mardi, 07 juin 2022
Tandem "soulagien"
La chaîne France 3 diffuse actuellement la sixième saison de la comédie policière Tandem, dont les héros (un couple d'officiers de gendarmerie divorcés, mais qui continuent à travailler dans la même brigade) sont incarnés par Astrid Veillon et Stéphane Blancafort.
J'ai découvert cette série à sa quatrième saison, pendant le premier confinement. Je lui suis resté fidèle, contrairement à d'autres (françaises comme américaines) qui, pour moi, se sont essoufflées. J'aime le mélange d'intrigue policière et de comédie familiale, pimentées parfois d'un poil d'Histoire ou de légendes locales.
Dans le cinquième épisode de la sixième saison (diffusé ce mardi soir, sous le titre "Cœur de pirate"), ce ne sont pas les démêlés des héros qui ont le plus retenu mon attention, mais une anecdote concernant deux personnages secondaires : à gauche Thomas (le fils des gendarmes qui, au grand dam de ses parents, effectue un stage dans la brigade), à droite Célestin (un enquêteur zélé mais un peu casse-couille, qui essaie toujours de se faire bien voir de la hiérarchie). Le premier ne sait comment attirer l'attention de Nour, la cousine d'une collègue de son père. Il joue la carte culturelle :
Le second se propose de lui donner des conseils. Voici ce qu'on entend au cours de l'épisode :
Donc, draguer une fille en lui proposant d'aller voir une expo Soulages, c'est un peu ringard (en tout cas, sûrement intello)...
Au niveau culturel, l'épisode ne manque pas d'intérêt, puisqu'il est question du trésor du pirate Barberoussette... non, pas Barberousse. Barberoussette (alias Gaspard Dot) a bien existé et il n'a pas laissé que de bons souvenirs dans la région. Ah, j'aime quand, au cours d'une enquête, il est question d'archéologie (comme dans le troisième épisode de la saison 4) ou des Templiers (dans le onzième épisode de la saison 3) !
22:37 Publié dans On se Soulages !, Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : télévision, actu, actualite, actualites, actualité, actualités, cinéma, cinema, film, films
lundi, 06 juin 2022
Evolution
De Kornel Mundruczo j'avais bien aimé (il y a quelques années) White Dog. L'idée de traiter d'un sujet à travers trois personnages issus de la même famille, à trois époques différentes, m'a incité à aller voir Evolution.
On est cueilli par la première séquence, qui dure environ vingt minutes, dont plus de quinze sans le moindre dialogue. L'action démarre dans une pièce vide, aux parois maculées, le plafond parcouru de tuyaux se terminant, à intervalle régulier, par une sorte de pommeau de douche. On ne nous dit ni où ni quand on se trouve. (A la toute fin de la séquence, c'est devenu évident, sans qu'aucun nom ni aucune date n'aient été indiqués.)
Un groupe d'hommes d'âges différents entreprend de nettoyer cette mystérieuse pièce, parois incluses. Aucun déchet n'est visible à l’œil nu... et pourtant, au bout d'un moment, chaque homme finit par extraire quelque chose d'un endroit de la pièce... jusqu'à la découverte finale. Cette séquence, très bien mise en scène, justifie à elle seule d'aller voir le film... mais je ne cache pas qu'on pourrait se passer de la suite, nettement moins brillante.
Une ellipse nous projette en Allemagne, des dizaines d'années plus tard. Une femme âgée peine à survivre dans un appartement en mauvais état. De plus, elle commence à montrer les symptômes de la maladie d'Alzheimer. L'arrivée de sa fille arrange et complique tout. Entre les deux femmes, il y a un passif, celui du passé. Le passé qui est encore très présent chez la mère... et qu'elle a placé tel un fardeau sur les épaules de sa fille. En théorie, cela pourrait donner quelque chose d'intéressant. Mais c'est mal filmé (sous prétexte de mettre en scène la confusion) et surtout excessivement bavard... pas facile de suivre du hongrois sous-titré !
Une nouvelle ellipse nous conduit quelques années plus tard. Au cœur de la troisième historiette se trouve un personnage cité dans la précédente, un (pré)adolescent mal dans sa peau et victime de harcèlement. Il ne trouve du réconfort que dans le macabre (l'univers des zombies) et en compagnie d'une camarade d'école, qui elle aussi a un profil particulier. Cette dernière est le personnage le plus intéressant, le garçon étant un enfant gâté par sa mère (et sa chambre un véritable dépotoir, où surnagent nombre d'équipements qui ont dû coûter un bras à sa génitrice). Entre difficultés scolaires et renaissance de l'antisémitisme, cette partie se perd un peu, concluant sur un message certes positif (l'amour rapproche les gens de cultures différentes), mais mis en scène avec des moufles.
Je trouve que les critiques professionnels ont un peu survendu ce film.
16:22 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
dimanche, 05 juin 2022
J'adore ce que vous faites
Et c'est parti pour une comédie "à la française", signée Philippe Guillard, qui a déjà dirigé Gérard Lanvin dans Le Fils à Jo et Papi-Sitter. L'intrigue s'inspire sans trop le cacher de L'Emmerdeur et surtout du Boulet (déjà avec Gérard Lanvin), cité au cours de plusieurs dialogues. On ne doit donc pas s'attendre à une originalité folle.
Gérard Lanvin est dans son propre rôle, celui d'un acteur vieillissant, ancienne gloire des salles obscures pour laquelle les bons rôles se font de plus en plus rares. Une occasion se présente avec le tournage de la partie française de l'intrigue d'un film américain consacré au Débarquement de Provence (celui d'août 1944).
Au départ, tout semble bien "se goupiller" pour l'acteur. Il va jouer dans une superproduction, est logé dans une villa de standing et s'entend bien avec le réalisateur états-unien. Petit à petit, tout se dégrade... à commencer par l'ambiance à la villa. Y contribue fortement un employé de l'entreprise d'entretien de piscines, "Momo", un gentil lourdaud, d'autant plus envahissant que lui et sa famille (à l'exception d'un beau-frère ou d'un cousin) sont des fans absolus de... Gérard Lanvin. Ses maladresses contribuent à compliquer l'existence du comédien, qui, dans son travail, n'aime rien tant que la rigueur et l'absence de surprise.
Dans le rôle de Momo, Artus est très bon. On dirait que cela a été écrit pour lui. Il a de l'allant, du bagout et n'a pas peur du ridicule. Comme Lanvin a volontiers adopté le costume de psychorigide qu'on a cousu pour lui, l'association des deux fonctionne bien, sans faire toutefois d'étincelles.
Sans surprise, on passe de la phase découverte et amusement, à celle de l'agacement, puis de la colère, de la rupture avant que, bien entendu, une réconciliation ne survienne. Il n'y a pas grand chose à attendre de ce côté-ci.
Sur le fond, l'histoire n'est pas si idiote que ça. Elle rappelle aux vedettes du cinéma populaire que, derrière leur célébrité et leur confort pécuniaire, il y a des spectateurs parfois d'origine très modeste, auxquels ils ont apporté un peu de bonheur. Leur affection, aussi maladroitement exprimée soit-elle, n'est pas méprisable. La scène qui se passe chez la mère de Momo (avec Lanvin) est à cet égard très réussie.
Je ne vais pas en rajouter. Ce n'est pas la comédie du siècle, mais un honnête divertissement.
P.S.
Le générique de fin contient un clin d’œil aux circonstances dans lesquelles le film a été réalisé : le président Emmanuel Macron y est remercié pour avoir attendu (que s'achève) le dernier jour de tournage pour confiner les Français !
16:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Compétition officielle
Le fait que ce film sorte juste après la tenue du dernier Festival de Cannes n'est évidemment pas le fait du hasard. Il propose une vision assez ironique du petit monde du septième art et, dans sa dernière partie, il contient une scène se déroulant au cours d'un festival de cinéma.
Sans surprise, le titre est à double sens. A la compétition entre les films s'ajoute celle entre les acteurs, en particulier deux "mâles alphas" aux carrières et aux tempéraments très différents.
A gauche se trouve Félix, le beau gosse, mondialement connu, idole d'une partie de la jeunesse, coureur de jupons. A droite se trouve Ivan, qui participe à des productions plus confidentielles, mais dont le talent est salué par la profession. Il donne des cours de théâtre, sans doute pour compléter ses revenus.
Leur association est due à un milliardaire, propriétaire d'un gros groupe pharmaceutique et désireux de laisser une trace dans l'Histoire. Il sent que son "œuvre" économique ne va pas faire de lui un héros de l'humanité. Alors quoi ? Construire un pont ?... et pourquoi pas financer un film ?
Ni une ni deux, une brillante réalisatrice est engagée, les droits d'un roman achetés et les deux meilleurs acteurs du pays approchés. Tout les sépare et pourtant tous deux ont intérêt à ce que le projet réussisse : en dépit de ses fanfaronnades, Félix est conscient de ne pas avoir joué dans d'impérissables chefs-d’œuvre et Ivan crève (secrètement) d'envie de toucher enfin le grand public qu'il affirme mépriser. Dans ces deux rôles, Antonio Banderas et Oscar Martinez sont excellents. Cela faisait très longtemps que je n'avais pas vu le premier aussi bon. Le second est connu des cinéphiles pour sa participation aux Nouveaux Sauvages, à La Conspiration des belettes et à Citoyen d'honneur, déjà sous la direction de Mariano Cohn et Gaston Duprat.
C'est donc un film d'acteurs, durant lequel chacun a droit à ses morceaux de bravoure. L'habileté des auteurs est d'entremêler fiction et réalité. Les répétitions finissent par déborder sur la vie privée qui, de son côté, rejaillit sur la préparation du film. Les répliques sont souvent à double sens...
A ce duo masculin il faut ajouter la délicieuse, la pétillante, la frappadingue, l'incontrôlable réalisatrice, incarnée avec entrain par Penélope Cruz, en pleine forme, belle, fine et cinglée. Elle va en faire voir de toutes les couleurs aux deux mâles dominants !
On attend avec impatience certaines scènes, comme celle du baiser, celle des récompenses ou celle du rocher. On s'intéresse aussi au sous-texte. Il y est évidemment question des "deux cinémas", celui d'auteur et celui grand public. On s'interroge aussi sur la trace qu'on va laisser derrière soi, qu'on soit PDG, comédien, réalisatrice ou auteure de livres pour enfants. L'intrigue semble sous-entendre que tout cela n'est que vanité. C'est donc assez drôle, mais pas aussi sarcastique que ce à quoi je m'attendais. J'ai quand même passé un bon moment.
00:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 01 juin 2022
Utama, la terre oubliée
Ce petit film bolivien met en scène un vieux couple d'éleveurs de lamas vivant de manière traditionnelle dans une région reculée du pays, dans le Nord aride... de plus en plus aride. Ils n'ont ni l'eau courante ni l'électricité et se nourrissent principalement de galettes de céréales. Entre eux, ils parlent plus le quechua que l'espagnol. Leur fils unique est parti s'installer en ville (à l'image de la majorité des habitants du coin). C'est le petit-fils Clever (hispanophone strict) qui revient les voir, à la fois par amour pour eux et pour les inciter à prendre une importante décision.
Même si le contexte est différent, j'ai trouvé que ce film résonnait étrangement avec L’École du bout du monde. Dans les deux cas, un jeune citadin un peu imbu de lui-même se rend dans un village reculé. Dans les deux cas les villageois vivent dans une grande précarité. Dans les deux longs-métrages, les réalisateurs filment avec talent et empathie ces gens de peu, attachés à leurs traditions.
Utama se distingue toutefois de l’œuvre bhoutanaise sur plusieurs points. Il est d'abord plus militant, ce qui explique que la fiction l'emporte sur l'aspect documentaire, à tel point que, parfois, la mise en scène verse dans l'invraisemblance. On sent que le réalisateur veut nous faire plaindre le couple, notamment à travers la question de l'eau. Mais il se plante quand il montre le tonneau où aboutit la gouttière du toit : alors que la cabane est située en plein soleil, aucun couvercle n'est posé sur le tonneau (d'où sans doute la perte régulière d'une partie du précieux liquide). Pire : alors que les deux paysans semblent se contenter d'une toilette sommaire, obsédés par la réserve d'eau douce, un matin, on voit le grand-père se verser trois grandes rasades puisées dans le tonneau, juste pour se nettoyer le visage. Ce gaspillage évident se justifie par la volonté de réaliser un superbe plan, très signifiant : il faut qu'il y a ait assez d'eau dans la cuvette pour qu'on y voie le reflet du condor, au-dessus de la tête du grand-père.
Incontestablement, Alejandro Loayza Grisi est un habile formaliste. Ses plans sont souvent très inspirés, comme cette vue de l'unique rivière du coin, qui apparaît comme une artère de sang zébrant une étendue de peau séchée.
Beaucoup de choses tournent autour du patriarche Virginio. C'est l'un des irréductibles du village, persuadé que les dieux vont tôt ou tard faire revenir la pluie et qui persiste à vouloir vivre à la dure, en harmonie avec son territoire, refusant de quitter la région. Son petit-fils a beaucoup de mal à le comprendre. Chacun va petit à petit faire un pas vers l'autre. Cela ne se fait pas tout seul... et c'est mis en scène avec subtilité.
L'autre beau personnage est celui de la grand-mère, Sisa, en apparence soumise à Virgilio, mais qui semble être la seule à pouvoir l'influencer. Après la séance, j'ai été stupéfait d'apprendre que les deux personnages âgés étaient interprétés par des comédiens non professionnels. Ils sont épatants !
Je recommande donc ce film, certes (pour moi) moins abouti que L’École du bout du monde, mais qui représente une belle expérience cinématographique.
20:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 28 mai 2022
Les Folies fermières
C'est l'histoire d'un paysan (Alban Ivanov, sobre) qui, au bord de la faillite, décide de lancer un "cabaret à la ferme" (le premier de France). Pour cela, il a besoin de recruter et d'entraîner une troupe d'artistes. Il va s'appuyer sur le savoir-faire d'une gogo danseuse en délicatesse avec son patron (Sabrina Ouazani, très impliquée dans le rôle).
Présenté comme cela, le film donne l'impression d'être une version rurale de The Full Monty. C'est pas faux. Mais c'est aussi une histoire vraie. L'exploitation est située dans le Tarn (pas très loin de Toulouse). L'histoire a été quelque peu retouchée et relocalisée dans le Cantal, entre Mauriac et Aurillac.
Qu'est-ce qui a changé entre l'original et la fiction ? L'orientation de l'exploitation. Le Tarnais David Caumette pratique le polyélevage, avec semble-t-il une dominante viande. Sur la plaquette téléchargeable sur son site internet, il mentionne les races Blonde d'Aquitaine, Limousine et Aubrac. Dans le film, même si le héros cite à un moment une race locale (la Salers), les animaux de la ferme sont exclusivement des Montbéliardes, à partir du lait desquelles sa mère fabrique sans doute du fromage (du Cantal). Le film n'évoque pas le fait que l'éleveur se soit d'abord lancé dans la transformation et la vente directe, avant de se tenter l'expérience du cabaret.
Soyons clairs : l'intrigue est cousue de fil blanc... surtout si l'on connaît un peu l'histoire d'origine. On sait gré aux scénaristes de n'avoir toutefois pas écrit un conte de fées moderne. L'éleveur rencontre de fortes oppositions (notamment celle de son grand-père) et le film ne cache pas la situation précaire de certains agriculteurs. Cela reste néanmoins un feel good movie, avec pas mal d'humour.
Cela passe aussi parce qu'une brochette de bons comédiens a été recrutée : outre ceux incarnant les deux personnages principaux, il faut citer Michèle Bernier (mère du héros), Guy Marchand (le grand-père réac), Bérengère Krief (l'ex qui en pince encore pour le héros) et puis toutes celles et ceux qui incarnent les seconds rôles, très authentiques.
Pour moi, Sabrina Ouazani sort clairement du lot. Je ne dis pas cela parce qu'elle se balade la plupart du temps en tenues moulantes et "aérées". Elle a du tempérament, du charisme... et puis, oui, merde, du charme aussi ! (Et je pense qu'elle a dû effectuer un gros travail physique, en amont, pour le rôle.)
Avec ce film, l'Aveyronnais que je suis se trouve en terrain familier : voir des Cantaliens petit-déjeuner à la charcuterie, au fromage et au vin rouge n'est pas exotique. (Amis Rouergats, soyez attentifs au couteau utilisé par l'un d'entre eux...)
Bon voilà. Cela n'a rien d'extraordinaire, mais c'est une honnête comédie, centrée sur un beau projet. Elle apporte une touche d'espoir et de gaieté dans un monde parfois tristounet.
P.S.
Restez pour le générique. Vous y verrez des images tournées dans la ferme tarnaise, à Garrigues.
23:27 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
L'Ecole du bout du monde
Sorti à l'international sous le titre Lunana : a yak in the classrom, ce film bhoutanais (coproduit par la Chine, semble-t-il) est une curiosité géographique, mais ce qu'il dit a vocation universelle.
Le Bhoutan est ce petit pays coincé entre la Chine et l'Inde, à l'est du Népal. Le village de Lunana (où se déroule presque toute l'action du film) est situé au nord-est de la capitale, Timphu, au sud du Tibet dont la population pourrait être originaire. Quand le jeune instituteur Ugyen apprend qu'il est nommé dans ce village, dont l'école est réputée être la plus inaccessible du pays, il songe à démissionner. Ce citadin, qui n'a pas l'air très ardent au travail, pense surtout à jouer de la musique (avec sa guitare) et à chanter des tubes anglo-saxons. Il envisage sérieusement d'émigrer en Australie, pour y faire carrière.
La première partie de l'histoire nous présente ce personnage, assez antipathique. Il est narcissique, ne dit ni bonjour ni merci et vit l’œil rivé sur son smartphone, quand il n'écoute pas la musique enregistrée dessus.
En attendant son visa pour émigrer en Australie, il va prendre son poste, au printemps, au terme d'un périple de plusieurs jours, en compagnie de deux éleveurs, descendus du village pour ramener le précieux instituteur, attendu là-bas comme le Messie.
Ce voyage initiatique est le premier choc subi par le héros. Il entre en contact avec des populations très pauvres, au mode de vie ancestral. Tout le monde ne porte pas de chaussures, on mange des choses bizarres... et l'on se torche le cul avec des feuilles d'arbre. Au fil des étapes suivies par l'équipée, des incrustations nous donnent des informations sur l'altitude (qui croît régulièrement) et la population.... qui a tendance à subir le mouvement inverse, des quelque 100 000 habitants de Timphu à la cinquantaine de Lunana.
Le nouvel instituteur découvre des enfants avides d'apprendre (en dépit des conditions matérielles difficiles) et des villageois prêts à se couper en quatre pour lui simplifier la vie. Jusqu'à la fin de l'automne, il s'investit de plus en plus dans son travail... mais je ne dirai pas jusqu'où nous emmène l'intrigue.
C'est donc une histoire assez balisée, très prenante malgré tout. Les paysages bhoutanais sont superbes et l'on sent de la part du réalisateur la volonté de mettre en valeur le mode de vie de ces paysans montagnards. Les acteurs sont bons et certaines trognes d'enfant sont adorables, à commencer par celle de la déléguée de classe, Pem Zam, qui s'attache de plus en plus au nouveau "Maître". De son côté, celui-ci découvre la vie des villageois... et croise une ravissante chanteuse. La musique va rapprocher tout ce petit monde, y compris le maire, un vieil homme dévoué au service public, mais brisé par un drame familial.
Je recommande vivement ce film, qui fait l'éloge des gens modestes, du "vivre ensemble" et de l'envie d'apprendre / de transmettre.
P.S. I
Conformément au titre anglo-saxon, on finit bien par voir un yak dans la salle de classe. (L'animal joue un rôle clé dans le village, ne serait-ce que par l'apport vital que constituent ses bouses, une fois séchées.) Au sens métaphorique, ce yak désigne le nouvel instituteur.
P.S. II
Le village de Lunana s'est lancé dans le tourisme !
18:41 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
vendredi, 27 mai 2022
Coupez !
Ce film de Michel Hazanavicius est le remake du japonais Ne coupez pas ! (sorti en France en 2019). Il est construit exactement de la même manière : la première partie est un plan-séquence d'environ une demi-heure, qui montre l'irruption d'authentiques zombies sur le tournage d'un film d'horreur (mise en abyme 1)... ce qui est en réalité le scénario du véritable film (mise en abyme 2), dont on nous explique ensuite la genèse. Hazanavicius a donc tourné un film sur un film évoquant l'irruption de zombies sur le tournage d'un film de zombies... vous suivez toujours ? C'est la mise en abyme 3.
La première partie est une bouse. C'est (volontairement) mal filmé, mal joué (on comprend plus tard pourquoi), avec les événements qui dérapent. Curieusement, dans ce magma à prétention cinématographique, Romain Duris et Bérénice Bejo surnagent, lui en réalisateur au taquet, elle en reine de la hache...
La deuxième partie n'est qu'un peu plus emballante. On nous raconte la naissance du projet et les difficultés rencontrées, notamment lors des répétitions. Je pense que le réalisateur en profite pour régler quelques comptes avec des professionnels du monde du cinéma (producteur casse-couilles, acteur qui se la pète, technicien poil-dans-la-main...).
C'est dans la troisième partie que cela devient fendard. On découvre pourquoi les acteurs ont l'air de si mal jouer et pourquoi certaines scènes de la première partie semblaient si mal fagotées. Notons qu'Hazanavicius a eu abondamment recours aux fluides corporels (vomi, diarrhée et giclées de sang). J'ai aussi follement apprécié certaines répliques, du jeu de mots "Je veux Ken" à "Pourritures de Zombies ! J'vais vous fendre le cul !", déclamé avec tellement d'élégance par Bérénice Bejo.
Même si je n'ai pas boudé mon plaisir, je regrette qu'il faille attendre aussi longtemps pour vraiment profiter du film. La version japonaise était plus courte. Bien que moins "léchée" sur le plan formel, elle était plus tonique.
22:49 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 26 mai 2022
Détective Conan - La Fiancée de Shibuya
Sous ce titre débarque en France l'un des plus gros succès en salles au Japon, adapté d'un manga et d'un animé très populaires. A celles et ceux qui ne connaîtraient pas la série d'origine, une partie du début du film présente les principaux personnages. (Sinon, voir ici.)
Conan n'est pas le véritable nom du héros, qui s'appelle en réalité Shinichi. Celui-ci a été laissé pour mort par les hommes de main d'une mafia locale. En fait, il a muté. Son esprit de jeune homme (17-18 ans) se retrouve emprisonné dans le corps d'un garçon d'école primaire ! Le choix du prénom Conan est évidemment un clin d’œil au créateur de Sherlock Holmes. D'autres allusions au roman policier britannique classique sont disséminées dans le film.
Ce long-métrage a une intrigue particulièrement élaborée. Un mystérieux criminel sévit, aussi bien en Russie qu'au Japon. C'est un spécialiste des explosifs. Il semble actuellement s'en prendre à des policiers, pour une raison mystérieuse, presque autant que son identité. Du côté japonais, la brigade criminelle entre en concurrence avec la Sécurité intérieure (l'antiterrorisme, dirait-on chez nous). Conan est proche de certains des policiers ou de leur famille (en particulier la fille d'un enquêteur, dont il est secrètement amoureux... mais qui ignore tout de son état).
C'est donc d'abord un polar, sur fond technologique, avec de grandes pincées d'humour bon enfant. Les personnages ont de grands yeux étoilés et l'on rougit facilement dès qu'il est question de sentiments. On est donc bien dans la tradition de l'animation populaire grand public... mais sans que la violence soit édulcorée. On n'est pas chez Disney.
Au niveau de l'animation, c'est du bon travail, certains décors étant particulièrement réussis. C'est plein de rebondissements et (cerise sur le gâteau) on y croise des Russes, des gentils et des méchants. La résolution de l'énigme va nécessiter la collaboration des Japonais et de ces Moscovites, qui, de prime abord, ont plutôt tendance à se regarder en chiens de faïence.
Quant aux amoureux du Japon, ils retrouveront dans les décors des quartiers de l'agglomération de Tokyo, en particulier celui de Shibuya, dont certaines des rues principales forment un gigantesque symbole du yen... un élément clé de l'intrigue.
14:19 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 25 mai 2022
Les Crimes du futur
Cela fait un petit moment que je ne vais plus voir systématiquement les films de David Cronenberg (seulement deux des huit derniers, dont Map to the stars). Et pourtant, c'est l'un des cinéastes qui me donna jadis furieusement envie de fréquenter les salles obscures, avec Videodrome, The Dead Zone, La Mouche, Faux-Semblants... jusqu'à Crash. J'ai retenté ma chance ici... et j'ai retrouvé avec plaisir les qualités du cinéaste, mais aussi certains de ses défauts.
Le début est emballant, faussement anodin... jusqu'à ce que l'extraordinaire se produise. Cela, avec une économie de moyens et une mise en scène sobre. On découvre un garçon sur une plage, à proximité d'une villa décrépie, d'où sa mère l'interpelle. Elle craint que le gamin n'avale une cochonnerie sur la plage. Qui n'a jamais assisté à une telle scène ? Pourtant, quelques minutes plus tard, quand on retrouve le gosse dans la salle de bains, on est stupéfait par ce qu'on le voit grignoter... La scène suivante, tout aussi anodine au départ, voit Cronenberg briser l'un des tabous de notre civilisation. Je n'en dis pas plus.
A la suite d'une ellipse, on se retrouve plongé dans une tout autre ambiance. Au cœur de l'histoire se trouve désormais un étrange duo (et même un couple), qui rappelle ceux formés par un magicien et son assistante. Mais Viggo Mortensen et Léa Seydoux incarnent des personnages bien plus complexes. Lui a la faculté de faire pousser des organes inconnus en son corps. Elle est une championne de la chirurgie, dont elle fait un spectacle... contre rémunération, bien sûr.
La première fois qu'on la voit "intervenir" sur le corps de son partenaire, on ne sait pas trop ce qu'elle lui fait "subir". Il faut attendre la première "performance" du duo pour tout comprendre. Âmes sensibles s'abstenir... surtout que la suite est encore plus "gore"...
Dans ce monde futuriste, où des fauteuils vivants programmables rendent de grands services, certains humains voient leur corps se modifier, à cause d'étranges mutations. D'autres choisissent de recourir à la chirurgie "inesthétique". Je laisse à chacun le plaisir de découvrir, outre le résultat, parfois, la manière de procéder. Le tout sous les yeux de cultureux avant-gardistes... et de policiers infiltrés.
Eh, oui. "Cronnie" a greffé une intrigue policière à son délire sociétal. Du coup, il vaut mieux y réfléchir à deux fois avant d'accorder sa confiance, tant les protagonistes semblent habiles dans l'art de la dissimulation. L'un des sommets du film est atteint lors de la "performance d'autopsie", qui révèle un secret. Dans la foulée, je m'attendais à une autre scène marquante, transgressive. Le réalisateur conclut bien son histoire sur un mano a mano, mais celui-ci m'a déçu.
23:27 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Taupe Gueune - Ma Veurique
Outre le fait de voir Tom Cruise résister aux affres du temps, ce film est une cure de jouvence pour celles et ceux qui, comme moi, ont vu le premier à sa sortie en salle, en... 1986. Scénaristes comme réalisateur ne s'y sont pas trompés : une partie de l'intrigue, certains personnages, décors et même des plans entiers sont des références (voire des calques) du premier opus.
... et ça marche ! J'ai aimé la mise en bouche sur Danger Zone (interprété par Kenny Loggins). Je préviens toutefois les fans : même si l'habillage musical s'inspire fortement du film de 1986, on n'a pas recyclé tous les titres de la bande originale. On n'entend donc pas Take my breath away... et c'est cohérent, puisque Kelly McGillis ne fait pas partie de la distribution. Je rassure les amateurs d'histoire sentimentale : l'aviateur croise la route d'une barmaid très bien conservée elle aussi : Jennifer Connelly. En revanche, j'ai trouvé assez convenue l'intrigue secondaire, la relation Maverick - Goose (fils). Dès le départ, on sent tout venir à des kilomètres.
Le principal intérêt du film réside dans ses scènes d'avion. On est servi dès le début de l'entraînement des pilotes, avec comme instructeur le héros en personne. Super Maverick, (presque) toujours aussi incontrôlable, va donner une leçon aux jeunes cracks de l'aviation US, une bande de crâneurs plutôt antipathiques au départ. (Politiquement correct oblige, la troupe est un véritable melting pot d'hommes et de femmes de différentes origines.)
Le but de la formation intensive est de désigner, parmi la bande d'aviateurs, quels sont ceux qui vont participer à une mission hautement risquée : le bombardement (illégal...) d'une installation nucléaire dans un pays montagneux qu'on présume situé au Moyen-Orient. Les spectateurs états-uniens penseront sans doute à l'Iran. (Notons toutefois qu'aucun individu identifiable issu de "l’État voyou" n'est visible à l'écran.) Cependant, comme (dans la version originale), il est question d'un manquement aux règles de l'OTAN et que l'ennemi semble disposer de vieux coucous américains, je suis tenté de penser à la Turquie.
Quoi qu'il en soit, très vite dans l'histoire, on comprend qui sera le chef d'équipe de cette mission impossible. Cela nous mène tout droit à la dernière partie du film (pour moi la plus brillante) : la mission. Évidemment, celle-ci ne va pas se dérouler comme prévu... mais les fringants pilotes d'Oncle Sam vont faire preuve de courage, d'ingéniosité et de solidarité. Les scènes d'avion sont impressionnantes. Signalons que derrière la caméra se trouve Joseph Kosinski (qui a déjà dirigé Tom Cruise, dans Oblivion). J'ajoute que le scénario ménage suffisamment de rebondissements pour qu'on ne s'ennuie pas un instant.
Si l'on supporte la vision positive de l'interventionnisme militaire américain, ce film constitue un excellent divertissement.
11:53 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 21 mai 2022
Junk Head
Ce film d'animation (réalisé image par image ou, si vous préférez, en stop motion) est une dystopie japonaise, dans laquelle les amateurs de mangas (ainsi que les autres cinéphiles) dénicheront des références à plusieurs succès nippons (et américains) de la fin du XXe ou du début du XXIe siècle.
Attention : ce n'est pas destiné au jeune public (pas avant dix ans, au moins). L'histoire est sombre, un peu à l'image de L'Île aux chiens, de Wes Anderson (même si le sujet est différent).
Le héros (Parton) est une sorte d'humain augmenté. Il vit dans le monde d'en-haut, celui qui bénéficie d'une technologie très évoluée, à tel point que les humains sont désormais immortels... mais ils ne peuvent plus procréer.
C'est l'objet de la mission du héros, qui part en exploration dans les mondes inférieurs. La première strate à passer est celle d'une sorte de police des frontières. Ses agents sont vêtus de bandelettes, un peu comme des momies... et ils ont tendance à tirer sur tout ce qui bouge.
Au-dessous se trouvent les strates inférieures, peuplées d'être vivants dont certains semblent avoir conservé la capacité à procréer. La première partie de l'histoire montre la découverte de ce milieu par Parton qui, de surcroît, a perdu la mémoire dans des circonstances que je ne révèlerai pas.
Cet enfer souterrain (qui comporte plusieurs cercles, toujours plus profonds) est peuplé de mutants, les Marigans, décalques ratés d'humains qui considèrent le nouveau venu comme un déchet... ou comme un dieu. Ils vivent sous la menace d'étranges créatures, mélanges d'humain et d'animal... et surtout cannibales. Cela devient donc sanglant à l'occasion... et drôle, l'arrière-plan sombre étant souvent entrecoupé de moments comiques assez réussis.
En bas règne la loi de la jungle, même si ,en certains endroits une forme d'organisation régulée persiste, comme dans ce monde dirigé par des créatures féminines, chargées de superviser l'entretien d'un système de chaudière. Presque tous les personnages s'expriment dans un sabir incompréhensible, entre borborygmes et crachouillis.
Le héros, amnésique ou pas, fait preuve d'empathie et réussit à se faire des amis... à commencer par un improbable trio, des sortes de pingouins humains. De prime abord, on ne les prend pas très au sérieux. Mais ils nous réservent quelques surprises...
On peut prendre cela comme un film d'aventures ou comme une réflexion sur notre monde, à travers une histoire post-apocalyptique, animée avec un soin, une méticulosité impressionnants.
21:45 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mardi, 17 mai 2022
Ma Famille afghane
Ce film d'animation tchèque, réalisé par une femme (Michaela Pavlatova), est adapté d'un roman écrit par une travailleuse humanitaire, tchèque aussi (Petra Prochazkova). L'action se déroule au début du XXIe siècle, dans un Afghanistan (partiellement) contrôlé par les Américains et libéré de la tutelle des talibans.
Cela explique qu'une jeune Tchèque, tombée amoureuse d'un réfugié afghan, ait décidé de le suivre au Moyen-Orient, n'ayant plus rien qui la retient dans son pays natal. Sur place, en dépit du changement de régime, on s'attend tout de même à un choc culturel, qui se produit, mais ce n'est qu'une étape dans cette fiction à caractère documentaire, qui présente la vie d'une famille de l'intérieur, avec ses traditions, ses contraintes et un bel appétit de vivre.
L'héroïne se rend rapidement compte que, bien que les talibans aient été vaincus, la mentalité patriarcale reste solidement implantée, y compris dans l'esprit de certains de leurs adversaires afghans. Son beau-frère et la famille de celui-ci incarnent l'archaïsme des mœurs, tandis que le grand-père, la belle-sœur et la nièce sont ouverts à la modernité.
Le portrait de l'époux est plus nuancé. Nazir est un homme doux, pacifique, très amoureux de sa blonde épouse. Mais, de retour en Afghanistan, il subit l'influence de la mentalité dominante... et sent peser sur lui le regard de ceux qui se demandent s'il est "un vrai homme". L'amour que lui et et Herra se vouent sauve le couple, qui doit traverser de multiples épreuves.
L'une d'entre elles est la fondation d'une famille. Herra se découvre stérile, une calamité dans un pays où la virilité d'un homme se mesure à l'importance de sa progéniture. Le couple de héros va néanmoins élever un enfant, un garçon handicapé rejeté par sa famille d'origine, doté d'un tempérament très indépendant. (Dans la version originale, le titre My Sunny Maad est une allusion à cet enfant.)
Sur le plan technique, l'animation n'a rien d'extraordinaire. Le film vaut surtout pour son aspect documentaire. Mais il arrive après bien d'autres, comme Parvana et Les Hirondelles de Kaboul (autres films d'animation), ou encore Le Cahier, Wajma, une fiancée afghane, Syngué Sabour (des fictions) et le documentaire Nothingwood, qui en disaient autant (voire plus) sur la société afghane.
J'ai l'air de faire la fine bouche, mais j'ai tellement entendu parler du film en bien que j'ai été déçu par la projection. De surcroît, je ne trouve pas l'héroïne très intéressante. Pour moi, elle fait un peu trop souvent de mauvais choix.
21:40 Publié dans Cinéma, Histoire, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire, fille, femme, femmes
dimanche, 15 mai 2022
Le Roi cerf
C'est le premier long-métrage d'animation que signe Masashi Ando, mais celui-ci a beaucoup d'expérience dans ce domaine. Il a travaillé sur Le Voyage de Chihiro (de Miyazaki), Miss Hokusai (de Keiichi Hara). Surtout, il a été directeur de l'animation sur Paprika (du très doué Satoshi Kon, hélas, prématurément décédé) et, plus récemment, sur Your Name (de Makoto Shinkai).
Tout ça pour dire que les amateurs de manga sont en terrain connu. Le style semble familier (à tel point que, parfois, on se croirait chez Miyazaki) et l'animation est de grande qualité. La faune a été l'objet d'un soin particulier : cerfs, chevaux, loups, renards, aigles sont très réussis. Outre ces moments "bucoliques", j'ai aussi apprécié les scènes oniriques, fantastiques, qui témoignent d'un incontestable savoir-faire.
L'intrigue est feuilletonnesque. On est dans le Japon médiéval, avec un empereur et de grands féodaux, le territoire d'Aquafa étant passé sous la domination de Zol. La première séquence se déroule dans une gigantesque mine de sel, véritable enfer à ciel ouvert qui rappelle la prison-puits du Dark Knight Rises.
C'est à ce moment-là que le surnaturel jaillit, sous la forme d'une meute de loups que rien ne semble pouvoir arrêter. Tous les occupants de la mine vont périr, soit des morsures des animaux, soit d'un mal mystérieux qu'ils véhiculent...
... En fait , il y a deux survivants, dont le héros (ça tombe bien !), Van, qui fut autrefois un valeureux chevalier, défenseur d'Aquafa. Il a survécu à la morsure du chef de meute mais, désormais, il est doté de pouvoirs mystérieux. De plus, il a accès à un monde fantasmagorique, par lequel il entre en contact avec une sorte de sorcier.
Van semble avoir une mission... mais il veille surtout à s'occuper de Yuna, une adorable gamine qui le prend pour son père. Celui qui avait perdu goût à la vie depuis la mort des membres de sa famille décide de s'occuper d'elle.
Dans le même temps, dans la citadelle de Zol, on s'inquiète des ravages de la peste lupine... qui épargne les habitants d'Aquafa. Comment est-ce possible ? Existe-t-il un remède capable de sauver les habitants ?... et, n'y a-t-il pas une manipulation derrière l'expansion de ce mal sélectif ? C'est à ces questions que le médecin Hohsalle doit trouver les réponses. En compagnie de son garde, il part à la recherche de Van, à la suite d'une traqueuse dont la mission comporte une part secrète. Dans le même temps, l'empereur de Zol approche (par les airs). Un complot est à l’œuvre, en coulisse...
Je n'en dirai pas plus. Outre les qualités formelles, il faut relever la richesse du scénario (inspiré d'un roman). On n'a vraiment pas le temps de s'ennuyer. C'est toutefois un peu compliqué (et violent) pour les tout-petits.
Sur le fond, le film fait l'éloge d'une médecine scientifique contre le charlatanisme religieux et, surtout, il est un chant d'amour d'un père pour sa fille.
10:31 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
vendredi, 13 mai 2022
The Northman
Loin, très loin, dans l'Atlantique Nord, vit un peuple farouche, habile navigateur et surtout redoutable guerrier. Un jour de 895, par une mer démontée, de frêles drakkars sont de retour au pays, chargés de butin. A la tête de ses troupes, le roi regagne sa demeure, couvert de gloire et de richesses... mais blessé. Heureusement pour lui, une blondissime épouse botoxée l'accueille avec tendresse, en compagnie du jeune héritier du trône, Amleth.
La joie des retrouvailles se ternit rapidement, car la perfidie rôde. Le roi sent ses jours comptés, même s'il ne soupçonne pas la traîtrise dont il va être la victime. Il a juste le temps d'initier son fils à ses devoirs de guerrier, à coups de rots et de pets.
Hélas, hélas, trois fois hélas ! Le jeune Amleth ne peut empêcher l'inévitable. Il parvient toutefois à s'échapper. La force qu'il déploie dans le maniement des avirons aurait pu lui ouvrir la voie des Jeux Olympiques... si ceux-ci avaient été organisés à l'époque. Il doit se contenter de devenir un soudard, une brute épaisse pratiquant le pillage et le meurtre, laissant le viol à ses compagnons d'armes. Entre deux crimes de guerre, il a des visions étranges. Un jour, il sent qu'est venu le temps de se venger.
Ni une ni deux, voici l'invincible combattant se faisant passer pour un esclave et profitant d'un convoi commercial pour regagner son île. Là-bas, personne ne le reconnaît... et il va de surprise en surprise. Dans son malheur, il a du bol : il croise une jeune et jolie sorcière, qu'impressionne son grand glaive bien dur. Du coup Amleth, devenu Bjornulf, se demande s'il doit écouter sa tête ou sa bite.
La résolution de ce terrible dilemme survient dans un gigantesque sauna naturel. Les deux principaux antagonistes, après avoir passé des heures sur le banc de muscu, vont s'y affronter à poil, sans se couper le zizi.
23:17 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 11 mai 2022
The Duke
Ce duc est celui de Wellington, l'un des plus redoutables adversaires de Napoléon Bonaparte, connu notamment pour son rôle dans la bataille de Waterloo. Son portrait a été réalisé par Francisco Goya. L'objet constitue un bien patrimonial de grande importance outre-Manche, si bien qu'en 1961, les élites britanniques se sont mobilisées pour empêcher son départ aux États-Unis. Cependant, quelques semaines plus tard, le tableau fut volé à la National Gallery.
C'est à ce moment-là qu'entre en jeu un drôle de lascar, Kempton Bunton, un chauffeur de bus retraité, progressiste et gouailleur, qui a repris du service dans une compagnie de taxi pour arrondir ses fins de mois, son épouse Dorothy continuant, malgré son âge avancé, à faire la bonniche dans une famille bourgeoise.
Ces personnages sont incarnés par deux acteurs formidables, Jim Broadbent et Helen Mirren. Le premier, habitué des seconds rôles, est sans doute moins connu du public français. On a toutefois pu le voir dans Cloud Atlas, la saga Harry Potter et plus récemment dans Paddington 1 et 2. La seconde confirme qu'elle peut décidément tout jouer, de la reine d'Angleterre (dans The Queen) à la femme de ménage, en passant par la mère d'un truand dans Hobbes & Shaw.
Ce vieux couple a l'air bancal, de prime abord : il y a beaucoup de mensonges et de non-dits entre eux. Mais c'est aussi une histoire d'amour qui dure, depuis des décennies. Entre eux, les répliques fusent. Ils m'ont faire rire... et ils m'ont touché, à travers la douleur qu'ils éprouvent en repensant au décès de leur fille.
Bien que désespéré au fond, Kempton essaie de prendre la vie du bon côté et de faire bouger les choses. Au début de l'histoire, on le voit lancer une croisade contre le paiement de la redevance par les retraités et les vétérans de l'armée. Il va jusqu'à rendre son poste de télévision inapte à recevoir la BBC pour justifier son refus de payer la taxe ! C'est vraiment savoureux.
Le procès est aussi l'occasion d'assister à quelques moments de bravoure. Les dialogues (à savourer de préférence en V.O. sous-titrée) sont vraiment bien écrits ... et servis par des comédiens hors pair. Je ne dirai pas comment tout cela se termine. Sachez toutefois que le film a pris quelques libertés avec l'histoire réelle qui l'a inspiré.
P.S.
A la fin, nous avons droit à un clin d’œil cinéphilique, puisque, moins d'un an après avoir été volé, le tableau est apparu dans un célèbre film de fiction... que les héros sont allés voir au cinéma !
23:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 04 mai 2022
Doctor Strange in the multiverse of madness
Il a fallu attendre plus de cinq ans après la sortie du premier Doctor Strange pour voir débouler la suite dans les salles obscures. Aux manettes se trouve désormais Sam Raimi, qui a jadis réalisé ce que j'estime être les meilleures adaptations cinématographiques de Spider-Man (avec Tobey Maguire)... dont le dernier volet des aventures (coïncidence ?...) fait lui aussi intervenir le "multivers".
C'est (avec l'inventivité graphique des décorateurs et des spécialistes des effets spéciaux) l'un des atouts de ce long-métrage, qui met le héros en contact avec d'autres versions de lui-même. (Conclusion : notre univers a la chance de posséder le "meilleur" Doctor Strange... cool, non ?)
J'ai eu un peu peur au début : on découvre notre Stephen avec la coupe de cheveux d'un hipster en train de faire de la gymnastique devant un fond vert, en compagnie d'une adolescente dont on sent qu'elle va nous lui casser les pieds pendant deux bonnes heures. Tous deux sont opposés à un méchant très très méchant.
... mais ce n'est pas le principal antagoniste qu'il va leur falloir vaincre. Plus forte que la créature démoniaque est... une sorcière, dont les pouvoirs, déjà bien grands, sont démultipliés par l'usage d'un grimoire maléfique... Faut pas faire chier la dame ! Dans le rôle, Elizabeth Olsen a la chance d'incarner deux versions très différentes d'elle-même. L'actrice s'en sort bien, même si la séquence de la "maman grizzli" (quand la sorcière a pris possession du corps d'une mère de famille en apparence inoffensive) frôle le ridicule.
La première baston (avec la grosse bébête monoculaire) est la plus réussie. Les autres scènes m'ont semblé répétitives, un peu stéréotypées. Et puis ce personnage prêt à foutre en l'air des centaines d'univers parallèles pour avoir le plaisir de vivre avec les enfants qu'elle n'a pas pu avoir dans notre monde.... comment dire... c'est quand même très limite au niveau du scénario... et je ne parlerai pas de l'intervention d'un groupe d'Illuminati... un des plus mauvais moments du film.
En revanche, les effets spéciaux sont bluffants. J'ai vu cela dans la plus grande salle du cinéma ruthénois et, franchement, ça dépote. J'ai particulièrement aimé la scène qui montre deux personnages traverser plusieurs univers parallèles, ainsi que la bagarre (musicale...) entre deux versions de Strange. Sur le plan visuel, certains plans déjantés rappellent des scènes d'Inception. Vers la fin, une dernière bonne surprise nous est proposée avec la résurrection d'une version de Strange (grâce à un dreamwalking, un état second permettant de prendre possession d'un corps à distance). Sam Raimi s'est rappelé qu'il avait commencé sa carrière en réalisant des films de zombies (Evil Dead) !
Comme vous pouvez le constater, il y a à boire et à manger. Notons que les producteurs semblent vouloir profiter des longs-métrages sortis en salle pour "booster" les séries-maison, comme WandaVision et Loki, auxquelles certains événements font allusion. On sent aussi, de manière appuyée, la volonté de Disney de se plier aux règles du "politiquement correct". Désormais, les films de super-héros sont peuplés de "minorités visibles" et de femmes d'action (ce dont je ne me plains pas)... mais c'est à se demander si le mâle blanc hétérosexuel n'est pas en voie de disparition outre-Atlantique !
22:28 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
L'Affaire Collini
Cette fiction à caractère documentaire est adaptée d'un roman de Ferdinand von Schirach (que je n'ai pas lu). Tout commence (croit-on) en 2001, à Berlin, où un industriel allemand renommé, Hans Meyer, est assassiné dans un hôtel par un inconnu.
L'opinion est choquée. Beaucoup de questions se posent quant à cet assassinat (dont on ne voit l'exact déroulement qu'à la fin, pour des raisons que je laisse à chacun le loisir de découvrir). On finit par apprendre que le meurtrier est un Italien vivant en Allemagne. Qu'est-ce qui a motivé son geste ? La Mafia est-elle impliquée ?
L'avocat commis d'office de Fabrizio Collini se pose les mêmes questions. Son client, mutique, ne veut rien dire. Pour Caspar Leinen (issu d'un couple mixte germano-turc), l'affaire comporte un gros enjeu : c'est la première fois que ce jeune avocat va plaider aux Assises. De surcroît, il est confronté à un conflit de loyauté. En raison d'une erreur d'identification de la victime, il n'a pas compris dès le départ qu'il devait défendre l'assassin d'un homme qu'il connait, un homme auquel il doit beaucoup... et dont il a fréquenté la petite-fille.
Cerise sur le gâteau : au tribunal, Caspar va affronter le redoutable avocat de la partie civile, Richard Mattinger, juriste réputé, qui fut son prof de fac (en droit pénal) et, à vrai dire, sans doute son mentor.
Petit à petit, le mystère s'éclaircit concernant les motivations de Collini. Son avocat se fait enquêteur, s'appuyant sur une petite équipe hétéroclite : un autre jeune avocat, une employée de pizzeria... et son propre père, libraire, qu'il n'avait pas revu depuis des années. Cette affaire est l'occasion pour Caspar de faire le point sur sa vie privée... et de faire des choix décisifs.
On suit le déroulement de la procédure pas à pas. Le film, pas très brillant sur le plan de la mise en scène, détaille le fonctionnement de la procédure criminelle. L'action culmine dans le procès, entrecoupé de pauses. On sent l'influence des films américains, même si, ici, la sobriété l'emporte sur le brio.
A l'arrière-plan se trouve la Seconde Guerre mondiale, plus précisément les années 1943-1945. Les Alliés anglo-franco-américains progressent dans la péninsule italienne, où ils ont débarqué à l'été 1943. Dans le même temps, Mussolini a été renversé par le roi et une partie des élites locales. Libéré sur ordre d'Hitler, il n'est plus à la tête que d'un État fantoche, la République de Salo. Désormais, la partie nord de l'Italie est occupée par les troupes allemandes, auxquelles s'opposent des résistants italiens, notamment communistes.
Le film alterne trois trames temporelles : celle de la fin de la Seconde Guerre mondiale, celle de la jeunesse de Caspar (dans les années1980-1990) et celle de l'année 2001. J'ai bien aimé l'effet de miroir entre certaines scènes se déroulant à deux époques différentes. C'est pertinent et techniquement bien fichu.
Plusieurs événements semblent avoir inspiré l'intrigue. Le public français cultivé pensera au massacre des Fosses ardéatines, mais, hélas, d'autres tueries se sont déroulées à la même époque, comme celle de Cibeno. Je pense aussi que les auteurs avaient en tête l'action du "boucher de Gênes".
Même si les scènes se déroulant dans les années 1940 sont parfois un peu trop appuyées, elles ont le mérite de rappeler des événements importants. Elles évoquent aussi la complexité de la situation de l'époque, avec notamment le rôle de l'interprète italien. Les acteurs de la partie contemporaine (2001) sont remarquables.
Sur le plan historique, le film s'appuie aussi sur un aspect méconnu (que j'ignorais), un texte de loi dont la révélation du contenu joue un rôle décisif dans le procès.
Quelques années après Le Labyrinthe du silence et Fritz Bauer, un héros allemand, le cinéma d'outre-Rhin prouve de nouveau qu'il est capable de regarder avec intelligence et honnêteté le passé trouble de son pays.
09:54 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire, allemagne
mardi, 03 mai 2022
Downton Abbey II
Je crois n'avoir jamais regardé un seul épisode de la série en entier... et je n'ai pas souvenir d'avoir vu le premier film. (Je ne l'ai pas chroniqué, mais il n'est pas impossible que je l'aie vu. En tout cas, je n'en ai gardé aucun souvenir.) Même si l'on ne connaît pas la série, se plonger dans ce long-métrage a comme un goût de déjà-vu pour les cinéphiles. On pense aux films de James Ivory (Retour à Howards End, Les Vestiges du jour), aux aventures d'Hercule Poirot (incarné par David Suchet) ou encore à Gosford Park (coécrit par Julian Fellowes... créateur de la série Dowton Abbey).
J'ai saisi l'occasion d'une séance en version originale sous-titrée. J'avais envie de me "rincer les oreilles" avec de l'anglais classique. Cela m'a aussi permis de remarquer que l'on parle une autre langue dans ce film : le français. En effet, l'intrigue a pour cadre deux propriétés : le château anglais où résident les Crowley et une résidence en France, sur la Riviera (comme disent les Britanniques), du côté de Nice.
Tout tourne autour de la matriarche, la comtesse de Grantham, interprétée avec gourmandise par Maggie Smith (une formidable actrice, vue il y a quelques années dans The Lady in the van). On apprend qu'elle vient d'hériter d'une demeure dans le Sud de la France, demeure qu'elle souhaite donner à l'une de ses arrière-petites-filles. Les raisons pour lesquelles un marquis français (dont elle affirme se souvenir à peine) a préféré léguer cette résidence à une aristocrate britannique plutôt qu'à sa propre famille sont mystérieuses. C'est l'un des secrets que l'intrigue va révéler.
A l'invitation du fils du marquis (dont la mère est jouée par Nathalie Baye), une partie de la petite troupe de Downton Abbey se lance dans un périple français (notamment en train bleu) pour se rendre dans ladite demeure. Quelques domestiques les accompagnent, le plus gros restant dans le château anglais, où s'installe une équipe de tournage américaine, qui va quelque peu perturber le fonctionnement de l'antique demeure.
L'un des atouts du film (et de la série, je suppose) est la richesse des personnages, aussi bien membres de la famille que de la domesticité. Cela laisse la place à de multiples intrigues secondaires, servies par une brochette d'acteurs et d'actrices de qualité.
Il serait trop long de relever ici le nom de toutes celles et ceux qui m'ont marqué. Je distingue toutefois Michelle Dockery, qui incarne Mary Talbot, petite-fille de la matriarche, veuve puis remariée à un aventurier qui la délaisse. Elle personnifie le charme, la délicatesse mais aussi la fermeté, quand il le faut. Je trouve que la comédienne a une classe folle !
Du côté des domestiques, c'est Sophie McShera qui sort du lot. Elle interprète Daisy Parker, une cuisinière que la venue de l'équipe de tournage met dans tous ses états... surtout qu'elle va devoir s'occuper de la vedette féminine de la troupe.
J'ai lu ici et là qu'il ne se passerait pas grand chose durant les deux heures que dure le film. Quelle erreur d'appréciation ! Certes, il ne faut pas s'attendre à des rebondissements extraordinaires, ni à des cascades explosives. Mais, dans les relations entre personnages, beaucoup de choses évoluent. Je pense que certains spectateurs ont été perturbés par le style de nos amis britanniques. On dit beaucoup de chose par sous-entendu, euphémisme, voire litote. C'est l'art de l'understatement, à savourer de préférence en version originale.
Mine de rien, cette tranche de vie, située à la fin des années 1920, en dit long sur la vie, l'amour, l'amitié, la fidélité, les espoirs et les craintes des uns et des autres. Du côté des aristocrates, on comprend que la réputation joue au moins autant que la fortune. Contre une vie confortable, les femmes ont échangé leur liberté, même si les choses commencent à changer durant l'Entre-deux-guerres. Du côté des domestiques, on dépend terriblement du bon vouloir des employeurs, quand bien même ceux-ci seraient relativement éclairés.
J'ai aussi apprécié le choc des cultures avec l'équipe de cinéma. Certains de ses membres sont chargés de personnifier une sorte d'exubérance décontractée, qui doit d'adapter aux us et coutumes du manoir... dont les occupants sont divisés quant à l'attitude à adopter vis-à-vis de ces intrus. Les spectateurs apprécieront aussi la mise en scène des questionnements concernant le passage du muet au parlant (déjà vu dans The Artist, ceci dit). Bien entendu, cette équipe de cinéma faisant elle-même partie d'une fiction, le scénario joue de la mise en abyme pour faire passer quelques messages à la profession...
Notons que le scénario prend soin de faire évoluer les personnages, du majordome à l'actrice vedette, en passant par la (encore jeune) lady ou l'enseignant désargenté.
J'ai passé un très bon moment, savourant à intervalle régulier les répliques bien senties. J'ai aussi été ému, dans la dernière partie, à l'occasion d'une scène, autour d'un lit. Même si la toute fin est trop sentencieuse à mon goût, je recommande vivement ce film.
10:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
vendredi, 29 avril 2022
Le Stade
Ce documentaire en noir et blanc... et rouge (pour les incrustations) nous raconte la deuxième partie de la saison 2020-2021 de ce club de rugby "mythique", de mars à juin 2021. Je pense rien dévoiler aucun secret en rappelant que ce fut une saison exceptionnelle, conclue par un titre européen et le titre national, remportés tous deux contre la même équipe en finale (La Rochelle).
A l'arrière-plan se trouve la pandémie de covid-19 : on voit des personnes porter (plus ou moins rigoureusement) un masque, des stades vides de public, un effectif rarement au complet, que ce soit pour cause de maladie ou de blessure.
C'est l'un des mérites de ce film que de ne pas cacher la brutalité de ce sport, certes davantage réglementé qu'autrefois, mais désormais pratiqué par des immeubles ambulants, des boules de muscles dont il vaut mieux ne pas croiser le chemin. Certains regretteront le temps où un "quinziste" musclé sec pouvait faire office de demi ou d'ailier. Au très haut niveau, aujourd'hui, cela ne semble plus possible. Quelques scènes nous font entrapercevoir la quantité d'efforts à fournir par les athlètes pour acquérir la masse musculaire requise. On ne nous dit cependant rien de leur régime alimentaire.
La première partie relate principalement le début de la phase finale du championnat de France. La seconde est concentrée sur la Coupe d'Europe, notamment l'exploit réalisé en huitième de finale : la victoire en Irlande, face au Munster, jamais obtenue auparavant. A côté de certains moments épiques (très bien filmés, même si je regrette le faible nombre de vues du dessus), la finale (contre La Rochelle) laisse un goût d'inachevé, sur le terrain comme à l'écran. Mais, dans ce match, l'essentiel était de gagner.
La fin du documentaire souligne les difficultés à terminer la saison... mais, comme tous les bons clubs français sont allés très loin dans les coupes européennes, en juin, tout le monde est fatigué et les effectifs sont rarement au complet.
A l'issue de cette plongée dans la vie du club, on comprend qu'outre les efforts physiques, la répétition des schémas tactiques, l'habileté d'une équipe d'entraîneurs (autour du charismatique Ugo Mola) et le travail sur le mental, il a fallu... de l'argent. Ces dernières années, le premier budget (annuel) du Top 14 oscille entre trente et cinquante millions d'euros (39 millions pour la saison 2021-2022). Voilà une information qui fera sourire les spécialistes de football : le PSG qatari s'appuie sur un apport annuel de 620 millions d'euros, le budget du Stade toulousain correspondant à celui d'Angers ou de Brest, l'un des quatre derniers...
On peut faire le même type de remarque à propos des salaires des joueurs (hors contrats publicitaires personnels). Dans le Top 14, c'est le Sud-Africain Handré Pollard (qui a sans doute de lointaines origines françaises) qui est le mieux payé (1,19 million par an), le Français touchant le plus étant Antoine Dupont (du Stade toulousain), avec 600 000 euros. C'est à comparer à ce que gagnent les footeux (les trente mieux payés), de 300 000 à 3 millions d'euros ... par mois (3,246 millions pour Lionel Messi cette saison).
Pour apprécier pleinement ce documentaire, je pense qu'il faut quand même s'intéresser un peu au rugby... ou au physique des joueurs !
15:24 Publié dans Cinéma, Sport | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, occitanie, sport, sports, toulouse, toulousains, toulousain
mercredi, 27 avril 2022
Un Talent en or massif
Nicolas Cage coproduit ce film autoparodique, consacré à un acteur encore célèbre, qui connut naguère son heure de gloire, mais se contente désormais d'aligner les productions plutôt bas-de-gamme, qui ne lui assurent plus le même train de vie qu'auparavant. Du coup, le gars, que son épouse vient de quitter, se sent vieillir, à cours de moyen... sous le regard de sa fille adorée qui semble le trouver de plus en plus ringard. (La séquence liée à l'anniversaire est particulièrement pathétique.)
Le début est vraiment savoureux. Cage (dont je me suis toujours demandé s'il aurait eu la même carrière s'il n'avait pas été un Coppola) est très bon en has been, qui enchaîne les déconvenues. Notons toutefois qu'à intervalle régulier, il se ménage quelques scènes qui témoignent de son talent. Le meilleur intervient quand il dialogue avec la version jeune de lui-même, incontestablement plus fringante.
Pour échapper à la lose, Cage (le personnage) accepte la proposition d'un milliardaire espagnol douteux... qui se révèle être un fan. Entre les deux hommes naît une drôle de complicité (qui tend vers une bisexualité non assumée). La mise en scène maintient longtemps le doute quant à savoir lequel en cache le plus à l'autre.
Bien évidemment, cette histoire de fête d'anniversaire va déraper, d'autant que Cage (le personnage) est prié de faire l'agent secret (pour de vrai) pour la CIA. Cela devient du grand n'importe quoi, les spectateurs étant censés laisser leur souci de vraisemblance au vestiaire.
Bref, l'acteur sur le retour et papa bedonnant (re)devient un homme d'action, épaulé par des compères à peine moins amateurs que lui. Quand on supporte Cage (et sa moumoute) et qu'on accepte le principe de dérision, on suit avec plaisir des péripéties dont on se doute qu'elles ne peuvent pas mal finir.
Ce sera assez vite oublié, mais j'ai passé un bon moment.
P.S.
Sans être aussi dithyrambique que certains personnages du film, je partage néanmoins leur affection pour le film Paddington 2, l'un des running gags de l'intrigue.
14:18 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
vendredi, 22 avril 2022
Et il y eut un matin
Ce matin succède à une nuit de noces, celles de deux jeunes Arabes israéliens. La veille, on a beaucoup mangé, bu, dansé. On a discuté aussi. Deux pères de famille comparent les réussites respectives de leurs fils, qui ont une bonne place à Jérusalem, dans des entreprises israéliennes. On est à la limite du concours de bite : c'est à celui qui a acquis le plus d'avantages, du téléphone à la voiture de fonction... remboursement de l'essence compris.
C'est un peu à l'image du film, qui évoque la complexité des rapports entre ces Palestiniens de l'intérieur et l’État juif. On tient aussi à nous montrer la diversité des comportements, côté palestinien. La famille du héros fait partie de la classe moyenne, laïque. Dans le village arabe, d'autres, à l'image du chauffeur de taxi, ont un niveau de vie plus modeste. En bas de l'échelle sociale se trouvent les travailleurs illégaux, des Palestiniens sans doute venus de Cisjordanie. Contrairement aux autres habitants du village, ils ne sont pas citoyens israéliens... et leurs patrons arabes profitent un peu de la situation. Il ne faut pas négliger une quatrième "catégorie" d'habitants : les voyous, qui tentent de prendre le contrôle du village... et qui s'accommodent très bien de la domination israélienne.
Le héros Sami a le cul entre deux chaises. Il laisse croire aux membres de sa famille qu'il est prêt à revenir habiter dans le village, alors qu'il a définitivement fait sa vie à Jérusalem. Il fait semblant de prendre du plaisir à la fête de mariage, un peu kitsch, alors que le citadin sophistiqué qu'il est a d'autres divertissements, quand il réside dans la grande ville. Il est même en train de s'éloigner de son épouse palestinienne et songe à s'installer chez sa maîtresse israélienne... et juive. Enfin, il ne semble guère s'indigner de la situation du "peuple" palestinien, contrairement à certains habitants du village, qui subissent régulièrement les mesures autoritaires prises par l'armée israélienne.
Le blocage de l'unique route menant à Jérusalem, pour une raison (au départ) obscure, va tout faire basculer. Vie privée, vie professionnelle et positionnement politique sont remis en question par le blocus du village (télécommunications comprises).
Eran Kolirin, auteur jadis de La Visite de la fanfare réussit à mêler l'histoire familiale aux méandres du conflit israélo-palestinien. Attention toutefois : le propos est fortement idéologisé. Derrière la façade moderne et aimable, le personnage de Sami est dépeint comme un égoïste, un bourgeois peu viril, plutôt lâche, auquel le séjour forcé dans son village natal va redonner le sens des "vraies valeurs".
On n'est pas obligé d'adhérer à l'intégralité du propos et l'on peut légitimement trouver certaines métaphores (comme celle des colombes) un peu lourdes. Le film n'en est pas moins intéressant pour le portrait qu'il dresse d'une catégorie de population méconnue.
P.S.
Mira, l'épouse de Sami, est interprétée par Juna Suleiman (dont je me demande si elle n'est pas apparentée au cinéaste Elia Suleiman). C'est une militante ardente de la cause palestinienne. Avec une partie de l'équipe, elle avait boycotté la première mondiale du film, au Festival de Cannes. Cela ne l'a pas empêchée d'être récompensée aux derniers Ophir (les César israéliens). Israël va donc être représenté aux Oscar par un film dont l'équipe dénonce publiquement et avec véhémence l'action du gouvernement.
22:00 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 21 avril 2022
Le Secret de la cité perdue
Le titre fleure bon le film d'aventures, en terre exotique, avec végétation luxuriante, chaleur étouffante, énigme intrigante et trésor caché. Le contenu correspond grosso modo à l'étiquette... à ceci près qu'il s'agit d'une parodie. Les scènes oscillent donc entre les péripéties d'aventures trépidantes et la cocasserie la plus saugrenue, parfois graveleuse.
Dès le début, le ton est donné, avec la séquence dans un temple antique, les deux héros semblant piégés au milieu d'une armée de serpents venimeux. Un changement de cadre nous fait passer de la romance au danger... puis à l'ironie. c'est comme ça pendant presque tout le film, de manière plus ou moins réussie.
Le comique repose sur les dialogues et l'abattage des acteurs.
Sandra Bullock met toute son énergie à incarner Loretta Sage, romancière à succès atteinte par le syndrome de la page blanche. Elle s'est enrichie en écrivant des histoires d'aventures romantiques, pimentées d'un peu de sexe. Pour assurer la promo de son dernier bouquin, elle accepte d'enfiler une combinaison pailletée hyper-moulante... à tel point que "ça lui rentre dedans, par devant et par derrière"... Si l'accessoire ne permet pas d'ignorer que la presque sexagénaire est encore très bien gaulée, il va accompagner son personnage pendant un peu plus de temps que celui de la soirée de présentation...
De son côté, Channing Tatum prête ses muscles et sa belle gueule à Alan, le mannequin qui pose pour les couvertures des romans écrits par Loretta... à tel point qu'il a fini par se prendre pour le principal personnage masculin des histoires, le dénommé Dash, viril, courageux, irrésistible. Son entrée en scène, sur The Final Countdown (du groupe Europe) le soir de la présentation du dernier roman, vaut son pesant d'extensions capillaires...
Aux côtés de l'héroïne, on remarque aussi la présence de son éditrice, la pétulante Beth, que rien ne semble pouvoir arrêter.
Tout bon film d'aventures a besoin d'un méchant convaincant. Daniel Radcliffe (eh, oui ! Harry Potter) est chargé d'interpréter un milliardaire excentrique, un peu allumé... voire psychopathe. Ses adversaires finiront par le qualifier de "perfide", ce qui leur semble naturel, puisqu'il est... anglais ! (Parfois, j'adore Hollywood !)
Ledit milliardaire est à la recherche d'un mystérieux trésor, caché sur une île dont il a fini par découvrir la localisation. Pour mener son projet à terme, il a besoin des connaissances d'une personne qui a étudié cette civilisation disparue... ce qui est le cas de la romancière, autrefois mariée à un archéologue.
Tout ce petit monde se retrouve embarqué pour l'océan Atlantique, en zone tropicale. Les deux héros vont tenter d'échapper aux sbires du milliardaire, épaulés par un aventurier musclé, tatoué... les cheveux au vent :
L'irruption de Brad Pitt dans l'intrigue nous vaut certains des meilleurs moments comiques du film. Brad est... pittissime !
L'histoire est nourrie de rebondissements et de "détails qui tuent" : une victime que l'on transporte attachée à une chaise, une voiture qui ne fait pas du tout baroudeur, une héroïne glamour qui urine dans la rivière... ce que perçoit l'homme qui la suit !
Bon, voilà. ce n'est pas bien subtil, mais les acteurs ne se prenant pas au sérieux, on passe un bon moment.
23:42 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 20 avril 2022
My Favourite War
La "guerre préférée" de l'auteure de ce documentaire autobiographique est la "Grande Guerre patriotique", ainsi qu'on l'appelait en URSS, autrement dit la Seconde Guerre mondiale. Enfant, à la télévision, elle raffolait des fictions de propagande, produites dans la Patrie des travailleurs ou l'un de ses satellites. Quelques extraits nous en sont proposés au cours du film.
Ilze Burkovska Jacobsen est originaire de Lettonie, un des trois pays baltes coincés en haut à droite de la carte de l'Europe. Objet des convoitises rivales des différents États allemands et russes, le pays a connu une histoire mouvementée.
L'auteure n'en a vécu qu'une partie : la fin de la période soviétique puis la deuxième indépendance. Le film entremêle trois époques : la fin de la Seconde Guerre mondiale (période des grands-parents maternels), les années 1970-1980 (la jeunesse de l'auteure) et le début des années 2020.
Sur le plan formel, ce documentaire d'un genre particulier alterne prises de vue réelles (contemporaines), images d'archives (des années 1940, 1970 ou 1980) et images animées, chargées de mettre en scène l'enfance et l'adolescence d'Ilze.
Au début, le style est un peu déroutant, avec ces formes anguleuses, les yeux tout noirs et la texture qui semble de carton. Finalement, cela colle assez bien avec l'époque. A l'occasion de certaines scènes, les animateurs démontrent qu'ils sont tout de même capables de réaliser des prouesses. Notons que la voix off s'exprime en anglais, tandis que, de temps à autre, on entend des dialogues en russe ou en letton.
J'ai été touché par l'histoire de cette gamine, au départ bouffée par la propagande mélenchoniste soviétique, qui ne comprend pas pourquoi son grand-père a hérité jadis de l'appellation infâme d'ennemi du peuple (déportation à la clé). Elle ne saisit pas non plus l'intensité de l'amour qui unit ses parents, issus de milieux si différents, la fille du paysan réprouvé ayant épousé un jeune cadre dynamique du parti communiste.
Je ne vais pas dire pourquoi, mais, à un moment, l'héroïne est contrainte de mûrir plus rapidement que ce que son âge exige. Son regard devient plus lucide sur son entourage et les lieux qu'elle fréquente. Cela nous vaut de savoureux portraits du système scolaire letton (à la mode soviétique) et du mouvement des Pionniers, auquel l'adolescente adhère au moins autant pour assurer son avenir de journaliste que pour contribuer à améliorer sa vie quotidienne avec sa mère et son petit frère.
En revanche, quand le passé (celui de la guerre) percute la vie de l'héroïne enfant, c'est en général par un aspect macabre, de la menace représentée par des hommes armés à la découverte de mystérieux restes humains, dans le bac à sable de l'école.
Cela dure 1h20, c'est très chouette à voir et, pour un public français, cela dévoile une part méconnue de l'histoire européenne du XXe siècle.
21:38 Publié dans Cinéma, Histoire, Politique étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire, europe
dimanche, 17 avril 2022
Touroulis - Voyage entre le Larzac et le causse Comtal
Ce documentaire aveyronnais évoque, par son titre, un volatile particulier : l’œdicnème criard, qui passe les hivers en Afrique du Nord, mais le reste de l'année en France métropolitaine, en particulier dans l'Aveyron.
La carte ci-dessus (extraite de la plaquette LPO) met en évidence les zones où des couples ont été observés (donc les zones de reproduction). Ce sont principalement les causses du Larzac (au sud) et Comtal (au nord)... d'où le titre du documentaire, qui embrasse toutefois un espace plus important et diversifié :
Une histoire nous est contée par une voix off (censée être celle d'un de ces oiseaux), celle d'un territoire parcouru/survolé par les œdicnèmes. Du causse du Larzac, on est transporté dans les gorges (de la Jonte, du Tarn), puis du côté de Bertholène (près de Laissac, sur la carte ci-dessus). Le parcours s'achève au nord et nord-est de Rodez, avec en vedette (notamment) le "Trou de Bozouls" (que les âmes raffinées appellent "canyon") et la cascade de Salles-la-Source (dont l'écoulement d'eau fait l'objet de polémiques depuis des années).
L'une des qualités de ce film est le soin apporté aux images, qu'elles soient aériennes, terrestres, souterraines ou aquatiques. Les vues sont splendides, qu'il s'agisse de plateaux, de vallées ou de très gros plans des espèces, animales comme végétales. Ce soin, ajouté à la scénarisation sur (presque) quatre saisons, est (à mon avis) une référence au Farrebique de Georges Rouquier.
Une autre qualité est l'insertion d'incrustations, donnant le nom de tel animal ou telle plante. Cumulées aux informations données par le commentaire (pas super emballant, ceci dit), elles permettent au commun des mortels de parfaire sa culture environnementale.
En revanche, je n'ai pas bien vu l'intérêt d'ajouter des séquences montrant une petite famille pratiquant l'escalade ou la spéléologie. Là, on est à la limite du dépliant touristique... (Mais il est vrai que le film a été cofinancé par le Conseil départemental de l'Aveyron.)
Parmi les activités sportives, il manque la randonnée, à laquelle les Aveyronnais s'adonnent massivement et qui constitue un excellent moyen de découvrir les beautés d'un territoire. C'est dommage, parce que, le film ne durant qu'1h10, il y avait de la place pour quelques scènes pédestres. Cela n'enlève toutefois rien aux qualités visuelles de l'ensemble, un bien bel hommage à la faune et à la flore des régions calcaires centre-orientales du Rouergue.
16:46 Publié dans Aveyron, mon amour, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, occitanie, nature, écologie, environnement
samedi, 16 avril 2022
Seule la terre est éternelle
... pas les écrivains, puisque le romancier et poète Jim Harrison est mort en 2016. Ce documentaire, signé François Busnel et Adrien Soland, lui rend un vibrant hommage, tout en célébrant les beautés de l'Amérique de l'intérieur.
Vivant entre le Montana (où il avait hérité d'une demeure familiale) et l'Arizona (où il est décédé), Jim Harrison, qui fut, dans sa jeunesse adulte, un beatnik des villes, avait grandi à la campagne. C'est là qu'il a quasiment perdu son œil gauche, au cours d'une dispute avec une gamine du coin. À l'écran, on voit celui-ci tantôt ouvert, tantôt fermé, à l'image d'un physique déclinant. Âgé de plus de 75 ans, l'écrivain marche avec difficulté, tremble des mains, peine parfois à respirer... mais l'esprit est resté vif. C'est de surcroît un conteur doué.
Le film est nourri d'anecdotes, sur la famille et ses drames. Malgré les années passées, on le sent marqué par le décès du père et d'une sœur au cours d'une partie de chasse... et par la rudesse d'une mère autoritaire (sans doute luthérienne stricte), d'origine suédoise. Ses horizons se sont ouverts à l'école, grâce notamment à une prof francophile, qui lui a fait lire tout Stendhal, mais aussi Apollinaire, Rabelais... Est-ce la raison pour laquelle, lorsqu'il va pêcher, il porte une casquette sur laquelle est écrit, dans la langue d'Emmanuel Macron, "PÊCHE A LA MOUCHE" ? Mystère...
Il reconnaît son alcoolisme et les ravages qu'il a faits (au cas où on ne l'aurait pas remarqué). Il en profite pour détruire une légende : c'est à jeun que l'on écrit le mieux. Lui a besoin d'un calepin classique, de nombreux stylos (de marque Bic... même si des feutres fins Pilot sont aussi visibles sur son bureau), d'un mur blanc... et d'eau plate.
Ses débuts furent laborieux. C'est le journalisme qui a, dans un premier temps, rempli le frigo. A partir du succès de Légendes d'automne, la vie a pris un tour confortable. L'écrivain est même devenu proche de l'acteur Jack Nicholson, qui en avait marre des scénaristes d'Hollywood.
La grand talent de ce film, qui bénéficie d'une très bonne qualité d'image et de son, est la représentation d'une partie de l’œuvre de Harrison par des paysages, des collines enneigées et boisées du Montana au désert de l'Arizona. Aux souvenirs de l'écrivain (majoritaires dans la première partie) succède un joli road moavie, (passant par entre autres l'Idaho, le Wyoming et le Nebraska) dans le dernier tiers de l'histoire.
C'est un peu long, mais rafraîchissant et passionnant, tant les thématiques abordées sont nombreuses : de l'extermination des Amérindiens au féminisme, en passant par la pêche, la relation aux animaux sauvages (grizzli, loup) et la culture littéraire. J'ajoute que la musique d'accompagnement, jouée sur guitare sèche ou électrique douce, est parfaitement dans le ton.
21:29 Publié dans Cinéma, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, littérature, roman, romans, poésie
Les Animaux fantastiques 3
... Les secrets de Dumbledore. Je n'avais pas été particulièrement emballé par les deux premiers volets, mais la vision de la bande-annonce du troisième m'a donné envie de tenter l'expérience, en version originale sous-titrée.
Les vingt premières minutes lancent parfaitement le film. On commence dans un salon du thé, très chic, où se rencontrent les deux principaux antagonistes, anciens amants devenus adversaires mortels. Dans le rôle de Grindelwald, Mads Mikkelsen succède avantageusement à Colin Farrell et Johnny Depp. Il incarne vraiment très bien la puissance maléfique, servi, une fois n'est pas coutume dans cette série, par de très bons dialogues (sauf peut-être à la fin).
Lui succède une séquence enlevée, qui démarre par une naissance nocturne, avant de se poursuivre en cavalcade violente. C'est assez brillant.
Tout est (presque) dit par le titre intégral. Les effets spéciaux (somptueux) mettent parfaitement en valeur les créatures virtuelles (dont une nouvelle, une petite Qilin), avec lesquelles Eddie Redmayne interagit très bien (même si son personnage a toujours ce côté nunuche agaçant). Au niveau de l'image, c'est aussi souvent splendide, avec (heureusement), moins de plans sombres dans lesquels on a du mal à se retrouver.
L'arrière-plan politique est nourri de références aux années 1930 et à notre époque. La partie ayant pour théâtre Berlin, avec ces statues aux casques si caractéristiques et ces hommes de main (portant chapeau sombre, nuque rasée), fait immanquablement penser au régime nazi. Mais la facilité avec laquelle les foules (ici de sorciers) peuvent être manipulées par des complotistes, en vue d'une élection, évoque plutôt le XXIe siècle.
Du coup, j'ai été emballé, emporté par la féérie visuelle et l'intrigue trépidante, nourrie de rebondissements, certains étant prévisibles... d'autant que tout le monde dans la salle savait que Dumbledore ne pouvait pas mourir assassiné ! (Surprise au passage : l'histoire fait intervenir non pas un, ni même deux, mais trois Dumbledore !) Je recommande tout particulièrement la séquence de la prison, formellement très réussie et drôle à la fois. C'est une autre qualité de ce long-métrage, émaillé d'un humour savamment dosé et plutôt bon enfant. La conclusion, en haute montagne, au Bhoutan, est particulièrement inspirée.
Dans la salle, les ados et les adultes ont été captivés pendant plus de deux heures.
14:49 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 06 avril 2022
Les Bad Guys
Ce film d'animation (visible par les pas trop jeunes et les adultes) est produit par DreamWorks et réalisé par... un Français : Pierre Perifel. Les "mauvais garçons" (ou "sales types") sont des as de la cambriole, qui vont se voir proposer l'occasion de se racheter.
Loup (Pierre Niney dans la VF) est le chef de la bande. Charismatique et charmeur, il a toujours un plan de secours en poche. De temps à autre, il lui arrive de "faire son Clooney", référence transparente à la série de films Ocean's.
Serpent est son meilleur ami. Sans pitié dans les affaires, il a un péché mignon : les cochons d'Inde, d'autant plus savoureux qu'ils sont gentils.
Requin est le gros bras de la bande... très habile aussi dans les déguisements. Cela donne lieu à quelques scènes particulièrement cocasses. Il est doublé par Jean-Pascal Zadi (oui, celui de Tout Simplement Noir).
Son principal acolyte est Piranha. Petit mais costaud, il est redoutable par sa force physique... et ses problèmes gastriques, qui enchanteront les petits comme les grands !
Cette bande de mecs ne serait rien sans Tarentule, l'as du piratage informatique, un personnage dont l'animation se révèle vraiment virtuose.
Toutefois, mon coup de cœur est un autre personnage féminin : la renarde Diane Foxington, gouverneure de Californie qui ne s'en laisse conter par personne. C'est une femme engagée, brillante... qui réserve quelques surprises. Alice Belaïdi lui prête sa voix, avec talent.
L'intrigue comme la mise en scène fourmillent de références. Dès le début, la conversation dans un diner fait penser à Tarantino. D'autres allusions à Pulp Fiction sont présentes dans le film. On pense aussi évidemment à la série de films mentionnée plus haut, avec George Clooney. Quant aux policiers (et à leur cheffe), ils semblent sortir tout droit d'un manga. Les gags sont souvent visuels. Les petits aiment. Les allusions sont plutôt destinées aux adultes.
J'ai été enchanté par cette histoire. Elle est pleine de rebondissements et quasiment chaque scène contient une petite surprise ou un effet de décalage, qui lui donne une saveur particulière. J'ajoute que la musique (orchestrale) est chouette. C'est sans doute la meilleure comédie sortie ce 6 avril.
21:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mardi, 05 avril 2022
De nos frères blessés
Ce film relate (de manière un peu romancée) la fin de vie de Fernand Iveton, militant communiste pied noir, engagé aux côtés du FLN dans la lutte pour l'indépendance algérienne... contre l'armée française, dans la seconde moitié des années 1950.
Au départ, j'ai eu du mal à reconnaître Vincent Lacoste dans le rôle. Il est vrai que la moustache, ça vous change un homme. Mais il est surtout très bon. J'ai été moins convaincu par le choix de Vicky Krieps pour incarner sa compagne. Elle parle français avec un accent anglais... alors qu'elle est censée être d'origine polonaise ! Le côté sentimental de l'intrigue m'est passé un peu au-dessus de la tête.
J'ai été davantage intéressé par la mise en scène du contexte de la Guerre d'Algérie. Sans surprise, cette fiction engagée nous présente une version de gauche. Les indépendantistes sont de courageux résistants, victimes de l'ignoble État colonial raciste. On a quand même droit une fois ou deux à la mention de certains des "exploits" des membres du FLN et de leurs sympathisants... mais je pense que cela a glissé sur le public, tant la réalisation est en empathie avec le héros et ceux qu'il soutient.
Les scènes de tribunal militaire sont prenantes. Au début, on se dit que tout est joué d'avance. Mais, au fur et à mesure des interrogatoires, on est amené à penser qu'il y a de l'espoir, la procédure étant suivie de manière assez scrupuleuse. La conclusion nous ramène sur terre... et le héros aussi, dont on finit par découvrir qu'il se berçait d'illusions sur la future Algérie indépendante. (Seuls les imbéciles ont pu croire que les types du FLN allaient instaurer une démocratie multiculturelle de ce côté-là de la Méditerranée.)
Je recommande malgré tout ce film pour sa peinture d'une époque et pour la découverte d'un destin particulier, celui d'un pied noir pro-FLN qui n'a sans doute jamais versé le sang d'autrui.
P.S.
Parmi les seconds rôles figure Henri, incarné par Yoann Zimmer, vu l'an dernier dans Des Hommes, dans la peau d'un Depardieu jeune, lui aussi empêtré dans le conflit algérien.
22:10 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
samedi, 02 avril 2022
Retour à Reims (fragments)
Ce documentaire militant s'inspire d'un essai de Didier Eribon (que je n'ai pas lu). A travers la redécouverte de l'histoire familiale (avec laquelle l'auteur / la narratrice dit avoir jadis coupé), le film dessine une histoire (subjective) de certaines catégories populaires (essentiellement le monde ouvrier), de l'Entre-deux-guerres (période des grands-parents) jusqu'aux années 1980-1990 (à l'âge adulte de l'auteur).
Le grand intérêt du film (et son originalité par rapport à la forme écrite) est le montage d'images anciennes qu'il propose, composé d'extraits de films de fiction et (surtout) de reportages d'époque. Hélas, ces images ne sont jamais contextualisées au moment où elles passent à l'écran. Il faut attendre le générique de fin pour découvrir de quand les extraits datent, en vrac. Du coup, parfois, j'ai eu l'impression que les périodes ne concordaient pas tout à fait. Ainsi, quand il est question des années 1950, il me semble que, parfois, ce sont des images de la fin des années 1960 qui nous sont projetées. Plus gênante encore est, pour illustrer la montée du vote FN chez les ouvriers dans les années 1980-1990, l'utilisation d'images d'archive présentant Jean-Marie Le Pen... dans les années 1970, à l'époque où son jeune mouvement ne rencontrait aucun succès.
Quoi qu'il en soit, le travail de documentation semble avoir été énorme et les extraits proposés sont intéressants. On en voit peu datant de la période des grands-parents. Le propos est centré sur la voix-off, qui lit des passages du livre. C'est la grand-mère maternelle qui est au centre de cette partie. C'était une femme libre, à qui le rôle de fidèle épouse au foyer ne convenait pas. Au début des années 1940, elle a même osé partir travailler volontairement en Allemagne... Notons que le livre, comme le documentaire ne jugent pas... enfin, pas ce genre de comportement.
La période d'après-guerre est plus fournie. Au niveau de la fiction, cela va de Jean-Luc Godard à Coline Serreau. Au niveau reportages et archives, c'est foisonnant, sur le travail des ouvriers, le rôle des femmes, la place des immigrés. L'accent est mis successivement sur ces trois aspects, l'un venant compléter l'autre. L'idée générale est que l'on trouve toujours plus opprimé que soi.
J'ai apprécié que le réalisateur ne contourne pas la difficulté du basculement d'une partie du vote ouvrier. Mais je trouve que l'état des lieux comme l'analyse des causes sont superficiels, voire biaisés.
Sur le plan historique, le film semble ne pas savoir que, depuis qu'elle a été identifiée en tant que telle, la "classe ouvrière" a toujours été profondément divisée. A la fin du XIXe comme au début du XXe siècle, une partie du monde ouvrier s'identifiait plutôt à la droite, voire à l'extrême-droite. De plus, le film occulte complètement l'influence démocrate-chrétienne dans le milieu, influence concurrente de celle des marxistes (ceci expliquant peut-être cela). Enfin, les nouveaux bataillons d'électeurs populaires de l'extrême-droite ne proviennent pas uniquement du PC ou du PS. Il s'agit parfois aussi d'anciens électeurs de la "droite sociale". Le réalisateur est sur une ligne néo-marxiste, qui attribue au supposé renoncement des gouvernements de gauche le basculement de l'électorat ouvrier. Il sous-estime considérablement les évolutions sociétales, à commencer par le (relatif) embourgeoisement d'une partie de la classe ouvrière. Eh, oui ! Le niveau de vie des Français (classe ouvrière comprise) s'est élevé entre les années 1950 et le début du XXIe siècle... mais de cela les spectateurs ne sont pas informés.
Je ne vais pas m'éterniser mais ce film est une petite déception. Si l'on aime les images d'archives (souvent pas vues depuis des années), il mérite le détour. Sinon, on peut se passer d'une œuvre qui se conclut sur les gilets jaunes et la "convergence des luttes".