Ayant connu le succès assez jeune, il menait une vie bourgeoise, avec son épouse (au foyer, dévouée à la carrière de son mari) et ses trois enfants, la fille aînée étant particulièrement proche de son père.

   Tout change avec les débuts de la Guerre Froide. Une partie de la population croit voir des espions bolcheviques partout. Le monde du cinéma est particulièrement visé, compte tenu de l'influence qu'on prête à ce média. C'est l'occasion de découvrir une galerie de personnages très bien campés. Se détache Bryan Cranston, qui EST Dalton Trumbo (et qui, tout autant que Leonardo DiCaprio, aurait mérité de recevoir l'oscar du meilleur acteur). Face à lui se dresse une ancienne actrice, devenue échotière du petit monde hollywoodien, véritable pasionaria anticommuniste... voire antisémite. Dans le rôle, Helen Mirren est excellente.

   Le sous-texte du scénario tente de démontrer que l'Amérique, terre de liberté, a failli basculer dans la dictature. Les hérauts de l'anticommunisme s'en sont pris à ceux qui avaient la réputation d'être "de gauche" : communistes, progressistes et même certains démocrates. Les comédiens qui incarnent les bourreaux et les victimes sont très crédibles. Au passage, le film égratigne quelques gloires républicaines, au premier rang desquelles John Wayne, l'acteur-vedette des patriotes... qui n'a jamais porté l'uniforme de sa vie. Les spectateurs attentifs apercevront, au détour d'un plan, deux futurs présidents des États-Unis, Ronald Reagan, très actif à Hollywood contre les "commies", et Richard Nixon, qui fut proche de Joseph McCarthy, avant de devenir le colistier de Dwight Eisenhower, élu président en 1952.

   La deuxième partie de l'histoire nous fait suivre deux fils rouges : la procédure judiciaire, qui va mener certains protagonistes en prison et qui pourrait aller jusqu'à la Cour suprême, et la tactique de contournement du système suivie par Dalton Trumbo et ses alliés : puisqu'il ne peut plus travailler sous son nom pour Hollywood, il va devenir un nègre protéiforme, fournissant des scenarii clés en main aussi bien à un producteur de nanars (John Goodman... j'adore !) qu'à de prestigieux réalisateurs. Pour ce faire, il va mettre au service de sa cause la famille entière, les enfants se prêtant en général d'assez bonne volonté au jeu du coursier ou du standardiste téléphonique.

   Qui plus est, la mise en scène n'est pas dégueulasse. Jay Roach (le réalisateur) semble avoir fait des progrès depuis les Austin Powers et Mon Beau-père et moi, des comédies efficaces mais qui reposaient surtout sur le scénario et le jeu des acteurs. J'ai particulièrement aimé les scènes de salle de bain, un endroit où Trumbo aimait travailler en paix, tout en faisant trempette. Plus classiques sont les moments qui le montrent devant la machine à écrire, cigarette au bec, un verre d'alcool à proximité... et des cachets dans le tiroir. J'ai aussi en mémoire une scène se déroulant dans un cinéma, plus précisément l'instant où une partie du générique se reflète dans le verre des lunettes de Dalton Trumbo. Très habile !

   Intelligemment, le film place en parallèle de la lutte menée par Trumbo l'évolution des membres de sa famille. On se rend compte que le grand homme n'aurait pas été grand chose sans le dévouement de son épouse, une mère au foyer qui, de nos jours, serait sans doute une cadre dynamique. Mais c'est avec la fille ainée (celle qui pourtant s'identifie le plus au père) que le conflit va éclater. L'ancienne enfant chérie est devenue une adolescente au caractère affirmé. Elle veut sortir le soir et s'investit dans la défense des droits des Noirs. Trumbo va devoir résoudre aussi ce conflit de générations.

   Fort heureusement, les aspects sombres de l'histoire sont contrebalancés par des moments de comédie. Les anecdotes sur la vie du petit monde hollywoodien (ses fiertés mal placées, ses petites bassesses...) ne manquent pas de saveur. Mais c'est principalement la "conspiration du scénario" qui est source de gags.

   On (re)découvre ainsi que certains acteurs et réalisateurs n'ont pas baissé leur froc devant les fanatiques de l'anticommunisme. Si le film évoque brièvement Lauren Bacall et Humphrey Bogart, il s'attarde davantage sur les interventions de Kirk Douglas et Otto Preminger, remarquablement interprétés par Dean O'Gorman (vu dans Le Hobbit) et Christian Berkel. La réalisateur installe une sorte de connivence entre la famille Trumbo et les spectateurs, si bien qu'on se réjouit avec eux des récompenses gagnés par le scénariste, sans que son nom ne figure au générique des œuvres primées.

   J'aurais quand même quelques réticences à formuler. Si techniquement, le film est irréprochable, sur le fond, il n'est pas totalement objectif. A l'écran ne sont montrés que des éléments (politiques) favorables aux scénaristes mis en cause à l'époque. Leurs seules faiblesses sont de l'ordre du privé. De plus, au niveau du contexte, il aurait été judicieux de préciser que la Commission des activités antiaméricaines avait été fondée avant la Seconde guerre mondiale et pas pour traquer les communistes, mais les nazis. Si les poursuites engagées contre les scénaristes d'Hollywood étaient scandaleuses, l'espionnage soviétique aux États-Unis n'en était pas moins réel... et l'URSS pouvait difficilement passer pour un havre de liberté, sans que cela scandalise les communistes américains.

vendredi, 03 juin 2016

Ils sont partout

   ... les juifs... ou les antisémites ? C'est la question que fait semblant de se poser Yvan Attal dans cette autofiction agrémentée de sketches, dans lesquels on croise une brochette d'excellents acteurs, connus ou pas, juifs ou pas.

   Le déclic est une scène qui sent le vécu : l'acteur Attal est abordé à la sortie d'un théâtre par ce qui semble être un fan un peu lourd, incarné à la perfection par François Bureloup, un habitué des seconds rôles "hauts en couleur" que l'on a notamment remarqué dans la série Cherif.

   Commence alors une suite de séances de psychanalyse (pas les meilleurs moments du film), régulièrement interrompues par des séquences introduites par des cartons. Les phrases qui apparaissent alors à l'écran évoquent les clichés antisémites qui circulent encore abondamment aujourd'hui.

   Le premier interlude met en scène un couple de la politique française, membre d'un important parti nationaliste. Benoît Poelvoorde (formidable) incarne le mari fidèle, qui vit un peu dans l'ombre de sa médiatique épouse (Valérie Bonneton, plutôt bien) qui, sous des dehors affables, cache une ambition sans bornes et une capacité à haïr peu commune. C'est évidemment un décalque du couple formé par Louis Aliot et Marine Le Pen. Dans le film, la dirigeante nationaliste a succédé à un père encombrant. De surcroît, la première scène nous montre le couple en plein bal autrichien, où fourmillent les anciens nazis... et leurs admirateurs. C'est une allusion à la participation de la présidente du FN à un bal antisémite, en 2012.

   L'intrigue bascule lorsque l'époux de la dirigeante découvre qu'il a une grand-mère juive... une "tache" a priori rédhibitoire sur le CV d'un élu d'extrême-droite... mais qu'il va essayer de retourner à son avantage. Yvan Attal s'appuie sur l'excellente prestation de Poelvoorde (bien épaulé par les seconds rôles) pour verser dans la satire politique. (Signalons au passage que, dans la réalité, l'un des grands-pères de Louis Aliot est juif.) On ne s'étonnera donc que la "fachosphère" se soit déchaînée contre le film et que le site Allociné se soit rapidement rempli de critiques aussi négatives que vides de sens.

   Le deuxième interlude met en scène des juifs pauvres de la banlieue parisienne, une réalité sociologique que l'on a un peu oubliée dans notre pays. Dany Boon est très bon en gentil gars pas très débrouillard. Mais la véritable attraction de cet épisode est Charlotte Gainsbourg, qui interprète avec conviction une garce de chez garce ! Les nostalgiques du petit écran retrouveront avec émotion Robert Castel et Marthe Villalonga, touchants en parents de la "vieille école", attachés à certaines traditions. Cet épisode a un réel potentiel comique, gâché toutefois par l'approximation du jeu de certaines scènes. Il aurait fallu remettre le couvert de temps à autre.

   Mais la plus déjantée des historiettes est sans conteste celle qui voit Gilles Lellouche incarner un super-agent du Mossad... envoyé dans le passé pour tuer l'enfant Jésus avant qu'il ne se fasse connaître. C'est totalement invraisemblable, avec ces populations (juives comme romaines) qui parlent toutes français... et la direction du Mossad, capable de suivre en direct des événements qui se passent dans le passé ! Mais c'est vraiment tordant, avec un Lellouche totalement investi dans son rôle et de belles idées de scénario.

   L'un des intermèdes est consacré aux théories du complot. On y voit des journalistes interroger des passants sur l'existence d'un complot juif. C'est très bon parce que cela joue sur les clichés et les préjugés... y compris (et surtout) ceux des journalistes.

   On passe ensuite à l'évocation de la Shoah, à travers la plus émouvante des séquences. Et pourtant, au départ, on se dit que cela risque d'être malsain. L'action se déroule à Drancy. Un bénévole dans une maison de retraite (François Damiens, au top) en a marre du tourisme mémoriel dont sa commune est l'objet, et surtout des cérémonies bruyantes qui se déroulent régulièrement sous ses fenêtres. L'intrigue gagne en épaisseur quand on nous montre le quotidien des victimes de la maladie d'Alzheimer. Cela culmine dans une scène d'anthologie, centrée sur un très vieil homme, à la mémoire défaillante, mais dont certains souvenirs vont subitement ressurgir. Dans le rôle, Popeck est extraordinaire.

   Après ce passage un peu éprouvant, on avait bien besoin de fantaisie. Elle prend la forme d'une manifestation de roux (qui se sentent horriblement discriminés), auxquels succède un président de la République aux abois (Patrick Braoudé très bon... et très "hollandien"). Celui-ci va organiser un référendum sur un sujet totalement improbable... que je laisse à chacun le plaisir de découvrir.

   L'histoire aurait pu s'arrêter là. Yvan Attal en rajoute un peu trop face à la caméra. C'est dommage, parce que son film mérite vraiment le détour. S'il n'a pas le talent de Woody Allen, le réalisateur a néanmoins réussi à mettre en scène quelques jolis moments de bravoure, servis par des comédiens brillants et posant de bonnes questions, du genre de celles qui dérangent une presse un peu trop conformiste.

mardi, 31 mai 2016

X-Men - Apocalypse

   Cet épisode se situe dans le prolongement de X-Men - Le Commencement et X-Men - Days of Future Past. On a compris que, loin de se limiter à un prequel, le basculement de l'intrigue dans le passé avait pour but de relancer la série, en mélangeant à l'écran le matériau scénaristique de plusieurs époques de comics. On avait peut-être aussi en tête de rajeunir le casting, gage de renouvellement de l'audience... et assurance pour l'avenir (et la production de nombreux autres épisodes).

   Du coup, ici, l'équipe que Charles Xavier prend sous son aile mélange certains des premiers X-Men (Jean Grey, Cyclope, Le Fauve) à certains de la deuxième équipe (Diablo... et-très brièvement- Serval, dont la présence se justifie uniquement par le souci de raccorder l'intrigue à celle d'autres productions Marvel) et à de petits nouveaux, comme Vif-Argent. On notera le basculement de certains personnages, comme Angel, Tornade... et Mystique.

   Mais, dans cet épisode, la part du lion est réservée au nouveau super-méchant, Apocalypse, héros de la première séquence, sise dans l'Egypte antique. C'est d'une grande virtuosité et met les spectateurs dans de bonnes dispositions pour la suite. Signalons l'excellente composition d'Oscar Isaac dans le rôle du mutant divin. Il confirme tout le bien qu'on pense de lui, depuis notamment Ex Machina et le dernier Star Wars.

   Hélas, la suite ne tient pas les promesses du début. Si certaines séquences témoignent d'un incontestable savoir-faire, c'est trop long, verbeux et sentencieux, avec une "grosse musique" pour souligner que ce sont des événements titanesques qui se déroulent sous nos yeux. De surcroît, je n'ai pas aimé certaines parties, comme celle se déroulant à Auschwitz.

   Concernant les personnages, la difficulté a été de faire coexister autant de premiers rôles. Magnéto/Fassbender est très attachant dans sa nouvelle vie polonaise, avant de devenir transparent dans la suite de l'histoire. Concernant Charles Xavier, j'ai toujours du mal avec le jeu de James McAvoy, qui, pour moi, n'arrive pas à la cheville de Patrick Stewart. (Pour les amateurs de détails scabreux : on apprend dans ce film comment il est devenu chauve.) Je n'apprécie pas non plus la nouvelle version de Jean Grey : j'ai trouvé Sophie Turner très fade. Par contre, les autres personnages féminins sont plus réussis. Il y a bien sûr Mystique, toujours incarnée par la superbe Jennifer Lawrence, qu'on a l'occasion de voir autrement que bleue et moulée dans un costume ultra-fin. On découvre la nouvelle Tornade, immédiatement punk... et torturée. J'ai aussi bien aimé Psylocke, qui a un petit côté "maîtresse-dominatrice", si vous voyez ce que je veux dire... C'est particulièrement visible dans la scène de combat contre le Fauve, qui va tâter du fouet !

   J'ai gardé pour la fin Vif-Argent, mon préféré, qui intervient dans deux des plus belles séquences et notamment (pour moi) celle qui constitue l'apogée de l'utilisation des effets spéciaux. Le jeune héros débarque dans une bâtisse sur le point d'exploser et va réussir à en sauver presque tous les occupants, grâce à son extraordinaire rapidité, qui lui permet de se déplacer plus vite que le son. Il en profite même pour changer la coiffure (un peu trop sage) de l'une des personnes en danger... et pour boire un coup, entre deux sauvetages. C'est excellent ! La deuxième séquence est celle de la lutte (finaleuuu) contre Apocalypse, qui voit le gamin facétieux jouer quelques tours au super-méchant.

   Cependant, on notera que, même si les personnages qui sont considérés comme les plus précieux par Apocalypse sont deux mutants hommes (Magnéto, dont il veut faire son second, et Xavier, auquel il réserve un sort très particulier), sa chute va venir de l'action conjuguée de plusieurs femmes, une osant le défier, la deuxième le trahissant et la troisième le stupéfiant.

   Ce sont ces éléments qui contribuent à me donner une impression positive du film. Mais je suis bien conscient que c'est globalement en retrait par rapport à ce que Bryan Singer nous a proposé auparavant. L'ultime séquence (post-générique) laisse présager une suite très animée.

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jeudi, 26 mai 2016

L'Origine de la violence

   Quand j'ai commencé à lire des articles sur ce film, j'ai pensé à de récentes fictions qui entremêlent le présent et le passé, celui de la Seconde guerre mondiale. En 2007 est sorti Un Secret, lui aussi adapté d'un livre. En 2010, on a eu droit au très prenant Elle s'appelait Sarah. L'an dernier c'était au tour de L'Antiquaire, dans lequel jouait déjà Michel Bouquet.

   L'intrigue utilise les ficelles de l'enquête policière, ici à caractère historique. Le noeud de l'affaire est la découverte par le héros de l'existence d'un membre ignoré de sa famille, qui serait passé par le camp de Buchenwald. Cette première partie passe moyennement, pour plusieurs raisons. La première est que j'ai eu du mal à m'habituer au jeu de Stanley Weber (qui incarne Nathan, le héros de 2014, dont on a pourtant eu la bonne idée de faire une personne limite antipathique, en tout cas pétrie de défauts). Sa rencontre avec une ravissante Allemande (Miriam Stein, lumineuse) apporte un salutaire dynamisme à l'intrigue. Mais, comme j'avais très vite deviné quelle était la nature du mystère entourant la photographie du déporté, le déroulement de l'histoire manquait un peu de saveur. De surcroît, il me semble que c'est parfois un peu surjoué et trop souligné par la musique. Au bout de trois quarts d'heure, je me suis même demandé comment Elie Chouraqui allait pouvoir nous tenir en haleine encore plus d'une heure.

   Je m'étais trompé. Dans cette partie de l'histoire, le jeune prof tire sur un fil... et la pelote va continuer à se dévider. D'autres mystères surgissent. Comment l'homme de la photographie est-il réellement mort ? Pourquoi est-il décédé en 1942 et non pas en 1941 ? Que s'est-il passé entre ces deux dates ?... et qui a écrit la lettre de dénonciation ?

   Dans cette seconde partie, l'intérêt est d'autant plus relevé que l'on a donné plus de texte à certains interprètes : Richard Berry (excellent de retenue et de sobriété), Michel Bouquet (magistral... à son âge !), Catherine Samie (époustouflante en grand-tante dynamique) et Joseph Joffo (criant de vérité en ancien déporté). Voilà pour la distribution contemporaine. Mais la véritable perle est constituée par les séquences anciennes (des années 1940), qui ressuscitent, par petites touches, le passé que tant de monde voudrait voir rester enfoui. C'est le moment de signaler la composition de César Chouraqui, très juste en jeune tailleur ambitieux.

   Le film va même encore plus loin : quand on dégoupille une grenade, il faut s'attendre à ce qu'elle pète entre les mains. Le héros contemporain va ainsi faire une ultime découverte, à propos d'un événement qu'il ne cherchait même pas à éclaircir. Cette manière de conclure l'histoire est vraiment très bonne.

   Je suis donc sorti de là finalement très satisfait. L'ensemble vaut mieux que ce qu'une partie du début laisse présager.

mercredi, 25 mai 2016

La Saison des femmes

   Ce "petit" film indien est sorti assez confidentiellement en France, me semble-t-il. C'est un mélange de conte sentimental (où l'on sent l'influence du style Bollywood) et de critique sociale, l'intrigue tournant autour de quatre personnages féminins principaux, chacun avec son caractère propre.

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   A l'arrière, à gauche, se trouve Lajjo, une beauté mariée à un homme qui la méprise, parce qu'elle serait stérile. Elle passe par des moments de joie intense et d'autres de dépression, le mari, alcoolique, ayant souvent la main lourde. C'est le plus beau sourire du film et un personnage qui apporte de la fantaisie dans une ambiance parfois plombante.

   Au centre, la jeunette aux cheveux courts est Janaki, la toute nouvelle épouse du fils de la troisième (à droite de l'image). C'est, au départ, en apparence, la moins affirmée du groupe. Elle nous réserve néanmoins quelques surprises.

   Sa belle-mère est Rani, pour moi la plus attachante des quatre. Mariée et mère à quinze ans, veuve à dix-sept, elle essaie de concilier indépendance et respect des conventions. Elle a passé la trentaine et se sent déjà vieille... mais Dieu qu'elle a du charme ! Son rapport à son téléphone portable apporte quelques moments de fraîcheur dans cette sombre histoire.

   La plus entreprenante du lot est Bijli, que l'on voit piloter le véhicule ci-dessus. C'est une danseuse érotique, prostituée occasionnelle. Sans mari ni enfant, elle est de prime abord la plus libre. Ses tenues et son franc-parler font d'elle soit un modèle envié, soit un repoussoir détesté. Elle nous réserve aussi quelques surprises. Les auteurs ont visiblement beaucoup "creusé" son personnage.

   Du côté des hommes, on a droit à une belle brochette d'enculés. Jeunes comme vieux, ils sont la plupart du temps stupides, lâches, fainéants et violents. Fort heureusement, quelques-uns sont là pour remonter le niveau... et ménager une porte de sortie pour les femmes qui chercheraient à échapper à cet univers étouffant.

   L'intrigue marie deux styles, celui du film de filles, drôle et sensuel, et celui du film engagé, "sociétal", parfois très dur. Toutes ces femmes en ont bavé et/ou vont en baver. On ne nous épargne ni les insultes, ni les coups ni le viol. Mais les actrices ont une telle énergie (et un tel charme) que l'on suit leurs aventures avec passion. La réalisation est soignée, la photographie très belle, la musique entraînante.

   On se demande dans quel sens le scénario va basculer (le drame ou l'espoir). Je laisse à chacun le soin de le découvrir.

   P.S.

   Certains spectateurs seront étonnés de voir apparaître à l'écran à plusieurs reprises, une croix gammée. C'est l'un des nombreux symboles tatoués sur la peau des femmes. On le voit dès le début, sur la main d'une jeune mariée qui a fui le domicile de sa belle-famille. On le redécouvre ensuite sur la joue gauche de Rani :

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   Ce n'est pas une référence au nazisme, d'abord parce qu'ici le svastika et sénestrogyre (orienté vers la gauche), alors que l'emblème hitlérien était dextrogyre (orienté vers la droite). Mais surtout, en Inde et ailleurs en Asie du Sud-Est, c'est depuis des siècles un symbole positif, quelle que soit son orientation.

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mardi, 24 mai 2016

The Nice Guys

   Ces "garçons sympas" (ou ces "chics types") sont deux détectives un peu approximatifs et, parfois, de beaux enfoirés. A ma gauche voici Jackson Healy (Russell Crowe, plus bedonnant que jamais) : c'est le plus borderline des deux, le plus expérimenté... mais aussi le plus cruel, quand il le faut :

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   A ma droite voici Holland March (Ryan Gosling, un peu à contre-emploi) : c'est un père célibataire, marié à l'alcool, qui se la pète avec sa licence de détective privé... mais ne semble pas être un foudre de guerre :

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   En réalité, ce duo est un quasi-trio, puisque l'enquêteur alcoolique est chaperonné par... sa fille de treize ans, qui est au moins deux fois plus mûre que lui. Dans le rôle, Angourie Rice est la révélation du film :

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   Cette improbable association va se former à cause de ce qui paraît n'être qu'une banale histoire de harcèlement et de disparition. On suit les deux détectives jusque dans une maison incendiée, dans un quartier mal famé où ils tentent de soutirer des renseignements à un gamin insolent. La conversation, assez banale au départ, va bifurquer sur une partie de l'anatomie du garçon (supposée très développée), qu'il est prêt à leur montrer... contre vingt dollars.

   Ah, oui, j'oubliais : le tournage d'un film porno expérimental est au cœur de l'intrigue. Nos héros vont tenter de mettre la main sur le producteur, puis de sauver l'une des "actrices", une fille de bonne famille en révolte contre son arriviste de mère, celle-ci interprétée par une Kim Basinger au physique méconnaissable...

   Entre temps, les "chics types" vont faire de curieuses rencontres, comme celle d'un groupe d'étudiants contestataires, dont la scène d'interrogatoire est visiblement un hommage aux Monty Pythons !

   L'action culmine une nuit, dans une villa d'un quartier chic de Los Angeles, où est organisée une soirée un peu spéciale. On y croise une multitude de jeunes femmes (très) légèrement vêtues et prêtes à entrer en contact avec la moitié de l'humanité... Hélas, tous les invités n'ont pas des intentions aussi œcuméniques.

   Comme un certain nombre de protagonistes sont armés, l'intrigue va prendre un tour assez violent, dans un style qui n'est pas sans rappeler certains films de Tarantino. Il faut dire que le réalisateur Shane Black aime le trash et la parodie. Le tout baigne dans la musique des années 1970. Ajoutons à cela la grande qualité de la photographie, et l'on obtient un excellent divertissement, drôlissime et totalement décomplexé.

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jeudi, 19 mai 2016

Mr. Holmes

   Revoilà Sherlock, mais un Sherlock nonagénaire, qui a survécu à la Seconde guerre mondiale et vit reclus dans une maison perdue dans la campagne anglaise, pas très loin de la côte toutefois. Les seuls humains qu'il rencontre régulièrement sont sa gouvernante et le fils de celle-ci, un gamin débrouillard auprès duquel il joue le rôle de grand-père, mais aussi d'inspirateur. Le problème est que le célèbre détective commence à perdre un peu la boule : Alzheimer le guette. Avant de perdre totalement ses facultés, Sherlock voudrait résoudre une affaire qui, semble-t-il, lui a jadis échappé.

   Dans le rôle titre, Ian McKellen est excellent, tout comme Laura Liney en gouvernante. J'ai retrouvé avec plaisir l'actrice de The Truman Show, Dr. Kinsey (réalisé par Bill Condon, qui est aussi aux manettes de Mr. Holmes) et, plus récemment, Week-end royal. Il faudra suivre aussi Milo Parker, très prometteur en gamin éveillé.

   L'enquête inachevée sur laquelle Sherlock se repenche n'est pas le seul mystère du film. Il doit aussi comprendre la rancune qu'éprouve un Japonais à son égard... et découvrir ce qui arrive à ses abeilles, dont le nombre ne cesse de diminuer. Ce n'est pas l'enquête la plus aisée à mener ! Les amateurs de la série Elementary (qui met en scène un Sherlock contemporain et installé à New York) auront remarqué le point commun entre l'homme âgé de ce film et le jeune détective du XXIe siècle : ce dernier élève des abeilles sur le toit de l'immeuble où il loge (ce qui est conforme aux romans d'Arthur Conan Doyle).

   Attention toutefois : le rythme n'est pas du tout le même que celui des séries contemporaines (que ce soit Elementary ou le Sherlock de la BBC). Les investigations sont menées par un homme très âgé, qui prend son temps et se perd parfois dans les détails. En dépit de l'intérêt que l'on peut porter aux mystères de l'intrigue, le coeur du sujet est la perte de mémoire de l'ancien détective, qui est plus touchant qu'époustouflant. Si l'on est conscient de cela, on peut passer un bon moment en compagnie de personnages bien campés.

   P.S.

   Le scénario est l'adaptation d'un roman publié en 2005 et paru en français en 2007.

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mercredi, 18 mai 2016

Hana et Alice mènent l'enquête

   Cette animation japonaise sort de l'ordinaire, d'abord parce qu'elle est une nouvelle adaptation d'une histoire qui a déjà été filmée en images réelles par le réalisateur Shunji Iwai, il y a quelques années. Au niveau du style, cela ne ressemble guère à ce que le Japon produit habituellement. Tantôt on a l'impression d'être en face d'une oeuvre picturale, de style aquarelle, tantôt on pense qu'il s'agit d'un décalque numérique et colorisé de scènes tournées par de vrais acteurs. Quoi qu'il en soit, c'est assez joli à regarder, et parfois virtuose, en particulier quand certains personnages dansent.

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   Mais c'est l'intrigue qui est la plus captivante. Un mystère plane dans un collège, d'où un élève a disparu il y a quelques mois. Dans le même temps, des histoires circulent à propos d'un certain Judas et de ses quatre épouses. Voilà qui suscite l'intérêt de la petite nouvelle, Alice, obligée de déménager à cause du divorce de ses parents. (Dans l'histoire, elle n'est d'ailleurs pas la seule dans ce cas. Le scénario est assez fouillé et nous offre quelques perspectives intéressantes sur la société japonaise contemporaine.)

   On notera que l'adolescente paraît beaucoup plus mûre que sa mère, une gamine attardée qui fout un peu la honte à sa fille. D'autres problèmes se présentent à Alice, en particulier son intégration au collège, d'où le harcèlement n'est pas absent.

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   Petit à petit, l'héroïne va découvrir que les choses et les personnes sont parfois différentes de ce qu'elles paraissent. De plus, elle va nouer une relation avec la très étrange voisine d'en face, Hana, qui vit cloîtrée depuis de terribles événements (qu'on découvre plus tard dans l'histoire). Piquées par la curiosité, les deux ados vont former un improbable duo d'enquêtrices amatrices... en fait une belle paire de pieds nickelés ! Cela nous vaut plusieurs savoureux moments de comédie, dans lesquels les téléphones portables jouent un rôle non négligeable.

   Alice et Hana vont donc partir à l'aventure et faire quelques rencontres. Cela donne un ensemble très agréable, qui réussit à parler de l'adolescence sans niaiserie ni vulgarité.

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dimanche, 15 mai 2016

Café Society

   A 80 balais, Woody continue à tourner et nous livre chaque année au moins une comédie. Je n'ai pas vu celle de l'an dernier, m'étant arrêté à Magic in the Moonlight, plutôt pas mal mais pas transcendante. Ici, l'action est partagée entre New York et la Californie. Bobby (Jesse Eisenberg, sobre) est évidemment un double du réalisateur, juif de Manhattan qui étouffe dans la Grosse Pomme et pense que son avenir est à l'ouest. C'est peut-être aussi ce qu'a pensé Woody Allen dans sa jeunesse. En tout cas, il nous propose une vision colorée de la Californie des années trente (sans doute aidé par un nouveau chef opérateur, l'expérimenté Vittorio Storaro)... exempte de la moindre allusion à la Grande Dépression et à la politique de Franklin Roosevelt. A l'écran, c'est superbe à voir. On sent qu'un gros travail a été fourni au niveau des éclairages et du décor.

   C'est d'abord une bonne comédie, qui joue sur les stéréotypes. Le comique de répétition fonctionne à merveille avec le personnage du frère du héros, Ben (Corey Stoll excellent... avec plein de cheveux !). Celui-ci est un homme d'affaires, qui se trimbale souvent avec une liasse de gros billets en poche. On comprend rapidement que, lorsqu'il dit qu'il doit "discuter" avec quelqu'un, pour le "convaincre", le "faire changer d'avis"... cela se termine par un corps coulé dans une chape de béton !

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   Allen pratique aussi beaucoup l'autodérision, sur la communauté juive new-yorkaise. La mère est sans doute d'origine européenne et lâche de temps à autre des mots ou expressions en yiddish. Quant au père, il s'offusque du mode de vie des cousins de Californie, pas du tout religieux voire débauché. Le plus drôle est la scène où la famille découvre que l'un des membres s'est converti au christianisme. La mère finit même par regretter que le judaïsme (contrairement au christianisme) n'ait pas développé la croyance en une vie après la mort, ce qui lui aurait permis... "d'avoir plus de clients" (costumers) ! (Les dialogues sont évidemment à savourer en version originale sous-titrée.)

   Incidemment, le réalisateur montre que cette Amérique chatoyante n'était pas exempte de cruauté. Ainsi, quand le héros fait la rencontre d'une superbe divorcée, originaire de l'Oklahoma, celle-ci lui apprend que, dans son État d'origine, on interdit aux jeunes filles WASP de fréquenter les juifs ! A un moment, Bobby fait semblant d'aller dans le sens des clichés antisémites qui circulent abondamment à l'époque : lorsque son interlocutrice fait allusion à la supposée puissance financière des juifs, le jeune homme lui répond qu'effectivement "on contrôle tout" !

   Plus discrètement, le scénario pointe la ségrégation qui sévit à cette époque. Le petit monde d'Hollywood est principalement peuplé de Blancs (catholiques, protestants et juifs). On voit très peu de Noirs à l'écran... sauf quand certains personnages ont envie d'écouter du très bon jazz. Ils se rendent dans un club interlope où, scandale, un public mélangé écoute de brillants musiciens "de couleur"...

   La musique est d'ailleurs omniprésente dans le film, qu'elle rythme les scènes ou qu'elle soit l'objet des conversations des personnages. Comme Woddy Allen, le héros Bobby est un inconditionnel de ce genre musical, qui commence à percer.

   Aussi surprenant cela puisse-t-il paraître, le fond de l'histoire est romantique. Le jeune New-yorkais part en Californie en espérant y faire son trou, quitte à revenir fonder une famille à New York. En réalité, il va surtout rencontrer l'amour et c'est à New York qu'il va professionnellement s'épanouir. Mais le jeu de l'amour et du hasard réserve bien des surprises. L'intrigue se noue autour d'un triangle amoureux et de ses déclinaisons. Il n'est donc pas étonnant que ce soit une femme qui occupe le premier plan, au début de l'histoire. Kristen Stewart est brillante en secrétaire dévouée, comédienne ratée (dans le film), femme indépendante et amoureuse indécise. C'est pour moi une découverte... à la consternation des djeunses de mon entourage, qui se désolent de mon ignorance : pensez donc, c'est l'actrice qui incarna Bella dans la saga Twilight ! Ah, ces vieux cons !...

   Son personnage s'efface un peu dans la seconde partie de l'histoire, au profit de celui de Bobby. Jesse Eisenberg, dont le talent a éclaté au grand jour dans The Social Network, s'est parfaitement coulé dans le moule "allénien". C'est sans doute l'un des rares acteurs à pouvoir débiter rapidement et sans hachures les répliques écrites par le papy de Manhattan. Certains trouveront que son personnage manque de relief. Il faut dire qu'il est entouré par tellement de fortes personnalités. Lui, son truc, c'est la douceur et la persévérance.

  L'histoire s'achève sur une fin ouverte, dans un New York reconstitué, qui forme un cadre tout aussi romantique que les berges parisiennes.

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samedi, 07 mai 2016

High-Rise

   Ce film adapte un roman d'anticipation satirique des années 1970, sans le mettre au goût du jour : il dresse le portrait d'une société futuriste telle qu'on la concevait il y a quarante ans. Voilà pourquoi les téléphones portables sont absents, les portes s'ouvrent avec des clés et les téléviseurs ont un tube cathodique. Même au niveau des décors et des vêtements, on a gardé une touche vintage : ce qui nous est montré à l'écran représente une vision datée du futur. Il reste les comportements humains, un invariant sur lequel le scénario s'appuie sans complexe.

   La première partie de l'histoire montre la découverte de l'immeuble d'avant-garde par un nouvel occupant, un médecin qui préfère s'installer dans cette petite ville en hauteur plutôt que dans une banlieue résidentielle ennuyeuse. Dans le rôle, Tom Hiddleston (devenu célèbre grâce à son interprétation de Loki dans Avengers) est très bon. On nous présente plutôt la partie "haute" de l'immeuble, celle occupée par les classes privilégiées, même si l'on a un aperçu de la partie "basse". Dans celle-ci, on remarque un couple, incarné par deux jeunes acteurs très prometteurs : Luke Evans (remarqué dans Le Hobbit et surtout Dracula Untold) et l'Aveyronnaise Sarah Vidal Elisabeth Moss (vue récemment dans Truth). Chacun vit dans un entre-soi où il n'est pas facile de s'intégrer. La mise en scène des inégalités et des circonstances dans lesquelles elles se font particulièrement sentir est vraiment réussie.

   Évidemment, on attend que tout cela dérape. A l'image du vernis de civilisation qui commence à se craqueler, l'immeuble se dégrade. L'étincelle est l'occupation de la piscine, située à un étage intermédiaire, tout comme la grande surface. Si, au début, j'ai trouvé réjouissante cette débauche d'énergie destructrice, à la longue, c'est devenu lassant. L'accumulation de sang, de sexe et de saleté (au "propre" comme au figuré) n'a pas de sens : on ne voit pas où le réalisateur veut en venir. C'est juste le plaisir de l'autodestruction qui guide cette partie de l'histoire. (Faut-il y voir l'influence de Peter Greenaway ?) Ceci dit, c'est plutôt bien filmé. Derrière la caméra, on a Ben Wheatley, associé à sa scénariste attitrée (et compagne) Amy Jump. C'est à ce duo que l'on doit deux autres œuvres borderline : Kill List et Touristes, qui témoignent de leur goût pour le dérangeant, le scabreux.

   C'est donc à réserver à un public averti, amateur de sensations fortes... et indulgent.

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jeudi, 05 mai 2016

Tracks

   Ce film nous vient des antipodes. Il raconte le périple (réel) accompli il y a une quarantaine d'années par une jeune femme, dans le désert australien, accompagnée de dromadaires et d'un chien. La distribution s'appuie notamment sur deux jeunes acteurs très prometteurs : Mia Wasikowska et Adam Driver. Ce dernier est connu (presque) du monde entier depuis qu'il a endossé l'habit de Kylo Ren dans le dernier Star Wars. On l'a aussi vu dans Inside Llewyn Davis et le récent Midnight Special

   Mais le principal atout du film est incontestablement Mia Wasikowska qui, outre sa ressemblance physique avec Robyn Davidson, incarne à la perfection cette jeune femme indépendante, douce en apparence mais dotée d'une volonté de fer. Les cinéphiles n'auront pas été surpris de lire ce que je viens d'écrire : l'actrice s'est déjà fait remarquer à plusieurs reprises pour la justesse de ses compositions, en particulier dans Albert Nobbs et Maps to the stars. Ici, on sent qu'elle s'est beaucoup impliquée dans le rôle.

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   La première partie de l'histoire nous expose les préparatifs du voyage. La jeune femme doit apprendre à gérer une petite troupe de dromadaires... et se procurer des fonds. Sa chance est de rencontrer un photographe américain intéressé par les Aborigènes. Tombé sous son charme, il va plaider sa cause auprès du National Geographic, qui accepte de financer le périple, à condition que Robyn se prête régulièrement à des séances de photographie, qui nourriront les articles du magazine. Les scènes qui voient la solitaire rencontrer son photographe attitré sont souvent source de comédie. On voit aussi, petit à petit, leur relation évoluer.

   Mais les "personnes" auxquelles la jeune femme adresse le plus la parole sont ses dromadaires, qu'elle sait désormais plutôt bien gérer. Les animaux qui sont utilisés dans le film sont vraiment extraordinaires, notamment le vieux mâle, un peu caractériel, qui passe très bien à l'écran !

   A ceux que la présence de ces camélidés en Australie surprendrait, précisons qu'ils y pullulent. Introduits par les Européens au XIXe siècle, la plupart sont depuis retournés à l'état sauvage... et ils ne sont vraiment pas commodes ! On estime leur nombre à un million. Ils représentent désormais une menace pour l'équilibre écologique du désert... et même pour celui de la planète !

   Stupéfiant aussi est le comportement du chien Diggity, interprété par deux animaux différents. Dans le générique de fin on apprend que les bêtes se nomment "Special Agent Gibbs" et "Ziva", celle-ci ayant été utilisée lors des scènes de cascade ! (Ce sont évidemment des références à la série NCIS.)

   J'ai aussi beaucoup apprécié les scènes de désert, très bien filmées, de jour, de nuit, à l'aube, au crépuscule. Les (rares) rencontres qu'elle fait sont marquantes. On pense bien sûr aux Aborigènes, avec lesquels les relations sont un peu compliquées, mais très enrichissantes. Les plus pénibles sont cependant les touristes, appâtés par l'histoire de celle que l'on surnomme la Camel Lady. Grâce aux articles parus dans le National Geographic, elle devient de plus en plus connue. Elle redoute désormais l'approche des villes, ces moments où elle voit débarquer des groupes humains dont l'intelligence et la délicatesse ne sont pas les principales qualités.

   C'est vraiment un film superbe, à voir.

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