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vendredi, 18 août 2023

Blue Beetle

   Je ne connaissais pas ce super-héros de comic books, mais je me suis laissé tenté par un film d'action nourri d'humour et d'effets spéciaux.

   Cependant, le début est bourré de clichés, avec une famille de Latino-américains forcément haute en couleur... et limite cassos. On y est très croyant et les dialogues alternent l'anglais, l'espagnol voire un mélange des deux (le spanglish). Ça, c'est plutôt pas mal, mais les personnages sont caractérisés à la louche. La mère est assez autoritaire et protectrice, le père malade d'avoir travaillé comme un dingue toute sa vie, la grande-mère un peu zinzin va se révéler tenace... mais le pire vient du tonton blagueur et complotiste, agaçant et ridicule... et qui va prendre de plus en plus de place dans l'intrigue. J'ai finalement préféré les jeunes : le héros, Jaime, un garçon bien élevé, un chic type et sa sœur Milagros, un peu moins "politiquement correcte". Sans surprise, le héros va s'amouracher d'une bomba latina... qui, elle-même, n'est pas insensible à son charme. De ce point de vue-là, aucune surprise n'est à attendre.

   Le meilleur vient quand le fameux scarabée (d'origine extraterrestre) se réveille et choisit son nouvel "hôte"... et quand je dis « choisit », cela signifie « pénètre »... pas par les oreilles, ni les narines, ni la bouche... eh, oui ! Blue Beetle nous présente un cas unique, où le principal personnage masculin devient un super-héros par... sodomie ! Je dois dire que j'ai été agréablement surpris par ce détail croquignolesque, même si, sur le plan de la vraisemblance, c'est nul. Après être entré dans le corps de son hôte, le scarabée remonte... le long de sa colonne vertébrale, et non du tube digestif... le tout, sans provoquer le moindre saignement (mais quelques douleurs chez ce pauvre Jaime, toutefois).

   On rigole aussi franchement quand le scarabée se déconnecte de son hôte (tout en restant présent physiquement). Celui-ci, jusqu'alors recouvert d'une carapace protectrice, se retrouve tout nu, la première fois devant les membres de sa famille, qui ironisent sur une partie de son anatomie :

- Range-moi tes noisettes ! (dixit la grand-mère)

- On dirait qu'il a cinq ans ! (la sœur, je crois)

- C'est parce qu'il a très froid ! (le papa, compatissant)

   Quelques détails scabreux supplémentaires ont été insérés dans la suite de l'histoire, comme un vaisseau péteur (redoutable) et le début d'une érection chez le jeune homme quand il flirte avec sa bomba latina. On a donc tenté de mélanger l'esprit de Spider-Man avec celui de Deadpool (ou des Gardiens de la galaxie), mais en plus sage : c'est un divertissement tout public.

   Cet aspect est accentué par l'insistance mise sur la famille et ses supposées valeurs. On s'en prend des tartines, surtout quand l'un des membres décède. On assiste à un déluge de larmes, avec ralenti et gros plans. Je ne vous parle même pas des scènes d'au-delà, kitschissimes.

   Supplice supplémentaire, il faut (surtout dans la première partie) se farcir de la musique latino de supermarché, ainsi que des reprises en espagnol de tubes anglo-saxons (dont un de Michael Jackson). Si j'ajoute que l'on voit le jeune héros déambuler en bermuda-chaussettes-claquettes, vous aurez compris que l'ambiance est des plus raffinées.

   La film a quand même pour lui des effets spéciaux très corrects et des scènes d'action plutôt bien fichues. Le problème vient du fond. Même si les lieux sont fictifs, on comprend bien que les méchants sont les capitalistes nord-américains, incarnés par une femme blanche qui semble avoir tous les défauts. (Dans le rôle, on sent que Susan Sarandon est là pour toucher de quoi maintenir un train de vie dispendieux.) Déjà, dans Black Panther 2, on s'était rendu compte qu'Hollywood misait sur l'anti-occidentalisme et le dénigrement de personnages blancs (notamment féminins) pour vendre sa soupe au plus grand nombre. Warner-DC semble avoir pris le même virage que Disney-Marvel.

15:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 17 août 2023

Reality

   Le titre de ce film est à double sens. C'est le prénom du personnage principal (une nouvelle occasion de constater que certains parents ont le cerveau dérangé), une quête (celle des agents du FBI)... et le projet de la réalisatrice. En effet, les dialogues du long-métrage sont issus du rapport du FBI, plus précisément de l'enregistrement de l'interpellation de Reality Winner, suivie de la perquisition de son domicile et du premier interrogatoire.

   La mise en scène est un peu plus subtile que ce que laisse penser cette présentation. Elle alterne les séquences jouées (les plus nombreuses), les extraits de l'authentique enregistrement et la reconstitution de fragments du rapport écrit. S'y ajoutent quelques rapides retours en arrière (censés se passer dans la tête de l'héroïne). A signaler aussi une coquetterie visuelle (mais qui a du sens) : de petits effets spéciaux remplaçant les passages censurés du rapport, évoquant les détails les plus délicats de l'affaire. Toutefois, les spectateurs attentifs comprendront sans peine ce que l'on a voulu éviter d'ébruiter.

   Je conseille d'aller voir ce court film (1h20 environ) en en sachant le moins possible. L'un de ses attraits est de deviner ce qu'il y a dans la tête de Reality (remarquablement interprétée par Sydney Sweeney). Pour quelle raison le FBI la considère-t-il comme une personne digne d'intérêt ? Cette membre des forces armées serait-elle une suprémaciste blanche (dont le domicile compte autant d'armes que celui d'un de ses interrogateurs) ? Au contraire, aurait-elle été contaminée par l'idéologie islamiste (un Coran de luxe, abondamment annoté, ayant été trouvé à son domicile) ? Ne serait-elle pas plutôt une lanceuse d'alerte... ou alors, est-elle tout simplement un peu cinglée ?

   Le suspens dure grâce à l'ambiguïté du jeu de la comédienne, vraiment excellente (et très bien dirigée). La manière de procéder des enquêteurs ne nous aide pas non plus. Ils avancent pas à pas, précautionneusement, méticuleusement, tentant visiblement de d'abord mettre en confiance Reality, avant de dévoiler leurs cartes.

   L'histoire se divise en trois parties : d'abord l'interpellation (dans le jardin du domicile de Reality), à laquelle succèdent un long interrogatoire puis la séquence finale, en extérieur. Le dialogue du début, plein de sous-entendus, crée une ambiance étrange, accentuée par la mise en scène, qui adopte des prises de vue anguleuses. Cela culmine dans la deuxième partie, un huis-clos impressionnant, avec un petit bout de femme confronté à deux grands costauds, dans une pièce quasiment sans décor. A certains moments, on n'est pas très loin de David Lynch, je trouve.

   On finit par tout comprendre, par petites touches... même si, pour moi, la personnalité de Reality conserve une part de mystère. C'est passionnant. Un peu conceptuel certes, mais le film vaut vraiment le détour.

mardi, 15 août 2023

La Voie royale

   Il ne s'agit pas de l'adaptation d'un roman d'André Malraux, mais de la peinture de la "formation des élites". L'action ne se déroule pas au sein d'une de ces grandes écoles que le monde entier nous envie, mais, là où tout se joue en fait, dans une classe préparatoire scientifique, en province, dans l'un de ces lycées publics sélectifs qui ambitionnent de rivaliser avec certains établissements parisiens.

   Derrière la caméra se trouve Frédéric Mermoud, auquel on doit l'excellent Moka et, plus récemment la mini-série L'Île aux 30 cercueils. Sa mise en scène varie les plans, montrant aussi bien les groupes (qui jouent un rôle important dans le milieu décrit) que les duos, certains comédiens étant régulièrement filmés en gros plan.

   La brochette de jeunes acteurs constitue sans doute le principal atout de ce film. L'héroïne, Sophie, est incarnée par Suzanne Jouannet, qui confirme tout le bien que je pensais d'elle dans Des Choses humaines. C'est une fille de petits agriculteurs, douée en maths, sur le point de devenir "transfuge de classe". Boursière, elle se retrouve plongée dans un milieu (grand) bourgeois, celui de la classe prépa.

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   Une étrange amitié va se nouer avec la surdouée de la promo, Diane (assise à côté d'elle sur la seconde photographie d'illustration, ci-dessus), très bien interprétée par Marie Colomb. Du côté féminin, il faut aussi signaler la prestation de Maud Wyler (vue notamment Alice et le maire) en prof de physique pète-sec, dont l'apparente hyper-rigidité cache un humanisme que la comédienne parvient à faire passer, avec subtilité.

   Du côté des messieurs, plusieurs figures se détachent. Alexandre Desrousseaux incarne avec une pointe de jubilation le gosse de riche doué et sans complexe (un brin macronien sur les bords), tandis que Lorenzo Lefebvre (aperçu dans Délicieux) joue l'étudiant de seconde année (qui "cube"), plus sympa (mûr ?) que les autres, et qui tente de se rapprocher de Sophie. Je pourrais signaler aussi Cyril Metzger, qui incarne le frère de l'héroïne.

   La galerie de figurants est tout aussi convaincante. Cela, allié à une réelle qualité d'écriture, aide à camper une ambiance de prépa très réaliste, des séances de colle au travail en chambre, en passant par les discussions de couloir. Pour nuancer ce tableau très élogieux, je pourrais signaler quelques ajouts pas vraiment bien sentis, comme le coup des gilets jaunes (dont on comprend qu'il est mis là pour souligner le fossé qui sépare la vie de Sophie de celle de la plupart de ses camarades de promo).

   Bref, c'est bien conçu, bien interprété, prenant à suivre, avec quelques rebondissements. C'est l'une de ces bonnes surprises de l'été... et un bon film français sociétal, ce qui n'est pas si fréquent.

lundi, 14 août 2023

Yannick

   En ce quarantième anniversaire de la victoire de Noah à Roland-Garros, certains pourraient penser que Quentin Dupieux s'est soudain intéressé au tennis. Que nenni. C'est au théâtre (et, par mise en abyme, au cinéma) et à la "comédie sociale" que le cinéaste a consacré son dernier moyen/long-métrage.

   Alors que depuis Rubber (et jusqu'à Fumer fait tousser), je suis attentivement la carrière du réalisateur, j'ai un peu tardé à voir sa dernière œuvre, en raison notamment d'une bande-annonce pas du tout alléchante.

   Le début aurait eu tendance à confirmer mes craintes... à ceci prêt qu'il s'agit de la représentation d'une (mauvaise) pièce de boulevard, de surcroît pas très bien jouée. On se retrouve un peu dans la situation des spectateurs de Coupez ! Il faut commencer par supporter la première fiction, volontairement de mauvaise qualité, pour apprécier pleinement la suite du film.

   Ici, on ne revoit pas le début sous un autre angle... pour la bonne et simple raison que l'un des personnages (le spectateur intrusif) prend le contrôle de la salle et décide de réécrire la pièce ! Ce trublion est interprété (avec talent) par Raphaël Quenard, qui est un peu l'éléphant dans le magasin de porcelaine. Ce prolétaire autodidacte (conscientisé) remet en question non seulement les cultureux qui s'échinent sur scène, mais aussi les spectateurs parisiens, de classe moyenne. Il est donc question de "mépris de classe" dans ce film pas aussi innocent qu'il en a l'air.

   L'intrigue tient la route parce qu'en face, on a aussi de bons acteurs : Pio Marmaï et Blanche Gardin sont censés incarner des comédiens médiocres, mais l'on se rend compte, au fur et à mesure du film, que leur jeu est bien plus subtil que cela. Dupieux a particulièrement travaillé le personnage de l'acteur principal (P. Marmaï), ancien comédien prometteur, qui végète comme tant d'autres dans le "théâtre de consommation courante" parisien. Les seconds rôles (ceux des spectateurs de la salle) sont bien campés. Alors que le début nous met mal à l'aise avec les revendications du trublion armé, la suite renverse un peu la situation... avant que l'on nous montre la nouvelle pièce à l’œuvre. Elle serait finalement plus drôle que celle que le public était venu voir... et l'acteur principal y est plus convaincant qu'au début.

   On s'amuse (un peu) ; on réfléchit aussi (un peu). On passe un agréable moment... mais sans plus. L'histoire s'arrête assez vite. Dommage.

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vendredi, 11 août 2023

Un Coup de maître (France)

   De Rémi Bezançon, j'ai gardé un bon souvenir du Mystère Henri Pick (en 2019). Ici, la comédie douce-amère n'est pas mariée avec le polar, mais une plongée dans le monde artistique -plus précisément pictural- contemporain. (C'est l'adaptation française d'un film argentin sorti en 2019.)

   Presque toute l'histoire repose sur les épaules d'un duo d'acteurs : Bouli Lanners (en peintre doué, acariâtre et autodestructeur) et Vincent Macaigne (en galeriste cultivé, meilleur seul ami du peintre). La découverte progressive de l'intensité de leur relation amicale est l'un des plaisirs que réserve l'intrigue.

   La première partie dresse un portrait gentiment ironique du monde des arts, entre galeristes plus ou moins intègres, agents artistiques plus ou moins avisés, critiques plus ou moins honnêtes... et clients plus ou moins casse-couilles. J'ai lu des choses un peu sévères sur ce début (peut-être sous la plume de critiques qui n'ont pas apprécié la satire -légère- d'un milieu dont ils sont familiers... et qui n'est pas sans ressembler, parfois, à celui du cinéma). Je le trouve pourtant bien mis en scène et bien interprété, notamment par un Vincent Macaigne qui sort un peu de sa zone de confort. Sans surprise, Bouli Lanners est formidable en peintre has been (mais teigneux), ravagé par le décès de sa compagne.

   A partir du moment où commencent à se déployer les fils d'une arnaque, cela devient particulièrement savoureux... mais moins réaliste. Les péripéties s'enchaînent, montrant notamment le revirement des Importants, qui paraissent encore plus ridicules. On sent que les acteurs se sont pris au jeu. Les personnages secondaires sont eux aussi bien campés. Je craignais de m'ennuyer un peu. Ce ne fut pas le cas.

   Ce n'est certes pas le film de l'année, mais une comédie sympathique, qui tranche avec certaines bouses françaises sorties ces dernières semaines.

13:06 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 05 août 2023

En eaux très troubles

   Cinq ans après la sortie du premier volet, Jason Statham et les mégalodons sont de retour (dans l'attente, sans doute, d'un troisième volet, qui ne manquera pas d'être intitulé "En eaux très très troubles"...).

   L'acteur britannique laconique se fait presque voler la vedette par un comédien chinois (Jing Wu). Ce n'est pas que celui-ci fasse preuve d'un talent étourdissant... mais le film est une coproduction sino-américaine, qui vise clairement le public du "pays du milieu" (aucun des méchants n'est de type est-asiatique). A signaler que, dans la version française, on entend souvent parler le mandarin, le bilinguisme étant de mise dans ce long-métrage. (Il joue même un rôle important dans certaines scènes.)

   Avant de plonger dans un feu d'artifice d'action et d'effets spéciaux, il convient toutefois de ranger son cerveau au vestiaire. C'est indispensable pour "avaler" l'histoire de la survie d'un mégalodon, hors du monde des humains, pendant plusieurs millions d'années... Je ne vous raconte pas quand il y en a plusieurs !

   Je pense aussi que les spectateurs dotés d'un minimum de culture scientifique (notamment les océanographes) risquent d'être consternés par l'utilisation du terme "thermocline" (censée être une barrière infranchissable pour les habitants des profondeurs).

   Le début est assez entraînant. On voit Statham dans ce qu'il sait faire, l'homme d'action défendant une cause, avec un poil d'humour. Je laisse à chacun(e) le plaisir de découvrir comment, surnageant seul en plein océan, il va être secouru, après avoir démasqué des trafiquants...

   La suite emprunte à pas mal de films de genre, d'Abyss à Alien, en passant par Jurassic World et, bien sûr, Les Dents de la mer. (J'ai repéré des allusions aux numéros 2 et 3). Ayant vu le premier film (En eaux troubles, rediffusé ce dimanche sur TF1), je me demandais comment les scénaristes et le metteur en scène avaient pu construire une intrigue sur près de deux heures. A ma grande surprise, cela tient parfaitement la route.

   Jonas/Jason va être confronté à des trafiquants, des conspirateurs, un ancien adversaire hargneux, des mégalodons (trois !!), une gigantesque pieuvre, des dinosaures amphibies (petits, mais teigneux)... et une adolescente peu obéissante (mais tellement attachante)...

   J'ai vu cela sur un très grand écran, avec du bon son. C'est prenant, même si cela sera vite oublié. (Je pense qu'il faut s'attendre à une suite. Soyez attentifs dès qu'il est question du comportement des gros requins.)

18:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 04 août 2023

Détective Conan : le sous-marin noir

   Un an (en gros) après La Fiancée de Shibuya, voici donc une nouvelle adaptation du manga qui débarque sur le grand écran. Même si l'intrigue se suit sans qu'il soit nécessaire de connaître l'ensemble des aventures précédentes (d'autant que des rappels sont effectués en début de film), il peut être utile de regarder The Scarlet Alibi, un montage d'extraits de la série, qui présente les principaux personnages. (C'est disponible gratuitement -avec coupures publicitaires- sur le site MyTF1.)

   Cette enquête "multipolicière" fait intervenir les forces de l'ordre japonaises, mais aussi Interpol, le FBI, la CIA, le MI6... C'est donc presque davantage un film d'espionnage qu'un polar, comprenant de nombreux rebondissements.

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   Ces deux personnages sont Ai Haibara et Conan Edogawa, les héros au corps d'enfant mais à l'esprit d'adulte... ce que la majorité des autres ignore. Préserver leur secret est un enjeu important (ils sont censés être morts)... tout en luttant contre le crime organisé. Il est incarné par les redoutables "hommes en noir", qui semblent si puissants et qui portent tous un nom de code inspiré d'un alcool fort. L'identité de leur chef(fe) demeure un mystère...

   Parmi eux sont infiltrés des agents gouvernementaux, qui doivent se comporter en délinquants tout en informant leurs alliés, pour tenter de faire échouer certaines manigances.

   Les polices du monde entier pensent être sur le point d'inaugurer l'arme ultime dans la lutte contre les criminels : la "bouée du Pacifique", un gigantesque bâtiment semi-immergé, de forme circulaire, bourré de technologies, en particulier un tout nouveau programme de reconnaissance faciale, capable même de repérer un adulte à partir d'une photographie de lui enfant.

   Bien évidemment, les "hommes en noir" (qui sont aussi des femmes, soit dit en passant) s'intéressent à la chose, pour la détruire... ou en prendre le contrôle. Dans leur manche, ils ont un atout majeur : un membre infiltré au cœur du système policier.

   Nous voilà partis pour près de deux heures de tromperies, d'enlèvements, de poursuites, de surveillances, le tout entre communications cryptées, intelligence artificielle, smartphones, lunettes connectées, scooters sous-marins... et enfantillages. Cela convient au public enfantin (pas trop jeune toutefois : nos amis japonais n'édulcorent pas comme Disney) et les adultes, qu'ils soient (anciens) lecteurs du manga ou tout simplement amateurs de bons films d'animation. La qualité est au rendez-vous (elle a bien progressé depuis les premiers épisodes de la série télévisée) et la musique est sympa. Les personnages forment une distribution internationale (pratique pour les ventes à l'étranger) et les femmes ne sont pas confinées dans des rôles de pleureuse ou d'héroïne badass. Informaticienne, biologiste, policière côtoient des personnages plus traditionnels.

   J'ai passé un très bon moment... et je conseille de rester jusqu'à la fin du générique.

   P.S.

   A signaler, de la part d'un film japonais, un bel éloge du monde aquatique, en particulier des baleines à bosse.

21:38 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 30 juillet 2023

Le Manoir hanté

   Disney a sorti le chéquier (160 millions d'euros tout de même) pour vanter l'une des attractions de ses parcs, à travers une fiction qui se veut à la fois horrifique et amusante.

   Une chose est sûre : on voit le pognon à l'écran, à travers les décors et les effets spéciaux, très tape-à-l’œil. On pense évidemment à La Nuit au musée (avec Ben Stiller), à ceci près que ce film-ci (et ses suites) sont beaucoup plus drôles.

   Les cinquante premières minutes se traînent. La découverte du manoir par une mère et son enfant accumule les clichés. La maman (Rosario Dawson, qui a sans doute des impôts à payer) est dynamique, mais l'on nous fait rapidement sentir le poids de l'absence du père (sur les épaules du fiston en particulier). La découverte des habitants non officiels de la demeure n'est même pas drôle... et guère effrayante.

   Le poids du deuil s'accentue avec l'autre personnage principal, un ancien physicien très doué devenu guide touristique. On comprend très vite quel drame a flingué sa vie... et risque de menacer celle de son entourage, au manoir. C'est vraiment surligné au feutre fluorescent.

   La distribution comprend aussi une voyante à moitié compétente (interprétée par une actrice qui fait regretter l'absence de Whoopi Goldberg), un vrai-faux pasteur (Owen Wilson, qui cabotine un max) et un chercheur un peu casse-couilles (Dany DeVito, sorti de l'EHPAD pour l'occasion). La seule bonne surprise est l'apparition (au propre comme au figuré) de Jamie Lee Curtis en médium victime d'une malédiction... un peu fofolle sur les bords.

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   Le film ne décolle vraiment qu'au cours d'une séance de spiritisme, qui voit l'un des personnages "sortir" de son corps. Il évolue dans le château, dans un état second, et voit tout ce qui échappe aux humains normaux, au quotidien.

   La suite est plus ou moins entraînante, correctement mise en scène, mais assez convenue, sur le fond. On a déjà vu mieux ailleurs... et l'on se demande si Disney n'aurait pas plutôt dû produire un film d'animation sur le sujet.

09:59 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 28 juillet 2023

Parle à ma main...

   C'est le titre qu'aurait pu porter ce petit film d'épouvante australien, intitulé La Main dans la version française, mais Talk to me en version originale. Cette formule joue un rôle clé dans l'intrigue, puisque, pour entrer en contact avec un esprit, il faut serrer la fameuse main et lui demander de parler (puis d'entrer en soi).

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   Vous aurez remarqué qu'il s'agit d'une main gauche, la main déviante, pas celle de Dieu, plutôt celle des esprits malins... On n'en saura guère plus sur elle, ni sur la signification des inscriptions qui la recouvrent. (Peut-être dans un opus n°2 ?)

   Mais, avant d'en arriver là, on est saisi par une fort belle ouverture, sous la forme d'un plan-séquence de deux-trois minutes, qui se conclut de manière doublement frappante...

   Une ellipse nous transporte du côté d'une banlieue de classe moyenne, où des jeunes de 16-20 ans (un peu à l'image du public de la salle, moi excepté) se réunissent pour participer à des expériences "limites"... hors de portée du regard des parents, bien entendu. Ces derniers semblent peu présents dans la vie de leurs enfants. Ce sont globalement des emmerdeurs... et des pourvoyeurs d'argent, qui permettront à leur progéniture ingrate de se procurer smartphone, habits moches (et chers)... et de quoi se défoncer la gueule. Dans cette perspective, les expériences avec la main apparaissent comme un substitut à la consommation de drogue.

   Sans surprise, une grande partie de ces ados est assez antipathique. Tous les personnages (sauf un) sont taillés  la hache. On ressent rapidement l'envie qu'il leur arrive des choses tristes... ce qui ne va pas manquer, grâce à la main.

   Du côté des effets spéciaux, c'est réussi, sans esbroufe. J'y vois un peu de numérique mais, assez traditionnellement, beaucoup de maquillage et de prothèses. Le résultat est convaincant, sans que cela soit réellement effrayant. C'est plutôt gore... de plus en plus même au fur et à mesure que l'histoire progresse (à mon grand plaisir). Les djeunses qui peuplaient la salle où je me trouvais ont été scotchés sur leur siège. (Le film étant interdit aux moins de seize ans, j'ai aussi pu échapper aux hordes de collégiens mal élevés.)

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   Une comédienne sort du lot : Sophie Wilde, qui incarne Mia. Ce n'est pas le personnage principal au départ, mais elle va le devenir. Quand on fait le bilan de tous les états par lesquels passe ce personnage, on ne peut que saluer la performance d'actrice.

   L'intrigue allie l'hyper-classique et des efforts d'originalité (assez modestes toutefois). Du côté du classique, il y a la croyance en un au-delà dangereux, le conflit / l'incompréhension entre parents et enfants, le désir de transgression des jeunes. Ceux-ci vont bien évidemment faire de grosses bêtises et ne pas accomplir les gestes qu'il faut pour se sortir du pétrin.

   Dans ce collier de perles de pacotille, l'attitude d'une mère tranche agréablement. Elle a tendance à parler vertement, signalant à sa fille aînée qu'elle voit d'un mauvais œil qu'elle sorte le soir avec ce Daniel qui, rappelle-t-elle, « possède une queue ». Plus tard, quand elle trouve celui-ci dans la chambre de sa fille, elle lui signifie que le vagin de celle-ci lui est formellement interdit... J'ai aussi bien aimé son expression, quand elle entre dans une pièce où se trouvent son fils cadet, le meilleur ami de celui-ci et la chienne de la famille, une femelle bouledogue à l'hygiène approximative... la maman se demandant à voix haute si l'odeur pestilentielle dans laquelle baigne la pièce n'émanerait pas plutôt du copain de son fils ! (Je crois que je fus le seul spectateur de la séance à rire à ces moments croustillants...)

   Comme tout bon film d'épouvante, celui-ci contient un message moral. On peut y voir la condamnation d'une manière d'utiliser les réseaux sociaux et du manque d'empathie de certains jeunes envers les autres.

   Les vingt dernières minutes sont les plus rythmées. Au cours de celles-ci, on réalise (plus ou moins tôt selon son degré d'attention) qu'une supercherie est à l’œuvre, depuis un petit moment déjà. L'un des personnages ne le comprend que trop tard, mais parvient tout de même à déjouer l'une des manigances. Le film s'achève sur une très bonne séquence, décalée, qui perturbe celles et ceux qui n'ont pas encore saisi le fond de l'histoire, le dernier plan (joliment fait), sous forme de pied de nez, donnant l'explication.

   Cela ne dure qu'1h30 et c'est le genre de petit plaisir (à l'image de [Rec] ou d'Escape Game) qu'on peut s'offrir l'été.

14:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 25 juillet 2023

Oppenheimer

   Il y a trois ans, en pleine pandémie de covid, Christopher Nolan et ses producteurs avaient fait le choix de sortir Tenet en salles. Le risque avait été (relativement) payant puisqu'avec un peu plus de 2,3 millions d'entrées, le film avait fini en tête du box-office français de l'année (certes un peu sinistré).

   Tout cela pour dire que les œuvres de Nolan, aussi cérébrales soient-elles (parfois), sont faites pour être vues dans une salle obscure. Oppenheimer ne fait pas exception à la règle. C'est d'ailleurs l'une des grandes réussites du cinéaste que d'être parvenu à rendre passionnante une épopée au cœur de laquelle se trouvent les sciences physiques... et d'en avoir fait un polar de trois heures, qui tient amplement ses promesses. Bon d'accord, l'enjeu politique (la rivalité avec les nazis, eux aussi lancés dans la course à l'arme atomique) n'est pas sans pimenter l'intrigue. L'ambiance de pré-Guerre froide (les alliés bolcheviks étant déjà perçus comme les adversaires de demain) ajoute une touche d'espionnage pas déplaisante du tout.

   Deux catégories de scènes nous sont proposées. C'est paradoxalement en noir et blanc que l'on voit les plus récentes (celles qui se déroulent dans les années 1950, en plein maccarthysme), alors que la couleur est réservée aux années 1930-1940... mais c'est la partie la plus vivante, le cœur de l'histoire, avec le plus de chair (et de neurones).

   Les interprètes sont excellents. Cillian Murphy s'est parfaitement coulé dans le personnage, qu'il ne cherche pas à rendre plus sympathique qu'il n'était... et c'est tant mieux. Par moments (l'orientation sexuelle mise à part), j'ai pensé à Benedict Cumberbatch en Alan Turing, dans Imitation Game, film qui n'est pas sans rapport avec celui-ci. On pourrait aussi rapprocher Oppenheimer d'un autre héros américain,  Neil Armstrong, tel qu'il est dépeint dans First Man : lui aussi a pu s'appuyer sur une épouse brillante, qui avait suivi des études universitaires et qui a sacrifié ses aspirations professionnelles pour soutenir la carrière de son mari.

   Ici, c'est à Emily Blunt qu'échoit ce rôle ingrat, celui d'une intellectuelle libre dans sa jeunesse, qui finit par se cloîtrer à Los Alamos avec deux gosses dont elle a du mal à s'occuper. Dommage que le personnage ne soit pas plus creusé.

   Les autres seconds rôles (le film étant tout à la gloire d'Oppenheimer) sont incarnés par une pléiade de talents, de Jason Clarke (excellent dans la peau d'une enflure) à Matt Damon (crédible en ours mal léché), en passant par Florence Pugh (la plus belle communiste que j'aie jamais vue...), Rami Malek (important sur la fin), Josh Hartnett (curieusement bon en scientifique conformiste) et Robert Downey Jr (qui ne pouvait qu'incarner un type un peu magouilleur sur les bords)...

   La mise en scène s'est évertuée à représenter ce qui se passait (parfois) dans la tête du physicien... en liaison avec ce qui passe au niveau atomique, lors d'une réaction. Cela donne des plans très léchés, soutenus par une musique appropriée... mais je ne suis pas sûr que ce dispositif aura permis aux spectateurs lambdas de mieux comprendre le fonctionnement d'une bombe atomique.

   Mis à part ces aspects scientifiques ardus, le film est relativement limpide. On a visiblement voulu éviter de tomber dans les excès de Tenet... mais, du coup, je suis un peu déçu. Nolan nous livre une brillante fresque historique, engagée (à gauche), mais il y perd un petit peu son art de nous transporter dans des univers inédits.

 P.S.

   Pour en savoir plus sur l'histoire de la bombe atomique, je recommande à nouveau la lecture du roman graphique La Bombe, que j'avais chroniqué en août 2020.

vendredi, 21 juillet 2023

Barbie

   C'est dans une salle copieusement garnie (malgré la V.O.) et composée presque exclusivement d'un public féminin (de tout âge) que j'ai vu cet étonnant film, mélange de comédie sirupeuse et de discours féministe.

   Le début est engageant, avec la parodie d'une scène de 2001, L'Odyssée de l'espace. (Je me demande toutefois quel pourcentage des spectateurs a compris l'allusion.) Sur le fond, c'est contestable : présenter l'invention de la poupée Barbie comme une conquête féministe me rappelle le slogan d'une entreprise française d'électroménager, qui prétendait que ses produits libéraient la femme.

   Après ce moment d'audace (limitée), on nous plonge dans le monde merveilleux (et rose, très rose) de Barbie Land, où tout est organisé pour faire de la vie des "poupées" (les jolies jeunes femmes) un rêve éternel. Au second degré, c'est assez savoureux, surtout quand on découvre le rôle attribué aux hommes. Voilà donc Ryan Gosling (après des heures passées sur le banc de muscu) relégué au rang d'objet sexuel (asexué) consentant.

   C'est drôle... et malin. Cela peut aussi bien convenir à celles (et ceux ?) qui trouvent cet univers réjouissant (et regardent donc cela au premier degré) qu'à ceux qui y voient une critique ironique.

   Hélas (ou plutôt heureusement), cette belle mécanique du bonheur factice va s'enrayer. Du coup, Barbie et Ken s'embarquent pour le monde réel, celui des propriétaires de poupées... et des concepteurs de Barbie.

   Le trajet est trop rose et sucré à mon goût... sans parler des chansons. Il y en a bien une ou deux avec des paroles intéressantes (dont une qui détourne celles de la chanson du début) mais, globalement, cela m'a plutôt cassé les tympans.

   L'intérêt remonte dans le monde réel, pour deux raisons. Tout d'abord, il y a la description du fonctionnement de la multinationale Mattel, évidemment exagéré (et laissant de côté certains aspects peu reluisants, ce qui permet à la firme de valider le film et de se donner, en passant, une bonne image)... et la découverte par Ken d'un monde dirigé par les mecs. Gosling excelle à nous faire ressentir à quel point le mâle frustré kiffe la life à ce moment-là. Il a la bonne mauvaise idée de rapporter les préceptes du patriarcat dans Barbie Land... avec des conséquences que je laisse à chacun(e) le plaisir l'horreur de découvrir.

   Ce retournement est une excellente idée scénaristique, puisqu'il va donner lieu à la peinture d'un nouvel univers patriarcal (complémentaire du premier, en fait)... et à l'éclatement d'une véritable guerre civile... mais du genre flashy. La manière dont les "poupées", tombées en servitude, vont redresser la situation, vaut son pesant de paillettes.

   Ce film contient aussi quelques beaux passages, un peu hors du temps, sans tout le tralala qui enrobe l'intrigue. L'un de ces moments voit l'héroïne discuter avec une dame âgée, à un arrêt de bus. Un autre voit l'intervention d'une autre mamie, qui a un lien avec l'univers de Barbie. Il y a aussi tout ce qui touche à la relation entre Barbie et sa véritable propriétaire, qui n'est pas celle que l'on croit. Mais le véritable morceau de bravoure est la diatribe féministe (propre à remobiliser les troupes), qui n'est pas déclamée par Barbie. (Margot Robbie laisse de l'espace à d'autres comédiennes dans ce film.)

   Du coup, je suis sorti de là plutôt content. C'est une bonne comédie et, en dépit de ses limites, le fait que le film serve un discours féministe (les femmes doivent pouvoir être maîtresses de leur destin) au grand public est une bonne chose. De surcroît, à la fin, les personnages ont évolué. Si le patriarcat est définitivement rejeté (dans Barbie Land), il n'est pas remplacé par un matriarcat strict. Le film ne fait pas l'apologie d'un féminisme séparatiste ou exclusif, mais plutôt d'une nouvelle forme de "vivre ensemble" pour les femmes et les hommes.

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jeudi, 20 juillet 2023

Les Meutes

   Récompensé cette année au Festival de Cannes, ce film marocain (coproduit par la France et le Qatar) est un nouveau prétendant au titre de « polar de l'été ». Il n'est d'ailleurs pas sans point commun avec son principal concurrent,  Dernière nuit à Milan, dont l'action elle aussi est concentrée entre le crépuscule et l'aube.

   Si le titre fait allusion à des chiens, que l'on voit brièvement impliqués dans des combats illégaux, c'est bien d'humains (et d'humanité) qu'il s'agit dans ce film. Les deux héros sont un père et son fils. Le premier est une petite frappe, récemment sortie de prison. A son visage et à son élocution difficile, on devine qu'il a dû consommer pas mal de substances bizarres dans sa vie. Son épouse semble l'avoir quitté et il vit chez sa mère. Le fils est déterminé à ne pas suivre les traces de son père. Il est honnête et droit, veut gagner sa vie légalement, même si le travail précaire qu'on lui propose est mal payé.

   Un soir, le père embarque le fils pour un « boulot facile », une mission bien payée, censée durer moins d'une heure... mais qui va s'éterniser. Un peu comme la jeune mère iranienne de Juste une nuit, les deux compères vont accumuler les emmerdes et les déconvenues, et ce dès le début de leur mission, qu'il vont accomplir dans une vieille guimbarde rouge vif (une couleur qui porte malheur, nous dit-on), dont le fonctionnement devient de plus en plus aléatoire.

   Nous voilà donc embarqués dans un véritable périple dans et autour de Casablanca... mais pas la ville de carte postale, celle prisée des touristes. Non. En suivant Hassan (le père) et Issam (le fils), on croise une ribambelle de personnages hauts en couleur : un chef de bande aux dents métalliques, un petit propriétaire terrien qui utilise un engrais particulier pour "soigner" ses figuiers, le mystérieux occupant d'une station-service désaffectée, un policier amateur de figues, un vieux pêcheur alcoolique... Toutes ces rencontres sont fort bien mises en scène. On ne sait jamais comment la séquence va se dérouler. C'est d'autant plus remarquable que la majorité des acteurs sont non-professionnels (à commencer par celui qui incarne le père).

   L'intrigue a aussi l'intelligence de faire évoluer les deux personnages principaux, ceux du père et du fils. Au départ, le premier mène la danse et entraîne le second dans ses embrouilles. A partir d'un moment, quand tout part en sucette, le fils prend les choses en mains... et c'est le moment que son choisit le père pour exprimer des réserves. Voilà qu'il aurait des scrupules ! Même si le ton n'est pas à la comédie, certaines situations sont assez savoureuses.

   L'atmosphère est très bien rendue, avec une belle photographie (pas aussi léchée par exemple que dans Limbo, mais elle convient parfaitement à l'intrigue). C'est filmé le plus souvent en plan serré et en gros plan, avec une caméra fixe ou à l'épaule (un peu à la façon des frères Dardenne, mais en moins "épileptique").

   Cela dure 1h30 et j'ai été pris du début à la fin, même si la première scène, autour du combat de chiens, n'est pas la mieux jouée ni la mieux montée. On y découvre le chef de bande (pas totalement convaincant) et, surtout, son rival, interprété par un type qui parle peu mais qui dégage vraiment quelque chose. De surcroît, l'ambiance est déjà très tendue, sans effet sonore ou visuel particulier. On a là un réalisateur et scénariste de talent, Kamal Lazraq, qu'il faudra suivre.

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mercredi, 19 juillet 2023

Sisu - De l'or et du sang

   Sorti il y a un mois, ce film américano-finlandais avait été signalé par une autre blogueuse cinéphile (Pascale). Il a mis du temps à arriver en Aveyron. J'ai pu accéder à une séance en version originale sous-titrée... pour constater que tous les personnages, allemands comme finlandais, parlent anglais (avec divers accents)... sauf à la fin.

   Au départ, il s'agit d'un mélange de film de guerre et de western. Les paysages finlandais sont superbes, le chercheur d'or mutique, rugueux à souhait, entre son cheval et son chien docile.

   Les Finlandais partagent avec les Polonais et les Baltes (Estoniens, Lettons et Lituaniens) le triste privilège d'avoir été successivement envahis par les Soviétiques et les Allemands. En 1944, le héros a perdu toute sa famille, massacrée par les troupes de Staline, mais leurs successeurs nazis n'ont rien à leur envier en matière de cruauté. Pas de bol pour eux, ces SS Totenkopf (ou ce qu'il en reste, vu la troupe débraillée qui sillonne le nord de la Finlande) croisent la route d'un ancien commando, sans peur, sans reproche... et sans pitié.

   Quand on sait que le film va nous offrir de belles scènes d'explosion, d'éviscération et de démembrement, on se dit que cela commence doucement, dans ces terres de solitude, où le ciel semble si bas. Le héros a perdu femme et enfants, ne croit plus guère en la patrie... mais il trouve de l'or ! Un paquet d'or, qui va susciter bien des convoitises.

   J'ai aimé ce démarrage en douceur et la progressive montée en tension,  la première baston n'intervenant pas au moment que l'on pense... mais quand cela surgit, quel régal ! Il y a du Tarantino dans la manière dont ce guerrier dézingue une compagnie de SS : des fantassins, des motards, des aviateurs... jusqu'aux occupants d'un char.

   Au passage, il contribue à libérer une brochette de femmes, butin de guerre des ordures nazies. Les meufs prouvent rapidement qu'elles ont les ovaires solidement arrimés : elles vont participer au massacre.

   On se laisse gentiment porter par cette sauvagerie libératrice jusqu'à la séquence du lac, où, là, l'irrationnel commence à l'emporter. Le héros rebelle se mue en esprit vengeur quasi invulnérable, qui survit à toutes ses blessures et peut même se passer de respirer. La mise en scène est toujours aussi jouissive, mais le film perd en vraisemblance. C'est dommage.

   Du coup, j'ai été un peu déçu par la dernière partie, la séquence en avion cumulant les impossibilités (au niveau du scénario comme de la mise en scène). Cela reste spectaculaire, mais la saveur particulière du début a disparu.

15:12 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 15 juillet 2023

Limbo

   Dans une métropole d'Asie orientale, des crimes horribles sont commis contre des jeunes femmes. La traque est menée par un duo de policiers mal assortis : un jeune, rigoureux, adepte de méthodes "à l'américaine" et un plus âgé, plus expérimenté, plus tourmenté... et moins scrupuleux vis-à-vis du règlement...

   ... Cela ne vous rappelle rien ? Mais si, bien sûr ! Memories of murder, de Joon-Ho Bong (récompensé par la suite pour Parasite). Ce petit bijou de polar en a déjà inspiré d'autres, coréens comme The Strangers, chinois comme Une Pluie sans fin.

   Là aussi on s'en mange, de la pluie. Au début, au milieu, à la fin, par dessus, par dessous, quand y a meurtre, quand y a pas meurtre... ce qui ne facilite pas la tâche des enquêteurs, qui ne pensent jamais à se munir de parapluie (ni à se servir d'un objet de substitution pour se préserver de l'eau). Ils en sont encore à présenter des photographies d'identification sur papier (alors que les spectateurs des scènes de crime filment tout sur smartphone)... Bref, on se fout un peu de notre gueule.

   Je reconnais toutefois que c'est plutôt bien filmé, très bien photographié... mais pas très bien joué/dirigé. Trop d'emphase, de clichés, de cris, de pleurnicheries. La crasse, la dégueulasserie, ça ne me dérange pas... même si personne en Chine, encore moins à Hongkong, n'imagine des quartiers de la ville aussi sales. (Cela a été exagéré pour le film.) Les acteurs ont tendance à en faire des caisses, avec cependant la prestation de Yase Liu à sauver. Vu ce qu'on lui demande de faire, la jeune actrice fournit de louables efforts et contribue à rendre l'intrigue intéressante à suivre.

   Mais, trop souvent, un problème de vraisemblance se pose. Cela commence par ces femmes sans-abri qui toutes ont une dentition exceptionnelle. Cela continue avec des coïncidences qui n'en sont pas (mais dont le réalisateur a besoin pour tenter de mener son histoire à son terme). Il y a surtout ce tueur insubmersible, capable de défoncer deux flics vigoureux, alors qu'il s'est déjà pris un tournevis dans le poumon gauche, un éclat de verre dans le bide et un autre dans le dos. Je ne vous parle même pas des coups qu'il a reçus...

   Cela donne un film pas indigne, pas désagréable à regarder, mais qui a été un poil survendu et finit par devenir agaçant.

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vendredi, 14 juillet 2023

King Kong (1933)

   C'est un débat de cinéphiles : quelle version du film King Kong est la meilleure ?... étant entendu que la dernière, le Skull Island de Jordan Vogt-Roberts, pour spectaculaire qu'elle soit, ne figure pas en haut du podium. La discussion oppose généralement les partisans (plus nombreux) de Peter Jackson (auteur de la version de 2005) à ceux de John Guillermin (auteur du film sorti en 1976, avec Jessica Lange). Mais certains puristes estiment que c'est la version d'origine, datant de 1933, qui est la plus belle.

   ... et ça tombe bien, parce que c'est celle que j'ai (re)vue récemment, à la Cinémathèque de Toulouse. La programmation estivale de ce temple de la cinéphilie propose des séances en plein air, à 22 heures, le même film étant rediffusé le lendemain, dans la grande salle, à 19 heures. (Hier soir, il y avait un monde fou pour le Manhattan de Woody, projeté évidement en version originale sous-titrée.)

   En caisse, on prévient le public de ne pas s'inquiéter du début, les premières minutes n'étant constituées que d'une musique de fond, sur un écran noir. (Cela correspond peut-être au générique, qui semble avoir été perdu, tout comme l'une des scènes du film, avec une araignée géante.)

   Le contexte de départ est intéressant. Le film a été tourné en 1932, alors que les États-Unis sont en pleine Dépression. La future héroïne vit seule, sans emploi, affamée. Un réalisateur ambitieux (réputé pour ses "films de jungle"), désirant faire un coup, l'embauche pour une mystérieuse expédition, devant donner naissance à un long-métrage.

   Les spectateurs du XXIe siècle seront peut-être un peu irrités par la caractérisation du principal personnage féminin. Fay Wray incarne une jolie blonde, qui s'amourache facilement d'un officier de marine (qui a un petit côté Harrison Ford) et passe l'essentiel de la seconde partie du film à crier. De surcroît, dans les dialogues, on entend certains personnages masculins dire tout le mal qu'ils pensent des femmes, dans la vie, sur un tournage ou sur un bateau. Au moins l'un d'entre eux va (un peu) changer d'opinion...

   Quand l'équipage débarque sur l'île mystérieuse, marquée par la présence de "la montagne du crâne", on ne s'étonnera pas de la manière dont sont représentés les "sauvages" à la peau sombre et aux cheveux crépus. C'est conforme aux mentalités occidentales de l'époque. Ceci dit, dans le film, l'équipage fait preuve d'un certain respect vis-à-vis des "indigènes". De plus, à un moment, alors que les hommes armés pourraient perpétrer un massacre, ils se contentent d'effrayer les habitants de l'île.

   Je pense que le scénario se veut progressiste. Dans les scènes se situant à New York, il montre notamment les écarts de richesse. Ainsi, quand "la bête" est ramenée aux États-Unis, le billet d'entrée pour le spectacle de son exposition coûte 20 dollars de l'époque, ce qui pourrait correspondre, en terme de pouvoir d'achat, à 350-400 euros d'aujourd'hui ! (Pendant ce temps-là, à deux rues de là, des gens sont au bord de la famine...)

   On peut même y voir une dénonciation indirecte du racisme : quand elle apprend qu'au lieu d'une séance de cinéma, elle va assister à la présentation d'un gigantesque gorille, l'une des spectatrices, en tenue de soirée chic, s'exclame : « Un gorille ! On en a déjà bien assez dans nos rues ! » Vu ce que devait représenter le prix d'une place de cinéma en cette période de crise, les auteurs du film ont pris le risque de prendre une partie de leur public à rebrousse-poil... tout en confortant les clichés sur les "indigènes" des îles. Voilà de quoi gagner sur les deux tableaux.

   Mais revenons à nos moutons monstres. Il n'y en a pas qu'un sur l'île. Une fois la belle et blonde actrice enlevée par le grand singe, les hommes partis à sa recherche vont croiser un stégosaure... et un petit cousin de Nessie. Pendant ce temps-là, King Kong doit défendre sa nouvelle dulcinée contre les appétits d'un tyrannosaure, puis d'un serpent géant, enfin d'un ptérodactyle.

   C'est le moment d'évoquer les effets spéciaux. Ceux du film sont à la pointe de ce qui se faisait à l'époque... même si cela fait sourire une partie du public. Les réalisateurs sont parvenus à insérer des personnages et des objets dans une image déjà tournée et ils ont aussi composé certaines scènes avec deux plans différents, qui ont été juxtaposés. Quant aux grosses bébêtes, ce sont des poupées filmées image par image. (Seuls la tête, une main et un pied de Kong ont été fabriqués en très grand format.) Cela a dû demander un travail de fou. Au début, on trouve évidemment cela maladroit. Mais, quand les scènes de combat surviennent, on se prend à apprécier le soin du détail... et quelques traits d'humour, comme lorsque le gorille, après une lutte acharnée, vérifie (de manière cocasse) que le tyrannosaure est bien mort !

   Plaisante aussi est la séance d'effeuillage pratiquée par Kong sur sa nouvelle "conquête" (passage qui fut jadis censuré, avant d'être réintroduit lors de la réédition du film). Les animateurs parviennent à nous faire comprendre le plaisir qu'éprouve le primate à renifler les vêtements de l'actrice... peut-être parce qu'ils exhalent un parfum délicieux... à moins que ce ne soit la transpiration de la jeune femme (qui s'est beaucoup démenée durant les heures qui ont précédé) qui excite le gorille. (J'ai toutefois préféré les interactions entre le Kong de 1976 et Jessica Lange, à mon avis meilleure actrice que Fay Wray.)

   L'une des meilleures séquences reste la mythique bagarre sur l'Empire State Building (parfois attribuée à tort au remake de 1976, qui s'achève lui au niveau des Twin Towers du World Trade Center, inaugurées trois ans auparavant). J'ai beau avoir vu cette fin sous différentes formes quinze à vingt fois, eh bien, j'ai encore été ému. Le grand singe de la forêt, transporté dans la jungle urbaine new-yorkaise, découvre que les armes des petits hommes peuvent lui faire très mal... et le priver de son amour.

   Ce film-ci, comme les autres, pose une question fondamentale : qui est le plus monstrueux ?

23:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire

mercredi, 12 juillet 2023

Mission : impossible - Dead Reckoning I

   Les diptyques sont de saison. Le dernier Harry Potter avait relancé la mode, il y a une douzaine d'années. Récemment, on a eu droit au premier volet des Trois Mousquetaires, à celui du dernier (?) Fast & Furious et de Spider-Man dans le Multivers. C'est un risque industriel considérable, compte tenu des coûts de production de ces films (200 à 300 millions, pour les blockbusters américains)... mais il y a peut-être un joli pactole à la clé.

   Donc, cinq ans après Fallout (visible pendant encore quelques jours sur le site de M6... mais c'est nettement moins bien qu'au cinéma) débarque la première partie d'un double épisode censé clore la franchise. Je sors d'une avant-première et force est de constater que j'ai eu droit à un feu d'artifice d'action, de cascades et d'humour.

   Cela commence sous la mer, un peu façon 2001, L'Odyssée de l'espace. Je n'en dis pas plus, parce que chaque séquence nous réserve des surprises, en plus d'être souvent fondée sur la mise en œuvre de supercheries. (Au passage, je signale que, dans la version originale, les Russes s'expriment dans leur langue et sont sous-titrés, alors que la version doublée fait parler tout le monde dans la langue de Molière, mais avec des accents. Les spectateurs français ne sont quand même pas plus cons que leurs homologues anglo-saxons !)

   On est ensuite transporté dans la péninsule arabique, du désert à un gigantesque aéroport émirati... Est-il besoin de signaler qu'Abou Dhabi a cofinancé le film ? (Petit clin d’œil à Protocole fantôme.) C'est spectaculaire, drôle, avec une utilisation intelligente de la technologie (qui est d'ailleurs un peu tournée en dérision).

   J'ai aussi beaucoup aimé la scène à huis clos, avec les dirigeants de plusieurs services de renseignement. On se doute bien que cela risque de mal tourner mais, franchement, on est doublement surpris (encore plus par la chute, je trouve).

   La partie italienne est magnifiquement réussie, peut-être encore mieux à Rome qu'à Venise. La poursuite en voitures est une pure merveille, mêlant action et humour. C'est aussi l'occasion de délivrer certains messages, le démarrage du véhicule de secours pouvant passer pour la métaphore d'un premier rapport sexuel décevant (pour un couple en formation).

   Cela m'amène à une autre grande réussite de ce film : la distribution féminine.

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   C'est avec grand plaisir que j'ai retrouvé la délicieuse, la piquante Ilsa, alias Rebecca Ferguson (en haut à gauche), ex-agent du MI6 qui en pince pour le héros... mais n'a (presque) jamais besoin de lui pour survivre. Autre revenante : Vanessa Kirby (en haut à droite), une vilaine fille qui elle aussi trouve Ethan Hunt très à son goût... C'est quand même cool d'être le producteur des films dans lesquels on joue !

   Deux nouvelles viennent pimenter l'intrigue. En bas à droite se trouve la méchante Paris (Pom Klementieff, connue pour sa participation aux Gardiens de la galaxie). J'ai gardé pour la fin la révélation de cet épisode, Hayley Atwell (ex-Peggy Carter chez Marvel, qui avait eu droit à sa série télévisée), qui interprète une voleuse aussi charmante que coquine.

   Toutefois, aussi séduisantes et dynamiques soient ces dames, le patron reste Tom Cruise, dont le personnage domine clairement l'intrigue. Elles succombent toutes plus ou moins à son charme et l'on sent, du côté du scénario comme de la mise en scène, qu'il n'est plus question que l'acteur se fasse voler la vedette comme naguère dans Rogue Nation (par Rebecca Ferguson, déjà) ou Edge of tomorrow (par Emily Blunt). Le choix répété de Christopher McQuarrie (derrière la caméra) rassure l'acteur Tom Cruise, qui a ses habitudes avec lui... et évite de le mettre en concurrence avec un réalisateur plus charismatique (comme l'étaient John Woo ou JJ Abrams).

   Le résultat est assez épatant, notamment sur le plan visuel, avec toujours une chouette musique en soutien. La lutte amorcée contre une diabolique intelligence artificielle se conclut (provisoirement) par une époustouflante séquence en train, qui ferait presque passer celle du dernier Indiana Jones pour de la gnognote, c'est dire.

   Quand je pense qu'il va falloir attendre presque un an pour voir la suite !

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mardi, 11 juillet 2023

Il Boemo

   Ce "Bohémien" (Tchèque en fait) est Josef Lysmevecek Mystikvelek Myslivecek, un compositeur aujourd'hui inconnu du grand public, mais qui fut pourtant l'un des plus célèbres de son temps, dans les années 1760-1770. Ce biopic partiel nous présente les vingt dernières années de sa vie, principalement en Italie.

   Le fil met l'accent sur plusieurs aspects. L'un des principaux est constitué de ses relations avec les femmes, celles de la grande bourgeoisie et de la noblesse (qui jouent le rôle de mécène ou d'égérie), mais aussi les chanteuses. Le musicien étant grand et bien fait de sa personne, il suscite la convoitise des épouses mal mariées et, globalement, des femmes en quête d'aventure. Pour croustillantes que soient certaines scènes, c'est pour moi le versant le moins intéressant de l'histoire. Cela manque de passion, de mouillure, de bandaison ! (Pourtant, les actrices italiennes sont formidables !)

   En revanche, j'ai été sensible à l'aspect musical. Je n'ai pas l'oreille absolue, loin de là, mais j'ai senti comme une ressemblance entre les œuvres du héros et celles de Mozart, que l'on croise d'ailleurs (enfant) dans le film. Cela donne lieu à une scène sidérante (très bien interprétée par le jeune Philip Hahn, un petit prodige du piano) : celui-ci commence par rejouer un air de son aîné, avant de le prolonger et d'improviser dessus !

   J'ai aussi aimé l'arrière-cour du monde de la musique classique, dans les principales villes italiennes (Venise, Naples, Padoue...), entre consommation ostentatoire et "mépris de classe". Les masques de bienséance cachent souvent des intentions putrides.

   La puanteur est aussi celle des logis sans grâce où s'entassent les pauvres... et celle des maladies qui touchent tout le monde, de la syphilis à la lèpre, en passant par d'autres joyeusetés, souvent transmises au cours des rapports sexuels.

   L'ascension sociale et le bonheur musical sont donc contrebalancés par les aléas de la vie : les MST, un mari jaloux, une maîtresse versatile, un mécène capricieux... Myslivecek est mort relativement jeune, dans des conditions atroces. Sa musique fut rapidement oubliée, éclipsée par celle de ses successeurs. On la redécouvre aujourd'hui.

lundi, 10 juillet 2023

Astérix et Obélix - Mission Cléopâtre

   Dans une version restaurée, la ressortie du film d'Alain Chabat est l'une des bonnes nouvelles cinématographiques de l'été. A Rodez, la salle était copieusement garnie et composée à peu près à égalité de spectateurs qui avaient l'âge d'avoir déjà vu le film en salles (en 2002) et d'autres qui n'étaient pas nés (ou en culottes courtes) à l'époque.

   J'ai retrouvé avec plaisir l'humour potache, sous forme atténuée toutefois : plus que celui des Nuls, c'est "l'esprit Canal" (d'avant Bolloré) qui est mis en œuvre dans ce film. L'univers de Goscinny et Uderzo devait passer à la moulinette de Chabat sans perdre le grand public. L'un des plaisirs de cette redécouverte est donc de capter les jeux de mots, les allusions et les anachronismes volontaires. C'était parfois assez gonflé, comme lorsque Numérobis (incarné par Jamel Debbouze) et son interlocuteur évoquent, au cours d'une scène, "le bruit et l'odeur"...

   La distribution est de folie, et hétéroclite. Monica Belluci incarne une Cléopâtre scandaleusement belle, face à un Alain Chabat moyennement convaincant en Jules César. (Il aurait dû laisser la place à un autre acteur.) Du côté des Gaulois, le duo Clavier-Depardieu (incarnant Astérix et Obélix) est en forme (ce qui ne leur est pas souvent arrivé depuis). Claude Rich s'amuse comme un fou en Panoramix. Jamel Debbouzze, Edouard Baer, Gérard Darmon, Dieudonné (capable d'être drôle à l'époque), Isabelle Nanty nous offrent de jolies prestations. Plus furtivement, on aperçoit Joël Cantona, Chantal Lauby, Mathieu Kassovitz, dans de courtes (mais bonnes) interventions.

   La salle s'est régalée, tout le monde ne riant pas forcément aux mêmes passages (certains ayant peut-être un peu vieilli). Je conseille de rester jusqu'au bout du bout, puisqu'une petite surprise nous est réservée.

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mardi, 04 juillet 2023

Rheingold

   Selon l'un des personnages de ce biopic allemand, l'or du Rhin est censé rendre immortel. C'est une allusion à l'opéra de Richard Wagner (qui trouve sa conclusion dans le clin d’œil final). Le sens qui lui est donné est musical. La reconnaissance et la célébrité (versions contemporaines de l'immortalité) sont d'abord acquises par le père du héros, compositeur réputé, qui accède à la fonction de chef d'orchestre. Quant à son fils, Giwar Hajabi, c'est le rap (après bien d'autres choses...) qui permet son élévation, dans tous les sens du terme.

   Cette nouvelle illustration du petit gars d'origine modeste qui va se faire un nom après avoir surmonté d'atroces épreuves ne manque pas d'originalité. L'histoire commence en Iran, au moment où le régime du Shah cède la place à la République islamique. Le père y est déjà un compositeur et chef d'orchestre de renom, sa compagne étant musicienne. Tous deux sont kurdes... et opposés au nouveau régime, contre lequel la mère du héros va jusqu'à prendre les armes. Les parents connaissent les prisons iraniennes, avant de fuir, d'abord en Irak, puis en France, avant de s'installer en Allemagne.

   Le jeune Giwar est programmé pour succéder à son père dans la carrière musicale. Mais tout ne va pas se passer comme prévu. Le père peine à communiquer sa passion rigoureuse pour la musique... et la vie des réfugiés politiques dans un quartier populaire allemand n'est pas de tout repos. Turcs, Iraniens, Palestiniens, Marocains et Kurdes se croisent, s'entraident ou se bastonnent dans une ambiance de trafic de drogue et de vols de CD. (On est dans les années 1990.) Après l'épisode iranien (vu essentiellement sous la forme de retours en arrière), très réussi, Fatih Akin (auquel on doit, entre autre, In The Fade) accroche les spectateurs avec sa représentation du quartier multiethnique et des tensions qui le traversent.

   La déchéance socio-économique de la famille de Giwar est suivie d'une première élévation, par la force (à coups de poings), puis par les combines (sous la houlette d'un chef de clan kurde). Dans le même temps, Giwar ressent à nouveau de l'attirance pour la musique, mais pas celle prônée par son père. Il croise des rappeurs (et même une prostituée rappeuse) et, surtout, un habile arrangeur. C'est vraiment intéressant... à ceci près que les paroles des "chansons" que l'on entend ne sont pas à l'honneur des apprentis artistes. On y parle beaucoup de « pognon », de « putes » (sauf maman, qui est une sainte) et de « chattes »... Les pseudo-rebelles au micro se proposant de saisir les dames par la même partie de leur anatomie que Donald Trump... (On nage en pleine « masculinité toxique ».) Akin n'a pas beaucoup de recul vis-à-vis du "machisme de banlieue", à part sur la fin, quand il insère une vision de la mère, qui fait modifier les paroles d'une de ses chansons à son délinquant de fils.

   Celui s'est d'abord lancé dans le trafic de drogue, où il rencontre des fortunes diverses. Le fonctionnement du clan kurdo-turc bénéficie d'une réalisation efficace, avec (notamment) une scène de règlement de compte qu'on ne voit absolument pas venir. Giwar finit par se lancer dans le braquage d'un fourgon de transport de fonds, dans une séquence assez emballante. Les braqueurs ont un petit côté pieds nickelés... mais ils réussissent, dans un premier temps, à berner des policiers de fort belle manière.

   Une autre séquence (fractionnée en plusieurs morceaux) est marquante : celle de l'emprisonnement en Syrie, où le trafiquant se croyait à l'abri. Le problème (pour lui et son acolyte) est qu'il y débarque juste avant le printemps arabe. Le temps va se gâter pour lui, d'autant que beaucoup de monde est à la recherche de l'or volé. Cette partie est peut-être la plus atroce, entre cellules surpeuplées (et organisées de manière communautaire) et séances de torture.

   Je laisse à chacun(e) le loisir de découvrir comment tout ceci se termine.

   Si l'on supporte les à-côtés peu reluisants du monde du rap, ce film est à voir. Il est très bien fichu et nous plonge dans l'envers du "miracle allemand". L'acteur principal, Emilio Sakraya, est une révélation. Le paradoxe est que, vu la manière dont il a été mis en scène, le film conviendra aussi bien à celles et ceux qui apprécient de voir représentées les difficultés auxquelles sont confrontés les immigrés dans les sociétés occidentales qu'à celles et ceux qui estiment que ces immigrés (authentiques réfugiés ou pas) sont, en partie, la cause de leurs problèmes et de ceux du pays d'accueil, compte tenu des activités délictuelles dans lesquelles ils sont impliqués.

lundi, 03 juillet 2023

La Maison des égarées

   Le titre français de cette animation japonaise (bien que fort poétique) n'est pas tout à fait adapté. Les « égarées » dont il est question sont des personnes (très majoritairement des femmes) perdues, dans tous les sens du terme. C'est une référence au folklore japonais, dont on a l'explication dans la première légende que raconte une mystérieuse grand-mère.

   Mais, avant cela, on découvre un drôle de trio féminin, dans la région de Fukushima. Les conséquences du tsunami sont vivaces. Il ne semble plus y avoir d'homme dans la famille, sauf, peut-être, le père de l'adolescente, qu'elle a fui (ou qu'elle a pu fuir à l'occasion du tsunami). Au départ, la mise en scène laisse entendre que ce sont les liens du sang qui unissent la petite fille (devenue muette suite à un choc émotionnel), l'adolescente et la grand-mère. La suite va nous révéler une situation plus complexe.

   Ce trio finit par trouver refuge dans une vieille maison isolée, sur un escarpement rocheux proche d'un estuaire, pas très loin d'une forêt. Bien retapée, la bicoque devient coquette... et magique. On y entend de d'étranges sons... et des phénomènes inexpliqués s'y produisent.

   Ce sont les histoires racontées par la grand-mère qui vont nous permettre, petit à petit, de percer le mystère. Dans ces moments-là, le graphisme (très propre) du début cède la place à une animation plus tourmentée, de plusieurs styles différents (celui de la première légende s'apparentant -je trouve- au travail de Bill Plympton).

   Surgissent alors les esprits de la nature, comme d'étranges génies des eaux, qui vont aider les occupantes de la maison à comprendre leur environnement... et à lutter contre une menace grandissante. Certains esprits malfaisants sont de retour dans la région. Ils prospèrent notamment sur les peurs des humains. Je laisse à chacun le plaisir de découvrir comment les héroïnes vont les combattre.

   Cette deuxième partie, plus flamboyante au niveau de l'animation, fait immanquablement penser aux œuvres de Hayao Miyazaki, comme Le Voyage de Chihiro et Princesse Mononoké. Shintoïsme et Bouddhisme s'entremêlent dans une histoire qui, au delà d'une apparente simplicité, s'avère plus complexe, plus riche.

   C'est aussi un film qui respire, l'air de la campagne bien sûr, mais aussi le plaisir des choses simples et un certain art de vivre, fait d'une relative lenteur et du sens de l'effort. (On est loin des métropoles occidentales, où sévit la masculinité toxique d'adolescents mal élevés.) Les scènes de cuisine et de repas m'ont terriblement donné faim !

00:32 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 02 juillet 2023

Indy 5

   Je nourrissais quelques appréhensions en allant voir ce film. Il est censé clôturer une saga qui m'a emballé avec, au centre, un acteur vieillissant qui risquait de faire le film de trop. Disney avait déjà gâché le formidable matériau de Star Wars... mais j'espérais que Spielberg ne laisserait pas saboter une franchise qui lui tient à cœur.

   Le début est, pour l'acteur principal comme pour certains spectateurs, un véritable bain de jouvence. On replonge dans la Seconde Guerre mondiale, en 1944, et notre Indiana Jones est confronté à de méchants nazis, qu'il va bien entendu tous berner. La stupéfaction réside dans le fait que le visage du comédien est numériquement rajeuni (comme celui de Carrie Fisher naguère dans Rogue One). Harrison Ford est censé avoir joué les scènes, retouchées après coup à l'aide d'un programme mais, au vu des efforts physiques exigés, je me demande si l'on n'a tout simplement pas eu recours à une doublure ayant la même corpulence.

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   Je fais mon ronchon mais, franchement, cette première demi-heure est emballante. On retrouve l'ambiance du film d'aventures, avec rebondissements, bagarres, cascades et humour.

   Vingt-cinq ans plus tard, le professeur Jones est sur le point de prendre sa retraite. Il a perdu ses illusions d'enseignant (qui n'étaient déjà plus guère flamboyantes dans le précédent épisode, Le Royaume du crâne de cristal), est divorcé de sa chère Marion... et son fils unique est décédé... ce qui a le grand avantage de nous épargner la présence de Mutt Williams / Shia LeBeouf, l'un des points faibles du précédent opus (dont l'absence est peut-être liée à des considérations autres que cinématographiques).

   Cette deuxième partie, la plus consistante, entraîne l'adhésion grâce à l'apparition d'un improbable duo, composé d'un enfant des rues nord-africain  (interprété par le Français Ethann Isidore) et de la filleule de l'archéologue, incarnée par la Britannique Phoebe Waller-Bridge. Son charme, sa malice et son dynamisme donnent un salutaire coup de fouet à l'intrigue.

   Au niveau de la mise en scène, c'est bien foutu. Dès la première partie, James Mangold montre qu'il connaît ses classiques, dans la séquence du train. Dans la deuxième partie, on retrouve la patte du réalisateur de Le Mans 66 lors de l'extraordinaire poursuite dans les rues de Tanger. Entre hommage aux vieux films d'espionnage et (peut-être) allusion au Tintin de Spielberg, on ne s'ennuie pas une seconde.

   L'intrigue tient la route aussi parce qu'il y a un "bon" méchant. Madds Mikkelsen est de nouveau mis à contribution pour interpréter un antagoniste d'envergure, un scientifique nazi gagné par la démesure.

   La troisième partie nous emmène en Grèce puis en Sicile... à deux époques différentes. Je n'en dirai pas plus, pour laisser le plaisir de la découverte... mais, au niveau du scénario, c'est gonflé !

   L'épilogue est mignon tout plein, très hollywoodien... et contient une tendrissime référence aux Aventuriers de l'arche perdue. Il a beaucoup plu au public féminin autour de moi. Il offre une belle sortie à un personnage et un acteur emblématiques du cinéma populaire occidental.

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vendredi, 30 juin 2023

Ruby, l'ado Kraken

   Sorti quelques semaines à peine après la relecture de La Petite Sirène par Disney, cette production DreamWorks joue sur l'humour et le contrechamp. Il y a bien un personnage de sirène ici, mais il est plutôt antipathique. La belle jeune femme (quelle chevelure !), nouvelle star du lycée dans lequel étudie l'héroïne Ruby, semble assez superficielle... et les autres membres de son espèce sont montrées plutôt comme des menaces.

   Au centre de l'intrigue se trouve celle qui ne sait pas (au début de l'histoire) qu'elle appartient à une lignée royale, celle des reines Kraken. Ce sont donc des monstres marins que Kirk DeMicco (déjà auteur des Croods) est chargé de mettre en valeur... et il y réussit fort bien. Quand l'adolescente se métamorphose, l'animation, plutôt enfantine au départ, devient splendide.

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   En attendant ces moments inspirés, on est plongé dans la vie d'une lycéenne complexée, dont les bras comme les jambes se tortillent autour de son corps quand elle est mal à l'aise, ou angoissée. Elle a du mal à communiquer avec sa mère, dont elle ignore qu'il s'agit d'une princesse Kraken, qui a renoncé à ses pouvoirs (et au monde sous-marin) pour vivre parmi les humains. Ce contexte familial, pour classique qu'il soit, est bien planté. Le film parle aux parents comme aux enfants, qu'il est censé guider vers la résolution des petites tensions familiales.

   Au lycée, la jeune Ruby est un peu à part. Elle n'est pas particulièrement jolie et fréquente un groupe d'ados moins conventionnels que les moutons qui s'extasient devant la nouvelle venue (la sirène). Certains d'entre eux sont clairement des « gothiques ».

   L'héroïne est aussi perturbée parce que son corps change. Je trouve intéressante la mise en parallèle de la découverte de sa nature Kraken avec son passage de l'enfance à l'âge adulte. Ruby est perturbée par les formes que prend son corps et les nouvelles sensations en elle : c'est une métaphore de la puberté.

   Comme beaucoup d'ados en conflit avec leurs parents, c'est auprès d'une grand-mère qu'elle va trouver conseils et réconfort. Ce troisième personnage féminin puissant (avec ceux de la mère et de la fille) est sympathique... et doté d'un tempérament très affirmé. Vous en arrivez donc à la conclusion de cette fiction pour enfants et adolescent(e)s met singulièrement les femmes au premier plan, les personnages masculins n'étant que des faire-valoir.

   J'ai plutôt aimé cela, même si, sur le fond, le discours n'est pas très élaboré. Ruby va résoudre ses problèmes familiaux, assumer sa nouvelle nature et, accessoirement, sauver sa ville. C'est un joli petit film, visible par tout le monde.

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mercredi, 28 juin 2023

Asteroid City

   Moins de deux ans après The French Dispatch, Wes Anderson est de retour sur nos écrans avec un film qui, s'il détonne dans le concert des longs-métrages contemporains, est bien dans la veine de ce que livre ce réalisateur depuis une vingtaine d'années.

   On retrouve donc sans surprise des plans construits de façon géométrique, avec cette obsession pour la symétrie. La surcolorisation, alliée aux décors, donne un effet carton-pâte qui ailleurs semblerait ridicule, mais ici soutient l'impression d'étrangeté (et d'ancienneté) dans laquelle baigne l'intrigue.

   Celle-ci repose sur une mise en abyme. On a l'impression de se trouver face à un vieux programme télévisé (en noir et blanc) présentant le tournage d'une pièce de théâtre. Cela permet quelques effets de mise en scène, parfois cocasses... mais je n'ai pas compris quel était le sens derrière le dispositif. Il s'agit peut-être d'un message en direction du monde du cinéma... ou peut-être, ainsi que le suggère un dialogue (entre l'auteur et l'un des acteurs) n'y a-t-il rien à comprendre et qu'il faille juste se laisser porter.

   Mais là, à mon grand déplaisir, le film pêche un peu. D'habitude, je trouve passionnants les films de Wes, parce qu'il y a tellement de choses à y voir et à y entendre (trop, d'après certains cinéphiles). Dans ce film-ci, je suis passé par des phases d'excitation (intellectuelle) et des phases d'ennui. Il y a beaucoup de déjà-vu... et mieux fait, dans ses précédentes œuvres. J'ai bien aimé la séquence de remise des prix, avec le discours du militaire. Mais, ensuite, cela retombe. Heureusement, Tom Hanks (le grand-père des enfants qui viennent de perdre leur mère) débarque et cela va tout de suite mieux. Mais l'ambiance retombe à nouveau. L'arrivée de l'extra-terrestre permet de sortir de la torpeur. Ensuite, il y a une nouvelle baisse de tension, jusqu'à ce que les gamins décident de jouer les trouble-fête. Quelques numéros d'acteur (notamment celui de Margot Robbie) font agréablement passer le temps, tout comme certains dialogues, à froid, nourris de sous-entendus. Mais, globalement, je suis sorti de là déçu.

14:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 27 juin 2023

Zillion

   J'ai failli passer à côté de ce film belge (tourné principalement en flamand), qui raconte une histoire vraie, celle d'un petit génie de l'informatique qui, au tournant des années 1990-2000, s'est lancé dans le monde de la night, en créant une gigantesque boîte de nuit, qui a donné son titre au film.

   Sur la forme d'un long retour en arrière, le début nous conte la double ascension de Frank Verstraeten, jeune homme timide, complexé par sa petite taille (et détestant se faire appeler "le nain" ou "le nabot, ce qui est bien compréhensible), mais technicien de génie, chaperonné par une mère taiseuse, pugnace (elle a survécu à quatre cancers) et un brin castratrice. Tous deux se lancent dans une fructueuse entreprise, sur fond de mondialisation et de fraude fiscale.

   Mais cette réussite, incontestable, ne satisfait pas Frank, qui se fait méchamment refouler à l'entrée du "lieu qui compte", la discothèque Le Carré. Il décide alors de s'associer avec le roi du porno local, Dennis Black Magic (excellent Matteo Simoni),  pourouvrir une boîte concurrente, où l'alcool et la drogue vont couler à flots.

   Cette ascension est assez brève (45 minutes environ) au regard de la durée totale du film (2h20...), mais elle est marquante parce que plutôt bien mise en scène. Certes, il y a un côté clinquant dans la représentation du monde de la nuit et des soirées du Zillion, mais je trouve que l'espace est bien maîtrisé et qu'un beau travail est fait sur la lumière. Même au niveau des scènes intimistes, on constate des efforts d'inventivité.

   Sur le fond, c'est complètement immoral : les spectateurs sont incités à s'identifier au couple de héros (l'informaticien et l'ancienne miss Belgique), des francs-tireurs qui vont profiter de circonstances favorables pour gagner (et claquer) un max de thunes. La double comptabilité voisine la corruption (de policiers, de politiques et de juges) et les groupes mafieux (notamment albanais). Le "héros" profite clairement des gens, même si, dans un premier temps, ce n'est pas montré ainsi. Son principal antagoniste (le type de la police financière) est représenté de manière particulièrement négative (il souffre d'eczéma) et il est souvent tourné en ridicule... mais c'est une tortue, qui n'a aucune envie de lâcher le lièvre qu'elle a levé.

   La chute est longue (1h15 environ), à tel point que je me suis demandé comment le film allait tenir la durée. Il y a bien quelques longueurs mais, au final, cela fonctionne, parce que cette chute est à rebondissements. Après l'ascension, les héros connaissent une période de montagnes russes, avec de multiples coups bas. Mais ils ne manquent pas de ressources.

   La deuxième partie est aussi belle par le rôle qu'y joue la mère, qui est le véritable Pygmalion du héros. Barbara Sarafian est formidable en veuve dévouée à son ingrat de fils, mais toujours très vigilante, pas du genre à se laisser éblouir par les paillettes.

   J'ai trouvé la fin un peu trop moralisante à mon goût, mais le film est globalement très entraînant. La techno qu'on y entend (celles des années 1990) est plutôt bonne.

13:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

lundi, 26 juin 2023

38°5 quai des orfèvres

   Le titre, évidemment parodique, est une allusion au polar 36 Quai des orfèvres, d'Olivier Marchal, qui est passé à la moulinette potache, façon Hot Shots. A plusieurs reprises, on sent  aussi des influences françaises : La Cité de la peur (des Nuls), Le Téléphone sonne toujours deux fois (des Inconnus), voire les films de la "bande à Lacheau" (notamment Super-héros malgré lui).

  Toutes ces références sont cependant écrasantes. Ce film-ci n'arrive pas à la cheville de ses modèles, même si plusieurs gags sont réussis. Ainsi, il est plaisant de voir Artus (le médecin-légiste) dans ses œuvres : il manie le scalpel (et le flingue) à la perfection... et prend toujours soin de préciser, à propos d'un cadavre, « qu'il n'a pas subi d'agression sexuelle... du moins, pas encore ».

   Eh oui, ce grand prix du dernier festival de l'Alpe d'Huez ne fait pas dans la dentelle. Mais je trouve qu'il manque de rythme. De plus, tous les interprètes ne sont pas du même niveau. Caroline Anglade (qui incarne la profileuse) est très professionnelle, de même que Thierry Desroses (le commissaire, dont la voix sera familière aux habitués des fictions américaines doublées en français). J'ai trouvé aussi Pascal Demolon très convaincant en tueur en série manipulateur (façon Hannibal Lecter, dans Le Silence des agneaux).

   Le problème vient du principal interprète. Didier Bourdon en fait des caisses et n'est pas toujours crédible dans le rôle. Il aurait fallu quelqu'un de plus athlétique (ou le même acteur, avec le corps qu'il avait il y a trente ans...). Les autres policiers sont plus que caricaturaux. À ce niveau-là, on est moins proche de la parodie que de l'incompétence.

   Je garde quand même en mémoire les flashs infos, faussement anodins, qui contiennent toujours quelques perles, soit dans le discours officiel (telle journaliste demandant au commissaire combien le double meurtre a fait de victimes...), soit dans ce qui est montré à l'écran (soyez attentifs à l'arrière-plan), soit dans le bandeau défilant au bas de l'écran (l'un d'entre eux signalant le vote d'une loi interdisant l'hiver, destinée à s'appliquer à partir d'août suivant).

   Du coup, en moins d'1h20, je suis régulièrement passé du rire à l'accablement, désolé que les bonnes idées (comme ce que l'on découvre dans les pièces annexes d'un immeuble abandonné) soient gâchées par la paresse de la réalisation et le manque de rigueur dans la direction d'acteurs.

15:49 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 25 juin 2023

Elémentaire

   Avec ce nouveau film d'animation, on soupçonne bigrement Disney-Pixar de tenter de nous refaire le coup de Vice Versa (un quasi-chef-d’œuvre, bien supérieur à presque tout ce qui lui a succédé, provenant de ce studio). Il faut dire qu'au début du moins, on a comme l'impression que Flam pourrait incarner la colère et Flack la timidité.

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   Mais, avant d'en arriver là (et à condition de ne pas rater le début de la séance), on a droit à un sympathique court-métrage, Le Rendez-vous de Carl, dans lequel on retrouve deux des personnages d'une autre grande réussite "pixarienne", Là-haut.

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   Je signale que j'ai vu l'ensemble en version française. Je pense que cela a son importance. Dans la version originale, la famille "Feu" (Lumen) est doublée par des acteurs d'origine asiatique, la famille "Eau" par des Blancs et des Afroaméricains. Dans la VF, Vincent Lacoste et Adèle Exarchopoulous doublent les deux personnages principaux, celle-ci s'en sortant (à mon avis) mieux que celui-là.

   Fort heureusement, même dans la VF, l'image vient suppléer ce qui ne passe plus par le son : la famille Lumen est issue de l'immigration, comme le fait comprendre la première séquence, qui est une allusion transparente à l'arrivée à Ellis Island, longtemps porte d'entrée sur le territoire états-unien. La construction du film est suffisamment habile pour que des ressortissants de différentes vagues d'immigration (nord-européenne, juive d'Europe centrale et orientale, moyen-orientale, extrême-orientale...) puissent se reconnaître dans cette famille. En face, les "Aquatiques" (catégorie à laquelle appartient la famille Delamare) sont les plus nombreux à New York Element City. Ils représentent les natifs, soit blancs, soit noirs. L'arrière-plan sociétal est donc assez riche, même si l'histoire d'amour naissant entre Flam et Flack apparaîtra à beaucoup comme une resucée de Roméo & Juliette.

   Cette histoire, mêlée à la question du respect des traditions familiales, baigne dans un graphisme splendide. On finit même par oublier la beauté des décors, tant on est captivé par l'inventivité de l'animation au niveau des personnages et de leurs évolutions. (Le réalisateur, Peter Sohn, est aussi l'auteur du Voyage d'Arlo.) Concernant les éléments, je regrette toutefois le peu de place pris par les "Terriens" et leur représentation essentiellement sous la forme d'arbres enracinés. Mais, pour les autres éléments (eau, feu et air), c'est remarquable.

   Le film est emballant aussi parce qu'il est bourré d'humour, un plutôt destiné aux marmots (je pense notamment aux aisselles fleuries d'un petit personnage), un autre parlant davantage aux adultes. (Il convient d'être attentif aux nombreux jeux de mots.)

   C'est peut-être le spectacle familial de l'été (en attendant le dernier Indy), grande réussite visuelle, assez classique sur le fond.

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jeudi, 22 juin 2023

The Flash

   Après Marvel, c'est autour de DC de se plonger dans le multivers, ici par l'intermédiaire d'un super-héros que l'on pourrait trouver secondaire, Barry Allen. On le découvre dans ses œuvres dès la première séquence, assez éblouissante, celle d'un début de matinée agrémenté du sauvetage des occupants d'un immeuble. Les effets spéciaux sont bluffants... et c'est pimenté d'humour, souvent potache. On évite l'héroïsation à l'excès et l'on se permet deux-trois trucs borderline, comme de placer un bébé que l'on veut sauver dans... un four à micro-ondes !

   Cette séquence se conclut de manière encore plus savoureuse grâce à l'intervention de Wonder Woman (aaaaah, Gal Gadot !), dont le lasso fait des ravages... y compris chez ses alliés !

   L'insertion du multivers se fait quand le jeune héros décide de tenter de sauver sa mère (et de faire innocenter son père). Dans des circonstances que je laisse à chacun le plaisir de découvrir, Barry se retrouve projeté dans un monde parallèle, où sa mère est vivante... mais où il doit cohabiter avec une version légèrement plus jeune que lui... et surtout plus immature !

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   Ezra Miller réussit pleinement à incarner les deux... et, même pour moi qui, en général, ne supporte pas les adolescents attardés, c'est très drôle ! Le deuxième Flash n'a pas encore acquis ses pouvoirs mais, quand il en fait l'expérience, il va de surprise en surprise...

   ... et nous aussi... parce que, dans cet univers alternatif, il ne semble pas y avoir autant de super-héros que chez nous. Pas de Wonder Woman ni de Superman à l'horizon... mais peut-être bien une « Supermeuf » ! Ah, mais si, il y en a un qui est présent dans les deux : Batman, sauf que, dans notre univers, il est incarné par Ben Affleck, tandis que dans l'univers parallèle, Flash va rencontrer... le VRAI Batman (pour les cinéphiles) !

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   Concernant le multivers, je trouve le scénario plutôt malin. Ce sont les tentatives de retour en arrière qui créent les univers parallèles, avec le redoutable effet papillon, la moindre modification du passé ayant des conséquences insoupçonnées.

   Clin d’œil de la production, ce qui semble caractériser certains des univers parallèles est qu'on y retrouve les différentes incarnations cinématographiques ou télévisuelles des super-héros DC, notamment Superman (alors que dans le dernier Spider-Man, qui est un film d'animation, ce sont les différentes versions des comics qui colorent les facettes du multivers).

   C'est parfois un peu long, mais je ne me suis pas ennuyé. Les scènes d'action, bourrées d'effets spéciaux, alternent avec les moments familiaux (avec une histoire de passage à l'âge adulte en sous-texte)... et les scènes de déconnade. On a tout de même droit à une version alternative de Flash qui parle de « bite » et de « scrotum » ! (Et pour cause : le costume, hyper-moulant, comprime l'entrecuisse...)

   P.S. I

   Visiblement, le film déçoit les amateurs de grandiloquence et de bastons sous stéroïdes, mais il ravira celles et ceux qui goûtent les plaisirs régressifs, qui ne se prennent pas trop au sérieux.

   P.S. II

   Au bout du bout du générique, on retrouve Barry, en compagnie d'un personnage habitué à manier une grande fourchette...

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La Nuit du verre d'eau

   Liban, 1958. Dans un village de la vallée sainte, une famille est réunie, à l'écart des troubles qui agitent le pays. Les patriarches locaux (chrétiens) sont préoccupés par trois sujets : l'agitation musulmane, qui soutient la toute nouvelle République arabe unie prônée par l’Égyptien Nasser (et qui voudrait voir le Liban la rejoindre), la perspective de nouvelles élections, auxquelles l'un des chefs de famille envisage de se présenter... et l'éventuel mariage de sa deuxième fille, Eva, dont il ignore qu'elle a un amoureux, le fils d'un de ses métayers.

   L'héroïne de cette histoire est une autre fille de Cheikh Daoud, son aînée, Layla. Celle-ci semble être un modèle. Épouse d'un riche entrepreneur local, qui la vénère, elle a un fils adorable. Elle est belle, élégante et relativement indépendante : elle conduit sa propre voiture... mais, voilà, nous sommes en 1958, au Liban, et cette indépendance est toute relative. Layla n'a pas choisi son époux. En bonne fille de Cheikh Daoud, elle a accepté le mariage arrangé qu'il lui a concocté (comptant sans doute sur la fortune de son futur gendre pour financer ses ambitions électorales). Elle n'est pas heureuse en ménage. En public, elle arbore le masque de l'épouse comblée. En privé, le soir, au lit, elle essaie d'échapper au "devoir conjugal", ou bien elle simule, pendant l'acte. Une activité artistique (le dessin) lui permet de sublimer sa frustration.

   Cette partie-là est très bien filmée, je trouve, en tout cas mieux que la période de trouble qui débute avec l'arrivée de deux Français, une veuve (interprétée par Nathalie Baye, impeccable) et son fils... que Leyla trouve très à son goût. La romance furtive qui naît entre ces deux-là est plaisante à voir, mais la mise en scène peine à faire surgir le désir, alors qu'elle peut s'appuyer sur un Roméo bien de sa personne (Pierre Rochefort, pas très expressif toutefois) et une Emma Bovary vraiment très séduisante. (Soyez attentifs aux lectures de ces demoiselles, en particulier la benjamine, Nada.) Dans le rôle, Marilyne Naaman "dégage" quelque chose. En elle se mélangent le charme oriental et une sorte de glamour à l'américaine.

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   Dans son genre, chacune des trois sœurs va mener sa petite révolte : l'aînée infidèle, la cadette qui refuse le mariage et la benjamine qui veut poursuivre ses études pour devenir avocate. L'une des qualités du film est de ne pas réduire les principaux personnages masculins à des caricatures. Le mari de Leyla est un brave type et le père aime ses trois filles. Mais tous deux fonctionnent dans un système patriarcal, qui ne laisse que peu de liberté aux femmes, fussent-elles issues de la classe moyenne aisée.

   Les dialogues oscillent entre l'arabe et le français, de manière naturelle (bien mieux en tout cas que dans le récent Tel Aviv - Beyrouth). Ne vous fiez pas aux dénominations VO ou VF. Il n'y a qu'une version du film, mêlant les deux langues. Quant au titre français, une fois n'est pas coutume, je le trouve meilleur que celui d'origine (Terre d'illusion)... mais je laisse chacun(e) découvrir ce à quoi il fait allusion. Il faut attendre la fin pour comprendre... même si la dernière scène se prête à deux interprétations.

   J'ajoute que les paysages sont magnifiques et la musique bien choisie. Elle tranche avec la douceur apparente et suggère les tourments intérieurs.

   En dépit de quelques imperfections, je recommande donc ce film, qui ne manque pas de style.

mardi, 20 juin 2023

Transformers - Rise of the beasts

   Dans ma jeunesse, je n'avais pas accroché à la série animée consacrée à ces étranges Autobots (des robots qui prennent la forme de véhicules : voitures, camions... voire avions). Des années plus tard, je ne m'étais donc pas précipité au cinéma quand les personnages avaient accédé au grand écran. J'ai tenté l'aventure de ce reboot, à une séance en version originale sous-titrée.

   Ce dernier long-métrage reste dans la tradition de ce qui a fait le succès (de la plupart) des films : de très bons effets spéciaux, de l'aventure et des tranches d'humour d'une finesse contestable. Dans cet opus, c'est le personnage de Mirage qui joue le rôle d' « usine à vannes »... et, ma foi, il le fait bien. (Dans la V.O., il a la voix de Pete Davidson, un humoriste spécialiste du "seul en scène".)

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   Ses interactions avec son « humain de compagnie » (le latino noir Noah Diaz) sont bien mises en scène... et, des deux, c'est le personnage du robot qui est le plus farfelu. Le jeune humain a sans doute dû mûrir précocement, parce qu'il a en charge un frère handicapé. Toutefois, les relations entre les deux frangins, telles qu'elles nous sont montrées, collectionnent les clichés.

   Mais c'est avec deux autres catégories de personnages que le film commence, dans un passé (futur ?) lointain : les Maximals (sorte de version améliorée des Autobots) et les Terrorcons (des robots dévoyés, passés au service d'une entité malfaisante, Unicron). Leur lutte a pour enjeu le contrôle d'un mystérieux objet, conférant de gigantesques pouvoirs... et qui finit caché quelque part, sur Terre.

   C'est là que les humains entrent en jeu. Noah va former un improbable duo avec une jeune archéologue, Elena. Est-il nécessaire de préciser qu'elle est afro-américaine ? Peut-être, si l'on ajoute que les deux héros, issus des minorités visibles, nous sont montrés victimes de discriminations de la part de Blancs : la candidature de Noah à un emploi est rejetée de manière méprisante et Elena la stagiaire sert de faire-valoir à sa patronne. Ce manque de nuance est assez déplaisant, mais je pense qu'il vise à satisfaire le public états-unien visé : les jeunes issus d'au moins une minorité (ainsi aussi, sans doute, que les jeunes Blancs urbains qu'on culpabilise depuis des années avec le discours woke). J'ai tout de même apprécié qu'au début, lors de leur rencontre, les deux héros commencent par se méfier l'un de l'autre, chacun pensant d'abord à sa pomme quand le musée est pris d'assaut.

   Sans surprise, ceux qui au départ ne s'apprécient guère vont finir par coopérer, pour pouvoir vaincre les méchants. Humains, Autobots et Maximals unissent leurs efforts, de manière spectaculaire, face à des ennemis qui paraissent d'abord invincibles. C'est une autre faiblesse du film (commune hélas à beaucoup de grosses productions, comme le dernier Gardiens de la galaxie) que de placer ses héros au bord du gouffre, face à un problème en apparence insoluble, avant de les faire triompher de ceux dont auparavant rien ne laissait supposer qu'ils pouvaient les vaincre.

   La baston finale (presque entièrement numérique) mérite le détour, mais il vaut mieux avoir laissé sa rationalité au vestiaire. Les invincibles du début se font finalement un peu trop rapidement dézinguer, pendant que les humains échappent miraculeusement à la mort... et la Terre à la destruction.

   Ceci dit, c'est bien mené. On ne s'ennuie pas et l'action est bien dosée : cela va moins vite que dans le dernier Spider-Man... mais c'est moins hilarant.

11:46 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

lundi, 19 juin 2023

Sexygénaires

   Cinq ans après La Finale, Robin Sykes nous propose une nouvelle "comédie sociétale" autour du troisième âge, là encore avec Thierry Lhermitte. L'ancien Popeye du Splendid porte beau et le scénario mise là-dessus pour nous plonger dans les difficultés d'un hôtel-restaurant de luxe (un peu vieillissant lui aussi)... et dans le monde du mannequinat aux tempes argentées.

   Le début plante le décor de manière classique : Michel (T. Lhermitte) dirige son établissement varois avec passion, faisant passer sa vie personnelle au second plan. On est de tout cœur avec cet homme aimable, veuf inconsolable, qui met sa stabilité financière personnelle en jeu pour tenter de sauver son entreprise (et son personnel). On n'est pas vraiment surpris de découvrir que son vieil ami et associé, Denis, installé à Paris, est en fait un combinard de première. Mais c'est de cet ami que va peut-être venir la solution à ses problèmes.

   Dans le rôle du raté sympathique (Denis), Patrick Timsit livre sans doute la prestation que l'on attendait de lui. Son personnage doit inspirer de la pitié... mais, surtout, agacer (objectif plus qu'atteint) et placer Michel dans des situations délicates.

   Le duo fonctionne bien, parce qu'il est particulièrement contrasté... trop même. Michel n'a quasiment que des qualités et Denis en fait vraiment des caisses.

   Heureusement qu'il y a la distribution féminine. Zineb Triki (vue récemment dans Vortex) est parfaite en agente ambitieuse, organisée, séduisante et... sans tabou. Marie Bunel offre un contrepoint intéressant aux deux principaux personnages masculins : elle est de la même génération, a réussi de son côté... et a de beaux restes, comme on dit. Sur le plan comique, il faut signaler la prestation de la toujours piquante Olivia Côte, en photographe allumée, qui n'hésite pas à bousculer ses modèles... et à se montrer délicieusement grossière. D'autres seconds rôles sont aussi bien campés.

   Voilà. Ça ne casse pas trois pattes à un canard, mais c'est au final assez plaisant et cela dure à peine 1h20.